Jean d'Ormesson

Jean d'Ormesson

Comme un chant d'espérance

Portrait 4'45

Bonjour Jean d'Ormesson
Bonjour
J'ai toujours grand plaisir à vous retrouver, c'est vrai qu'on passe toujours de bons moments lorsque l'on vous entends, lorsque l'on vous voit. Est-ce parfois difficile pour vous d'petre considéré un petit peu comme la statue du commandeur ?
Parce que lorsque l'on cite Jean d'Ormesson, il y a toujours un silence qui se fait. Les gens disent « Ah Jean d'Ormesson ! ». Vous n'avez pas toujours été consensuel comme ça.
Parfois il y a eu des prises de positions qui vous ont crées quelques inimitiés, mais aujourd'hui il y a quand même une unanimité autour de vous. C'est lourd à porter parfois ?
Alors on disait à Gide, « est-ce que ça vous gène parfois, tous ces gens qui vous reconnaissent dans la rue ? » et André Gide répondais : « Oui, je pense à tous ceux qui ne me reconnaissent pas. ».
Alors vous savez ce qui se passe, peut-être que mon seul motif d'une modeste fierté c'est que pendant des années j'ai été très habitué à voir arriver des ravissantes jeunes filles qui me disait : « ma mère vous admire tellement ».
Ensuite ça a été « ma grand-mère vous admire tellement » et un jour chez Gallimard je racontais cette histoire, la porte s'ouvre et entre une stagiaire, ravissante d'ailleurs qui avait 18 ans, et qui dit :
« Oh, monsieur d'Ormesson, je crois que vous êtes un ami de mon arrière grand-mère. ». Et qu'est ce qu'il se passe depuis 4 ou 5 ans, c'est que je rencontre maintenant des vieilles dames dans la rue qui me disent « mon petit fils vous aime beaucoup ».
Et ça évidemment, c'est un bonheur pour moi. Je reçois beaucoup de lettres en ce moment, peut-être que la moitié des lettres, peut être entre 8 et 12 lettres par jour, viennent de garçons et de filles de moins de 20 ans.
Et ça évidemment, c'est un motif de satisfaction. Parce que le monde n'est fait que de jeunes gens.
L'écriture a-t-elle été finalement pour vous, une sorte de drogue, après y avoir gouté ? Vous n'avez plus pu vous en passer.
C'est tout à fait vrai. Dès que je n'écris pas, je suis d'une humeur massacrante et probablement menacé par une sorte de dépression. Si j'écris, c'est pour ne pas être déprimé.
Ce qui est intéressant c'est que vous nous expliquez que l'écriture vous protège de la déprime en quelque sorte, alors que vous avez l'image de quelqu'un de plutôt jovial, de toujours bonne humeur, avec un optimisme à tous crins.
Est-ce finalement une carapace, est-ce qu'il y a un coté un peu désabusé chez vous?
En réalité, oui, je suis mélancolique, probablement. Vous savez, ce monde, voulez-vous que je vous dise, je le trouve dur ce monde, je le trouve difficile, je le trouve cruel. Je pense à tous les gens qui souffrent, il y en a beaucoup.
Peut-être que moi-même, l'année dernière n'a pas été pour moi extrêmement gaie. Et bien je crois qu'il faut dominer cette tristesse du monde.
C'est une chance d'être né, quelque soit les avatars, les difficultés de ce monde, et peut-être que ma formule c'est « merci pour les roses, merci pour les épines. »
Un mot justement, puisque vous évoquez l'année passée qui à été difficile, avec la maladie. L'avez-vous vécue comme une épreuve, comme une expérience ?
Je l'ai vécue surement comme une épreuve, vous savez. 8 mois d'hôpital c'est dur. Et qu'est-ce que je vous dirais ? Je vous dirais que je suis sorti avec deux sentiments. Un sentiment de gratitude et d'admiration pour le système médical français qui est admirable.
Des grands-patrons aux filles de salle, ce sont des gens extraordinaires, extraordinaires, à qui je dois beaucoup. Le deuxième sentiment c'est ce que les communistes appelleraient la solidarité, c'est que les bouddhistes appelleraient la compassion,
ce que les chrétiens appelleraient la charité. Il y a des gens qui souffrent, il y a des gens qui souffrent plus que moi, qui ont souffert plus que moi.
Et je me dis que l'idée de vouloir être heureux seul... Au bac de cette année, un des sujets de philosophie c'était magnifique, « la vie consiste-t-elle à être heureux ? ».
Et bien la vie, oui, il faut être heureux, il faut être heureux. Mais est-ce que c'est la valeur suprême d'être heureux ? Bien sur que non, la vérité, la justice, la beauté. C'est au dessus, d'être heureux.
Et l'idée d'être heureux tout seul, c'est impossible. Je crois que le meilleur moyen d'être malheureux, c'est de penser sans cesse à soi. Je crois que le seul moyen d'être heureux c'est de penser un peu aux autres.

Philippe Chauveau :
Bonjour Jean d'Ormesson

Jean d'Ormesson :
Bonjour

Philippe Chauveau :
J'ai toujours grand plaisir à vous retrouver, c'est vrai qu'on passe toujours de bons moments lorsque l'on vous entends, lorsque l'on vous voit. Est-ce parfois difficile pour vous d'petre considéré un petit peu comme la statue du commandeur ? Parce que lorsque l'on cite Jean d'Ormesson, il y a toujours un silence qui se fait. Les gens se disent « Ah Jean d'Ormesson ! ». Vous n'avez pas toujours été consensuel comme ça. Parfois il y a eu des prises de positions qui vous ont crées quelques inimitiés, mais aujourd'hui il y a quand même une unanimité autour de vous. C'est lourd à porter parfois ?

Jean d'Ormesson :
Alors on le disait à Gide, est-ce que ça vous gène tous ces gens qui vous reconnaissent dans la rue et Gide répondais : « Oui, je pense à tous ceux qui ne me reconnaissent pas. ». Alors vous savez ce qui se passe, peut-être que mon seul motif d'une modeste fierté c'est que pendant des années j'ai été très habitué à voir arriver des ravissantes jeunes filles qui me disait : « ma mère vous admire tellement ». Ensuite ça a été « ma grand-mère vous admire tellement » et un jour chez Gallimard je racontais cette histoire, la porte s'ouvre et entre une stagiaire, ravissante d'ailleurs qui avait 18 ans, et qui dit : « Oh, monsieur d'Ormesson, je crois que vous êtes un ami de mon arrière grand-mère. ». Et qu'est ce qu'il se passe depuis 4 ou 5 ans, c'est que je rencontre maintenant des vieilles dames dans la rue qui me disent « mon petit fils vous aime beaucoup ». Et ça évidemment, c'est un bonheur pour moi. Je reçois beaucoup de lettres en ce moment, peut-être que ka loitié des lettres, peut être entre 8 et 12 lettres par jour, viennent de garçons et de filles de moins de 20 ans. Ca évidemment c'est un motif de satisfaction. Parce que le monde n'est fait que de jeunes gens.

Philippe Chauveau :
L'écriture à-t-elle été finalement pour vous, une sorte de drogue, après y avoir gouté ? Vous n'avez plus pu vous en passer.

Jean d'Ormesson :
C'est vrai dès que je n'écris pas, je suis d'une humeur massacrante et probablement menacé par une sorte de dépression. Si j'écris c'(est pour ne pas être déprimé.

Philippe Chauveau :
Ce qui est intéressant c'est que vous nous expliquez que l'écriture vous protège de la déprime en quelque sorte, alors que vous avez l'image de quelqu'un de plutôt jovial, de toujours bonne humeur, avec un optimisme à tous crins. Est-ce finalement une carapace, est-ce qu'il y a un coté désabusé chez vous?

Jean d'Ormesson :
En réalité, oui, je suis mélancolique, probablement. Vous savez, ce monde, voulez-vous que je vous dise, je le trouve dur ce monde, je le trouve difficile, je le trouve cruel. Je pense à tous les gens qui souffrent, il y en a beaucoup. Peut-être que moi-même, l'année dernière n'a pas été pour moi extrêmement gaie. Et bien je crois qu'il faut dominer cette tristesse du monde. C'est une chance d'être né, quelque soit les avatars, les difficultés de ce monde, et peu-être que ma formule c'est « merci pour les roses, merci pour les épines. »

Philippe Chauveau :
Un mot justement, puisque vous évoquez l'année passée qui à été difficile, avec la maladie. L'avez-vous vécue comme une épreuve, comme une expérience ?

Jean d'Ormesson :
Je l'ai vécue surement comme une épreuve, vous savez. 8 mois d'hôpital c'est dur. Et qu'est-ce que je vous dirais ? Je vous dirais que je suis sorti avec deux sentiments. Un sentiment de gratitude et d'admiration pour le système médical français qui est admirable. Des grands-patrons aux filles de salle, ce sont des gens extraordinaires, extraordinaires, à qui je dois beaucoup. Le deuxième sentiment c'est ce que les communistes appelleraient la solidarité, c'est que les bouddhistes appelleraient la compassion, ce que les chrétiens appelleraient la charité. Il y a des gens qui souffrent, il y a des gens qui souffrent plus que moi, qui ont souffert plus que moi. Et je me dis que l'idée de vouloir être heureux seul... Au bac de cette année, un des sujets de philosophie c'était magnifique, « la vie consiste-t-elle à être heureux ? ». Et bien la vie, oui, il faut être heureux, il faut être heureux. Mais est-ce que c'est la valeur suprême d'être heureux ? Bien sur que non, la vérité, la justice, la beauté. C'est au dessus, d'être heureux. Et l'idée d'être heureux tout seul, c'est impossible. Je crois que le meilleur moyen d'être malheureux, c'est de penser sans cesse à soi. Je crois que le seul moyen d'être heureux c'est de penser un peu aux autres.

Comme un chant d'espérance Héloïse d'Ormesson
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Ah ! Jean d'Ormesson… Quel homme épatant, pour reprendre l'une de ces formules favorites. Et c'est vrai que rencontrer Jean d'Ormesson est toujours un moment rare, privilégié. C'est ce que je vais essayer de partager avec vous.Jean d'Ormesson, après des études de lettres et d'histoire, se lance un peu par hasard dans le journalisme. Et si la littérature a toujours fait partie de son éducation, l'écriture romanesque vient, elle aussi, un peu par hasard. Le hasard, ou la chance, sont d'ailleurs une constante dans le parcours de...Hommage à un Immortel... épatant ! de Jean Ormesson (d') - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau :Votre actualité Jean d'Ormesson, « Comme un chant d'espérance » c'est un livre assez court, une centaine de pages mais c'est un livre énorme. Parce que c'est toute l'histoire, c'est notre histoire, c'est l'histoire de l'humanité, c'est notre relation à Dieu, s'il existe, s'il n'existe pas. Puisque finalement c'est la seule question valable. Pourquoi ce livre arrive-t-il maintenant ?Jean d'Ormesson :Aujourd'hui, c'est encore une hypothèse mais acceptée par 95% des savants. Le monde commence avec le big...Hommage à un Immortel... épatant ! de Jean Ormesson (d') - Le livre - Suite
    Librairie BHV/Marais Pascal Pannetier Pascal Pannetier : « Comme un chant d'espérance », le nouveau livre de Jean D'Ormesson n'est pas à proprement parlé un roman. L'idée cher à Flaubert qui traverse ces pages est le néant.L'académicien au commencement se réfère aux grands penseurs grecs, aux religions monothéistes, la sienne, le christianisme et a imaginé le néant. L'esprit se libère comme le Big Bang a donné naissance à notre univers.C'est avec un plaisir simple que nous lisons le roman d'une pensée à l'oeuvre....Hommage à un Immortel... épatant ! de Jean Ormesson (d') - L'avis du libraire - Suite