Frédéric Couderc a été journaliste-reporter avant de se consacrer entièrement à l'écriture. C'est avec le roman historique qu'il fait ses premières armes. « Prince ébène » et « Que saignent les vignes du roi » dont les intrigues se situaient sous le règne de Louis XIV laissaient entrevoir une belle plume. Mais sans doute Frédéric Couderc avait-il besoin d'être plus en adéquation avec son temps. Déjà avec « Et ils boiront leurs larmes », nous étions dans notre époque contemporaine, pendant la seconde guerre...
Le jour se lève et ce n'est pas le tien de Frédéric Couderc - Présentation - Suite
Philippe Chauveau : Bonjour Frédéric Couderc !
Frédéric Couderc : Bonjour !
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Héloïse d'Ormesson, c'est « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». C'est à la fois peut-être un premier roman mais ce n''est pas non plus un premier roman. On vous connaît parce qu'en librairie, vous avez déjà publié plusieurs ouvrages qui étaient plus dans la veine du roman historique, on va y revenir. Il y a eu le journalisme aussi en tout début de parcours. C'est quoi le lien entre...
Le jour se lève et ce n'est pas le tien de Frédéric Couderc - Portrait - Suite
Philippe Chauveau : Dans votre précédent titre Frédéric Couderc « Un été blanc et noir », vous nous emmeniez en Afrique du sud. Avec ce nouveau roman « Le jour se lève et ce n'est pas le tien », on va à la fois être à Cuba, à la Havane et puis on va aussi être à New-York. Je vais planter le décor : tout démarre en 2009, Léonard est un médecin obstétricien qui a bien réussi sa vie, il vit à New-York avec sa femme Alice. Leurs enfants ont grandi, ont quitté la maison, ils forment un couple uni même si il y a...
Le jour se lève et ce n'est pas le tien de Frédéric Couderc - Livre - Suite
Frédéric Couderc
Le jour se lève et ce n'est pas le tien
Présentation 2'36Frédéric Couderc a été journaliste-reporter avant de se consacrer entièrement à l'écriture. C'est avec le roman historique qu'il fait ses premières armes. « Prince ébène » et « Que saignent les vignes du roi » dont les intrigues se situaient sous le règne de Louis XIV laissaient entrevoir une belle plume. Mais sans doute Frédéric Couderc avait-il besoin d'être plus en adéquation avec son temps. Déjà avec « Et ils boiront leurs larmes », nous étions dans notre époque contemporaine, pendant la seconde guerre mondiale. Petite et grande histoire s'y mêlaient avec la saga d'une famille de vignerons champenois aux prises avec l'occupant allemand. Plus près de nous, en 2015, avec « Un été blanc et noir » plusieurs fois primé, Frédéric Couderc nous entrainait dans l'Afrique du Sud des années 1970 au coeur de la ségrégation. Une Afrique du Sud qu'il connait bien pour y avoir passé plusieurs années. Avec ce dernier titre se dessine la nouvelle volonté de l'auteur : une base historique, des personnages pris dans les tourments de l'histoire, mais aussi une intrigue politique.
Frédéric Couderc confirme cette nouvelle orientation avec ce nouveau roman « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». Nous sommes à Cuba, au début des années 1960 quand Fidel Castro et son frère Raul prennent le pouvoir. Mais le roman nous entraine aussi à New-York en 2009, avec Leonard, médecin obstétricien reconnu et réputé. Ses enfants devenus grands ont quitté la maison. Avec sa femme Alice, ils forment un couple uni mais la routine du temps qui passe s'est installée. Dora, la mère de Léonard meurt et c'est peut-être l'occasion pour lui de chercher à savoir qui était son père dont on lui a toujours caché l'identité. Mais ce n'est pas forcément une bonne idée de ressusciter les fantômes du passé surtout lorsqu'ils sont liés aux heures les plus sombres de la révolution cubaine.
Alternant les deux époques donc, 2009 et 1959, à travers des chapitres rythmés et impeccablement écrits, Frédéric Couderc offre ici un ouvrage qui est à la fois une quête identitaire, un polar, un drame sentimental et un roman politique.
On se laisse embarquer dans cette histoire, de la mélancolie d'un cimetière du Bronx aux artères noyées de soleil de La Havane. C'est aussi une autre vision de l'histoire de Cuba qui nous est proposée, histoire aujourd'hui encore si controversée, alors que le pays entre dans une nouvelle ère après la mort de Fidel Castro mais que son éminence grise Raul, tient encore les rênes du pouvoir.
Un livre coup de coeur « Le jour se lève et ce n'est pas le tien » de Frédéric Couderc est publié aux éditions Héloïse d’Ormesson.
Frédéric Couderc
Le jour se lève et ce n'est pas le tien
Portrait 6'39Philippe Chauveau : Bonjour Frédéric Couderc !
Frédéric Couderc : Bonjour !
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Héloïse d'Ormesson, c'est « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». C'est à la fois peut-être un premier roman mais ce n''est pas non plus un premier roman. On vous connaît parce qu'en librairie, vous avez déjà publié plusieurs ouvrages qui étaient plus dans la veine du roman historique, on va y revenir. Il y a eu le journalisme aussi en tout début de parcours. C'est quoi le lien entre le journalisme, globe-trotter reporter et puis le roman ? Si vous deviez résumer votre parcours, que diriez-vous ?
Frédéric Couderc : L'envie du terrain, avant tout de voyager. J'ai toujours eu envie de voyager, de me tenir finalement, selon la bonne définition, à hauteur d'homme. C'est-à-dire que j'adore changer d'avis au fait : partir avec des idées préconçues sur un territoire, en l'occurence pour moi c'était beaucoup l'Afrique, beaucoup les Etats-Unis, un petit peu l'Asie aussi. Je voyage à la fois pour le plaisir, mais aussi parfois pour mon métier. C'est vrai que j'ai pris le temps avant de me lancer véritablement dans des romans d'aventures, de voyage - qui sont aussi des polars et une comédie sentimentale - d'observer et de laisser grandir en moi mon attachement à certains pays.
Philippe Chauveau : Que ce soit pour le journalisme ou le roman, le virus de l'écriture vient comment ? C'est par l'enseignement ? C'est la bibliothèque familale ? Pourquoi l'envie d'écrire ?
Frédéric Couderc : C'est la lecture bien sûr. L'émerveillement, le « il était une fois » et puis l'idée de créer des personnages m'a toujours plu. J'anime des ateliers d'écriture et je me rends compte à quel point c'est partagé, même par des élèves empêchés comme on dit, c'est-à-dire des élèves qui sont dans une forme de déclassement. Je fais des ateliers dans des quartiers difficile. L'oralité est importante, c'est-à-dire que même quand on a pas la plume, ils arrivent à inventer des personnages extraordinaires donc c'est toujours ça. Et puis l'envie... J'aime bien – évidemment j'étais journaliste – boucher des trous, des puzzles... Il y a des réponses qui ne sont pas apportées par l'actualité évidemment, et qui tiennent à la nature humaine, qui tiennent aussi aux sentiments qui ne sont peut être pas à mon avis assez explorés par la presse. Jamais j'ai été habitué au fait à la brutalité d'une catastrophe, d'une disparition, d'un deuil... Et ce mot que l'on emploie souvent « sans transition »... Si, il y a des transitions et on écrit des livres pour ça, pour faire des transitions. Enfin des romans en tout cas.
Philippe Chauveau : Je le disais en préambule. Vous avez commencé par des romans historiques. Il y a eu « Prince Ebène » notamment, « Que saignent les vignes du roi » où on était à l'époque de Louis XIV, « Quand ils boiront leurs larmes » là c'était l'époque de l'occupation allemande. Et puis vous avez eu envie d'autre chose : votre précédent roman se passait en Afrique du sud. L'Afrique du sud qui compte beaucoup : vous avez passé plusieurs années au Cap. Et vous y allez régulièrement.
Frédéric Couderc : Oui et j'y retourne, j'y pass deux mois et demi par an. Alors finalement, plus qu'une actualité avec « Le jour se lève et ce n'est pas le tien », c'est presqu'un manifeste. C'est vrai que j'ai mis du temps, j'ai douté. Donc j'étais sur du récit qu'évidemment, je revendique encore mais si vous voulez, qui était sans doute d'une forme plus classique donc il m'a fallu toute une maturité pour me lancer dans des personnages et des histoires un peu plus audacieuses.
Philippe Chauveau : Et c'est là aussi qu'on a senti une transition parce qu'avec « Un été blanc et noir » vous évoquiez la ségrégation, l'apartheid etc. La situation en Afrique du sud. Et effectivement on se disait que jusqu'à présent, il y avait les romans historiques mais là Frédéric Couderc a envie d'autre chose.
Frédéric Couderc : Oui ou en tout cas, c'était là-dedans. C'est-à-dire qu'effectivement, c'est une colère contre l'injustice faite aux faibles au fait : la loi du plus fort. Et cette loi du plus fort, elle se retrouve à la fois dans des grands événements historiques, j'utilise toujours comme ça un cadre politique et historique mais elle se fait aussi au sein d'un couple ou d'une famille. Donc c'est vrai que j'écris sans doute pour malmener cette loi du plus fort.
Philippe Chauveau : Vous évoquiez les ateliers d'écriture auxquels vous collaboriez, auxquels vous participez. Que vous apporte cet échange ?
Frédéric Couderc : De continuer à y croire... Parce que ce roman est assez sombre, finalement, il est assez noir. Et c'est vrai que de se dire que les nouvelles générations continuent à apprécier la lecture et l'écriture, c'est une forme d'optimisme au fait. On se dit qu'évidemment la culture peut tout. Quand au sein d'un groupe violent ou d'un groupe qui passe à côté de tout, il y en a qui continuent à exprimer leurs sentiments, même leurs sentiments amoureux face aux autres, je trouve ça magnifique. Donc ça permet de croire encore en l'avenir.
Philippe Chauveau : Avec le précédent roman et avec celui-ci « Le jour se lève et ce n'est pas le tien » qui nous emmène à Cuba, vous redécouvrez peut être un autre public ou en tout cas il y a peut-être de nouveaux lecteurs qui vous découvrent plus exactement. Comment vivez-vous tous ces moments ? Il y a même aussi tous les échanges avec les libraires. Vous avez l'impression que votre carrière n'est pas le mot bien choisi, mais disons que votre habit d'auteur prend de l'amplitude ?
Frédéric Couderc : Evidemment... On ne sait pas lorsque l'on écrit. L'on ne sait pas à qui l'on va s'adresser. Le fait que ces personnages – car c'est avant tout un roman de personnages – correspondent à des gens, qui est un phénomène magique d'identification. Là il y a deux personnages qui sont Léo et Alice, aujourd'hui à New-York, et qu'on puisse se reconnaître à travers eux, c'est magnifique. Mais d'une certaine façon, moi aussi ils m'appartiennent plus, donc c'est vrai que j'ai des lecteurs qui trouvent dans le texte une intertextualité, des choses auxquelles j'avais pas vraiment pensé, c'est magnifique. Et puis ce soutien pour moi est très très important des libraires. C'est la première fois qu'effectivement je reçois des remontées d'un peu partout en France de médiathèques et de libraires. Donc je pense que moi en ce qui me concerne, n'étant pas particulièrement timide puis j'aime bien ça, le contact dans les salons avec le lecteur, je trouve ça absolument réjouissant. On est là aussi... Il y a un coté « en scène » quoi, et je trouve ça... Il y a tellement de moments de solitude, de difficultés dans l'écriture d'un livre comme ça, qui est quand même plus d'un an et demi de travail. Donc du coup d'échanger autour de ce roman, c'est une récompense.
Philippe Chauveau : Un livre dont on parle beaucoup, un livre dont on a pas fini de parler. Frédéric Couderc, votre actualité : « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». Vous êtes publié par Héloïse d'Ormesson.
Frédéric Couderc
Le jour se lève et ce n'est pas le tien
Livre 8'17Philippe Chauveau : Dans votre précédent titre Frédéric Couderc « Un été blanc et noir », vous nous emmeniez en Afrique du sud. Avec ce nouveau roman « Le jour se lève et ce n'est pas le tien », on va à la fois être à Cuba, à la Havane et puis on va aussi être à New-York. Je vais planter le décor : tout démarre en 2009, Léonard est un médecin obstétricien qui a bien réussi sa vie, il vit à New-York avec sa femme Alice. Leurs enfants ont grandi, ont quitté la maison, ils forment un couple uni même si il y a une petite routine qui se fait jour et puis Dora, Dora Parker, la mère de Léonard, vient à mourir. Elle demande à être enterrée dans un cimetière éloigné du Bronx sans que Léonard sache pourquoi ce cimetière là précisément. Et il va se dire : « c'est peut-être pour moi le moment de chercher à savoir d'où je viens puisqu'on ne m'a jamais dit qui était mon père ». Comment naît cette histoire ? Pourquoi avoir choisi d'emmener à la fois votre lecteur à New-York en 2009 et puis on le verra au fil des pages à La Havane à Cuba en 1959 ?
Frédéric Couderc : Je tenais à cette idée de couple qui va bien. On est souvent au fait dans les romans sur la rupture ou le coup de foudre. D'un coup s'intéresser à un couple qui dure, j'utilise cette formule, ça me plaisait. Pour Alice et Léonard, c'est une nouvelle étape de leur vie qui va arriver. C'est-à-dire que quand les enfants ont un peu plus de vingt ans, il y a presque quelque chose de... Pas d'adolescent mais en tout cas il y a un retour vers une jeunesse, enfin une possibilité de vivre différemment. Et puis se produit deux traumatismes. Et ce double traumatisme renvoie au fait à une découverte que j'ai fait à La Havane, alors là je quitte un peu la chronologie du roman. Figurez-vous que chaque 28 octobre, bien des années plus tard, on jette des fleurs à la mer en hommage à un homme qui s'appelle Camilo Cienfuegos, qui a disparu mystérieusement. Là je vais tomber sur pratiquement une rockstar, un homme disparu à 27 ans, beau comme un dieu, d'un charme absolument incroyable, révolutionnaire, barbudos. Et ma première réaction a été de me dire : « mais on nous a menti depuis tant d'années : le vrai romantisme révolutionnaire, c'est pas Che Guevara ».
Philippe Chauveau : Et alors justement, ce personnage. Pourquoi l'histoire officielle l'a-t-elle oublié plus ou moins volontairement ?
Frédéric Couderc : Il est exceptionnel. C'est-à-dire que bon, il grandit dans les quartiers pauvres de La Havane. Il immigre un temps bien qu'il soit très doué en sculpture, pour être un artiste, mais il peut pas. Très rapidement il rejoint Fidel dans la Sierra Maestra et c'est lui par son courage. Quand même, il se pend aux hélicoptères, il fonce sur les avions. Enfin, c'est Zorro ! Le tout avec humour, avec un sens de la fête véritablement incroyable. Tout ça est véridique. Et donc à 27 ans, cet homme se retrouve consul de La Havane pendant quelques jours, qu'il doit administrer. La révolution progresse les premiers mois de la révolution et lui réclame des élections. Lui s'oppose aux premières réformes agraires, il trouve pas ça... « On m'avait pas dit exactement ça ».
Philippe Chauveau : C'est un révolutionnaire sincère.
Frédéric Couderc : C'est un révolutionnaire sincère doublé d'un démocrate surtout. Ce qui s'est passé, c'est qu'évidemment les mois arrivant, Camilo Cienfuegos représentait une grave menace pour les frères Castro et c'est là où le roman commence, c'est-à-dire que, je vais pas le dévoiler mais je me suis dit : « je suis romancier, je suis pas biographe de Camilo Cienfuegos. Imaginons autre chose.. ». Et donc cet homme qui faisait de la politique le jour mais avec beaucoup d'humour et qui la nuit faisait la fête, il est tout à fait possible qu'il ait eu une grande histoire d'amour. Donc je vais lui inventer une grande passion amoureuse et mon Léonard et Alice sa femme, vont se retrouver comme connectés avec cet homme, bien des années plus tard.
Philippe Chauveau : Camilo Cienfuegos va mourir dans un accident d'avion. C'était, on le disait, un révolutionnaire sincère et démocrate, ça c'est l'histoire officielle. Mais alors, vous auriez pu faire un roman qui ne se passait qu'à La Havane dans les années 60 mais vous avez voulu aussi qu'il y ait cette connexion avec le New-York et le monde occidental de 2009. Pourquoi était-ce important de créer ce personnage de Léonard, en plus qui est médecin obstétricien, voilà qui se bat aussi pour la défense de l'avortement... Pourquoi ce personnage ?
Frédéric Couderc : Pour moi c'était très important, en creux, de parler aussi de l'engagement. Dans son périmètre, Léonard fait le bien tout simplement et c'est vrai que je pense, que nous avons de merveilleux bons sentiments, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on est plutôt dans une période de pessimisme, de déclinisme... Ce sont plutôt les cyniques qui ont la parole. Moi je crois pas à ça, je crois en l'être humain. Et dans son coin, aujourd'hui, de façon non militante, Léonard prend soin des femmes. Et donc évidemment, c'est une réponse à celui, pour lequel je ne veux pas trop en dire, il serait lié. Et qui lui a décidé pour le coup de changer le monde. Ce qui m'intéresse aussi énormément, il y a un gros ressort dans le livre autour de la mafia. Il faut comprendre que dans l'histoire de la révolution cubaine, c'est pas une révolution bolchévik, il n'y a pas d'ouvriers, il y a des étudiants qui se mettent en grève... En revanche, la population n'en pouvait plus d'une mafia qui depuis 10 ans littéralement, exploitait l'île. Il n'y en avait plus que pour les bordels, les casinos, les jeux... C'était le bordel de l'Amérique. Donc New-York était une espèce de succursale, j'ai trouvé que le lien était au fait très logique. Dans la ville monde, la Babylone moderne, on a des cubains, qui sont nombreux à Union City, j'y suis allé, j'ai discuté avec eux : tout ce que je décris existe. Et bien finalement nous avons des gens plus humanistes, plus tournés vers mes personnages, vers les qualités que je tente de leur mettre.
Philippe Chauveau : L'actualité vous a rattrapé en quelque sorte puisque depuis la sortie du roman, Fidel Castro est décédé. Son frère Raoul, qui était déjà au pouvoir, tient aujourd'hui les rênes du pays. Il n'a pas forcément le plus beau rôle dans votre roman, Raoul Castro. Vous qui connaissez bien maintenant Cuba et son Histoire, quelle vision portez-vous sur ce pays ? Quel peut être l'avenir de Cuba au regard de tout ce que vous nous racontez dans ce roman ?
Frédéric Couderc : Il y a scène chapitre 19 entre Léonard et Fidel, où finalement Fidel, proche de la mort, va se confesser à Léonard en l'absence de son père jésuite qui lui est coincé à Miami. Donc à la relire cette scène, elle est assez étrange puisque évidemment, le livre est sorti presque 2 mois avant sa disparition donc il y a quelque chose d'un peu fantomatique. Mais en tout cas, de ce que j'essaie de faire ressortir de cette scène entre autres, parce qu'à un moment donné, Fidel se détourne de l'image d'un graffeur qui s'appelle Sexto .C'est qu'au fait, aujourd'hui, il y a une vraie et profonde tristesse à être jeune cubain à La Havane. Moi c'est vraiment mon ressenti : pour tous ceux qui ne peuvent pas partir, c'est très difficile et ça l'est d'autant plus qu'arrivent 3-4 millions de touristes par année. Donc on est dans un pays qui est tout de même assez festif, avec des mojito, de la musique etc. Et cette image Buena Vista Social Club-Mojito, elle est complètement... C'est les montagnes russes. C'est-à-dire qu'à un moment, c'est normal, on a envie de partager des choses avec ces gens de La Havane. Et puis on se rend compte d'une douleur terrible à vivre le quotidien, donc le mot qui me paraît le plus juste au fait c'est celui de Léonardo Padura, que j'ai beaucoup lu avant d'écrire mon ouvrage - mon grand écrivain cubain. Et lui il dit, : « Cuba n'est ni l'enfer, ni le paradis, c'est le purgatoire ».
Philippe Chauveau : Avez-vous eu des retours peut-etre de la communauté cubaine de France ? Des retours de cubains qui ont vécu la révolution, qui ont déjà eu l'occasion de lire le livre ? Avez-vous eu des retours de ces gens-là ?
Frédéric Couderc : J'ai eu la grande joie à une émission radio d'entendre un son de Zoé Valdés qui a lu une page de mon texte. Donc pour moi, c'était évidemment une grande récompense, parce qu'il y a 20ans, quand on découvrait tous Zoé Valdes, j'imaginais pas une seconde qu'elle puisse lire ce livre. En même temps j'ai beaucoup de retours évidemment français qui en reviennent, c'est fascinant. Le livre fonctionne aussi en livre de voyage, peut-être pour pas se laisser abuser, pour comprendre une certain nombre de choses.
Philippe Chauveau : En tout cas félicitations pour ce roman, ce livre qui est un vrai coup de cœur. Ca s'appelle « Le jour se lève et ce n'est pas le tien », publié aux éditions Héloïse d'Ormesson. Merci Frédéric Couderc.
Frédéric Couderc : Merci.