Thibaut Solano

Thibaut Solano

Les Noyés du Clain

Portrait 00'06'03"

Philippe Chauveau :
Bonjour Thibaut Solano.

Thibaut Solano :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Vous êtes dans l'actualité avec ce titre, votre premier roman, Les noyés du Clain. C'est aux éditions Robert Laffont. On est dans l'univers du polar. Votre premier roman, mais ce n'est pas votre premier livre puisque vous êtes enquêteur, vous êtes journaliste. Aujourd'hui, journaliste à Marianne, mais journaliste depuis un petit moment maintenant. Il y a eu l'Express, il y a eu La Montagne en presse régionale. Pourquoi le goût du journalisme ? À quel moment, dans votre adolescence, avez-vous eu envie de devenir journaliste ?

Thibaut Solano :

Ce n'était pas si tôt. En fait, quand j'étais petit, je voulais plutôt être romancier. Mais je suis devenu journaliste à la fin de mes études. C'est allé par étapes. Au début, je voulais être critique de cinéma, donc il y avait déjà le goût de l'écriture, déjà quelque chose de journalistique. Et puis, pendant mes études, j'ai fait un job d'été dans un quotidien régional qui s'appelait L'Écho du Centre, qui était basé à Tulle, en Corrèze, et donc c'est à l'été 2004, je crois, que j'ai découvert le métier. J'ai renouvelé l'expérience à l'été 2005. Et là, ça m'a vraiment plu et j'ai pensé que ce serait ça, mon métier. Le goût de faire des reportages et de raconter des histoires vraies au public.

Philippe Chauveau :

Ce qui veut dire qu'au cours de ce stage, il y a eu peut-être des rencontres aussi. Vous vous êtes dit c'est vraiment ça que j'ai envie de faire ? Un mentor, peut-être ?

Thibaut Solano :

Un mentor pas vraiment, mais des personnes avec qui j'ai beaucoup aimé travailler, qui m'ont effectivement appris le métier, c'est à dire la proximité avec les gens. Le fait de se présenter, de dire « bonjour, je suis journaliste », l'approche pour recueillir des informations. Et puis, c'est vrai que déjà, dans un stage d'été, on apprend des petites choses comme respecter le off, c'est à dire que le fait de recueillir une confidence et de ne pas l'écrire pour respecter la confidentialité avec sa source, ce genre de choses que l'on apprend petit à petit, même si ce n'est que le début. Après, il y a beaucoup de choses à apprendre par la suite.

Philippe Chauveau :

Vous démarrez dans ce que l'on appelle communément la PQR, la presse quotidienne régionale, avec La Montagne, pendant plusieurs années. Et puis vous faites le choix ensuite de la presse nationale, L'Express, aujourd'hui Marianne et plus spécifiquement pour les pages Web. Pourquoi cette envie de revenir vers la capitale ? Est-ce que l'information y est plus dense, plus croustillante, plus riche ?

Thibaut Solano :

C'est un peu le fruit d'abord de rencontres. On a des rencontres, on a des propositions. C'est comme ça que j'ai quitté la presse régionale en allant d'abord dans un journal qui n'a pas duré longtemps, qui s'appelait Hebdo. Mais ensuite, effectivement, quand on est sur un territoire, on peut aussi parfois, au fil des années, avoir le sentiment de se répéter un peu et dans l'actualité, et soi-même, dans sa production, dans son écriture. Et donc, on a des envies d'ailleurs qui se manifestent. Et si la rencontre se fait à ce moment-là et qu'on a une opportunité, c'était mon cas, on s'en va en estimant avoir fait un peu le tour de son sujet.

Philippe Chauveau :

En vous présentant, j'ai bien dit que vous étiez journaliste, mais aussi enquêteur. Ça, c'est important parce qu'il y a eu deux précédents ouvrages, notamment La voix rauque consacrée à l'affaire Grégory. Qu'est-ce qui vous intéresse dans les faits divers ? Pourquoi aimez-vous travailler cette matière-là?


Thibaut Solano :

Pour moi, ce qui est passionnant, ce qui est très intéressant en tout cas, c'est que ce sont des histoires humaines. Ce sont des vies qui souvent sont banales et qui, un jour, basculent. Et c'est d'essayer de comprendre pourquoi, à un moment donné, une vie d'apparence ordinaire bascule dans le crime, dans le drame, d'essayer de comprendre les ressorts humains qui ont mené à cette issue. Et c'est ça qui m'intéresse de raconter. C'est le récit, en fait, et il y a l'idée de prendre son temps pour raconter ses histoires. Le livre m'est apparu comme le meilleur médium pour le faire.

Philippe Chauveau :

Vous nous avez confié que même gamin, vous aviez envie, avant d'être journaliste, d'être romancier. La chose est concrétisée maintenant. Mais est-ce à dire que finalement, dans les faits divers, vous trouvez des héros de romans ?

Thibaut Solano :

Alors pas des héros.

Philippe Chauveau :

Des antihéros ?

Thibaut Solano :

Des antihéros ça oui, tout le temps. Mais effectivement le point commun entre le fait divers et la littérature c'est le récit. C'est à dire bien connaître tous les protagonistes d'un dossier pour mieux raconter leur parcours, mieux établir leur portrait et raconter cette succession d'événements qui, petit à petit, nous emmène jusqu'à un drame, jusqu'à un point de bascule.

Philippe Chauveau :

On a envie d'en savoir un peu plus sur vous et sur vos goûts littéraires aussi qui, peut-être, vous ont donné envie de prendre la plume de romancier tel qu'aujourd'hui. Quels sont les livres que l'on trouve sur votre table de chevet ?

Thibaut Solano :

En fait, je suis davantage attiré par la littérature d'épouvante, mais il y a quelque chose qui correspond à ce que je viens de dire. Par exemple, Stephen King, ce que j'aime beaucoup chez Stephen King, c'est comment il prend son temps pour raconter un quotidien d'apparence un peu banale, notamment dans le Maine, aux Etats-Unis, où tout semble un peu un peu monotone. Et puis, tout à coup, il y a un petit signal faible, un petit détail qui fait que ça dérape, qui fait que l'étrangeté, le mystère survient dans le quotidien, pour nous emmener de plus en plus loin dans l'épouvante et dans la peur. C'est quelque chose qui me plaît beaucoup, qu'on retrouve aussi dans d'autres livres d'épouvante comme L'Exorciste, je pense d'abord aux livres de William Peter Blatty, avec ce quotidien d'une mère de famille, une mère célibataire avec sa fille qui galèrent un peu au quotidien et qui, tout à coup, se retrouvent confrontées à l'inexplicable et au mystère.

Philippe Chauveau :

Donc, ça ce sont vos influences. C'est votre premier roman, mais le virus est-il pris? Est-ce à dire qu'on va voir Thibaut Solano, le journaliste, devenir un romancier confirmé ?

Thibaut Solano :

Je resterai toujours journaliste. C'est ma vocation, c'est mon métier, c'est ma passion. Mais effectivement, je vais continuer à écrire des romans. J'ai en tout cas signé pour un autre roman chez le même éditeur, Robert Laffont, que je suis en train d'écrire.

Philippe Chauveau :

Bienvenue dans le monde de la littérature. Thibaut Solano, Les noyés du Clain, chez Robert Laffont.

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  • LIVRE
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    Philippe Chauveau : Après deux livres d'enquête liés à votre métier de journaliste, voici donc ce premier roman dans la collection La bête noire chez Robert Laffont, Les noyés du Clain. Vous vous inspirez d'un fait divers, d'une histoire authentique, ce qui veut dire que vous auriez pu faire, là encore, un livre d'enquête comme vous aviez fait précédemment. Mais non. Vous faites le choix de la plume romanesque. Pourquoi cette envie de devenir romancier maintenant ? Et pourquoi, avec cette histoire précisément ?   Thibaut...Les Noyés du Clain de Thibaut Solano - Livre - Suite