Voilà un premier roman pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur, le titre et la couverture incitant à se plonger dans cette drôle d’histoire. Mais auparavant, parlons de son auteur. Si pour Frédéric Perrot, il s’agit là d’un premier galop dans l’univers littéraire, l’écriture fait réellement partie de son ADN. L’envie de raconter des histoires, douce nostalgie de celles que ses parents lui lisaient le soir lorsqu’il était enfant. Le gamin a bien grandi mais le rêve est toujours là.
Depuis, Frédéric Perrrot a...
Revivez les grands moments du salon de Frédéric Perrot - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Frédéric Perrot.
Frédéric Perrot :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce premier roman chez Mialet Barrault, Pour une heure oubliée. Je parle spécifiquement de l'actualité littéraire parce que souvent, on vous voit dans une autre actualité qui est celle du théâtre et du court métrage avec le duo que vous formez, Najar et Perrot. Si vous deviez vous définir, qui êtes-vous?
Frédéric Perrot :
C'est une bonne question. Si je devais me définir…...
Revivez les grands moments du salon de Frédéric Perrot - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Il est énigmatique et en même temps, il est très poétique, ce camion, cette petite camionnette à glace qui a un petit parfum de nostalgie, un parfum d'enfance. Pour une heure oubliée, c'est votre premier titre, Frédéric Perrot. On fait connaissance avec Émile. Émile a un présent, il a eu aussi un passé. C'est à dire qu'il s'est marié avec Jeanne. Jeanne ne connaît pas tout de sa vie. Et puis, au hasard d'une lettre envoyée par une journaliste, elle va se rendre compte qu'en fait, il y a une zone...
Revivez les grands moments du salon de Frédéric Perrot - Livre - Suite
Frédéric Perrot
Pour une heure oubliée
Présentation 00'02'26"Voilà un premier roman pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur, le titre et la couverture incitant à se plonger dans cette drôle d’histoire. Mais auparavant, parlons de son auteur. Si pour Frédéric Perrot, il s’agit là d’un premier galop dans l’univers littéraire, l’écriture fait réellement partie de son ADN. L’envie de raconter des histoires, douce nostalgie de celles que ses parents lui lisaient le soir lorsqu’il était enfant. Le gamin a bien grandi mais le rêve est toujours là.
Depuis, Frédéric Perrrot a choisi le théâtre pour raconter des histoires mais aussi le cinéma. Ecrivant en binôme avec Audrey Najar sous le nom Najar & Perrot, on leur doit plusieurs courts-métrages dont certains ont été primés et un projet de long-métrage est en cours.
Mais c’est bien ce premier roman de Frédéric Perrot, « Pour une heure oubliée » qui nous intéresse ici.
La vie d’Emile a dérapé un soir d’été en 1999. Invité à une soirée organisée par son amie de toujours Manon, Emile croise le chemin de la belle Louise. La séduisante jeune femme lui fait un grand numéro de charme, tous deux s’isolent, Emile avale un verre de Get 27. Puis plus rien ! A son réveil, la jeune femme est morte, à ses pieds, dans un bain de sang. Emile est accusé de ce meurtre dont il ne garde aucun souvenir.
Voilà donc le point de départ de ce roman habilement construit. Bien sûr, vous pourrez le lire comme un polar mais le livre de Frédéric Perrot va bien au-delà avec ce personnage d’Emile dont la vie a basculé en quelques minutes. Les décors, l’ambiance, les personnages qui gravitent autour de cet anti-héros, tout concourt à la réussite de ce livre porté par une écriture non dénuée de poésie.
L’autre force de ce roman est aussi de nous parler du temps qui passe puisque les chapitres s’enchainent, tantôt au présent, tantôt au passé mais aussi au futur quand Emile aura refait sa vie avec Jeanne, la femme de sa vie, qui apporte à ce roman noir une lumière apaisante.
Que s’est-il donc passé lors de cette fameuse soirée d’été et qui est réellement Emile ?
Belle réussite donc que ce premier roman, « Pour une heure oubliée » de Frédéric Perrot est publié aux éditions Mialet-Barrault
Frédéric Perrot
Pour une heure oubliée
Portrait 00'06'02"Philippe Chauveau :
Bonjour Frédéric Perrot.
Frédéric Perrot :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce premier roman chez Mialet Barrault, Pour une heure oubliée. Je parle spécifiquement de l'actualité littéraire parce que souvent, on vous voit dans une autre actualité qui est celle du théâtre et du court métrage avec le duo que vous formez, Najar et Perrot. Si vous deviez vous définir, qui êtes-vous?
Frédéric Perrot :
C'est une bonne question. Si je devais me définir… j'écoutais une chanson d'Etienne Daho en venant qui s'appelle Les voyages immobiles. Je trouve que c'est une bonne définition pour un auteur parce qu'on passe son temps assis à une table à écrire et en même temps, on voyage dans différents lieux, dans différentes époques. Donc, voyageur immobile, c'est une bonne définition pour quelqu'un qui écrit.
Philippe Chauveau :
Il y a aussi un petit côté poète derrière tout ça.
Frédéric Perrot :
Je l'espère.
Philippe Chauveau :
Je parlais de court métrage au cinéma. Je parlais aussi de scénarios pour la télévision. Vous travaillez également pour le théâtre. C'est l'écriture et là, vous abordez une autre écriture, l’écriture littéraire. Ça veut dire que prendre un stylo et écrire des phrases, des mots, c'est le moteur de votre vie?
Frédéric Perrot :
Oui, c'est quelque chose d'essentiel pour moi. Je crois que j'aurais du mal à arrêter.
Philippe Chauveau :
Ça vient d'où?
Frédéric Perrot :
Ça vient de différentes choses. Le goût de l'écriture ça a d'abord été le plaisir qu'on me raconte des histoires. Alors il y a eu des films qui m'ont marqué dans mon enfance, comme les films de Chaplin, de Spielberg, qui ont été important pour moi. Et puis il y a eu la lecture à l'adolescence, des romans qui m'ont marqué. Je pense à tous les premiers romans de Philippe Djian, par exemple 37 le matin, Maudit manège, Zones érogènes. Voilà, ce sont les romans qui ont été fondateurs dans mon envie de faire ce métier là. Donc, le goût de l'écriture est venu par le plaisir de raconter des histoires.
Philippe Chauveau :
Mais néanmoins, vous commencez plutôt par l'écriture scénarisée pour le théâtre, le cinéma ou la télévision avant d'aborder la littérature. Pourquoi ce choix?
Frédéric Perrot :
Alors ça s'est présenté comme ça. Parce que j'ai une passion dévorante pour le cinéma. Et puis voilà, c'était déjà de l'écriture, celle d'un scénario. La réalisation aussi est une forme d'écriture. C'est mettre en images quelque chose qu'on a écrit. Donc voilà, ça a toujours été l'écriture. Ça a commencé par ça, j’ai été marqué par des films et l'envie de raconter sous cette forme là d'abord, et c'est assez naturellement que ça m'a mené par l'écriture de ce premier roman.
Philippe Chauveau :
Je précise que dans le cadre du duo que vous formez, Najar et Perrot, il y a quelques courts métrages dont nous avons parlé et dont certains ont été primés, entre autres au Festival de l'Alpe d'Huez. Et puis, il y a quand même un projet de long métrage. Et puis cette envie d'aborder une autre écriture. A quel moment se fait le déclic? A quel moment vous dites vous : j'ai envie aussi de m'essayer au roman.
Frédéric Perrot :
C'est venu assez naturellement. C'est une écriture qui est à la fois assez proche et assez lointaine. L'écriture scénaristique est une écriture plus normée qui répond à des paramètres de faisabilité, de coûts. J'avais envie de m'essayer de cette écriture romanesque parce que c'est le champ de tous les possibles, parce qu'on peut voyager dans les époques sans qu'il y ait un producteur qui demande comment ça va être fait. L'écriture d'un scénario se heurte au concret au moment du tournage. C'était cette envie là d'explorer cette écriture un peu différente.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous étiez à votre table de travail pour ce premier roman, où là, vous signez sous votre propre nom, Frédéric Perrot. Etiez-vous le même que lorsque vous travaillez en binôme?
Frédéric Perrot :
Oui. Alors pour le coup oui. C'est le même plaisir. C'est toujours le plaisir de se plonger dans d'autres vies, dans notre peau comme ça.
Philippe Chauveau :
Vous avez évoqué quelques unes de vos références qui vous ont invités et incité à l'écriture, notamment Philippe Djian. Aujourd'hui, quel lecteur êtes vous? Êtes vous toujours plus sur la littérature française? Où allez vous butiner ailleurs? On trouve quoi sur votre table de chevet en ce moment?
Frédéric Perrot :
Je suis très littérature française. En ce moment, je lis du Sagan, Un certain sourire. Qu'est-ce que j'ai sur ma table de nuit, Elsa Flageul, un roman qui s'appelle Les mijorées. Donc oui, je suis un grand dévoreur de livres.
Philippe Chauveau :
Dans quel état d'esprit est on lorsque l'on publie son premier roman dans une belle maison, Mialet Barrault? Une maison reconnue, renommée. Dans quel état d'esprit est-on de côtoyer d'autres auteurs comme Mazarine Pingeot ou Lionel Duroy, qui font partie de l'écurie Mialet Barrault?
Frédéric Perrot :
Honoré, c'est le premier mot qui me vient. Ce serait difficile de mal le vivre. Je suis très heureux d'être édité, notamment par ces éditeurs là, dont je lis les auteurs, qu'ils éditent depuis 20 ans, donc je suis très honoré et très flatté.
Philippe Chauveau :
C'est une nouvelle marche que vous franchissez avec ce nouveau rôle de romancier. Comment voyez-vous l'avenir, le lendemain? Continuerez-vous à évoluer dans des univers parallèles théâtre, cinéma, télévision et roman? Avez-vous envie de continuer à travailler comme ça, un petit peut à droite, à gauche?
Frédéric Perrot :
Je crois que j'aurais du mal, même si on m'y forçait à m'arrêter d'écrire et d'être dans toutes ces formes d'écriture que sont le théâtre, le cinéma ou le roman. J'écris par nécessité et donc je ne compte pas arrêter de si tôt.
Philippe Chauveau :
Alors, bienvenue dans la grande famille des auteurs. C'est votre premier roman et c'est une réussite. Ça s'appelle Pour une heure oubliée. C'est votre actualité Frédéric Perrot.
Frédéric Perrot
Pour une heure oubliée
Livre 00'06'50"Philippe Chauveau :
Il est énigmatique et en même temps, il est très poétique, ce camion, cette petite camionnette à glace qui a un petit parfum de nostalgie, un parfum d'enfance. Pour une heure oubliée, c'est votre premier titre, Frédéric Perrot. On fait connaissance avec Émile. Émile a un présent, il a eu aussi un passé. C'est à dire qu'il s'est marié avec Jeanne. Jeanne ne connaît pas tout de sa vie. Et puis, au hasard d'une lettre envoyée par une journaliste, elle va se rendre compte qu'en fait, il y a une zone d'ombre dont son époux n'a jamais voulu parler. Qui est-il Émile? Racontez-nous son parcours.
Frédéric Perrot :
Émile, c'est un personnage qui est assez multiple parce qu'il est plusieurs personnages à la fois dans le roman. Il a 30 ans quand on est dans le passé, il en a 50 quand on est dans le présent. C'est un personnage qui est différent. Quand il a 30 ans, c'est un personnage qui est insouciant, avec des envies de liberté, bercé d'illusions. Quand on le retrouve à 50 ans, c'est un personnage qui est rongé par le remords et qui a vécu les années de prison. Et donc, il est les deux facettes d'un même personnage, plusieurs entités en même temps.
Philippe Chauveau :
Je ne vais rien trahir de l'intrigue parce qu'il y a des rebondissements quasi permanents dans le roman. Mais c'est vrai que son épouse Jeanne ne connaît pas son parcours. On lui a dit que pendant plusieurs années, il était allé au Club Med en tant que Gentil Organisateur. Mais en fait, ça cache une autre réalité. Il a été en prison pour un meurtre dont il ne se souvient absolument de rien. Cette fameuse heure oubliée au cours de laquelle il aurait soit disant tué la belle et énigmatique Louise. Pour le soutenir dans ses années de prison et après, il y a un couple d'amis, Manon et Paul, qui vont être très présents dans le roman. Cette heure oubliée, on peut quand même en donner quelques éléments. Il y a un verre de Jet27 en trop.
Frédéric Perrot :
Oui, ils seront dans une soirée. Ils partagent un verre avec une femme. Il fume une cigarette. Il va s'assoupir et quand il se réveille, cette femme va être assassinée à ses pieds. Et toute l'histoire du roman va être de raconter les conséquences de cette heure oubliée sur la vie tout entière du héros.
Philippe Chauveau :
Il va donc être emprisonné pendant plusieurs années et il va avoir de cesse d'essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer. Comment est née cette histoire? D'où vient elle?
Frédéric Perrot :
J'avais lu un article sur un fait divers d'un homme qui avait tué sa femme pendant une crise de somnambulisme et je m'étais dit : "Mais alors, comment on fait pour juger un crime pareil? Et puis, quand on en est l'auteur, comment on accepte sa culpabilité, comment on fait le deuil de son innocence?" Voilà, ça m'avait fasciné, autant qu'horrifié. Je m'étais dit tiens, c'est un bon point de départ pour les questionnements d'un personnage pour un roman.
Philippe Chauveau :
Précisons, il y a une intrigue, il y a un meurtre et on va essayer de comprendre ce qui s'est passé. Mais nous ne sommes pas foncièrement dans un dans un polar ou dans un roman noir. Parce que c'est plus le personnage d'Émile, cette personnalité, cet homme cabossé dont vous avez eu envie de nous parler. Il y a même des pages qui sont d'une grande poésie, d'une grande sensibilité dans la description de la relation qu'il y a entre Jeanne, sa nouvelle compagne, et Émile. Vous avez envie qu'on s'éloigne un peu de ce côté roman noir ou au contraire, vous l'assumer complètement?
Frédéric Perrot :
Non, c'était une volonté de se servir de ces codes là. Mais en effet, plutôt que d'être dans une enquête, on est dans une quête intime de ce personnage qui se demande qui il est. Donc, ça m'intéressait de creuser dans les profondeurs du personnage et de plus en plus, en effet, avec les codes classiques du polar dont je m'éloigne un peu sciemment.
Philippe Chauveau :
Il y a trois très beaux personnages féminins. Il y a Louise, dont on ne va pas connaître grand chose puisqu'elle se fait tuer dès les premières pages. Mais on sait que c'est une femme assez énigmatique, une femme qui joue avec sa beauté. Il y a aussi Manon, l'amie de toujours, qui elle aussi, cache ses propres zones d'ombre. Et puis, il y a Jeanne la solaire, Jeanne la résistante, Jeanne qui va porter Emile. Comment les avez vous construits, ces trois personnages féminins? Parce que même s'ils sont en lisière du personnage principal d'Émile, ils sont indispensables dans l'intrigue.
Frédéric Perrot :
Je m'inspire des femmes qui m'entourent et qui sont des femmes inspirantes. Il y a un peu d'elles dans tous ces personnages. Forcément elles viennent d'inspiration, bien sûr, de proches, mais elles vivent aussi par elles mêmes.
Philippe Chauveau :
Il y a un quatrième personnage féminin qui est important, c'est Sandra. C'est cette femme journaliste, celle par qui le scandale va éclater. Elle aussi, elle était importante. Elle était dès le départ dans votre histoire, vous saviez qu'il y aurait cette femme journaliste qui allait mettre Émile face à sa réalité?
Frédéric Perrot :
Oui, parce que c'était un bon déclencheur pour faire resurgir ce secret vingt ans après les faits. Il est installé dans une vie ordinaire. Il s'est installé avec une femme à qui il n'a rien dit de son passé. Donc, il fallait cet élément perturbateur qui vient un peu poser les questions auxquelles il se refuse à répondre et essayer de mettre la lumière sur les zones d'ombre. Donc oui c'était un personnage important.
Philippe Chauveau :
Au delà du personnage d'Émile, c'est aussi un très beau roman sur le temps qui passe et qui parfois nous engloutit. Votre roman alterne le passé et le présent, et puis aussi, c'est très original, le futur. C'est-à-dire qu'on le suit à quatre moments clés de sa vie. Comment avez-vous procédé pour écrire cette histoire? Saviez-vous dès le départ qu'il y aurait présent, passé, futur? Est-ce que ça s'est imposé à vous au fil, au fil de l'intrigue?
Frédéric Perrot :
Le passé et le présent, c'était une envie d’osciller entre les deux et de raconter un drame et ses conséquences vingt ans plus tard, c'était une vraie volonté. Le futur est venu après parce que je me suis dit que ce serait intéressant de réussir à rajouter cette dimension là. Mais c'est venu plutôt au fur et à mesure de l'écriture.
Philippe Chauveau :
J'ai été frappé par la phrase de Marcel Pagnol que vous avez choisi de mettre en exergue. Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants". Pourquoi avez-vous choisi de mettre Marcel Pagnol comme ça au tout début de votre roman?
Frédéric Perrot :
Parce que ses romans ont profondément marqué mon enfance. Mes parents avaient organisé des veillées comme ça avec mon frère pendant des semaines entières en nous lisant La gloire de mon père, Le château de ma mère. Donc on suivait cette histoire et ça nous avait fasciné. C'était une manière de rendre hommage à cet auteur que j'aime beaucoup et à c'est cette lecture qui a été fondatrice dans les choix de métiers que je fais.
Philippe Chauveau :
Une intrigue finement construite, des personnages attachants et notamment celui d'Émile et surtout une écriture très travaillée. Voilà un très beau premier roman. Merci beaucoup, Frédéric Perrot. C'est votre actualité, aux éditions Mialet Barrault, Pour une heure oubliée.