Frédéric Couderc

Frédéric Couderc

Le jour se lève et ce n'est pas le tien

Portrait 6'39

Philippe Chauveau : Bonjour Frédéric Couderc !

Frédéric Couderc : Bonjour !

Philippe Chauveau : Votre actualité chez Héloïse d'Ormesson, c'est « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». C'est à la fois peut-être un premier roman mais ce n''est pas non plus un premier roman. On vous connaît parce qu'en librairie, vous avez déjà publié plusieurs ouvrages qui étaient plus dans la veine du roman historique, on va y revenir. Il y a eu le journalisme aussi en tout début de parcours. C'est quoi le lien entre le journalisme, globe-trotter reporter et puis le roman ? Si vous deviez résumer votre parcours, que diriez-vous ?

Frédéric Couderc : L'envie du terrain, avant tout de voyager. J'ai toujours eu envie de voyager, de me tenir finalement, selon la bonne définition, à hauteur d'homme. C'est-à-dire que j'adore changer d'avis au fait : partir avec des idées préconçues sur un territoire, en l'occurence pour moi c'était beaucoup l'Afrique, beaucoup les Etats-Unis, un petit peu l'Asie aussi. Je voyage à la fois pour le plaisir, mais aussi parfois pour mon métier. C'est vrai que j'ai pris le temps avant de me lancer véritablement dans des romans d'aventures, de voyage - qui sont aussi des polars et une comédie sentimentale - d'observer et de laisser grandir en moi mon attachement à certains pays.

Philippe Chauveau : Que ce soit pour le journalisme ou le roman, le virus de l'écriture vient comment ? C'est par l'enseignement ? C'est la bibliothèque familale ? Pourquoi l'envie d'écrire ?

Frédéric Couderc : C'est la lecture bien sûr. L'émerveillement, le « il était une fois » et puis l'idée de créer des personnages m'a toujours plu. J'anime des ateliers d'écriture et je me rends compte à quel point c'est partagé, même par des élèves empêchés comme on dit, c'est-à-dire des élèves qui sont dans une forme de déclassement. Je fais des ateliers dans des quartiers difficile. L'oralité est importante, c'est-à-dire que même quand on a pas la plume, ils arrivent à inventer des personnages extraordinaires donc c'est toujours ça. Et puis l'envie... J'aime bien – évidemment j'étais journaliste – boucher des trous, des puzzles... Il y a des réponses qui ne sont pas apportées par l'actualité évidemment, et qui tiennent à la nature humaine, qui tiennent aussi aux sentiments qui ne sont peut être pas à mon avis assez explorés par la presse. Jamais j'ai été habitué au fait à la brutalité d'une catastrophe, d'une disparition, d'un deuil... Et ce mot que l'on emploie souvent « sans transition »... Si, il y a des transitions et on écrit des livres pour ça, pour faire des transitions. Enfin des romans en tout cas.

Philippe Chauveau : Je le disais en préambule. Vous avez commencé par des romans historiques. Il y a eu « Prince Ebène » notamment, « Que saignent les vignes du roi » où on était à l'époque de Louis XIV, « Quand ils boiront leurs larmes » là c'était l'époque de l'occupation allemande. Et puis vous avez eu envie d'autre chose : votre précédent roman se passait en Afrique du sud. L'Afrique du sud qui compte beaucoup : vous avez passé plusieurs années au Cap. Et vous y allez régulièrement.

Frédéric Couderc : Oui et j'y retourne, j'y pass deux mois et demi par an. Alors finalement, plus qu'une actualité avec « Le jour se lève et ce n'est pas le tien », c'est presqu'un manifeste. C'est vrai que j'ai mis du temps, j'ai douté. Donc j'étais sur du récit qu'évidemment, je revendique encore mais si vous voulez, qui était sans doute d'une forme plus classique donc il m'a fallu toute une maturité pour me lancer dans des personnages et des histoires un peu plus audacieuses.

Philippe Chauveau : Et c'est là aussi qu'on a senti une transition parce qu'avec « Un été blanc et noir » vous évoquiez la ségrégation, l'apartheid etc. La situation en Afrique du sud. Et effectivement on se disait que jusqu'à présent, il y avait les romans historiques mais là Frédéric Couderc a envie d'autre chose.

Frédéric Couderc : Oui ou en tout cas, c'était là-dedans. C'est-à-dire qu'effectivement, c'est une colère contre l'injustice faite aux faibles au fait : la loi du plus fort. Et cette loi du plus fort, elle se retrouve à la fois dans des grands événements historiques, j'utilise toujours comme ça un cadre politique et historique mais elle se fait aussi au sein d'un couple ou d'une famille. Donc c'est vrai que j'écris sans doute pour malmener cette loi du plus fort.

Philippe Chauveau : Vous évoquiez les ateliers d'écriture auxquels vous collaboriez, auxquels vous participez. Que vous apporte cet échange ?

Frédéric Couderc : De continuer à y croire... Parce que ce roman est assez sombre, finalement, il est assez noir. Et c'est vrai que de se dire que les nouvelles générations continuent à apprécier la lecture et l'écriture, c'est une forme d'optimisme au fait. On se dit qu'évidemment la culture peut tout. Quand au sein d'un groupe violent ou d'un groupe qui passe à côté de tout, il y en a qui continuent à exprimer leurs sentiments, même leurs sentiments amoureux face aux autres, je trouve ça magnifique. Donc ça permet de croire encore en l'avenir.

Philippe Chauveau : Avec le précédent roman et avec celui-ci « Le jour se lève et ce n'est pas le tien » qui nous emmène à Cuba, vous redécouvrez peut être un autre public ou en tout cas il y a peut-être de nouveaux lecteurs qui vous découvrent plus exactement. Comment vivez-vous tous ces moments ? Il y a même aussi tous les échanges avec les libraires. Vous avez l'impression que votre carrière n'est pas le mot bien choisi, mais disons que votre habit d'auteur prend de l'amplitude ?

Frédéric Couderc : Evidemment... On ne sait pas lorsque l'on écrit. L'on ne sait pas à qui l'on va s'adresser. Le fait que ces personnages – car c'est avant tout un roman de personnages – correspondent à des gens, qui est un phénomène magique d'identification. Là il y a deux personnages qui sont Léo et Alice, aujourd'hui à New-York, et qu'on puisse se reconnaître à travers eux, c'est magnifique. Mais d'une certaine façon, moi aussi ils m'appartiennent plus, donc c'est vrai que j'ai des lecteurs qui trouvent dans le texte une intertextualité, des choses auxquelles j'avais pas vraiment pensé, c'est magnifique. Et puis ce soutien pour moi est très très important des libraires. C'est la première fois qu'effectivement je reçois des remontées d'un peu partout en France de médiathèques et de libraires. Donc je pense que moi en ce qui me concerne, n'étant pas particulièrement timide puis j'aime bien ça, le contact dans les salons avec le lecteur, je trouve ça absolument réjouissant. On est là aussi... Il y a un coté « en scène » quoi, et je trouve ça... Il y a tellement de moments de solitude, de difficultés dans l'écriture d'un livre comme ça, qui est quand même plus d'un an et demi de travail. Donc du coup d'échanger autour de ce roman, c'est une récompense.

Philippe Chauveau : Un livre dont on parle beaucoup, un livre dont on a pas fini de parler. Frédéric Couderc, votre actualité : « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». Vous êtes publié par Héloïse d'Ormesson.

Le jour se lève et ce n'est pas le tien Héloïse d'Ormesson
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  • Frédéric Couderc a été journaliste-reporter avant de se consacrer entièrement à l'écriture. C'est avec le roman historique qu'il fait ses premières armes. « Prince ébène » et « Que saignent les vignes du roi » dont les intrigues se situaient sous le règne de Louis XIV laissaient entrevoir une belle plume. Mais sans doute Frédéric Couderc avait-il besoin d'être plus en adéquation avec son temps. Déjà avec « Et ils boiront leurs larmes », nous étions dans notre époque contemporaine, pendant la seconde guerre...Le jour se lève et ce n'est pas le tien de Frédéric Couderc - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Frédéric Couderc !   Frédéric Couderc : Bonjour !   Philippe Chauveau : Votre actualité chez Héloïse d'Ormesson, c'est « Le jour se lève et ce n'est pas le tien ». C'est à la fois peut-être un premier roman mais ce n''est pas non plus un premier roman. On vous connaît parce qu'en librairie, vous avez déjà publié plusieurs ouvrages qui étaient plus dans la veine du roman historique, on va y revenir. Il y a eu le journalisme aussi en tout début de parcours. C'est quoi le lien entre...Le jour se lève et ce n'est pas le tien de Frédéric Couderc - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Dans votre précédent titre Frédéric Couderc « Un été blanc et noir », vous nous emmeniez en Afrique du sud. Avec ce nouveau roman « Le jour se lève et ce n'est pas le tien », on va à la fois être à Cuba, à la Havane et puis on va aussi être à New-York. Je vais planter le décor : tout démarre en 2009, Léonard est un médecin obstétricien qui a bien réussi sa vie, il vit à New-York avec sa femme Alice. Leurs enfants ont grandi, ont quitté la maison, ils forment un couple uni même si il y a...Le jour se lève et ce n'est pas le tien de Frédéric Couderc - Livre - Suite