Olivier Norek

Olivier Norek

Impact

Livre 00'07'13"

Philippe Chauveau :

Voici ce nouveau titre Olivier Norek, Impact. Et c'est vrai que je vous l'ai dit avant que nous fassions l'émission, j'ai reçu ce livre un peu comme un "uppercut". C'est un choc parce que vous nous mettez face à nos réalités. Vous allez nous parler de l'écologie, mais surtout vous proposez un roman donc il y a des personnages. On va faire connaissance au tout début avec un militaire qui s'appelle Virgile. Nous sommes en Afrique, les premières pages sont très fortes, très violentes. Qui est-il, Virgile Solal ?

Olivier Norek :

À la base, Virgile Solal est à la fois un ancien policier et un militaire. C'est un homme d'ordre qui sait en donner, en recevoir et les appliquer. C'est un homme qui, normalement, ne se pose pas de questions, qui agit. Il a toute confiance dans la hiérarchie. Et puis, à un moment donné, une fracture, une cassure personnelle va le faire changer. Va le faire réagir parce qu'il va être conscient d'une situation. On découvre Virgile Solal sur les terres du delta du Niger, qui a subi plus de 4000 marées noires. C'est un des premiers endroits sur terre impropre à la vie. Il n'y a plus de vie là bas, au bord du delta du Niger. Plus rien dans l'eau. Tout ce qui pousse est déjà mort. Et les gens qui sont autour crèvent petit à petit. Mais pour Virgil Solal qui travaille là bas en tant que militaire, il ne voit pas cette catastrophe. Il ne se pose pas de questions parce que même s'il la voit, ça reste pas chez lui. Exemple : deux enfants européens qui vont avoir un accident de manège seront toujours plus importants que les 6.000 enfants qui meurent tous les jours de famine en Afrique. C'est ce que j'appelle la peine et la culpabilité au kilomètre. Donc en fin de compte, c'est pas chez lui. Il ne considère pas ces gens là comme ses frères ou ses voisins. Donc voilà, ça ne le touche pas. Puis il va rentrer chez lui parce que sa femme est enceinte, il va avoir un bébé. Et ce bébé ne va jamais prendre sa première respiration à cause d'un problème pulmonaire dû à la pollution. Et là, cette distance, cette peine au kilomètre va le rattraper parce que ce qui lui arrive aujourd'hui devant cet enfant qui ne respire pas, c'est ce qu'il a vécu pendant des années là bas, en Afrique. Et c'est maintenant qu'il comprend et qu'il se révolte. Est-ce qu'il fallait un choc ? Est-ce qu'il fallait quelque chose de violent pour comprendre ? En gros, c'est ce que j'ai fait dans ce livre. J'ai voulu faire un livre violent, un livre choc aux phrases courtes. Un livre qui plus un livre réflexe, un livre de cris. Parce que des fois, il faut ça. Il faut un électrochoc pour comprendre une situation.

Philippe Chauveau :

Alors justement, on va reparler de Virgile. On va parler de l'intrigue et de tous ces thèmes que vous abordez. Vous le dites, ce livre est un cri. Il y avait toute la série Code 93, Surtension, Territoire, où vous parliez des banlieues. Il y avait eu les migrants de Calais dans Entre deux mondes, déjà des sujets de société. Là, on sent que c'est Olivier Norek qui transpire derrière chaque page et qui a envie de nous faire partager son ressenti et surtout, nous demande de réfléchir. C'est à dire qu'on ne peut pas lire cet ouvrage comme un simple polar, comme un simple roman noir.

Olivier Norek :

Non, ce serait être hypocrite que de dire que je n'ai voulu que raconter un polar. Il y a évidemment quelque chose derrière et pour la première fois dans un roman, j'ai même l'impression que ce qui est derrière ce message, en fait, est tellement important qu'il remplit et fait même déborder mes personnages. C'est pour ça qu'on a des personnages, on a une histoire, une enquête et un message qui sont tout aussi forts les uns les autres. C'est la première fois que j'étais en face de quelque chose que je ne pouvais pas prioriser.

Philippe Chauveau :

Ce qui est important, c'est de préciser qu'il y a vos personnages. Il à l'intrigue. Il y a aussi ces pages, ce que vous appelez nouvelles du monde où là, vous nous montrez, vous nous prouver que la planète part à vau-l'eau. Vous expliquez aussi, dans les toutes dernières pages, qu'elles ont été vos sources pour nous dire tout ce que je vous raconte là, c'est vérifié, c'est authentique, ça existe, ça arrive tous les jours. Donc ça, c'est important. Mais j'aimerais qu'on revienne sur ce personnage de Virgile, qui est votre personnage central. Quelque part, c'est un antihéros. On ne peut pas s'attacher à lui parce qu'il va quand même prendre des décisions radicales pour qu'autour de lui, on ouvre les yeux. Je ne trahit aucun secret en disant qu'il va employer des méthodes terroristes. Et là, en tant qu'auteur ou vous ne prenez aucun filtre, ou vous vous mettez face peut être à des détracteurs, c'est que vous citez des personnes, vous citez des noms de sociétés qui font partie de notre quotidien et vous les mettez là aussi face à leurs responsabilités. Pourquoi avoir fait ce choix là ou vous auriez pu édulcorer en restant à votre place d'auteurs de polars ?

Olivier Norek :

Oui, mais alors ça voudrait dire que l'auteur de polars n'aurait pas le droit de prendre des faits vérifiés, prouvés et de les intégrer dans un dans quelque chose de romanesque. Ce serait assez étrange aujourd'hui de nous enlever ce droit là, de parler, de s'offusquer, de se révolter. J'ai la même colère que Virgile Solal, qui est une colère due à toute cette inaction, à ces freins qui sont mis à cette transition écologique qui est nécessaire. Mais je ne partage pas avec lui sa décision, qui est d'aller jusqu'à la violence et à l'acte homicidaire. C'est bien pour ça aussi que je crée tout au long du livre un personnage, une aborigène, qui regarde le travail de cet activiste, Virgile Solal. Et la première chose qu'elle lui dit, c'est : " je suis pour votre combat, je suis contre le scénario que vous avez utilisé ". Plein de choses sont contre Virgile Solal. D'ailleurs, tout le monde est contre lui. Je suis moi-même contre Virgile Solal par rapport à ce choix là, qui est celui de la violence.

Philippe Chauveau :

On va suivre le parcours de Virgile Solal, qui est donc confronté à la mort de son enfant par la pollution. Désormais, il va se battre contre les pollueurs. C'est le point de départ de votre roman. Avez-vous écrit un polar ? Avez-vous écrit un roman sociétal ? Avez-vous écrit un pamphlet politique ?

Olivier Norek :

Est-ce qu'il est nécessaire de mettre un roman dans une case ? J'ai écrit Impact. Il tire sur plusieurs ficelles. Il va plaire à ceux qui aiment le polar. Il va plaire à ceux qui sont engagés dans l'écologie. Il va plaire aussi à ceux qui se posent des questions sur l'inaction du gouvernement ou sur l'inaction de la justice. C'est intéressant aussi de dire aux lecteurs si, au bout de dix pages, vous pensez avoir compris ce qu'était Impact, lisez 20 pages. Et là, vous vous direz que maintenant vous savez ce qu'est Impact. Puis lisez 50 pages. Et, vous allez-vous demander vraiment ce que vous avez dans les mains ? Ce que vous avez dans les mains, c'est un objet ovni. C'est un objet différent, assez inclassable parce que, justement, il va chercher chez vous les différentes personnalités, vos différentes facettes, et puis aussi vos différentes sensibilités.

Philippe Chauveau :

Je note aussi cette phrase : " c'est ta planète, et même si je suis souvent pessimiste, le plus grand secret à son sujet, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour la sauver. Et pour la sauver, il faut la connaître. " Et vous ? Quelle position allez-vous adopter face à Virgile Solal, le nouveau héros d'Olivier Norek ? Quel sera votre regard sur notre planète et sur la pollution qui l'impact et sur l'écologie en général. Impact, c'est votre actualité. Vous êtes publié chez Michel Lafon. Merci beaucoup.

Olivier Norek :

Merci.

  • PRÉSENTATION
  • PORTAIT
  • LIVRE
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