Laurent Joffrin

Laurent Joffrin

Le cadavre du Palais-Royal

Livre 00'07'24"

LIVRE

Philippe Chauveau :

Nicolas Le Floch est de retour. C'est le bandeau qu'a choisi votre éditeur sur ce titre, Le cadavre du Palais-Royal. Nicolas Le Floch, c'est vrai qu'on le connaît maintenant depuis quelques années. Ce fameux commissaire du Châtelet. Il est né sous la plume de Jean-François Parot. Il y avait eu quatorze titres. Jean-François Parot est décédé il y a quelques années maintenant. Le personnage avait aussi été très médiatisé par la télévision avec France Télévision. Et puis voilà que vous reprenez ce personnage. Mettons les choses au clair. Vous aviez déjà commis des romans historiques avec un détective, le fameux Donatien. Mais là, on n'était plus dans le Premier Empire, le Consulat. Et puis là, vous reprenez ce personnage qui existait déjà. Comment ça s'est passé concrètement ?

Laurent Joffrin :

C'est tout simple. Laurent Laffont, l'éditeur qui est chez Buchet-Chastel maintenant, m'appelle et me dit : "J'ai l'accord des héritiers de Jean-François Parot. Vous connaissez Le Floch, et ils sont d'accord. Ils pensent que ce serait bien si quelqu'un pouvait reprendre la suite pour continuer les aventures de Le Floch puisque malheureusement le pauvre Parot nous a quitté". Je lui dis que ça m'intéresse bien sûr. D'autant plus que, et c'est une des raisons pour laquelle il m'a appelé moi, c'est que quand Parot a disparu, Le Floch lui était arrivé en 1788. On suit sa carrière commencée sous Louis XV.

Philippe Chauveau :

Et la volonté de Jean-François Parot était de le faire arriver jusqu'à la Révolution.

Laurent Joffrin :

Je crois, oui, mais il était embêté par la Terreur. C'est le cas de le dire. Le Floch étant un agent du roi, sous la Terreur, il était dans une cave ou alors il est à l'étranger. Et puis je crois qu'il n'aimait pas du tout cette période-là. Moi non plus d'ailleurs mais elle est fascinante en même temps. Et donc il hésitait un peu. Il était mi-figue mi-raisin sur la suite.

Philippe Chauveau :

Alors justement, vous vous lancez dans cette aventure avec enthousiasme ou appréhension ? Un peu des deux ?

Laurent Joffrin :

Non, j'ai fait deux chapitres et je les ai montrés, je n'ai pas tout fait d'un coup.

Philippe Chauveau :

Mais c'est vrai que ça fonctionne parce qu'on retrouve l'esprit Nicolas Le Floch.

Laurent Joffrin :

Oui, et puis, c'est un bon personnage.

Philippe Chauveau :

Justement, je pense que le personnage, il vous séduisait déjà lorsque vous étiez lecteur. Et puis vous avez eu envie aussi de vous mettre dans sa peau. Parce que même s'il est dévoué à la Couronne, même s'il est dévoué au roi, il a travaillé pour Louis XV, il travaille maintenant pour Louis XVI. Il est quand même très attentif à tout ce qui se passe. Et là, vous l'emmenez au tout début de la révolution. Pourquoi il vous touche ce personnage ?

Laurent Joffrin :

Parce qu'il est ambigu, pas au mauvais sens du terme, mais il est ambivalent, en tout cas, c'est-à-dire que c'est un fidèle. Il ressemble à Chateaubriand de ce point de vue-là. Je parle de sa position politique par rapport au pouvoir. Chateaubriand était fidèle à la monarchie légitime. Mais en même temps, il comprenait bien qu'il fallait changer la société et défendre la liberté de la presse. Il voulait limiter l'arbitraire, etc. et en tout cas, pendant la Révolution. Et Le Floch est pareil, il est doublement fidèle à la couronne parce qu'en plus il s'aperçoit au milieu de sa carrière qu'il n'est pas le roturier qu'il pensait être, mais qu'il a du sang noble et qu'il est marquis en fait. Et donc il est quand même un homme de L'ancien Régime à tous égards, fonctionnellement comme policier, il défend l'ordre royal. Et puis il est lui-même un aristocrate.

Philippe Chauveau :

Je me permets de planter le décor. Nous sommes à la fin de l'été, début de l'automne 1789. La prise de la Bastille a déjà eu lieu. Et puis il y a ce couple qui est enlevé au Palais-Royal un soir. Très vite, on va retrouver la jeune femme, mais en revanche, on va aussi découvrir un cadavre et on va se demander ce qui se trame. Parce que très vite, Le Floch va se rendre compte qu'on est dans une affaire qui touche vraiment les hautes sphères de l'État. Est-ce qu'il faut voir là un complot d'un frère du roi ? Est-ce que c'est plutôt le duc d'Orléans ? Il va falloir démêler tout cela. Cette période, le tout début de la Révolution, pourquoi était-il intéressant pour vous qui êtes aussi un journaliste et qui aimez l'histoire, pourquoi était-ce un cadre idéal pour mettre une intrigue ?

Laurent Joffrin :

Sur le plan des valeurs et des convictions, la France moderne est née pendant cet été-là. Quand on regarde bien ce qu'ils ont fait, les constituants ont fait beaucoup de choses. Ils ont jeté à bas l'arbitraire de l'Ancien Régime. Ils ont aboli les privilèges. Ils ont fait la déclaration des droits de l'homme et ils ont jeté les bases d'une nouvelle Constitution qui donnait le pouvoir au peuple souverain, avec en face un exécutif héréditaire. Donc ils ont jeté les bases de la société moderne en trois mois. Donc ça, c'est la trame réelle. Et là-dessus, c'est assez facile finalement de greffer une intrigue policière. Parce que vous avez un crime, pourquoi il y a un crime, parce qu'on cherche à étouffer des manœuvres qui sont en train de se dérouler.

Philippe Chauveau :

Alors, il y a le plaisir de lecture avec effectivement l'intrigue que vous avez imaginée avec cette histoire que vous nous racontez, avec les décors que vous relatez, les personnages aussi qui sont très vivants. Et puis, il n'empêche qu'à chacune des pages, on se dit "mais ça ressemble furieusement à ce que nous sommes en train de vivre". Quand on voit ce milieu politique qui se déchire.

Laurent Joffrin :

Bien sûr, les sans culottes et les gilets jaunes il y a un rapport. Une partie de l'élite française est aussi cynique et privilégiée que l'était des gens de la cour.

Philippe Chauveau :

Et alors l'écriture. Parce que vous nous avez parlé, vous aimez cette période, parce que justement, vous aimez travailler le beau Français. Comment avez-vous travaillé cette écriture pour à la fois être dans l'esprit Jean-François Parot sans faire du Jean-François Parot, mais bien du Laurent Joffrin, mais pour retrouver un peu les ingrédients qui avaient fait le succès.

Laurent Joffrin :

Parce que j'ai beaucoup lu de gens de cette époque-là, à commencer par Chateaubriand, évidemment, mais j'ai lu beaucoup sur le Consulat et l'Empire. J'ai lu des mémoires de généraux, etc. Donc comme j'ai beaucoup lu de gens comme ça, ça revient pas naturellement mais ça revient plus facilement. Ce n'est pas un pastiche, mais j'ai essayé de rester dans l'esprit de ces gens-là qui est très différent du nôtre.

Philippe Chauveau :

Voilà donc une 15ᵉ aventure pour Nicolas Le Floch, c'est le premier roman dans lequel vous vous emparez de ce personnage. Est-ce qu'il fait déjà partie de vos amis ou est-ce que vous êtes encore en train de vous apprivoisez ? Ma question est finalement très simple : est-ce qu'il y aura une suite à cette aventure ou pas ?

Laurent Joffrin :

J'espère que oui et il faut que ça intéresse le public. Pour l'instant, ça a l'air plutôt bien parti. Les gens viennent voir.

Philippe Chauveau :

Vous avez envie de faire un bout de chemin avec lui ?

Laurent Joffrin :

Oui, à cause de lui et puis à cause de la période.

Philippe Chauveau :

Et bien on va vous suivre. En tout cas, c'est une vraie réussite. Ça s'appelle Le cadavre du Palais Royal. C'est donc la toute nouvelle aventure du commissaire du Châtelet, Nicolas Le Floch, imaginée par Laurent Joffrin chez Buchet-Chastel. Merci beaucoup.

Laurent Joffrin :

Merci à vous.

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