Attention, grande nouvelle pour les amateurs de polars historiques, Nicolas le Floch est de retour. Imaginé dès 2000 par le romancier Jean-François Parot, décédé en 2018, Nicolas le Floch fit aussi les beaux soirs de France Télévision avec la série éponyme.
Jean-François Parot avait fait vivre quatorze aventures à son héros, commissaire au Châtelet. De 1761 à 1787, le fringant policier breton, sous les ordres du ministre Sartine, allait vite devenir indispensable à Louis XV puis Louis XVI pour faire respecter la justice...
Le cadavre du Palais-Royal de Laurent Joffrin - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Laurent Joffrin.
Laurent Joffrin :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Je suis ravi de vous accueillir. Le cadavre du palais royal, c'est votre actualité. C'est votre nouveau titre chez Buchet-Chastel. Un livre qui prend place dans une bibliographie qui est déjà conséquente et éclectique. On va revenir sur ce parcours parce qu'on connaît le journaliste, le polémiste, l'essayiste, le passionné d'histoire puisque vous avez déjà commis des romans historiques. Quelle définition donneriez-vous de vous ?...
Le cadavre du Palais-Royal de Laurent Joffrin - Portrait - Suite
LIVRE
Philippe Chauveau :
Nicolas Le Floch est de retour. C'est le bandeau qu'a choisi votre éditeur sur ce titre, Le cadavre du Palais-Royal. Nicolas Le Floch, c'est vrai qu'on le connaît maintenant depuis quelques années. Ce fameux commissaire du Châtelet. Il est né sous la plume de Jean-François Parot. Il y avait eu quatorze titres. Jean-François Parot est décédé il y a quelques années maintenant. Le personnage avait aussi été très médiatisé par la télévision avec France Télévision. Et puis voilà que...
Le cadavre du Palais-Royal de Laurent Joffrin - Livre - Suite
Laurent Joffrin
Le cadavre du Palais-Royal
Présentation 00'03'24"Attention, grande nouvelle pour les amateurs de polars historiques, Nicolas le Floch est de retour. Imaginé dès 2000 par le romancier Jean-François Parot, décédé en 2018, Nicolas le Floch fit aussi les beaux soirs de France Télévision avec la série éponyme.
Jean-François Parot avait fait vivre quatorze aventures à son héros, commissaire au Châtelet. De 1761 à 1787, le fringant policier breton, sous les ordres du ministre Sartine, allait vite devenir indispensable à Louis XV puis Louis XVI pour faire respecter la justice royale. La force de cette saga historico policière était de proposer des intrigues bien ficelées avec un héros récurrent attachant malgré ses paradoxes, le tout dans un décor historique parfaitement reconstitué avec une écriture plaisante, élégante, très littéraire.
La disparition prématurée de Jean-François Parot laissait Nicolas le Floch orphelin et les lecteurs inconsolables.
Mais les ayants droits du romancier ont donné leur accord et l’intrépide Le Floch revient sur le devant de la scène. C’est à Laurent Joffrin que revient le privilège de prendre le flambeau et le pari réussi !
Laurent Joffrin, on le connait bien sûr en tant que journaliste, polémiste, chroniqueur. Directeur de rédaction à Libération puis au Nouvel Observateur, il intervient régulièrement sur des sujets politiques et sociétaux. Engagé politiquement, il a créé son propre mouvement social-démocrate en 2020.
Mais Laurent Joffrin est aussi écrivain. On lui doit bien sûr de nombreux essais sur la vie politique française mais aussi une belle biographie de Noor Inayat Khan dans « La princesse oubliée » en 2002. Il est aussi romancier, racontant la jeunesse de 1968 dans « C’était nous », paru en 2004. Laurent Joffrin ne cache pas son goût pour l’Histoire. Il le prouve en publiant « Le roman de l’Histoire de France, de Vercingétorix à Mirabeau » ou encore « Les batailles de Napoléon ». Cet intérêt se manifeste aussi dans sa série romanesque « Donatien Lachance, espion de Napoléon » que Laurent Joffrin inaugure en 2010 avec « L’énigme de la rue St Nicaise ». Entre le Consulat et les premières années de l’Empire, déjouant intrigues et complots mettant en scène les plus hauts personnages de l’Etat, Donatien Lachance est depuis revenu régulièrement en librairie et a encore sans doute d’autres aventures à partager.
Ainsi donc, c’est tout naturellement, et presque comme une évidence que Laurent Joffrin a repris le personnage de Nicolas Le Floch, s’inspirant du style Parot tout en apportant sa touche personnelle. Avec cette nouvelle aventure, nous sommes à l’automne 1789, dans les premiers mois de la Révolution. Le peuple de Paris a pris la Bastille et le commissaire du Châtelet doit enquêter sur un cadavre dont il ne sait rien si ce n’est qu’il fait suite à l’enlèvement d’un couple au Palais-Royal. Bien vite, ce qui aurait pu n’être qu’un crime crapuleux se révèle être une affaire d’état. Mais qui est derrière. Le duc d’Orléans, qui manigance depuis des années contre son cousin le roi ou bien Monsieur, le propre frère de Louis XVI ? Nicolas le Floch a du pain sur la planche d’autant que la menace gronde, que le monde change et que les propres certitudes de le Floch, jusque là fidèle à la Couronne, commencent à vaciller.
Régalez vous avec ce nouvel opus des aventures de Nicolas Le Floch. Les amateurs des aventures de Nicolas Le Floch apprécieront et ceux qui ne le connaissent pas encore seront séduits.
« Le cadavre du Palais-Royal » de Laurent Joffrin est publié chez Buchet-Chastel.
Laurent Joffrin
Le cadavre du Palais-Royal
Portrait 00'06'42"Philippe Chauveau :
Bonjour Laurent Joffrin.
Laurent Joffrin :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Je suis ravi de vous accueillir. Le cadavre du palais royal, c'est votre actualité. C'est votre nouveau titre chez Buchet-Chastel. Un livre qui prend place dans une bibliographie qui est déjà conséquente et éclectique. On va revenir sur ce parcours parce qu'on connaît le journaliste, le polémiste, l'essayiste, le passionné d'histoire puisque vous avez déjà commis des romans historiques. Quelle définition donneriez-vous de vous ? Qui êtes-vous finalement, Laurent Joffrin ?
Laurent Joffrin :
Je suis un journaliste, écrivain en plus, parce que je faisais des bouquins, des bouquins d'histoire, des essais et des romans. Mais je suis d'abord journaliste.
Philippe Chauveau :
Un journaliste engagé ?
Laurent Joffrin :
Oui, journaliste engagé parce que j'ai défendu à peu près les mêmes idées depuis que j'ai quinze ans. Donc je suis dans la stabilité. Je défends des idées de justice sociale, progressistes, mais dans un cadre démocratique et réaliste. Je suis de la gauche réformiste. Pour les gens d'extrême gauche ou pour les gens d'extrême droite, je suis un horrible social-démocrate.
Philippe Chauveau :
Vous avez toujours aimé un peu sortir des cases dans lesquelles on avait peut-être parfois tendance à vous mettre ?
Laurent Joffrin :
Oui, parce que, à chaque fois, j'ai fait des essais où j'ai pris des positions qui étaient en décalage avec la doxa de mon camp. Ça m'est arrivé souvent. Donc les gens me considèrent comme droitier. Puis, à droite, on me considère comme trop à gauche, évidemment. Donc c'est plutôt bon signe d'ailleurs, je suis attaqué des deux côtés. Et quand je passe à la télévision, j'ai les insultes venant des deux côtés.
Philippe Chauveau :
Alors ça, ça vous amuse ou ça vous énerve ?
Laurent Joffrin :
Au début, ça m'énervait. Ce n'est jamais agréable de se faire insulter. Maintenant, ça m'est complètement égal. Si on prend des positions publiques, il ne faut pas non plus s'étonner de ne pas être critiqué. C'est normal. Ce qui est inquiétant, c'est que le vocabulaire au fil des années a changé quand même, il est beaucoup plus violent maintenant.
Philippe Chauveau :
Quel peut et quel doit être le rôle du journaliste dans ce monde chaotique, dans lequel nous nous vivons ?
Laurent Joffrin :
Raconter ce qui se passe et voir ce qui se passe. C'est quand même ça le fond de l'affaire, c'est de raconter les choses. Et moi, ce que je disais toujours aux rédactions que j'ai eu l'honneur de diriger : "Pensez contre vous-même". C'est à dire, quand vous allez voir un événement, un personnage, un parti, une entreprise, vous avez une idée préconçue, c'est normal, on a tous des idées préconçues. On n'est pas des gens objectifs au sens qu'on serait absolument neutre. Vous avez une idée préconçue, mais essayez de voir ce qui vous contredit. C'est ça qui est amusant dans ce métier. On arrive avec une idée, on part avec une autre.
Philippe Chauveau :
C'est ce qui est amusant dans le métier. Ça veut dire que pour vous, le journalisme a gardé la fraîcheur des premières années ? Il y a le même enthousiasme ?
Laurent Joffrin :
Moi j'ai eu une vie formidable parce que je ne me souviens pas d'une journée, professionnellement, ou je me suis ennuyé, pas une.
Philippe Chauveau :
Alors justement, c'est peut-être là qu'il y a un lien avec la littérature. Parce qu'on a parlé de Laurent Joffrin le journaliste mais Laurent Joffrin le romancier... Pourquoi avoir eu un jour envie justement de vous mettre dans la peau du romancier ? C'est-à-dire d'inventer des personnages, d'inventer des situations, d'inventer des intrigues. C'était une façon de vous offrir une respiration ? De montrer le monde différemment ? Même si vous avez plutôt choisi la partie historique. Pourquoi le roman ?
Laurent Joffrin :
Ça permet de faire des reportages sans quitter son fauteuil, c'est commode. Au lieu d'aller voir sur place pour voir les gens. Le journalisme c'est un métier qui demande beaucoup d'abnégation. Le romancier, à condition d'avoir le goût de ça, reste à son bureau. Et puis on imagine. Alors moi, je n’invente pas tout parce que je fais des romans historiques pour la plupart.
Philippe Chauveau :
Vous avez une base, vous avez le décor.
Il y a le décor, il y a des personnages qui apparaissent dans les intrigues qui sont de vrais personnages, donc il faut quand même lire, il faut lire beaucoup. Mais j'essaie de raconter des histoires que les gens suivent, aiment. Quand ils commencent, qu'ils aient tendance à tourner les pages. C'est quand même ça le but immédiat. Comme les feuilletonistes du XIXᵉ siècle. C'est ça le modèle, c'est ça finalement.
Philippe Chauveau :
Et alors, justement, quelles ont été vos influences littéraires ? Quels sont les livres qu'on trouve aujourd'hui sur votre table de chevet ? Quels ont été vos grands maîtres qui vous ont peut-être donné envie de prendre la plume de romancier ?
Laurent Joffrin :
Il y a des gens que j'ai lus, mais je n'aurais pas la fatuité de me comparer à eux. Mais je suis un fan de Chateaubriand, Balzac, Hugo, de tout le 19ᵉ. J'aime bien certains auteurs du XXᵉ siècle mais c'est plus le XIXe qui me plaît, et ça ce sont les très grands écrivains. Et puis j'ai une affection particulière pour les romans d'aventures, pour les romanciers de l'aventure. Donc c'est Jack London, qui est un grand lui aussi, un très grand. Et puis j'aime bien Stevenson. Le premier chef d'œuvre absolu c'est le premier chapitre de L'Île au trésor, si vous lisez ce premier chapitre, vous ne pouvez pas vous arrêter après.
Philippe Chauveau :
Et ça veut dire qu'aujourd'hui, vous mettez complètement de côté la littérature contemporaine ?
Laurent Joffrin :
La littérature contemporaine pour ce que je fais, moi, elle est trop déstructurée pour être franc, et j'ai le plus grand respect pour elle parce que je pense que c'est des gens qui innovent. Mais je ne peux pas faire ça, parce que si je fais ça, il faut que je change de catégorie.
Philippe Chauveau :
C'est ça qui est paradoxal, c'est que vous êtes un journaliste, vous êtes au cœur de l'actualité, vous rendez compte de ce qui se passe dans notre monde d'aujourd'hui. Mais en tant que romancier, c'est vraiment les périodes du passé qui vous intéressent ?
Laurent Joffrin :
Oui, parce que j'ai un goût pour l'histoire.
Philippe Chauveau :
Ça veut dire qu'on ne vous verra jamais dans un roman contemporain ?
Laurent Joffrin :
Je pensais à ça, mais pour faire un roman contemporain, il faut avoir un talent hors du commun. Deuxièmement, il faut avoir une expérience particulière à raconter, psychologique, personnelle. Comme je suis plutôt pudique, je n'ai pas eu encore le goût de faire ça. Moi, j'étais journaliste, c'est une vie intéressante et passionnante. Mais je ne suis pas sûr que si je la racontais, ça passionnerait les gens.
Philippe Chauveau :
Mais vous ne vous l'interdisez peut-être pas ?
Laurent Joffrin :
Non, peut-être qu'un jour, quand je serai vraiment vieux, je pourrais faire un roman plus contemporain, plus senti, subjectif, éclaté et déstructuré comme ça ou par petites touches. Et que ça soit quand même intéressant. Mais je ne le sens pas pour l'instant.
Philippe Chauveau :
Enfin, vous n'avez pas fini de nous surprendre. En tout cas, c'est le roman historique dans lequel vous vous sentez bien aujourd'hui. Et puis vous reprenez donc ce fameux personnage de Nicolas Le Floch. Avec cette enquête, Le cadavre du Palais-Royal, c'est aux éditions Buchet-Chastel.
Laurent Joffrin
Le cadavre du Palais-Royal
Livre 00'07'24"LIVRE
Philippe Chauveau :
Nicolas Le Floch est de retour. C'est le bandeau qu'a choisi votre éditeur sur ce titre, Le cadavre du Palais-Royal. Nicolas Le Floch, c'est vrai qu'on le connaît maintenant depuis quelques années. Ce fameux commissaire du Châtelet. Il est né sous la plume de Jean-François Parot. Il y avait eu quatorze titres. Jean-François Parot est décédé il y a quelques années maintenant. Le personnage avait aussi été très médiatisé par la télévision avec France Télévision. Et puis voilà que vous reprenez ce personnage. Mettons les choses au clair. Vous aviez déjà commis des romans historiques avec un détective, le fameux Donatien. Mais là, on n'était plus dans le Premier Empire, le Consulat. Et puis là, vous reprenez ce personnage qui existait déjà. Comment ça s'est passé concrètement ?
Laurent Joffrin :
C'est tout simple. Laurent Laffont, l'éditeur qui est chez Buchet-Chastel maintenant, m'appelle et me dit : "J'ai l'accord des héritiers de Jean-François Parot. Vous connaissez Le Floch, et ils sont d'accord. Ils pensent que ce serait bien si quelqu'un pouvait reprendre la suite pour continuer les aventures de Le Floch puisque malheureusement le pauvre Parot nous a quitté". Je lui dis que ça m'intéresse bien sûr. D'autant plus que, et c'est une des raisons pour laquelle il m'a appelé moi, c'est que quand Parot a disparu, Le Floch lui était arrivé en 1788. On suit sa carrière commencée sous Louis XV.
Philippe Chauveau :
Et la volonté de Jean-François Parot était de le faire arriver jusqu'à la Révolution.
Laurent Joffrin :
Je crois, oui, mais il était embêté par la Terreur. C'est le cas de le dire. Le Floch étant un agent du roi, sous la Terreur, il était dans une cave ou alors il est à l'étranger. Et puis je crois qu'il n'aimait pas du tout cette période-là. Moi non plus d'ailleurs mais elle est fascinante en même temps. Et donc il hésitait un peu. Il était mi-figue mi-raisin sur la suite.
Philippe Chauveau :
Alors justement, vous vous lancez dans cette aventure avec enthousiasme ou appréhension ? Un peu des deux ?
Laurent Joffrin :
Non, j'ai fait deux chapitres et je les ai montrés, je n'ai pas tout fait d'un coup.
Philippe Chauveau :
Mais c'est vrai que ça fonctionne parce qu'on retrouve l'esprit Nicolas Le Floch.
Laurent Joffrin :
Oui, et puis, c'est un bon personnage.
Philippe Chauveau :
Justement, je pense que le personnage, il vous séduisait déjà lorsque vous étiez lecteur. Et puis vous avez eu envie aussi de vous mettre dans sa peau. Parce que même s'il est dévoué à la Couronne, même s'il est dévoué au roi, il a travaillé pour Louis XV, il travaille maintenant pour Louis XVI. Il est quand même très attentif à tout ce qui se passe. Et là, vous l'emmenez au tout début de la révolution. Pourquoi il vous touche ce personnage ?
Laurent Joffrin :
Parce qu'il est ambigu, pas au mauvais sens du terme, mais il est ambivalent, en tout cas, c'est-à-dire que c'est un fidèle. Il ressemble à Chateaubriand de ce point de vue-là. Je parle de sa position politique par rapport au pouvoir. Chateaubriand était fidèle à la monarchie légitime. Mais en même temps, il comprenait bien qu'il fallait changer la société et défendre la liberté de la presse. Il voulait limiter l'arbitraire, etc. et en tout cas, pendant la Révolution. Et Le Floch est pareil, il est doublement fidèle à la couronne parce qu'en plus il s'aperçoit au milieu de sa carrière qu'il n'est pas le roturier qu'il pensait être, mais qu'il a du sang noble et qu'il est marquis en fait. Et donc il est quand même un homme de L'ancien Régime à tous égards, fonctionnellement comme policier, il défend l'ordre royal. Et puis il est lui-même un aristocrate.
Philippe Chauveau :
Je me permets de planter le décor. Nous sommes à la fin de l'été, début de l'automne 1789. La prise de la Bastille a déjà eu lieu. Et puis il y a ce couple qui est enlevé au Palais-Royal un soir. Très vite, on va retrouver la jeune femme, mais en revanche, on va aussi découvrir un cadavre et on va se demander ce qui se trame. Parce que très vite, Le Floch va se rendre compte qu'on est dans une affaire qui touche vraiment les hautes sphères de l'État. Est-ce qu'il faut voir là un complot d'un frère du roi ? Est-ce que c'est plutôt le duc d'Orléans ? Il va falloir démêler tout cela. Cette période, le tout début de la Révolution, pourquoi était-il intéressant pour vous qui êtes aussi un journaliste et qui aimez l'histoire, pourquoi était-ce un cadre idéal pour mettre une intrigue ?
Laurent Joffrin :
Sur le plan des valeurs et des convictions, la France moderne est née pendant cet été-là. Quand on regarde bien ce qu'ils ont fait, les constituants ont fait beaucoup de choses. Ils ont jeté à bas l'arbitraire de l'Ancien Régime. Ils ont aboli les privilèges. Ils ont fait la déclaration des droits de l'homme et ils ont jeté les bases d'une nouvelle Constitution qui donnait le pouvoir au peuple souverain, avec en face un exécutif héréditaire. Donc ils ont jeté les bases de la société moderne en trois mois. Donc ça, c'est la trame réelle. Et là-dessus, c'est assez facile finalement de greffer une intrigue policière. Parce que vous avez un crime, pourquoi il y a un crime, parce qu'on cherche à étouffer des manœuvres qui sont en train de se dérouler.
Philippe Chauveau :
Alors, il y a le plaisir de lecture avec effectivement l'intrigue que vous avez imaginée avec cette histoire que vous nous racontez, avec les décors que vous relatez, les personnages aussi qui sont très vivants. Et puis, il n'empêche qu'à chacune des pages, on se dit "mais ça ressemble furieusement à ce que nous sommes en train de vivre". Quand on voit ce milieu politique qui se déchire.
Laurent Joffrin :
Bien sûr, les sans culottes et les gilets jaunes il y a un rapport. Une partie de l'élite française est aussi cynique et privilégiée que l'était des gens de la cour.
Philippe Chauveau :
Et alors l'écriture. Parce que vous nous avez parlé, vous aimez cette période, parce que justement, vous aimez travailler le beau Français. Comment avez-vous travaillé cette écriture pour à la fois être dans l'esprit Jean-François Parot sans faire du Jean-François Parot, mais bien du Laurent Joffrin, mais pour retrouver un peu les ingrédients qui avaient fait le succès.
Laurent Joffrin :
Parce que j'ai beaucoup lu de gens de cette époque-là, à commencer par Chateaubriand, évidemment, mais j'ai lu beaucoup sur le Consulat et l'Empire. J'ai lu des mémoires de généraux, etc. Donc comme j'ai beaucoup lu de gens comme ça, ça revient pas naturellement mais ça revient plus facilement. Ce n'est pas un pastiche, mais j'ai essayé de rester dans l'esprit de ces gens-là qui est très différent du nôtre.
Philippe Chauveau :
Voilà donc une 15ᵉ aventure pour Nicolas Le Floch, c'est le premier roman dans lequel vous vous emparez de ce personnage. Est-ce qu'il fait déjà partie de vos amis ou est-ce que vous êtes encore en train de vous apprivoisez ? Ma question est finalement très simple : est-ce qu'il y aura une suite à cette aventure ou pas ?
Laurent Joffrin :
J'espère que oui et il faut que ça intéresse le public. Pour l'instant, ça a l'air plutôt bien parti. Les gens viennent voir.
Philippe Chauveau :
Vous avez envie de faire un bout de chemin avec lui ?
Laurent Joffrin :
Oui, à cause de lui et puis à cause de la période.
Philippe Chauveau :
Et bien on va vous suivre. En tout cas, c'est une vraie réussite. Ça s'appelle Le cadavre du Palais Royal. C'est donc la toute nouvelle aventure du commissaire du Châtelet, Nicolas Le Floch, imaginée par Laurent Joffrin chez Buchet-Chastel. Merci beaucoup.
Laurent Joffrin :
Merci à vous.