Arnaud Cathrine est un auteur discret qui ne recherche pas la lumière. A 40 ans, il a pourtant écrit déjà une vingtaine de romans, dont une dizaine pour la jeunesse. Très jeune, dès 15 ans, l'écriture s'impose à lui et il publie son premier roman en 1998, « Les yeux secs », un roman bouleversant et terrifiant à la fois sur l'adolescence face à la mort. L'écriture d'Arnaud Cathrine est tout en non-dit, en filigrane, en finesse, sans exagération de style. Il y a chez lui comme une sorte de pudeur, l'envie de dire les choses...
Le livre, cadeau idéal ? d'Arnaud Cathrine - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Arnaud Cathrine. Un nouveau roman aux éditions Verticales « Je ne retrouve personne ». C'est déjà le 20e titre que vous publiez, quelque chose comme ça ?Arnaud Cathrine :Oui parce que vous comptez les livres pour la jeunesse.Philippe Chauveau :Vous êtes aussi un auteur qui écrit pour la jeunesse. L'envie d'écrire vous a pris assez tôt, c'était au moment de l'adolescence. Vous savez l'expliquer ?Arnaud Cathrine :Oui, je peux avancer un inventaire de mots tels l'ennui, l'ennui en province, seul dans...
Le livre, cadeau idéal ? d'Arnaud Cathrine - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Dans ce nouveau roman, Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », vous nous présentez Aurélien. Il a 30-35 ans, il se retrouve en Normandie, dans une petite station normande entre Honfleur et Deauville, à Villerville précisément, c'est une commune qui existe réellement où vous avez des attaches. C'est l'automne 2011 et il est mandaté en quelque sorte par son frère et ses parents pour vendre la maison de famille. Pourquoi une histoire qui semble comme ça d'une banalité affligeante ? Comment transformer...
Le livre, cadeau idéal ? d'Arnaud Cathrine - Le livre - Suite
Librairie Folies d'encre à Montreuil (Catherine Oliva)
9 Avenue de la Résistance, 93100 Montreuil01 49 20 80 00Non seulement j'ai aimé Arnaud Cathrine, mais c'est un auteur que je suis depuis ses débuts, depuis son premier livre « Les yeux secs », c'était une bombe. Donc j'ai vu toute l'évolution de ce qu'il a écrit et je suis déjà quelqu'un qui est acquis à sa cause. Donc c'est un livre que j'ai beaucoup aimé où il a un peu de distance avec lui-même. Il fait toujours dans ses romans des auto-portraits qui sont cryptés...
Le livre, cadeau idéal ? d'Arnaud Cathrine - L'avis du libraire - Suite
Arnaud Cathrine
Je ne retrouve personne
Présentation 1'41Arnaud Cathrine est un auteur discret qui ne recherche pas la lumière. A 40 ans, il a pourtant écrit déjà une vingtaine de romans, dont une dizaine pour la jeunesse.
Très jeune, dès 15 ans, l'écriture s'impose à lui et il publie son premier roman en 1998, « Les yeux secs », un roman bouleversant et terrifiant à la fois sur l'adolescence face à la mort. L'écriture d'Arnaud Cathrine est tout en non-dit, en filigrane, en finesse, sans exagération de style.
Il y a chez lui comme une sorte de pudeur, l'envie de dire les choses sans brusquer. L'auteur invitant ainsi le lecteur à être lui-même au coeur de l'intrigue et à s'approprier les situations vécues par les personnages.
Avec son nouveau titre « Je ne retrouve personne », Arnaud Cathrine démontre une nouvelle fois l'incroyable maîtrise de son écriture, son aisance à construire une ambiance, à interpeller les souvenirs,
à donner un vrai souffle romanesque à une histoire de vie somme toute assez banale. Nous sommes en Normandie, c'est l'automne dans un petit village de bord de mer entre Deauville et Honfleur.
Aurélien a passé ici une partie de sa jeunesse et ses parents l'ont chargé d'une mission : vendre la maison de famille. A son corps défendant, le voici dans ces vieux murs où les souvenirs affluent. Il va y passer trois mois.
Trois mois pour faire le bilan d'une vie et peut-être aussi se reconstruire en apprenant à mieux se connaître. Un livre magnifique et un auteur attachant au style très personnel et à l'écriture très talentueuse.
Bref, vous l'aurez compris, voici un roman que j'ai beaucoup aimé et que je vous recommande vivement. Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », aux éditions Verticales. Arnaud Cathrine est avec nous sur Web TV Culture.
Arnaud Cathrine est un auteur discret qui ne recherche pas la lumière. A 40 ans, il a pourtant écrit déjà une vingtaine de romans, dont une dizaine pour la jeunesse. Très jeune, dès 15 ans, l'écriture s'impose à lui et il publie son premier roman en 1998, « Les yeux secs », un roman bouleversant et terrifiant à la fois sur l'adolescence face à la mort. L'écriture d'Arnaud Cathrine est tout en non-dit, en filigrane, en finesse, sans exagération de style. Il y a chez lui comme une sorte de pudeur, l'envie de dire les choses sans brusquer. L'auteur invitant ainsi le lecteur à être lui-même au coeur de l'intrigue et à s'approprier les situations vécues par les personnages. Avec son nouveau titre « Je ne retrouve personne », Arnaud Cathrine démontre une nouvelle fois l'incroyable maîtrise de son écriture, son aisance à construire une ambiance, à interpeller les souvenirs, à donner un vrai souffle romanesque à une histoire de vie somme toute assez banale. Nous sommes en Normandie, c'est l'automne dans un petit village de bord de mer entre Deauville et Honfleur. Aurélien a passé ici une partie de sa jeunesse et ses parents l'ont chargé d'une mission : vendre la maison de famille. A son corps défendant, le voici dans ces vieux murs où les souvenirs affluent. Il va y passer trois mois. Trois mois pour faire le bilan d'une vie et peut-être aussi se reconstruire en apprenant à mieux se connaître. Un livre magnifique et un auteur attachant au style très personnel et à l'écriture très talentueuse. Bref, vous l'aurez compris, voici un roman que j'ai beaucoup aimé et que je vous recommande vivement. Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », aux éditions Verticales. Arnaud Cathrine est avec nous sur Web TV Culture.
Arnaud Cathrine
Je ne retrouve personne
Portrait 3'32Bonjour Arnaud Cathrine. Un nouveau roman aux éditions Verticales « Je ne retrouve personne ». C'est déjà le 20e titre que vous publiez, quelque chose comme ça ?
Oui parce que vous comptez les livres pour la jeunesse.
Vous êtes aussi un auteur qui écrit pour la jeunesse. L'envie d'écrire vous a pris assez tôt, c'était au moment de l'adolescence. Vous savez l'expliquer ?
Oui, je peux avancer un inventaire de mots tels l'ennui, l'ennui en province, seul dans sa chambre, l'impatience que quelque chose arrive et en l'occurrence si je ne le formulais pas très exactement je pense que c'était le départ vers la grande ville.
Toutes ces choses qu'on peut juger négatives sont en fait très fertiles. Je pense que les adolescents et les enfants enfermés dans une chambre apprennent à faire plein de choses, à développer leur imaginaire, à désirer.
Et donc la littérature et la musique ont été très importants dans cette chambre d'enfant. Ca a été la première façon de partir, de m'échapper. Et donc l'écriture est venue comme ça je crois et la lecture aussi.
En 1998, vous publiez votre premier roman « Les yeux secs », une histoire d'adolescent face à la mort. Pourquoi avoir choisi un sujet aussi sombre ? Vous aviez à l'époque à peine 25 ans.
J'avais 20 ans quand je l'ai écrit et 23 ans quand ça a été publié. Ce livre il vient d'un cauchemar, donc c'est vraiment une matière très inconsciente. J'ai rêvé cette histoire de guerre civile où j'étais avec ma soeur dans un très grand danger.
J'ai transcris ce cauchemar très frappant et puis ça a donné un livre et il se trouve qu'il a été publié. Mais si je dois me souvenir de l'état dans lequel j'étais quand je travaillais sur des manuscrits antérieurs, je pensais que ce serait eux qui seraient publiés d'abord.
Vous avez, me semble-t-il, un style bien personnel avec une économie de mots, il n'y a pas de fioriture, mais vous invitez toujours le lecteur à se mettre au coeur même de votre intrigue, comme si le lecteur était invité à écrire avec vous la suite du roman.
En tant que lecteur, je n'aime pas quand on m'impose certaines choses; quand on m'impose des visages par exemple. J'aime les recomposer ou les inventer moi-même. Comme le livre c'est un pont qui est jeté vers quelqu'un, il y a un moment aussi où dans la pièce littéraire,
il y a un fauteuil qui est vide à côté de moi et où le lecteur ou la lectrice va occuper. Et j'aime bien ça. De ne pas être dans l'exhaustif, de ne pas tout dire, qu'il y ait du filigrane, du sous-texte.
Ca concerne beaucoup de choses en art. J'aime bien ce qu'on comprend mais qui n'est pas dit.
Au-delà de l'écriture il y a aussi la scène, la musique, l'image, les lectures à haute voix. Vous avez besoin de vous exprimer avec différentes facettes ?
Maintenant je peux dire oui. Si vous m'aviez parlé de ça il y a dix ans, je ne pouvais pas prévoir que je m'inventerai une petite place sur les plateaux et sur les scènes parce que je ne me l'autorisais pas vraisemblablement.
L'écriture vous rend-t-elle heureux ?
Oui ! Trois fois, mille fois oui ! Je ne peux pas bien imaginer dans quel état je serai sans l'écriture.
Je ne peux pas imaginer car l'écriture est arrivée tôt et que ça prend énormément de place. Je pense que j'aurai trouvé autre chose. Une autre façon de m'exprimer. C'est extraordinaire cette traversée avec l'écriture et dans l'écriture.
Votre actualité Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », aux éditions Verticales.
Philippe Chauveau :
Bonjour Arnaud Cathrine. Un nouveau roman aux éditions Verticales « Je ne retrouve personne ». C'est déjà le 20e titre que vous publiez, quelque chose comme ça ?
Arnaud Cathrine :
Oui parce que vous comptez les livres pour la jeunesse.
Philippe Chauveau :
Vous êtes aussi un auteur qui écrit pour la jeunesse. L'envie d'écrire vous a pris assez tôt, c'était au moment de l'adolescence. Vous savez l'expliquer ?
Arnaud Cathrine :
Oui, je peux avancer un inventaire de mots tels l'ennui, l'ennui en province, seul dans sa chambre, l'impatience que quelque chose arrive et en l'occurrence si je ne le formulais pas très exactement je pense que c'était le départ vers la grande ville. Toutes ces choses qu'on peut juger négatives sont en fait très fertiles. Je pense que les adolescents et les enfants enfermés dans une chambre apprennent à faire plein de choses, à développer leur imaginaire, à désirer. Et donc la littérature et la musique ont été très importants dans cette chambre d'enfant. Ça a été la première façon de partir, de m'échapper. Et donc l'écriture est venue comme ça je crois et la lecture aussi.
Philippe Chauveau :
En 1998, vous publiez votre premier roman « Les yeux secs », une histoire d'adolescent face à la mort. Pourquoi avoir choisi un sujet aussi sombre ? Vous aviez à l'époque à peine 25 ans.
Arnaud Cathrine :
J'avais 20 ans quand je l'ai écrit et 23 ans quand ça a été publié. Ce livre il vient d'un cauchemar, donc c'est vraiment une matière très inconsciente. J'ai rêvé cette histoire de guerre civile où j'étais avec ma soeur dans un très grand danger. J'ai transcris ce cauchemar très frappant et puis ça a donné un livre et il se trouve qu'il a été publié. Mais si je dois me souvenir de l'état dans lequel j'étais quand je travaillais sur des manuscrits antérieurs, je pensais que ce serait eux qui seraient publiés d'abord.
Philippe Chauveau :
Vous avez, me semble-t-il, un style bien personnel avec une économie de mots, il n'y a pas de fioriture, mais vous invitez toujours le lecteur à se mettre au coeur même de votre intrigue, comme si le lecteur était invité à écrire avec vous la suite du roman.
Arnaud Cathrine :
En tant que lecteur, je n'aime pas quand on m'impose certaines choses; quand on m'impose des visages par exemple. J'aime les recomposer ou les inventer moi-même. Comme le livre c'est un pont qui est jeté vers quelqu'un, il y a un moment aussi où dans la pièce littéraire, il y a un fauteuil qui est vide à côté de moi et où le lecteur ou la lectrice va occuper. Et j'aime bien ça. De ne pas être dans l'exaustif, de ne pas tout dire, qu'il y ait du filigrane, du sous-texte. Ça concerne beaucoup de choses en art. J'aime bien ce qu'on comprend mais qui n'est pas dit.
Philippe Chauveau :
Au-delà de l'écriture il y a aussi la scène, la musique, l'image, les lectures à haute voix. Vous avez besoin de vous exprimer avec différentes facettes ?
Arnaud Cathrine :
Maintenant je peux dire oui. Si vous m'aviez parlé de ça il y a dix ans, je ne pouvais pas prévoir que je m'inventerai une petite place sur les plateaux et sur les scènes parce que je ne me l'autorisais pas vraisemblablement.
Philippe Chauveau :
L'écriture vous rend-t-elle heureux ?
Arnaud Cathrine :
Oui ! Trois fois, mille fois oui ! Je ne peux pas bien imaginer dans quel état je serai sans l'écriture. Je ne peux pas imaginer car l'écriture est arrivée tôt et que ça prend énormément de place. Je pense que j'aurai trouvé autre chose. Une autre façon de m'exprimer. C'est extraordinaire cette traversée dans l'écriture et avec l'écriture.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », aux éditions Verticales.
Arnaud Cathrine
Je ne retrouve personne
Le livre 3'59Dans ce nouveau roman, Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », vous nous présentez Aurélien. Il a 30-35 ans, il se retrouve en Normandie, dans une petite station normande entre Honfleur et Deauville, à Villerville précisément,
c'est une commune qui existe réellement où vous avez des attaches. C'est l'automne 2011 et il est mandaté en quelque sorte par son frère et ses parents pour vendre la maison de famille.
Pourquoi une histoire qui semble comme ça d'une banalité affligeante ? Comment transformer une histoire du quotidien en roman ?
Mais tout le roman est fait de choses assez banales et communes. Il y a la fin de l'enfance, la jeunesse révolue, la question du deuil de l'enfance et de l'adolescence. Tout ça sont des choses très communes.
Ca m'a fait un peu peur au départ quand j'ai commencé à écrire le livre puisque je me suis dit que c'était vraiment très anodin. La chose un peu ludique qu'il y avait pour moi, c'est que c'était un journal intime.
Le personnage prend des notes parce qu'il n'a pas du tout envie d'aller en Normandie. Il a autre chose à faire, il est en promotion pour un livre. Il est écrivain. Il commence par prendre des notes et au fur et à mesure ou il va rester, il est là pour une journée et demie
et il va rester trois mois, la phrase prend une autre amplitude parce qu'il s'aperçoit qu'il est en train d'écrire un livre. Au fur et à mesure il fallait que l'écriture de notes passe à vraiment de l'écriture.
Il va s'apercevoir à la fin du livre qu'il écrit là-bas le livre qu'il cherchait depuis très longtemps.
Finalement plus on avance dans les chapitres avec ces dates qui nous mèneront jusqu'à Noël, une sorte de renaissance, comme si votre héros, Aurélien, se redécouvrait et renaissait
Oui parce que ça part là encore d'une chose assez ingrate, d'un état des lieux immobilier. Il doit ouvrir la maison à un agent immobilier pour estimer cette villa pour qu'elle soit vendue. Et puis peu à peu ça va se transformer en état des lieux très intérieur, très intime.
Et il se trouve qu'il est dans une situation d'immobilisme personnel, affectif, il est dans un drôle d'état, d'entre-deux et ces plages immenses que je vois sur la couverture, à marée basse,
c'est un paysage qui va le renvoyer en dedans de lui et ça va être un moment de bilan en fait. Donc renaissance, je lui souhaite.
Chaque lecteur peut s'approprier cette intrigue. Tous les souvenirs qui vont affluer auprès d'Aurélien ce sont des souvenirs qui peuvent venir nous bousculer nous aussi à un moment de notre vie.
Ce sont des expériences toutes simples qu'on a tous à affronter un jour dans nos vies. Ce sont des exercices de deuil à l'esprit. Le jour on se retourne et on s'aperçoit que par exemple notre jeunesse nous a quittée.
Parfois on s'en aperçoit des années après ! Donc j'espère que tout ça, ça peut rejoindre quelqu'un. Un lecteur, une lectrice.
Pourquoi ce titre « Je ne retrouve personne » ?
Je l'ai longtemps cherché ce titre. Et puis je relisais Jean-Luc Lagarce dans « Juste la fin du monde ». Il y a une phrase qui m'a totalement frappée. Elle est d'ailleurs en exergue. Et puis je tombe sur cette phrase « Je ne retrouve personne ».
Je voulais une phrase à la première personne du singulier et j'aime cette expression parce que ce Aurélien, il ne retrouve pas personne, il retrouve plein de monde. Le livre est fait de rencontres.
Il retrouve des camarades de classe, des souvenirs, des fantômes. Mais il ne retrouve personne tel qu'il pensait les retrouver parce que les gens ont eu leur propre itinéraire, ont changé
et parfois dans des directions totalement imprévisibles et inattendues, donc c'est ça le sens du titre. Il ne retrouve personne tel qu'il pensait qu'ils seraient.
Merci beaucoup Arnaud Cathrine et merci pour ce très beau roman. Ca s'appelle « Je ne retrouve personne », c'est aux éditions Verticales.
On le disait, c'est un roman qui se passe en Normandie, c'est l'automne, il y a une certaine mélancolie, mais c'est pourtant un roman solaire, un roman très lumineux. Merci à vous.
Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau roman, Arnaud Cathrine, « Je ne retrouve personne », vous nous présentez Aurélien. Il a 30-35 ans, il se retrouve en Normandie, dans une petite station normande entre Honfleur et Deauville, à Villerville précisément, c'est une commune qui existe réellement où vous avez des attaches. C'est l'automne 2011 et il est mandaté en quelque sorte par son frère et ses parents pour vendre la maison de famille. Pourquoi une histoire qui semble comme ça d'une banalité affligeante ? Comment transformer une histoire du quotidien en roman ?
Arnaud Cathrine :
Mais tout le roman est fait de choses assez banales et communes. Il y a la fin de l'enfance, la jeunesse révolue, la question du deuil de l'enfance et de l'adolescence. Tout ça sont des choses très communes. Ca m'a fait un peu peur au départ quand j'ai commencé à écrire le livre puisque je me suis dit que c'était vraiment très anodin. La chose un peu ludique qu'il y avait pour moi, c'est que c'était un journal intime. Le personnage prend des notes parce qu'il n'a pas du tout envie d'aller en Normandie. Il a autre chose à faire, il est en promotion pour un livre. Il est écrivain. Il commence par prendre des notes et au fur et à mesure ou il va rester, il est là pour une journée et demie et il va rester trois mois, la phrase prend une autre amplitude parce qu'il s'aperçoit qu'il est en train d'écrire un livre. Au fur et à mesure il fallait que l'écriture de notes passe à vraiment de l'écriture. Il va s'apercevoir à la fin du livre qu'il écrit là-bas le livre qu'il cherchait depuis très longtemps.
Philippe Chauveau :
Finalement plus on avance dans les chapitres avec ces dates qui nous mèneront jusqu'à Noël, une sorte de renaissance, comme si votre héros, Aurélien, se redécouvrait et renaissait
Arnaud Cathrine :
Oui parce que ça part là encore d'une chose assez ingrate, d'un état des lieux immobilier. Il doit ouvrir la maison à un agent immobilier pour estimer cette villa pour qu'elle soit vendue. Et puis peu à peu ça va se transformer en état des lieux très intérieurs, très intime. Et il se trouve qu'il est dans une situation d'immobilisme personnel, affectif, il est dans un drôle d'état, d'entre-deux et ces plages immenses que je vois sur la couverture, à marée basse, c'est un paysage qui va le renvoyer en dedans de lui et ça va être un moment de bilan en fait. Donc renaissance, je lui souhaite.
Philippe Chauveau :
Chaque lecteur peut s'approprier cette intrigue. Tous les souvenirs qui vont affluer auprès d'Aurélien ce sont des souvenirs qui peuvent venir nous bousculer nous aussi à un moment de notre vie.
Arnaud Cathrine :
Ce sont des expériences toutes simples qu'on a tous à affronter un jour dans nos vies. Ce sont des exercices de deuil à l'esprit. Le jour on se retourne et on s'aperçoit que par exemple notre jeunesse nous a quittée. Parfois on s'en aperçoit des années après ! Donc j'espère que tout ça, ça peut rejoindre quelqu'un. Un lecteur, une lectrice.
Philippe Chauveau :
Pourquoi ce titre « Je ne retrouve personne » ?
Arnaud Cathrine :
Je l'ai longtemps cherché ce titre. Et puis je relisais Jean-Luc Lagarce dans « Juste la fin du monde ». Il y a une phrase qui m'a totalement frappée. Elle est d'ailleurs en exergue. Et puis je tombe sur cette phrase « Je ne retrouve personne ». Je voulais une phrase à la première personne du singulier et j'aime cette expression parce que ce Aurélien, il ne retrouve pas personne, il retrouve plein de monde. Le livre est fait de rencontres. Il retrouve des camarades de classe, des souvenirs, des fantômes. Mais il ne retrouve personne tel qu'il pensait les retrouver parce que les gens ont eu leur propre itinéraire, ont changé et parfois dans des directions totalement imprévisibles et inattendues, donc c'est ça le sens du titre. Il ne retrouve personne tel qu'il pensait qu'ils seraient.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Arnaud Cathrine et merci pour ce très beau roman. Ça s'appelle « Je ne retrouve personne », c'est aux éditions Verticales. On le disait, c'est un roman qui se passe en Normandie, c'est l'automne, il y a une certaine mélancolie, mais c'est pourtant un roman solaire, un roman très lumineux. Merci à vous.
Arnaud Cathrine
Je ne retrouve personne
L'avis du libraire 1'30Non seulement j'ai aimé Arnaud Cathrine, mais c'est un auteur que je suis depuis ses débuts, depuis son premier livre « Les yeux secs », c'était une bombe. Donc j'ai vu toute l'évolution de ce qu'il a écrit et je suis déjà quelqu'un qui est acquis à sa cause.
Donc c'est un livre que j'ai beaucoup aimé où il a un peu de distance avec lui-même. Il fait toujours dans ses romans des auto-portraits qui sont cryptés puisque ce n'est pas tout-à-fait lui son personnage, mais on voit qu'il recherche à s'en approcher quand même.
C'est un livre qui est plein de finesse. Et dans le style et dans l'approche du personnage principal qu'est Aurélien. De même que dans les lieux il a une vision un peu romantique sur cette maison en Normandie.
On a déjà retrouvé cette maison dans plusieurs de ses livres, notamment dans « Sweet home ». Dans « Sweet home » on était au printemps, là on est à l'automne avec un éclairage automnal presque hivernal qui donne tout le ton du livre.
C'est cette approche de l'intime qui est particulièrement intéressant dans ce livre. Ce n'est pas un livre où il y a beaucoup d'action, mais moins il y a d'action et plus on creuse profondément à l'intérieur des êtres.
Librairie Folies d'encre à Montreuil (Catherine Oliva)
9 Avenue de la Résistance, 93100 Montreuil
01 49 20 80 00
Non seulement j'ai aimé Arnaud Cathrine, mais c'est un auteur que je suis depuis ses débuts, depuis son premier livre « Les yeux secs », c'était une bombe. Donc j'ai vu toute l'évolution de ce qu'il a écrit et je suis déjà quelqu'un qui est acquis à sa cause. Donc c'est un livre que j'ai beaucoup aimé où il a un peu de distance avec lui-même. Il fait toujours dans ses romans des auto-portraits qui sont cryptés puisque ce n'est pas tout-à-fait lui son personnage, mais on voit qu'il recherche à s'en approcher quand même. C'est un livre qui est plein de finesse. Et dans le style et dans l'approche du personnage principal qu'est Aurélien. De même que dans les lieux il a une vision un peu romantique sur cette maison en Normandie. On a déjà retrouvé cette maison dans plusieurs de ses livres, notamment dans « Sweet home ». Dans « Sweet home » on était au printemps, là on est à l'automne avec un éclairage automnal presque hivernal qui donne tout le ton du livre.
C'est cette approche de l'intime qui est particulièrement intéressant dans ce livre. Ce n'est pas un livre où il y a beaucoup d'action, mais moins il y a d'action et plus on creuse profondément à l'intérieur des êtres.