Laurent Joffrin

Laurent Joffrin

Le cadavre du Palais-Royal

Portrait 00'06'42"

Philippe Chauveau :

Bonjour Laurent Joffrin.

Laurent Joffrin :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Je suis ravi de vous accueillir. Le cadavre du palais royal, c'est votre actualité. C'est votre nouveau titre chez Buchet-Chastel. Un livre qui prend place dans une bibliographie qui est déjà conséquente et éclectique. On va revenir sur ce parcours parce qu'on connaît le journaliste, le polémiste, l'essayiste, le passionné d'histoire puisque vous avez déjà commis des romans historiques. Quelle définition donneriez-vous de vous ? Qui êtes-vous finalement, Laurent Joffrin ?

Laurent Joffrin :

Je suis un journaliste, écrivain en plus, parce que je faisais des bouquins, des bouquins d'histoire, des essais et des romans. Mais je suis d'abord journaliste.

Philippe Chauveau :

Un journaliste engagé ?

Laurent Joffrin :

Oui, journaliste engagé parce que j'ai défendu à peu près les mêmes idées depuis que j'ai quinze ans. Donc je suis dans la stabilité. Je défends des idées de justice sociale, progressistes, mais dans un cadre démocratique et réaliste. Je suis de la gauche réformiste. Pour les gens d'extrême gauche ou pour les gens d'extrême droite, je suis un horrible social-démocrate.

Philippe Chauveau :

Vous avez toujours aimé un peu sortir des cases dans lesquelles on avait peut-être parfois tendance à vous mettre ?

Laurent Joffrin :

Oui, parce que, à chaque fois, j'ai fait des essais où j'ai pris des positions qui étaient en décalage avec la doxa de mon camp. Ça m'est arrivé souvent. Donc les gens me considèrent comme droitier. Puis, à droite, on me considère comme trop à gauche, évidemment. Donc c'est plutôt bon signe d'ailleurs, je suis attaqué des deux côtés. Et quand je passe à la télévision, j'ai les insultes venant des deux côtés.

Philippe Chauveau :

Alors ça, ça vous amuse ou ça vous énerve ?

Laurent Joffrin :

Au début, ça m'énervait. Ce n'est jamais agréable de se faire insulter. Maintenant, ça m'est complètement égal. Si on prend des positions publiques, il ne faut pas non plus s'étonner de ne pas être critiqué. C'est normal. Ce qui est inquiétant, c'est que le vocabulaire au fil des années a changé quand même, il est beaucoup plus violent maintenant.

Philippe Chauveau :

Quel peut et quel doit être le rôle du journaliste dans ce monde chaotique, dans lequel nous nous vivons ?

Laurent Joffrin :

Raconter ce qui se passe et voir ce qui se passe. C'est quand même ça le fond de l'affaire, c'est de raconter les choses. Et moi, ce que je disais toujours aux rédactions que j'ai eu l'honneur de diriger : "Pensez contre vous-même". C'est à dire, quand vous allez voir un événement, un personnage, un parti, une entreprise, vous avez une idée préconçue, c'est normal, on a tous des idées préconçues. On n'est pas des gens objectifs au sens qu'on serait absolument neutre. Vous avez une idée préconçue, mais essayez de voir ce qui vous contredit. C'est ça qui est amusant dans ce métier. On arrive avec une idée, on part avec une autre.

Philippe Chauveau :

C'est ce qui est amusant dans le métier. Ça veut dire que pour vous, le journalisme a gardé la fraîcheur des premières années ? Il y a le même enthousiasme ?

Laurent Joffrin :

Moi j'ai eu une vie formidable parce que je ne me souviens pas d'une journée, professionnellement, ou je me suis ennuyé, pas une.

Philippe Chauveau :

Alors justement, c'est peut-être là qu'il y a un lien avec la littérature. Parce qu'on a parlé de Laurent Joffrin le journaliste mais Laurent Joffrin le romancier... Pourquoi avoir eu un jour envie justement de vous mettre dans la peau du romancier ? C'est-à-dire d'inventer des personnages, d'inventer des situations, d'inventer des intrigues. C'était une façon de vous offrir une respiration ? De montrer le monde différemment ? Même si vous avez plutôt choisi la partie historique. Pourquoi le roman ?

Laurent Joffrin :

Ça permet de faire des reportages sans quitter son fauteuil, c'est commode. Au lieu d'aller voir sur place pour voir les gens. Le journalisme c'est un métier qui demande beaucoup d'abnégation. Le romancier, à condition d'avoir le goût de ça, reste à son bureau. Et puis on imagine. Alors moi, je n’invente pas tout parce que je fais des romans historiques pour la plupart.

Philippe Chauveau :

Vous avez une base, vous avez le décor.

Il y a le décor, il y a des personnages qui apparaissent dans les intrigues qui sont de vrais personnages, donc il faut quand même lire, il faut lire beaucoup. Mais j'essaie de raconter des histoires que les gens suivent, aiment. Quand ils commencent, qu'ils aient tendance à tourner les pages. C'est quand même ça le but immédiat. Comme les feuilletonistes du XIXᵉ siècle. C'est ça le modèle, c'est ça finalement.

Philippe Chauveau :

Et alors, justement, quelles ont été vos influences littéraires ? Quels sont les livres qu'on trouve aujourd'hui sur votre table de chevet ? Quels ont été vos grands maîtres qui vous ont peut-être donné envie de prendre la plume de romancier ?

Laurent Joffrin :

Il y a des gens que j'ai lus, mais je n'aurais pas la fatuité de me comparer à eux. Mais je suis un fan de Chateaubriand, Balzac, Hugo, de tout le 19ᵉ. J'aime bien certains auteurs du XXᵉ siècle mais c'est plus le XIXe qui me plaît, et ça ce sont les très grands écrivains. Et puis j'ai une affection particulière pour les romans d'aventures, pour les romanciers de l'aventure. Donc c'est Jack London, qui est un grand lui aussi, un très grand. Et puis j'aime bien Stevenson. Le premier chef d'œuvre absolu c'est le premier chapitre de L'Île au trésor, si vous lisez ce premier chapitre, vous ne pouvez pas vous arrêter après.

Philippe Chauveau :

Et ça veut dire qu'aujourd'hui, vous mettez complètement de côté la littérature contemporaine ?

Laurent Joffrin :

La littérature contemporaine pour ce que je fais, moi, elle est trop déstructurée pour être franc, et j'ai le plus grand respect pour elle parce que je pense que c'est des gens qui innovent. Mais je ne peux pas faire ça, parce que si je fais ça, il faut que je change de catégorie.

Philippe Chauveau :

C'est ça qui est paradoxal, c'est que vous êtes un journaliste, vous êtes au cœur de l'actualité, vous rendez compte de ce qui se passe dans notre monde d'aujourd'hui. Mais en tant que romancier, c'est vraiment les périodes du passé qui vous intéressent ?

Laurent Joffrin :

Oui, parce que j'ai un goût pour l'histoire.

Philippe Chauveau :

Ça veut dire qu'on ne vous verra jamais dans un roman contemporain ?

Laurent Joffrin :

Je pensais à ça, mais pour faire un roman contemporain, il faut avoir un talent hors du commun. Deuxièmement, il faut avoir une expérience particulière à raconter, psychologique, personnelle. Comme je suis plutôt pudique, je n'ai pas eu encore le goût de faire ça. Moi, j'étais journaliste, c'est une vie intéressante et passionnante. Mais je ne suis pas sûr que si je la racontais, ça passionnerait les gens.

Philippe Chauveau :

Mais vous ne vous l'interdisez peut-être pas ?

Laurent Joffrin :

Non, peut-être qu'un jour, quand je serai vraiment vieux, je pourrais faire un roman plus contemporain, plus senti, subjectif, éclaté et déstructuré comme ça ou par petites touches. Et que ça soit quand même intéressant. Mais je ne le sens pas pour l'instant.

Philippe Chauveau :

Enfin, vous n'avez pas fini de nous surprendre. En tout cas, c'est le roman historique dans lequel vous vous sentez bien aujourd'hui. Et puis vous reprenez donc ce fameux personnage de Nicolas Le Floch. Avec cette enquête, Le cadavre du Palais-Royal, c'est aux éditions Buchet-Chastel.

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