Olivier Maulin est un homme discret. Pourtant, depuis 10 ans, à raison d'un titre chaque année, il s'est imposé en librairie. Les libraires et les lecteurs sont attentifs à chacune de ses nouvelles publications.
De formation historique, après avoir travaillé aux archives historiques, il est aujourd'hui journaliste dans un magazine national. Mais c'est l'écriture qui a toujours fait vibrer Olivier Maulin. Si très jeune, il découvre la poésie et s'adonne lui-même à l'écriture de vers, le roman arrive plus tardivement dans son parcours. Influencé par Louis-Ferdinand Céline, il publie son premier livre en 2006 « En attendant le roi du monde », primé au Festival Etonnant Voyageurs. Le goût de l'ailleurs, des personnages décalés, en marge, un regard acide sur la société sont les éléments que l'on retrouve dans les titres d'Olivier Maulin, tels « Derrière l'horizon », « Le bocage à la nage » ou « La fête est finie ».
Pour son dixième livre, Olivier Maulin a fait le choix d'un autre registre même si son écriture fluide et concise reste la même. Avec « Les retrouvailles », l'auteur nous présente Laurent Campanelli, un anti-héros de notre époque. Il a une quarantaine d'années, une vie bien réglée dans laquelle il s'ennuie un peu, une épouse qu'il aime sans plus vraiment la regarder, deux ados un brin pénibles et un métier d'informaticien qui ne le comble guère mais le fait vivre. Par la magie des réseaux sociaux, Laurent retrouve un copain d'enfance Michel. Ni une ni deux, on décide de se retrouver en famille pour un week-end à la montagne dans les Alpes, dans une ancienne colonie de vacances qu'Yvon, le frère de Michel, a acheté pour la retaper. Les retrouvailles s'annonce sympa. Mais… Ca démarre comme un roman contemporain sur les charmes de l'amitié éternelle, ça vire au drame psychologique quand les souvenirs et les rancoeurs surgissent et ça finit dans le thriller le plus sanglant quand les couloirs déserts de l'ancienne colo se transforme en champ de bataille.
Et le lecteur adore. On sourit à cette famille qui part à la neige en petites chaussures de ville, on s'amuse aux règlements de compte des amours adolescentes, on frémit aux premiers coups de griffes, on tremble quand tombe la nuit sur ces personnages coupés du monde, abandonnés par leurs téléphones portables et on jubile d'effroi quand la lampe torche fait briller les couteaux de cuisine posés négligemment.
De la première à la dernière page, ce roman est une petite pépite construit avec beaucoup de finesse, d'intelligence dans un univers très hitchcockien. Un livre qui séduira aussi bien les amateurs de thrillers que les fans de littérature.
Un coup de cœur que je vous recommande assurément.
« Les retrouvailles » d'Olivier Maulin est publié aux éditions du Rocher.

Philippe Chauveau : Bonjour Olivier Maulin, votre actualité aux éditions du Rocher « Les retrouvailles ». Vous êtes un auteur discret mais que l'on suit avec attention, en effet c'est votre dixième roman en dix ans. Votre premier livre c'était « En attendant le roi du monde » qui avait été primé au festival « Étonnant voyageur ». Quel est votre bilan de ces dix annés ?

Olivier Maulin : Il est un peu tôt pour faire un bilan je veux continuer encore un écrire, j'en ferai un quand j'aurai écrit 50 romans ! Mais dans les grands moments, il y a oui le prix du festival « Étonnant voyageur », c'était une belle entrée en matière, ça a permis au livre d'avoir une bonne couverture.

Philippe Chauveau : Vous êtes de formation d'Historien pour quoi avoir choisi l'écriture ?

Olivier Maulin : C'est mystérieux parce qu'il ne s'agit pas de romans historiques, mais il y a quand même dans mes livres souvent une préoccupation de mes personnages pour l'Histoire.

Philippe Chauveau : Je le disais dix romans en dix ans, y a t-il un fil rouge dans votre écriture ? On sent au fil de vos romans qu'il y a un ton assez sarcastique, de l'humour noir...

Olivier Maulin : Oui il y a un fil rouge, même si mon dernier livre n'est pas forcément le plus représentatif, mais il s'agit toujours de parler de personnes qui ne sont pas bien dans leur époque, qui sont en marge. Et ces personnages vont prendre la tangente et créer des sortes de contre-monde.

Philippe Chauveau : Et à travers ces personnages en marge c'est aussi une vision de notre société que vous exprimez. Une vision parfois un petit peu sinistre ?

Olivier Maulin : Sinistre je ne sais pas, mais en tous cas assez critique de la société, de ce qu'elle est devenue et de ses idéaux.

Philippe Chauveau : Il est là le rôle de l'écrivain selon vous, de prendre la plume pour dénoncer ?

Olivier Maulin : Dénoncé pas forcément, je pense que le roman qui se mettrait uniquement à dénoncer deviendrait vite indigeste, mais en revanche je pense que le roman est là pour parler de l'époque. Il y a différente manière de le faire, celle que j'ai choisi c'est de se mettre en marge pour observer cette société.

Philippe Chauveau : Je le disais au début de notre entretien, vous êtes un auteur discret pourtant vous êtes dans le milieu littéraire depuis dix ans, cette discrétion est voulue ? Vous vous sentez en marge de cet univers littéraire.

Olivier Maulin : C'est vrai que je n'y suis pas complètement, pour plusieurs raisons, déjà car c'est un milieu qui n'est pas si accueillant que ça. Après il n'y a pas non plus une volonté de me mettre en marge, mais j'ai une vie en dehors de la littérature, j'ai une famille et j'ai pas envie de courir les salons tous les week end.

Philippe Chauveau : Olivier Maulin votre actualité aux éditions du Rocher ça s'appelle « Les retrouvailles »

Philippe Chauveau : Olivier Maulin, dans votre dixième roman « Les retrouvailles » aux éditions du Rocher, on retrouve un petit peu, ce qui fait votre marque de fabrique, des personnages en marge, l'envie d'un ailleurs puisque les personnages vont partir en montagne. Mais on est aussi dans un univers complètement différent, on commence comme gentiment avec cette famille qui vient prendre le soleil en montagne, puis très vite on va plonger dans le Thriller. C'était votre volonté de changer de genre ?

Olivier Maulin : Oui, alors en fait, les 9 romans que j'ai écris avant celui-ci se ressemblaient dans l'esprit et j'avais déjà fait une tentative de roman noir à la demande d'un éditeur qui s'appelait « Le dernier contrat » et j'avais particulièrement aimé cette expérience.

Philippe Chauveau : On plante le décor, Laurent a plutôt réussi sa vie, il a une femme, deux enfants tout se passe bien. Et un jour sur les réseaux sociaux il est contacté par un ancien ami, Michel, ils renouent le contact. Michel propose à Laurent de venir passer le week end à la montagne avec sa famille. Voilà le schéma, au départ ça se passe bien, mais la situation va vite évoluer.

Olivier Maulin : Oui, il y a plusieurs raisons à ça. Déjà il a réussi sa vie comme vous dites, mais son boulot ne l'enthousiasme pas vraiment et au fond de lui il a des frustrations. Il avait des ambitions intellectuelles, il voulait faire des études d'Histoire.

Philippe Chauveau : Il y a quelques petites références cinématographiques, on ne peut s’empêcher de penser à « Shining» avec ce centre de vacance isolé à la montagne et puis il y a un côté très hitchcockien, d'ailleurs Flore ressemble à une héroïne d'Hitchcock, vous assumez ces références ?

Olivier Maulin : Oui tout à fait, il y a des petits clins d’œils. C'est un livre assez court et je le voulais assez cinématographique, c'est-à-dire quelque chose de très visuel.

Philippe Chauveau : Ce qui est incroyable c'est que la vie de Laurent va exploser en vol, mais le lecteur prend un grand plaisir à le voir s'empêtrer dans cette vie qui s’effrite, c'est un petit peu cynique ?

Olivier Maulin : Il y a un peu de cruauté, même si j'ai essayé de montrer Laurent pris dans cette toile d'araignée en restant neutre, sans trop l'enfoncer et sans trop le faire passer pour une victime. Mais la cruauté c'est plus par rapport à ce qu'il lui arrive, de son monde qui va se déliter en un week end.

Philippe Chauveau : En tous cas on prend beaucoup de plaisir à la lecture de ces aventures de Laurent et de sa petite famille, ça s'appelle « Les retrouvailles », c'est le nouveau roman d'Olivier Maulin aux éditions du Rocher.