C’est en 2013 que l’on découvre Olivier Norek. Ce policier, qui a aussi œuvré pour des associations humanitaires, publie un premier roman « Code 93 » dans lequel il raconte la banlieue comme rarement un livre l’avait fait. Sous couvert d’un polar, c’est bien une peinture de notre société qu’Olivier Norek nous propose alors. Au fil des titres suivants, Olivier Norek va conserver cette spécificité faite d’intrigues complexes et bien ficelées, de personnages parfaitement construits à la psychologie ambigüe mais...
Dans les brumes de Capelans d'Olivier Norek - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Olivier Norek.
Olivier Noreck :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
2013, c'était Code 93, c'est avec ce titre que vous avez fait votre entrée en librairie. Je rappelle qu'il y a eu un passé qui est toujours d'actualité puisque vous êtes encore policier, même si vous êtes un petit peu dégagé des obligations. C'est comme ça qu'on dit, finalement ?
Olivier Noreck :
On dit en disponibilité et aussi flic de pacotille. C'est à dire je reste flic, je reste capitaine de police, mais je ne vais pas sur le...
Dans les brumes de Capelans d'Olivier Norek - Portait - Suite
Philippe Chauveau :
Voici ce nouveau titre Olivier Norek, Impact. Et c'est vrai que je vous l'ai dit avant que nous fassions l'émission, j'ai reçu ce livre un peu comme un "uppercut". C'est un choc parce que vous nous mettez face à nos réalités. Vous allez nous parler de l'écologie, mais surtout vous proposez un roman donc il y a des personnages. On va faire connaissance au tout début avec un militaire qui s'appelle Virgile. Nous sommes en Afrique, les premières pages sont très fortes, très violentes. Qui est-il, Virgile Solal...
Dans les brumes de Capelans d'Olivier Norek - Livre - Suite
Olivier Norek
Impact
Présentation 00'02'16"C’est en 2013 que l’on découvre Olivier Norek. Ce policier, qui a aussi œuvré pour des associations humanitaires, publie un premier roman « Code 93 » dans lequel il raconte la banlieue comme rarement un livre l’avait fait. Sous couvert d’un polar, c’est bien une peinture de notre société qu’Olivier Norek nous propose alors. Au fil des titres suivants, Olivier Norek va conserver cette spécificité faite d’intrigues complexes et bien ficelées, de personnages parfaitement construits à la psychologie ambigüe mais surtout de sujets de société qui interpellent le lecteur. On se souvient notamment du livre choc que fut « Entre deux mondes » pour lequel l’auteur lui-même avait vécu plusieurs semaines dans la jungle de Calais pour raconter la rencontre d’un flic français et d’un migrant syrien.
Le nouveau roman d’Olivier Norek, « Impact » vient de sortir et ce livre est un véritable électrochoc.
Virgil Solal est un militaire habitué à répondre aux ordres sans sourciller. Même quand, lors d’une mission en Afrique, il voit des populations mourir à cause d’une eau polluée, il semble n’éprouver aucun remord. Mais quand, de retour en France, son propre enfant est victime d’une malformation pulmonaire liée à la population de l’air, le docile militaire se transforme en un justicier implacable. Tel est le point de départ de ce nouveau titre d’Olivier Norek, fruit d’une année d’enquête et de recherches. Outre l’intrigue qui nous permet de suivre cet anti-héros qu’est Virgil Solal, l’auteur nous met face à notre réalité, celle d’une société gouvernée par l’argent et le pouvoir face à une planète qui part à vau l’eau.
Avec un rythme que ne laisse aucun répit, une écriture nerveuse et un sujet qui nous parle au quotidien, celui de l’écologie, Olivier Norek prouve une fois encore qu’il est un auteur engagé et citoyen.
A la fois polar, roman sociétal et pamphlet politique, ne passez pas à côté de ce livre. Vous y adhèrerez à 200% ou peut-être vous dérangera-t-il mais une chose est sûre, il ne vous laissera pas indifférent.
« Impact », le nouveau roman d’Olivier Norek est publié aux éditions Michel Lafon.
Olivier Norek
Impact
Portait 00'08'22"Philippe Chauveau :
Bonjour Olivier Norek.
Olivier Noreck :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
2013, c'était Code 93, c'est avec ce titre que vous avez fait votre entrée en librairie. Je rappelle qu'il y a eu un passé qui est toujours d'actualité puisque vous êtes encore policier, même si vous êtes un petit peu dégagé des obligations. C'est comme ça qu'on dit, finalement ?
Olivier Noreck :
On dit en disponibilité et aussi flic de pacotille. C'est à dire je reste flic, je reste capitaine de police, mais je ne vais pas sur le terrain et je ne subis pas tout ce qui se passe actuellement.
Philippe Chauveau :
Donc, vous êtes flic de pacotille ? Je le retiens. Sixième titre aujourd'hui avec Impact. Comment vivez-vous tout ça ? Toutes ces années, depuis 2013, il y a des images qui reviennent, des temps forts, des rencontres importantes ?
Olivier Noreck :
Oui. Le premier temps fort, c'est celui de se dire qu'il y a une fenêtre. C'est à dire que j'ai eu une vie de policier pendant 18 ans, donc une vie de terrain, et que j'avais toujours en moi cette envie aussi d'avoir une vie artistique. Alors, j'ai longtemps pensé que c'était la musique en faisant un peu de saxophone, en faisant un petit peu de musique électro. En créant des groupes à gauche, à droite pour essayer de voir un peu comment je pouvais m'exprimer. Et puis, un jour, il y a eu un concours de nouvelles dont j'ai gagné une des places. Et puis, il y a cette possibilité, à la demande d'un éditeur, d'écrire un bouquin sur ce que je connais, ma vie de policier et d'en faire un roman. Je me souviens très bien du premier jour, alors que je ne me serais jamais attendu à ça. On écrit sur une page blanche : chapitre 1. Cette idée d'écrire chapitre 1, c'est l'infini des possibles. Est-ce qu'il y en aura un deuxième ? Si il y en a un deuxième, est-ce qu'il y aura un bouquin en entier ? Et si il y a un bouquin en entier, est-ce qu'il y en aura d'autres ? Quelle sera ma vie à partir de ce chapitre 1. C'est assez amusant de se dire qu'en écrivant chapitre 1, on écrit aussi celui d'une nouvelle vie.
Philippe Chauveau :
Lorsque l'on est policier, avoir des envies d'écriture, c'est une chose. Mais il faut aussi savoir mettre des mots les uns après les autres. Et vous avez ce talent là, c'est à dire qu'il y a une vraie plume derrière le nom d'Olivier Norek. D'où vient le goût de l'écriture, l'envie d'écrire ? Lorsque vous avez ouvert ce premier chapitre, j'imagine qu'il y a eu une appréhension sur l'écriture.
Olivier Noreck :
Oui. Ce n'est pas tant comment écrire, parce que je pense que si on s'y attelle tous un peu et qu'on fait attention, on peut écrire une ou deux belles pages. C'est comment raconter une histoire en quatre cents pages. C'est beaucoup plus complexe de savoir si, oui ou non, on a l'architecture déjà quelque part dans notre cerveau. Et je n'ai pas cherché ça. C'est vraiment un cadeau. Un jour, je me suis dit je vais écrire un livre et huit mois après, le livre était terminé. Je n'ai aucune une explication sur le fait de savoir construire une histoire ou de créer des sentiments. J'ai peut être une ou deux pistes. La piste, c'est que je n'écris pas des choses qui ne sont pas dans mon ventre ou dans mon cœur, dans mon âme. J'écris des choses qui me concernent, qui me touchent, qui me meuvent ou me révolte, qui me font tomber amoureux ou me mettent en colère. Mais je n'écris rien de ce que je n'ai pas goûté, touché, senti, aimé, détesté. J'essaie de vivre les choses que j'écris et peut être que je trouve les mots parce que, justement, je me mets à l'intérieur de mes histoires.
Philippe Chauveau :
Justement, vous l'évoquez, ce serait très réducteur, de dire Olivier Norek, auteur de polars. Parce que vous abordez des sujets de société, vous vous confrontez à ces problématiques. C'est le cas encore avec celui ci où vous nous parlez de l'écologie mondiale. Si vous deviez donner une définition de votre travail d'auteur, si on met de côté le fait que vous n'êtes pas un auteur de polars, que diriez-vous ?
Olivier Noreck :
Je me dirigerait plutôt vers le roman noir, il a ça d'intéressant qu'il est politico sociale et s'inscrit chez les gens, dans leur quotidien. Il se nourrit de faits divers, de ce qui se passe autour de nous. Dans les romans policiers de demain on va parler des gilets jaunes, de Notre-Dame qui brûle, de groupes de flics masqués à cause de la Covid 19. On intègre ce qui est d'aujourd'hui. Ce qui fait le roman noir est difficilement datable et périmé. En tout cas, il ne peut pas se cannibaliser parce qu'on raconte à chaque fois ce qui se passe aujourd'hui. Alors peut être, on va dire le contraire, mais je considère les Simenon autant comme du polar que du roman noir. Parce que Simenon, qu'est-ce qu'il faisait ? Je me souviens pas vraiment des histoires de Simenon. Je ne me souviens pas avoir réellement des histoires de Maigret, mais je me souviens à chaque fois des milieux sociaux dans lesquels il allait enquêter. Donc, on avait la petite bourgeoisie française. On avait le milieu clérical. On avait aussi le milieu des pêcheurs, des routiers. Voilà, il est allé un petit peu partout et c'est ça aussi qui m'a surtout intéressé en fin de compte. Donc, voilà le roman noir il est socio-politique. Il se nourrit du tous les jours.
Philippe Chauveau :
Si je vous entends sous l'étiquette romancier, c'est aussi une façon parfois de faire un focus sur notre époque et peut être aussi de dénoncer certains thèmes qui vous sont chers ?
Olivier Noreck :
J'avais le choix quand on m'a proposé d'écrire ou j'allais écrire des polars qui n'en était que. C'est à dire il y a un flic, un assassin, à la fin le flic arrête l'assassin. Ou à la fin Le flic est l'assassin. Enfin, les scénarios se répètent un peu. Ou j'allais utiliser le roman comme une tribune et j'ai préféré avoir ça. J'ai réalisé après qu'en fait, c'était mon moteur. Mon moteur, c'est le fait social, mon moteur, c'est ce dont je peux parler et qui touche tout le monde. J'ai besoin de ce moteur en plus, qui nous fait sortir du cadre. Quand j'écris Code 93, je dénonce aussi les trafics des chiffres de la criminalité pour faire rentrer le 93 dans le Grand Paris. Quand j'écris Territoire, je dénonce les collusions entre les délinquants et les politiques. Quand j'écris Surtension, je parle de l'état catastrophique des prisons. Quand j'écris Entre deux mondes, c'est comment on a géré ce mouvement migratoire dans la jungle de Calais. Quand j'écris Surface, je raconte l'histoire d'une fliquette défigurée, mais je raconte surtout ce que c'est de n'être représenté que par sa surface. Le regard de l'autre qui juge, qui interdit, qui freine. Comment on fait en fin de compte, pour être merveilleux, pour être qui on est à l'intérieur de nous mêmes. C'est aussi l'histoire d'un auteur qui ne s'aime pas beaucoup et qui essaie de trouver à l'intérieur de lui même la lumière. Et puis là, dans l'Impact, c'est sur l'écologie. Je sais aussi que si je présente d'abord le sujet qui m'intéresse, c'est à dire le sujet social et que je dis : je vais vous parler pendant 400 pages de la jungle de Calais. Je sais que je vais avoir assez peu de lecteurs. Mais si je fais une sorte d'abus de confiance, une sorte d'escroquerie et que je leur dis d'abord, à mes lecteurs et lectrices, vous allez avoir une grande aventure policière, avec des retournements de situation, avec des chausse trappes, avec des coups de théâtre. Ils vont le lire comme un roman ludique, comme un roman de plaisir. Mais à la fin, on aura quand même lu 400 pages sur le mouvement migratoire, 400 pages sur l'écologie. En fait, je laisse le choix aux lecteurs d'avoir deux lectures, une lecture plaisir et une lecture un peu plus consciente.
Philippe Chauveau :
Des sujets qui font polémique, des sujets d'actualité, des personnages qui sont souvent cabossés dans vos différents romans. Un auteur qui ne s'aime pas. Je reprends le terme que vous avez employé. Est-ce que l'écriture vous apaise ? Est-ce qu'en montrant, en pointant du doigt des sujets d'actualités qui font polémiques, qui nous font parfois du mal, est-ce que l'auteur aussi ne s'aime pas beaucoup ? Est-ce que c'est une façon, peut-être, de vous sentir mieux en disant : je fais ma part, je me rend utile.
Olivier Noreck :
C'est un peu ça, c'est le fait d'agir. Quand j'étais policier, on me demandait souvent Mais comment tu fais pour que ton quotidien, ce soit ce que l'homme recèle de pire en lui ? Comment tu fais pour voir quotidiennement des agressions, des meurtres, des enlèvements ? Comment je fais ? En fait, la question, je la retourne. Comment vous vous faites ? Parce que moi, quand on m'appelle le matin et que j'arrive dans une situation d'injustice ou une situation de violence et que j'essaie de rétablir un peu ça, je me dis que j'ai servi à quelque chose, que j'ai agi, que j'ai apporté, sinon ma pierre, au moins mon petit gravier. J'ai été utile, j'ai fait quelque chose et ce n'est pas ce que je fais, quelque chose que la situation est tolérable. Quand je suis redevenu simple citoyen, je ne faisais plus pour l'autre. Je n'agissaient plus pour l'autre. Et là, c'était beaucoup plus difficile pour moi. Réussir à avoir un moteur qui est un moteur de dénonciation, pour être plus éclairé, plus conscient, c'est agir. Donc oui, l'impression de faire quelque chose nous sort de cette sensation de ne pas être utile. Moi, j'ai besoin d'être utile parce que justement, comme je le disais tout à l'heure, je ne m'aime pas beaucoup. Mais c'est dans le regard de l'autre. Si je suis utile pour lui, alors que je trouve ma place dans la société.
Philippe Chauveau :
Votre actualité, Olivier Noreck Impact, votre nouveau titre chez Michel Lafon.
Olivier Norek
Impact
Livre 00'07'13"Philippe Chauveau :
Voici ce nouveau titre Olivier Norek, Impact. Et c'est vrai que je vous l'ai dit avant que nous fassions l'émission, j'ai reçu ce livre un peu comme un "uppercut". C'est un choc parce que vous nous mettez face à nos réalités. Vous allez nous parler de l'écologie, mais surtout vous proposez un roman donc il y a des personnages. On va faire connaissance au tout début avec un militaire qui s'appelle Virgile. Nous sommes en Afrique, les premières pages sont très fortes, très violentes. Qui est-il, Virgile Solal ?
Olivier Norek :
À la base, Virgile Solal est à la fois un ancien policier et un militaire. C'est un homme d'ordre qui sait en donner, en recevoir et les appliquer. C'est un homme qui, normalement, ne se pose pas de questions, qui agit. Il a toute confiance dans la hiérarchie. Et puis, à un moment donné, une fracture, une cassure personnelle va le faire changer. Va le faire réagir parce qu'il va être conscient d'une situation. On découvre Virgile Solal sur les terres du delta du Niger, qui a subi plus de 4000 marées noires. C'est un des premiers endroits sur terre impropre à la vie. Il n'y a plus de vie là bas, au bord du delta du Niger. Plus rien dans l'eau. Tout ce qui pousse est déjà mort. Et les gens qui sont autour crèvent petit à petit. Mais pour Virgil Solal qui travaille là bas en tant que militaire, il ne voit pas cette catastrophe. Il ne se pose pas de questions parce que même s'il la voit, ça reste pas chez lui. Exemple : deux enfants européens qui vont avoir un accident de manège seront toujours plus importants que les 6.000 enfants qui meurent tous les jours de famine en Afrique. C'est ce que j'appelle la peine et la culpabilité au kilomètre. Donc en fin de compte, c'est pas chez lui. Il ne considère pas ces gens là comme ses frères ou ses voisins. Donc voilà, ça ne le touche pas. Puis il va rentrer chez lui parce que sa femme est enceinte, il va avoir un bébé. Et ce bébé ne va jamais prendre sa première respiration à cause d'un problème pulmonaire dû à la pollution. Et là, cette distance, cette peine au kilomètre va le rattraper parce que ce qui lui arrive aujourd'hui devant cet enfant qui ne respire pas, c'est ce qu'il a vécu pendant des années là bas, en Afrique. Et c'est maintenant qu'il comprend et qu'il se révolte. Est-ce qu'il fallait un choc ? Est-ce qu'il fallait quelque chose de violent pour comprendre ? En gros, c'est ce que j'ai fait dans ce livre. J'ai voulu faire un livre violent, un livre choc aux phrases courtes. Un livre qui plus un livre réflexe, un livre de cris. Parce que des fois, il faut ça. Il faut un électrochoc pour comprendre une situation.
Philippe Chauveau :
Alors justement, on va reparler de Virgile. On va parler de l'intrigue et de tous ces thèmes que vous abordez. Vous le dites, ce livre est un cri. Il y avait toute la série Code 93, Surtension, Territoire, où vous parliez des banlieues. Il y avait eu les migrants de Calais dans Entre deux mondes, déjà des sujets de société. Là, on sent que c'est Olivier Norek qui transpire derrière chaque page et qui a envie de nous faire partager son ressenti et surtout, nous demande de réfléchir. C'est à dire qu'on ne peut pas lire cet ouvrage comme un simple polar, comme un simple roman noir.
Olivier Norek :
Non, ce serait être hypocrite que de dire que je n'ai voulu que raconter un polar. Il y a évidemment quelque chose derrière et pour la première fois dans un roman, j'ai même l'impression que ce qui est derrière ce message, en fait, est tellement important qu'il remplit et fait même déborder mes personnages. C'est pour ça qu'on a des personnages, on a une histoire, une enquête et un message qui sont tout aussi forts les uns les autres. C'est la première fois que j'étais en face de quelque chose que je ne pouvais pas prioriser.
Philippe Chauveau :
Ce qui est important, c'est de préciser qu'il y a vos personnages. Il à l'intrigue. Il y a aussi ces pages, ce que vous appelez nouvelles du monde où là, vous nous montrez, vous nous prouver que la planète part à vau-l'eau. Vous expliquez aussi, dans les toutes dernières pages, qu'elles ont été vos sources pour nous dire tout ce que je vous raconte là, c'est vérifié, c'est authentique, ça existe, ça arrive tous les jours. Donc ça, c'est important. Mais j'aimerais qu'on revienne sur ce personnage de Virgile, qui est votre personnage central. Quelque part, c'est un antihéros. On ne peut pas s'attacher à lui parce qu'il va quand même prendre des décisions radicales pour qu'autour de lui, on ouvre les yeux. Je ne trahit aucun secret en disant qu'il va employer des méthodes terroristes. Et là, en tant qu'auteur ou vous ne prenez aucun filtre, ou vous vous mettez face peut être à des détracteurs, c'est que vous citez des personnes, vous citez des noms de sociétés qui font partie de notre quotidien et vous les mettez là aussi face à leurs responsabilités. Pourquoi avoir fait ce choix là ou vous auriez pu édulcorer en restant à votre place d'auteurs de polars ?
Olivier Norek :
Oui, mais alors ça voudrait dire que l'auteur de polars n'aurait pas le droit de prendre des faits vérifiés, prouvés et de les intégrer dans un dans quelque chose de romanesque. Ce serait assez étrange aujourd'hui de nous enlever ce droit là, de parler, de s'offusquer, de se révolter. J'ai la même colère que Virgile Solal, qui est une colère due à toute cette inaction, à ces freins qui sont mis à cette transition écologique qui est nécessaire. Mais je ne partage pas avec lui sa décision, qui est d'aller jusqu'à la violence et à l'acte homicidaire. C'est bien pour ça aussi que je crée tout au long du livre un personnage, une aborigène, qui regarde le travail de cet activiste, Virgile Solal. Et la première chose qu'elle lui dit, c'est : " je suis pour votre combat, je suis contre le scénario que vous avez utilisé ". Plein de choses sont contre Virgile Solal. D'ailleurs, tout le monde est contre lui. Je suis moi-même contre Virgile Solal par rapport à ce choix là, qui est celui de la violence.
Philippe Chauveau :
On va suivre le parcours de Virgile Solal, qui est donc confronté à la mort de son enfant par la pollution. Désormais, il va se battre contre les pollueurs. C'est le point de départ de votre roman. Avez-vous écrit un polar ? Avez-vous écrit un roman sociétal ? Avez-vous écrit un pamphlet politique ?
Olivier Norek :
Est-ce qu'il est nécessaire de mettre un roman dans une case ? J'ai écrit Impact. Il tire sur plusieurs ficelles. Il va plaire à ceux qui aiment le polar. Il va plaire à ceux qui sont engagés dans l'écologie. Il va plaire aussi à ceux qui se posent des questions sur l'inaction du gouvernement ou sur l'inaction de la justice. C'est intéressant aussi de dire aux lecteurs si, au bout de dix pages, vous pensez avoir compris ce qu'était Impact, lisez 20 pages. Et là, vous vous direz que maintenant vous savez ce qu'est Impact. Puis lisez 50 pages. Et, vous allez-vous demander vraiment ce que vous avez dans les mains ? Ce que vous avez dans les mains, c'est un objet ovni. C'est un objet différent, assez inclassable parce que, justement, il va chercher chez vous les différentes personnalités, vos différentes facettes, et puis aussi vos différentes sensibilités.
Philippe Chauveau :
Je note aussi cette phrase : " c'est ta planète, et même si je suis souvent pessimiste, le plus grand secret à son sujet, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour la sauver. Et pour la sauver, il faut la connaître. " Et vous ? Quelle position allez-vous adopter face à Virgile Solal, le nouveau héros d'Olivier Norek ? Quel sera votre regard sur notre planète et sur la pollution qui l'impact et sur l'écologie en général. Impact, c'est votre actualité. Vous êtes publié chez Michel Lafon. Merci beaucoup.
Olivier Norek :
Merci.