Gaëlle Josse

Gaëlle Josse

Ce matin-là

Portrait 00'07'10"

Philippe Chauveau :

Bonjour Gaëlle Josse.

Gaëlle Josse :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Votre actualité chez Notabilia : Ce matin-là, " j'ai voulu écrire un livre qui soit comme une main posée sur l'épaule ". Nous allons parler de ce livre, de ce personnage, une femme qui voit sa vie chamboulée, mais parlons aussi un peu de vous. Vous suivez votre chemin discrètement, avec des lecteurs qui sont devenus très fidèles, des libraires qui vous accompagnent sur ce chemin. Comment vivez-vous ces dix années que vous venez de partager dans le milieu de la littérature ?

Gaëlle Josse :

Vous avez raison, ça fait dix ans jour pour jour, entre la sortie Des heures silencieuses et Ce matin-là? Dix ans d'écriture et de rencontres, de très nombreuses rencontres. Je m'aperçois que j'ai cette chance que je n'explique pas, mais j'ai cette chance d'être très accompagnée et très soutenue par les lecteurs, par les libraires, par la presse, par les blogueurs, par tout ce que je peux voir passer sur les réseaux. Il y a cette communauté très attentive, très bienveillante à mon égard. Je le constate, je ne l'explique pas, mais je m'en réjouis.

Philippe Chauveau :

Il y a une autre part d'écriture dans votre vie puisque vous êtes journaliste à la base et vous continuez à être journaliste. Comment s'est fait le passage entre l'écriture journalistique et l'écriture littéraire ? Pourquoi à un moment, vous êtes-vous dit : " J'ai envie de publier, j'ai envie d'écrire ", que ce soit des romans ou de la poésie, puisque vous aimez aussi la poésie. A quel moment vous êtes-vous "autorisée" à entrer dans l’écriture littéraire ?

Gaëlle Josse :

Ça a été assez tardif. Je ne suis pas une romancière ni un écrivain précoce puisque c'est venu autour de la quarantaine bien passée avec la poésie pendant quelques années et ensuite un passage à la fiction avec Les heures silencieuses. En effet, c'est vrai que le passage à l'écriture personnelle par rapport à une écriture de commande est très cadré, qui n'a rien de littéraire. C'est un vrai pas de côté.

Philippe Chauveau :

En tant que lectrice quelles ont été vos influences ? Y-a-t’ il des auteurs ou des titres qui vous ont donné l'envie de l'écriture et peut être notamment dans le domaine de la poésie ? Est-ce qu'il y a eu aussi des grands maîtres à penser ?

Gaëlle Josse :

Alors là, on pourrait y passer quelques heures, mais je ne crois pas que c'est le format prévu. Depuis que je sais lire, je suis ce qu'on appelle une lectrice compulsive. Après toute la littérature enfantine, j'ai basculé vers les grands classiques, ceux qu'on étudie à l'école. Et puis après, vers des choix plus personnels, mais des choix aussi dictés par le hasard, par le fait de traîner en librairie. Je suis assez éclectique. Par exemple, j'ai une passion pour la littérature russe. Les âmes mortes de Gogol, Guerre et paix se sont quand même des sommets, ainsi que Crime et Châtiment, etc. Mais il y a quand même des sommes qui sont absolument fabuleuses. Et puis, j'adore la littérature austro-hongroise, la fin 19ème début 20ème, les Stefan Wweig et Arthur Schnitzler et Sándor Marai, sur des formats extrêmement courts, proches de la nouvelle. Vous avez une densité psychologique, ce fil à plomb qui descend au cœur des personnages est fabuleux. En littérature contemporaine, j'ai eu un vrai choc parce que j'ai découvert quelque chose que je n'avais jamais lu ailleurs, la première fois que j'ai lu Marguerite Duras. J'ai eu cette sensation de pénétrer dans un continent, pas dans un style, mais vraiment dans une langue. Cette espèce de musique à la fois, de l'indicible, d'être toujours au bord de... L'amant, Moderato cantabile est tout ça. J'ai découvert un éblouissement de langues et de lectures. Et cela m'a profondément marqué parce que je me suis dit qu'à côté des lectures plus classiques que j'avais eu, même à côté de la poésie qui reste aussi un peu à part, je me suis dit mais on peut écrire de cette manière-là. On peut bousculer la langue. On peut inventer une langue. On peut inventer une musique.

Philippe Chauveau :

Inventer une musique, c'est aussi un petit peu ce qui vous motive dans votre travail. Si je reprends quelques-uns de vos titres, que ce soit Nos vies désaccordés ou encore votre premier titre, Les heures silencieuses. Inventer la musique, c'est ça votre envie ? Quelle que soit l'époque dans laquelle vous situez votre intrigue, quels que soient vos personnages, c'est la langue avant tout ?

Gaëlle Josse :

La langue est importante. Je crois qu'on lit un auteur. C'est ce que je fais pour entrer dans une musique, dans un monde, dans un regard, dans une perception des choses qui ne sera pas celle de l'auteur d'à côté, qui a sûrement toutes ces qualités aussi. Je préfère utiliser le mot de langue que le mot de style. Le style, ça a toujours un côté un petit peu fabriqué, travaillé. Il y a du polissage. Je préfère dire la langue, vraiment la façon de dire les choses. Je crois qu'un écrivain, c'est celui en effet, qui invente sa musique, qui invente sa langue, qui va faire qu'il est unique.

Philippe Chauveau :

Dans cette petite musique que vous inventez, quel est le fil rouge ? Quel est le lien entre tous ces titres que vous publiez depuis une dizaine d'années maintenant ?

Gaëlle Josse :

C'est toujours difficile de porter un regard sur ce qu'on écrit. Et tant mieux parce que sinon, ça voudrait dire qu'on réfléchit à ce qu'on fait, qu'on est en train de fabriquer quelque chose. Et ça n'est peut-être pas la meilleure idée qui soit. J'écris simplement sur ce qui vient me bousculer, me traverser. Je vis aujourd'hui. Je crois que je suis sensible, attentive à la vie, aux vies, aux autres, à mes propres ressentis, émotions intérieures. Et il y a des télescopages entre le monde et mon monde. Il y a un moment quand quelque chose vient me chercher très fort, ça déclenche un désir, une envie d'écriture. Il faut que ce soit quelque chose de très profond pour avoir le souffle de le mener jusqu'au bout.

Philippe Chauveau :

Votre actualité, Gaëlle Josse votre nouveau titre, chez Notabilia, Ce matin-là.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Nous avions découvert Gaëlle Josse en 2011 avec son premier roman « Les heures silencieuses », qui rencontra un large public, séduisant aussi libraires et critiques. Dès lors, Gaëlle Josse a su conserver une place à part et tracer un sillon régulier par une écriture exigeante et sensible. « Nos vies désaccordées », « Noces de neige », « Le dernier gardien d’Ellis Island », « Une longue impatience » sont quelques-uns des titres qui forment la bibliographie de Gaëlle Josse. Sans oublier plusieurs ouvrages de...Ce matin-là de Gaëlle Josse - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Gaëlle Josse.   Gaëlle Josse : Bonjour.   Philippe Chauveau : Votre actualité chez Notabilia : Ce matin-là, " j'ai voulu écrire un livre qui soit comme une main posée sur l'épaule ". Nous allons parler de ce livre, de ce personnage, une femme qui voit sa vie chamboulée, mais parlons aussi un peu de vous. Vous suivez votre chemin discrètement, avec des lecteurs qui sont devenus très fidèles, des libraires qui vous accompagnent sur ce chemin. Comment vivez-vous ces dix années que vous venez de...Ce matin-là de Gaëlle Josse - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre, Ce matin-là, Gaëlle Josse, nous faisons connaissance avec une jeune femme qui a construit sa vie. Elle s'appelle Clara. Un matin, tout craque, tout lâche, tout bascule. Qui est-elle Clara ? Qui est-elle cette jeune femme que vous avez envie de nous présenter ?   Gaëlle Josse : Clara, c'est une jeune femme, comme on en croise beaucoup aujourd'hui, qui pourrait être un petit peu chacun ou chacune de nous. C'est quelqu'un qui va plutôt bien, apparemment, qui a un bon boulot, qui a un...Ce matin-là de Gaëlle Josse - Livre - Suite