Sylvie Le Bihan

Sylvie Le Bihan

Les sacrifiés

Portrait 00'08'24"

Philippe
Bonjour Sylvie Le Bihan.

Sylvie Le Bihan
Bonjour.

Philippe
Vous êtes dans l'actualité avec ce livre. C'est votre cinquième roman, Les sacrifiés aux éditions Denoël. Cinquième roman, mais sixième livre, puisqu'on va parler un petit peu de votre parcours. Pourquoi l'écriture dans votre vie ? Vous avez fait des études de communication, vous avez travaillé dans la communication, vous collaborez aux établissements de votre époux, Pierre Gagnaire. Mais c'est vrai que depuis quelques années, Sylvie Le Bihan, c'est aussi un nom que l'on retrouve en librairie. Pourquoi ce goût, cette envie de l'écriture ?

Sylvie Le Bihan
J'ai toujours. J'ai toujours écrit en fait. J'ai été élevée par un père qui était diplomate et qui était aussi auteur de pièces dramatiques. Et il m'a élevé avec l'écriture à faire avec la littérature sur l'écriture. J'ai toujours écrit, j'ai fait des études de sciences politiques, donc là c'était un peu pareil, j'ai fait beaucoup de recherches. J'ai beaucoup écrit puisqu'il faut toujours faire beaucoup de dissertations quand on fait des études comme ça. L'écriture, ça a été pour certains, ça va être la peinture sur porcelaine, pour d'autres de la broderie. C'est ma façon à moi de m'exprimer. Et puis, on peut emmener ça partout. Enfin, je laisse un petit carnet et des petites idées comme ça. J'ai toujours regardé le Le Monde avec drame et humour en même temps. Donc je note des idées à chaque fois.

Philippe
Vous faites votre rentrée en librairie on va dire ça comme ça en 2013. C'était la Petite Bibliothèque du Gourmand, c'était ça. Donc peut être aussi en lien avec cet univers de la cuisine que vous connaissez bien. Qu'est ce qui vous a donné envie, ce déclic pour ce premier livre ?

Sylvie Le Bihan
Alors en fait, j'écrivais la newsletter de Pierre Gagnaire. Et puis une éditrice qui travaillait chez Flammarion m'a dit : Mais il faudrait que tu écrives aussi autre chose. Et donc, on a eu ce projet d'écrire cette petite bibliothèque du gourmand qui est absolument pas gourmande puisqu'en fait c'est une anthologie de la littérature qui parle de nourriture. Mais la gourmandise étant un péché capital. C'est ça qui m'intéressait.

Philippe
Et c'est ce qui est intéressant, c'est que vous vous expliquez qu'il s'agit là d'une anthologie de textes littéraires sur la gourmandise et sur la cuisine en général. Et vous fait très souvent référence dans vos romans à des auteurs, à des écrivains. On en reparlera puisque c'est le cas encore dans cette actualité. Justement vous nous expliquerez un petit peu ses influences.
Donc il y a ce premier livre. Et puis très vite, l'année suivante, en 2014, c'est le premier roman. Et là, on découvre une autre Sylvie Le Bihan, peut être avec une autre écriture, c'est l'Autre. A quel moment vous êtes vous autorisée à entrer dans le costume de la romancière ?

Sylvie Le Bihan
Jamais. Je suis toujours pas dans le costume de la romancière. Je considère que c'est un plaisir pour moi. On ne peut pas dire que je me soit autorisée. C'est à dire que j'ai juste envoyé un manuscrit que j'avais terminé, c'était la première fois que je terminais un texte et j'ai eu la chance d'avoir plusieurs maisons d'édition qui étaient intéressées, à condition que je rajoute 100 pages ou que j'enlève ci ou que je fasse ci. Et puis le Seuil m'a dit : non c'est bon, vous prends comme ça. Le seuil, c'était incroyable, quoi pour un premier roman, les Éditions du Seuil. J'étais super fière et heureuse, flattée. Enfin bon, je n'arrivais pas à parler. Et quand je dis que je ne suis pas rentré dans la peau d'une romancière, je suis toujours pas rentrée. C'est comme beaucoup de mes héroïnes, mes héros dans mes livres, je pense que j'ai un complexe de l'imposteur réellement. Donc c'est-à-dire que j'ai l'impression que ce que j'écris, ce n'est pas bon. Et quand on me dit c'est bien, j'apprends que je m'adresse à quelqu'un d'autre, en fait.

Philippe
Là ou s'arrête la terre ; Qu'il emporte mon secret ; Amour propre, voilà les titres de votre bibliographie. Et puis aujourd'hui, Les Sacrifiés. Quel est le fil rouge de tous ces titres ?

Sylvie Le Bihan
Je crois que c'est d'abord écrire des choses qui font réfléchir, qui ouvrent un débat. C'est à dire qu'il y a toujours un twist en fait sur des sujets pas forcément d'actualité. Mais j'aime bien comment dire, gratter là où ça démange un peu. Et pour qu'on puisse appréhender les problèmes d'une façon peut être un petit peu politiquement incorrect, mais pour faire réagir. Et en même temps, le fil rouge, c'est aussi parler de la femme, du rôle de la femme dans la société. Et là, c'est une Encarnacion dans mon dernier roman. De l'amour, des déceptions, des jalousies, tout ce qui est tout ce qui fait de nous des êtres humains.

Philippe
On le disait tout à l'heure, avec l'anthologie sur la cuisine que vous avez fait en 2013. Vous avez toujours un grand attachement pour eux, pour les auteurs, pour les écrivains. Ça a été le cas dans votre précédent titre, Amour propre où la vous parliez de Malaparte, là dans Les Sacrifiés c'est aussi Lorca qui y est présent. Pourquoi cet attachement à ces grands noms de la littérature ? Ils vous ont réellement apporté des choses en tant que femme ou en tant que romancière ?

Sylvie Le Bihan
Je pense que Curzio Malaparte comme Federico Garcia Lorca sont des gens qui sont connus. Federico Garcia Lorca par sa mort, pas forcément par ses textes. Je me rends bien compte qu'on sait qui est Federico Garcia Lorca, mais peu l'ont lu. Et Curzio Malaparte, c'est un peu pareil, c'est à dire qu'il y a eu beaucoup de choses autour de Malaparte, la villa Malaparte, entre autres. Mais peu de gens l'avaient lu. Et donc c'est presque, c'est leur rendre hommage, c'est essayer d'attirer peut être un nouveau public sur ces auteurs qui m'ont marqués.

Philippe
Dans quel état d'esprit êtes vous lorsque vous voyez votre votre livre dans les vitrines des librairies ?

Sylvie Le Bihan
Ah bah je suis évidemment très fière, mais je me suis déjà détachée beaucoup de l'histoire et des personnages. Ils ne vivent plus en moi. Je suis là maintenant pour les défendre, pour les porter vers un nouveau public, vers un public. Mais oui, c'est toujours. Moi je sais qu'à chaque fois que j'ai un texte qui va être publié, c'est une immense joie c'est-à-dire que je me dis quelle chance tu as d'être publié. Parce que quand on arrive dans une maison d'édition, qu'on voit les piles de manuscrits qui sont envoyés... Je sais ce que c'est. Je vois les heures où on est à reprendre un texte où on est à la lueur d'une journée, dans une cuisine, dans un bureau, peu importe, on met tout ce qu'on a en se disant voilà, ça c'est bon, c'est le bon, je l'envoie. Et je vois toutes ces enveloppes qui frétillent d'espoir et de travail acharné. Et donc je me dis quelle chance j'ai d'être publié. Je n'ai aucun ego par rapport à une publication d'un livre. Quand je vois mon livre dans la vitrine, je suis un peu gêné, mais en même temps, je suis très fier.

Philippe
Toujours le syndrome de l'imposteur.

Sylvie Le Bihan
Toujours pareil, oui je suis toujours un peu gêné. Je me dis qu'est-ce-qu'il fait là ? Et en même temps, je suis... Pour ce dernier livre, j'ai eu tellement de déclarations d'amour par rapport aux personnages. Les gens m'ont dit : Mais vous me donner envie de vivre en fait. Et ça, c'est formidable.

Philippe
Et justement, ce que vous dites est intéressant. Vous expliquez qu'une fois que le point final est mis, vous vous détachez de vos personnages et ce sont finalement les lecteurs qui s'en emparent. Vous expliquez que vous avez des retours très généreux des lecteurs. Là encore, ça vous apporte quoi ces rencontres en salon ? Parce que ça, c'est quelque chose que vous avez découvert en devenant romancière ?

Sylvie Le Bihan
Au début, j'étais très très timide. C'est très gênant d'avoir des gens qui me disent : qu'est ce qu'on a aimé. Après c'est pas que je n'ai pas besoin de reconnaissance, c'est que ce n'est pas ça qui me nourrit. Et donc, en fait, j'aimerais être du côté des lecteurs. Plusieurs fois, j'ai fait des débats et je me trouvais face avec des personnes que j'avais envie d'écouter. J'avais pas forcément envie de parler avec elle parce que je me suis dit ils disent des choses tellement incroyables par rapport à moi, ce que je suis en train de lire, que j'avais envie de me mettre dans le public. Et donc les échanges que j'ai avec les lectrices et lecteurs, c'est hyper touchant. C'est comment dire ? C'est la récompense ultime pour un auteur que d'avoir des gens qui viennent vous voir en vous disant là, j'ai une dame qui m'a envoyé des photos de la plaque commémorative pour la Nueve, la neuvième brigade qui a libéré Paris parce que son grand père était dans la Nueve. Alors ça, je vous parle ça d'un point de vue historique. Mais maintenant dans premiers livres, qui étaient plus des livres de témoignages, basés sur des témoignages de ce qui m'est arrivé, soit de femmes que j'avais rencontrées, d'avoir pu rendre une histoire personnelle universelle, ça c'était pour moi c'était un grand moment aussi d'avoir toutes ces femmes ou tout ces hommes qui venaient me voir en me disant merci, merci d'avoir pris la parole pour nous en fait.

Philippe
Votre actualité Sylvie Le Bihan, c'est aux éditions Denoël ça s'appelle Les Sacrifiés.

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  • LIVRE
  • Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie Le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l’imposteur quand elle voit ses livres en vitrine.En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l’art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire. Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie Le Bihan a prouvé la qualité de sa plume...Les sacrifiés de Sylvie Le Bihan - Présentation - Suite
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