Marie-Laure de Cazotte

Marie-Laure de Cazotte

Ceux du fleuve

Portrait 00'06'05"

Philippe Chauveau :

Bonjour Marie-Laure de Cazotte.

Marie-Laure de Cazotte :

Bonjour Philippe Chauveau.

Philippe Chauveau :

Vous êtes avec nous a l'occasion de la sortie chez Albin Michel de ce nouveau titre, Ceux du fleuve, nous verrons dans un instant de quel fleuve il s'agit. On va faire un petit peu plus connaissance. C'est déjà votre quatrième titre chez Albin Michel. Et puis, il y a une autre vie puisqu'on vous connaît aussi dans le domaine de l'art. Vous êtes historienne de l'art. Vous avez accompagné vous même des artistes. Pourquoi ce goût pour l'art en général et l'histoire de l'art?

Marie-Laure de Cazotte :

Quand j'étais enfant, je crois que ce qui m'a attiré d'abord dans l'art, ce n'est pas tellement la matière, ce sont les mots qui étaient associés, la sémantique très particulière. C'est comme ça que je suis rentrée dans le monde de l'histoire de l'art. Mais depuis mon enfance, j'ai toujours écrit. J'écrivais des nouvelles et un jour, une amie éditrice et moi parlions de ce que nous faisions le soir, nous, les femmes sans télévision. Elle me disait qu'elle regardait des images d'oeuvre d'art et moi, je lui disais que j'écrivais et elle a lu une nouvelle. Et puis, elle m'a dit qu'il fallait que je construise un projet. C'est comme ça que ma vie a commencé à changer.

Philippe Chauveau :

Vous êtes vous découverte différemment en prenant la plume, en devenant romancière? Était-ce la même femme que celle qui est historienne de l'art, qui accompagnait des artistes? Ou était-ce un personnage un peu différent?

Marie-Laure de Cazotte :

Je crois que c'est un personnage différent dans la mesure où le monde me regarde différemment. Donc, forcément, je vais dire que le fond est là. Le fond ne change pas, la forme non plus. Encore que c'est vrai que lorsqu'on est auteur, disons qu'on fait un peu moins d'efforts pour apparaître sous une enveloppe sophistiquée au monde. Je suis certainement un peu différente, mais comme dit l'autre, pas tout à fait la même et pas tout à fait une autre.

Philippe Chauveau :

C'est votre quatrième titre, je le disais. Il y a eu Un temps égaré en 2014, ensuite ce livre sur l'histoire de l'Alsace, À l'ombre des vainqueurs. Le roman de l'Alsace déchirée, où vous mettiez en parallèle ces générations qui se sont succédées avec une Alsace allemande, puis une Alsace française. Et puis, il y a eu aussi ce livre sur Otto Gross, ce médecin autrichien, grand nom de la psychanalyse. Quels sont les liens entre ces différents ouvrages?

Marie-Laure de Cazotte :

D'abord, il y a des liens entre les trois premiers livres, qui est le lien du sujet de la filiation. Dans ces trois livres, il y a une relation entre un père et fils. Je n'ai pas voulu construire une trilogie, mais c'est comme ça que les choses sont venues.

Philippe Chauveau :

Inconsciemment?

Marie-Laure de Cazotte :

Complètement inconsciemment, et je ne peux toujours pas expliquer pourquoi la plupart de mes personnages principaux, en tout cas, sont des personnages d'hommes. Mais la filiation est un thème très récurrent, filiation entre un père et un fils. Donc ça c'est un trait commun. L'Alsace était une nécessité d'exploration, c'était le pays de ma mère. Je voulais absolument comprendre ce qui s'était passé réellement. Quant à Otto Gross, je crois que c'est ma partie rebelle. Ce psychanalyste anarchiste complètement dans les mouvements de contre culture.

Philippe Chauveau :

Otto Gross qui a été l'un des inspirateurs des dadaïstes, du mouvement Dada.

Marie-Laure de Cazotte :

Oui, c'est une grande figure, un être totalement explosé, explosif. Il a mis le feu au patriarcat. Il a eu une histoire personnelle tout à fait extraordinaire et il a vraiment posé des jalons de modernité. Je crois que c'était un des très grands féministes d'avant 1914 et certainement l'initiateur des premiers mouvements de liberté sexuelle, un hippie avant la lettre, mais un hippie très intellectuel et très, très déjanté.

Philippe Chauveau :

C'est un personnage ô combien romanesque. Lorsque l'on porte soi-même un nom qui est lié à la grande histoire de la littérature française. Comment fait-on pour s'autoriser à écrire à son tour? Et quelles sont les influences que vous avez peut être subies en termes de littérature, sont-ce plutôt des classiques ou des auteurs plus contemporains? Quels sont les auteurs qui vous ont aussi donné envie de prendre là plume?

Marie-Laure de Cazotte :

Vous faites référence à Jacques Cazotte, qui était l'auteur du Diable amoureux, que je me suis amusée à citer dans ce livre comme ça, un petit peu comme un clin d'œil. Non, il n'a aucune influence sur mon écriture, même si j'aime énormément ce livre Le diable amoureux, qui est comme le premier roman fantastique français.

Philippe Chauveau :

Ça fait quand même partie du Panthéon littéraire.

Marie-Laure de Cazotte :

Exactement. Oui, c'était quand même le premier roman fantastique qui a été édité avec la Duchesse d'Avila. Et quel personnage Cazotte, quel destin incroyable ! Mais non. Moi, je crois que mon influence principale et en tout cas, ma révérence absolue, c'est Giono. Genevoix certainement, mais Giono, pour moi, est une très grande attirance. Je ne cesse de le lire, de le relire dans toutes ses expressions.

Philippe Chauveau :

Lorsque vous êtes à votre table dans quel état d'esprit êtes vous en tant qu'auteur, en tant que romancière? Le lecteur est-il déjà présent ou bien au contraire, essayez-vous de l'occulter? Que ressentez-vous lorsque vous êtes au travail?

Marie-Laure de Cazotte :

Ça dépend un peu des sujets. Je n'ai pas la même relation suivant ce que j'écris. Je n'ai pas la même vision, la même attitude ou la même quête.

Philippe Chauveau :

Mais y a t il une sorte d'appréhension lorsque vous vous mettez un projet d'écriture? De l'appréhension? De la jubilation? l'État d'esprit dans lequel vous vous êtes en écriture?

Marie-Laure de Cazotte :

La jubilation, quelquefois, mais assez paradoxalement ma jubilation je la sens d'autant mieux que lorsque j'écris des scènes extrêmement dures.

Philippe Chauveau :

C'est une jubilation par le matériaux qu'est l'écriture.

Marie-Laure de Cazotte :

Oui, il y a une matière fantastique.

Philippe Chauveau :

Votre actualité, Marie-Laure de Cazotte, Ceux du fleuve, c'est votre nouveau titre chez Albin Michel.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Historienne de l’Art, Marie-Laure de Cazotte a toujours donné une importance majeure à l’écriture, parallèle évident, selon elle, avec son parcours artistique. En 2014, parait son premier roman, « Un temps égaré », l’histoire d’un businessman confronté à la démence, pour lequel elle reçoit le prix du 1er roman de Chambery. Suit un roman historique, plusieurs fois primé également « A l’ombre des vainqueurs » sur la situation complexe de l’Alsace de 1870 à 1945. Enfin, avec « Mon nom est Otto Gross »,...Ceux du fleuve de Marie-Laure de Cazotte - Présentation - Suite
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