Marianne Maury Kaufmann

Marianne Maury Kaufmann

Varsovie-Les Lilas

Portrait 06'18"

Philippe Chauveau :

Bonjour Marianne Maury-Kaufmann.

Marianne Maury-Kaufmann :

Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau :

Votre actualité, « Varsovie - Les Lilas », chez Héloïse d'Ormesson. On se connait, nous nous sommes déjà rencontrés plusieurs fois, ici-même, sur ce plateau, pour évoquer votre parcours : celui d'illustratrice, de romancière et de novelliste. Pourquoi le roman prend-il de plus en plus de place dans votre parcours ?

Marianne Maury-Kaufmann :

C'est l'écriture qui prend toute la place. Je ne sais pas si je resterai tout le temps une romancière ou si je ne repasserai pas par la case nouvelle. J'ai écrit une nouvelle hier que je trouve très bien... Quoi qu'il en soit, c'est l'écriture qui a pris beaucoup d'importance, oui. Elle a pris presque tout mon cœur et je pense que l'explication est que j'arrive encore plus à m'exprimer en écrivant.

Philippe Chauveau :

Cela correspond à un besoin à ce moment précis de votre vie ?

Marianne Maury-Kaufmann :

A ce moment précis de ma vie... C'est peut être que ce moment précis de ma vie est déjà un moment de ma vie un petit peu tardif, cela signifie que j'ai vécu des choses que j'ai à raconter. C'est aussi un moment un peu calme parce que j'ai élevé mes enfants, parce que ma vie est moins houleuse qu'à d'autres moments.

Philippe Chauveau :

Moins trépidante ?

Marianne Maury-Kaufmann :

Non, moins houleuse parce qu'il y a eu des drames dans ma vie et que je m'en éloigne. Cela me permet de retrouver une mer étale. Certains écrivains ont besoin que ça pulse et que ça fasse mal pour écrire mais je n'en fait pas partie.

Philippe Chauveau :

Quelle lectrice êtes-vous ? Qu'aimez-vous retrouver dans les livres des autres ? Que recherchez-vous ?

Marianne Maury-Kaufmann :

J'aime bien cette question. Je suis une lectrice absolument horrible, très difficile. Je le sais parce que j'ai une amie qui est critique littéraire et qui m'a dit « heureusement que ce n'est pas toi qui fait mon taf !». Moi, pour choisir un livre, même ceux dont on m'a parlé, dont on m'a fait l'éloge, je l'ouvre et je regarde quelques phrases et je sais tout de suite si ça va m'aller. Il faut que ce soit assez sobre, j'aime pas du tout les trucs ampoulés et savants. Ce qui compte le plus pour moi, c'est la langue, je crois que la façon de s'exprimer dit des choses sur le contenu. Je ne risque pas d'avoir une histoire qui m'emmerde si le style me plait, j’en suis presque sûre.

Philippe Chauveau :

Aimez-vous de temps en temps retrouver des classiques de la littérature ?

Marianne Maury-Kaufmann :

J'aime beaucoup retrouver les mêmes livres.

Philippe Chauveau :

Cela vous rassure ?

Marianne Maury-Kaufmann :

Je n'ai pas de mémoire. D'ailleurs, j'ai même oublié vos premières questions ! Les choses que j'aime, je les marque quelque part pour me souvenir et puis je peux les lire et les relire en étant tranquille, je sais que cela va me plaire mais je ne me rappelle plus de la fin. En ce qui concerne mon choix pour les lectures, la langue est très importante et je préfère nettement les livres qui ont à voir avec les mouvements du cœur humain que les fresques. Il y a une exception « Tous nous hiers » de Natalia Ginzburg, qui est une merveille. Ce livre là m'a transportée parce qu'il est très humain. J'aime les mouvements de l'âme quand je suis lectrice. Ce que j'aime, c'est tout ce qui parle de nos défauts, de nos petitesses et de nos élans. J'aime les Hommes !

Philippe Chauveau :

Moi qui ai la chance de vous connaître depuis quelques années maintenant, j'ai connu une Marianne Maury-Kaufmann trépidante, très parisienne, qui croquait la vie à pleine dents, qui nous offrait des petits instantanés avec son personnage de Gloria, et j'ai découvert peu à peu une autre femme qui prenait le temps de l'écriture. Désormais, vous partagez votre vie entre Paris et la Province, je vous sens peut-être plus apaisée, plus sereine. Est-ce une illusion ou vous sentez-vous effectivement plus sereine dans votre vie ?

Marianne Maury Kaufmann :

Déjà, je vieillis contrairement à vous ! En plus, mes enfants ont grandi, c'est fou la place que cela prend dans la vie d'une femme, et c'est une place merveilleuse. J'ai trois garçons, ça a été l'enfer ! Maintenant, ce sont des hommes absolument splendides et donc cela compte beaucoup dans mon calme et c'est vrai que l'écriture, en particulier « Varsovie - Les Lilas », m'a permis de me réconcilier peut-être avec ma mère, avec qui je suis, d'où je viens, l'écriture joue ce rôle-là.

Philippe Chauveau :

L'écriture vous fait grandir ?

Marianne Maury-Kaufmann :

Non, cela me rend plus égoïste ! Elle prend la place de presque tout le reste et puis, comme j'aime l'humain, je n'aime pas trop parler de moi dans les bouquins, je ne me vois pas trop écrire quelque chose d'autobiographique mais tout passe par moi, forcément. L'écriture me fait me recentrer sur moi.

Philippe Chauveau :

Vous pensez au lecteur, à la lectrice quand vous écrivez ? Marianne Maury-Kaufmann : Non, pas tellement, je me soucie de savoir si je vais être contente de moi, c'est déjà tout un programme. Philippe Chauveau : Si, d'un mot, vous deviez définir ce que vous apporte l'écriture aujourd'hui ?

Marianne Maury-Kaufmann :

De la joie…

Philippe Chauveau :

Votre actualité Marianne Maury-Kaufmann, « Varsovie -Les Lilas », vous êtes publiée chez Héloïse d'Ormesson.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • C’est par l’illustration de presse que nous avions fait connaissance avec Marianne Maury-Kaufmann et ce personnage de Gloria que l’on retrouve toujours chaque semaine dans le magazine Version Femina. Mais depuis plusieurs années maintenant, Marianne Maury Kaufmann laisse libre cours à sa plume. Il y eut un recueil de nouvelles « Pas de chichis » et un premier roman en 2013 « Dédé, enfant de salaud ». A travers ces deux précédents titres, Marianne Maury Kaufmann avait déjà laissé entrevoir une sensibilité bien...Ciment de Marianne Maury-Kaufmann - Présentation - Suite
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