Vincent Ollivier

Vincent Ollivier

Fraternels

Portrait 00'06'43"

Philippe Chauveau :

Bonjour Vincent Ollivier,

Vous êtes dans l'actualité avec ce titre chez Flammarion, « Fraternels », au pluriel. Il y avait eu précédemment « Toscanes » en 2018. Deux titres déjà à votre actif, mais on vous connaît aussi dans un univers assez éloigné de la littérature, c'est celui du monde de la justice. Vous êtes avocat pénaliste. C'est quoi d'ailleurs un avocat pénaliste ? Quelle est la définition de votre métier?

Vincent Ollivier :

C'est un avocat qui s'occupe de droit pénal, c'est à dire qui s'occupe de défendre des gens qui ont commis des infractions ou d'assister des personnes qui ont été victimes d'infractions.

Philippe Chauveau :

Je ne trahis aucun secret en disant que pendant une période de cette vie professionnelle, vous avez notamment traité des affaires antiterroristes.

Vincent Ollivier :

Oui, de 2005 à 2010, j'ai défendu un certain nombre de personnes qui étaient impliqués dans des procédures terroristes, effectivement.

Philippe Chauveau :

Je ne vais trahir non plus aucun secret en disant qu'on vous a vu, à certains moments de l'actualité, puisque vous avez eu à suivre le dossier Chérif Kouachi.

Vincent Ollivier :

Oui, j'ai eu à suivre le dossier Chérif Kouachi à une période où il était infiniment moins brûlant qu'il a pu l'être par la suite puisque j'ai défendu Chérif Kouachi de 2005 à 2008, à l'époque où il était impliqué dans une affaire de terrorisme, mais de relativement faible importance.

Philippe Chauveau :

Mais on le verra réapparaître dans l'actualité après les attentats de Charlie Hebdo. Je me permets simplement de faire cette parenthèse parce qu’on comprendra, par rapport à la thématique de votre roman, qu’il y a certaines résonances. Aussi, la question qu'on peut vous poser est la suivant : lorsque l'on est avocat pénaliste, pourquoi avoir envie de prendre la plume en tant que romancier?

Vincent Ollivier :

Parce que le droit pénal est une succession de romans qui vous sont offerts, c’est une forme de lecture vivante. Certains sont meilleurs que d'autres, sont plus intéressants que d'autres et soulèvent des problématiques qui vous touchent plus que d'autres. Mais il est difficile de ne pas envisager la vie comme un roman lorsque l'on est avocat pénaliste, car les histoires qui vous sont présentées sont des histoires réelles qui excèdent très largement ce que l'auteur le plus déjanté de fiction pourrait imaginer parfois.

Philippe Chauveau :

Vous m'aviez confié en préparant cette émission qu’effectivement, vous êtes avocat mais il y a aussi l'amour du théâtre, puisque vous avez notamment fait du théâtre de rue.

Vincent Ollivier :

Oui, j'ai fait du théâtre quand j'étais jeune, mais qui n'a pas fait du théâtre quand il était jeune…

Philippe Chauveau :

Tout de même, vous avez aussi participé au barreau de Paris à un concours d'éloquence. Cela veut dire que les mots, c'est quelque chose que vous aimez !

Vincent Ollivier :

Oui, oui, bien sûr. L'avocat est un écrivain probablement contrarié et un acteur tout aussi contrarié. Il trouve une forme d'ersatz à ses passions initiales dans l'audience et dans la rédaction d'écriture, d'articles, de tribunes. Il y a des liens très étroits entre l'écrivain et l'avocat. Comme il y a des liens très étroits entre l'acteur et l'avocat, je pense.

Philippe Chauveau :

Quel lecteur êtes-vous ? Quels sont les auteurs qui vous accompagnent ?

Vincent Ollivier :

Tous ceux qui réussissent à me faire oublier le présent. J'ai une grande affection pour des écrivains français comme Balzac ou Zola, mais j'aime aussi beaucoup les écrivains russes. Dostoïevski a bercé toute une année de mon adolescence, au point que cela frisait l'obsession. J'aime aussi les écrivains américains, je trouve qu'il y a quelque chose d'assez précis dans la description de la vie qui les entoure, quand les écrivains français ont parfois tendance à être plus flous.

Philippe Chauveau :

Revenons sur ce premier roman paru en 2018, « Toscanes ». Derrière ce titre qui évoque le soleil de l'Italie, qui évoque des paysages, c'était une sombre histoire, assez machiavélique qui se passait déjà dans un centre équestre, parce que je sais que les chevaux sont importants dans votre vie. A quel moment vous êtes-vous senti autorisé à écrire ce roman ? Comment est né ce premier roman « Toscanes » qui, je le précise, existe maintenant en édition poche?

Vincent Ollivier :

Ce roman vient d'une confession qui m'avait été faite par une femme que je ne connaissais pas, au sortir d'un repas en Italie, dans un agriturismo consacré à l'équitation. Cette femme, qui devait certainement être un peu prise de boisson, a commencé à me raconter sa vie en me disant qu'elle était malheureuse avec son mari, mariée depuis une quinzaine d'années, avec lequel elle avait eu un enfant mais qu'elle avait rencontré sur Twitter un militaire américain détaché en Afghanistan. Elle avait entrepris d'engager une correspondance romantique. Et elle me disait qu'elle envisageait de quitter son mari pour ce militaire qu'elle n'avait jamais vu et qu'elle ne connaissait pas réellement. L'idée m'est apparue curieuse et, de fil en aiguille, j'ai eu envie d'écrire une histoire à ce propos.

Philippe Chauveau :

Dans ce premier titre, « Toscanes », vous aviez choisi une écriture à la fois mordante, avec un humour assez grinçant.

Vincent Ollivier :

Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour juger du caractère grinçant de mon écriture mais j'ai essayé d'y mettre un peu de cynisme, effectivement. Il y a un personnage qui est tout à fait cynique, parfois jusqu'à frôler la caricature lorsque je me relis. Je ne saurais pas dire pourquoi j’ai choisi ça. Mais oui, peut-être ce premier roman « Toscanes » était-il plus pétri d'humour, plus cynique que le second.

Philippe Chauveau :

Celui-ci est effectivement beaucoup plus sombre. On va y revenir. Dans ce parcours d'avocat pénaliste que nous avons évoqué en préambule de cet entretien, au-delà des sujets, même s'ils sont douloureux, est-ce que l'écriture est une sorte de sas de respiration ? Est-ce que, lorsque vous êtes à votre table de travail, vous êtes un autre Vincent Ollivier que celui qui est avocat?

Vincent Ollivier :

Je ne sais pas si je suis un autre Vincent Ollivier. Je pense que je suis le même, faisant des choses un peu distinctes. Mais j'ai toujours considéré que l'écriture était quelque chose qui permettait de ne plus avoir trop à penser aux choses. A partir du moment où on les écrit, où on les enferme, on les organise plus exactement dans un cadre. Après, on n'a presque plus à y penser et on se sent un peu plus léger. C'est comme si les choses étaient placées à l'extérieur de moi, ce qui était un peu, je pense, le but recherché.

Philippe Chauveau :

Votre actualité, Vincent Ollivier, ce nouveau roman, c'est votre deuxième roman « Fraternels ». C'est aux éditions Flammarion.

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  • Avocat pénaliste de renom, Vincent Ollivier a déjà prouvé un vrai talent pour l’écriture romanesque avec « Toscane » en 2018, un roman au vitriol dénonçant les dérives de l’argent. Si l’humour et le mordant caractérisait ce premier titre, Vincent Ollivier a choisi une écriture résolument plus sombre pour ce nouvel opus, peut-être parce qu’il connait bien ce sujet qui tristement a gangréné notre société, le terrorisme radical. Karim a été abattu par la police après avoir commis un atroce attentat. Dans les...Fraternels de Vincent Ollivier - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Vincent Ollivier, Vous êtes dans l'actualité avec ce titre chez Flammarion, « Fraternels », au pluriel. Il y avait eu précédemment « Toscanes » en 2018. Deux titres déjà à votre actif, mais on vous connaît aussi dans un univers assez éloigné de la littérature, c'est celui du monde de la justice. Vous êtes avocat pénaliste. C'est quoi d'ailleurs un avocat pénaliste ? Quelle est la définition de votre métier?   Vincent Ollivier : C'est un avocat qui s'occupe de droit pénal, c'est à...Fraternels de Vincent Ollivier - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Vous publiez ce nouveau titre chez Flammarion « Fraternels » avec cette couverture très parlante grâce au tableau de Géricault. Nous allons faire connaissance avec Augustin qui dirige un centre équestre en Normandie. Il a plutôt un beau parcours en tant que cavalier, il a été médaillé. Mais il y a une zone d'ombre dans sa vie puisque son frère, son demi-frère Karim, terroriste ayant commis un attentat, a été tué par la police. Le point de départ de ce roman, c’est la relation entre Augustin et...Fraternels de Vincent Ollivier - Livre - Suite