Si je vous parle de Versailles et de ses jardins, la plupart d’entre vous répondront André Le Nôtre, c’est bien ! Mais si j’évoque le jardinier de Versailles, là, immanquablement, vous me répondrez Alain Baraton. Et vous aurez raison !
Depuis des années maintenant, c’est à ce surnom que répond Alain Baraton qui, depuis 1981, a non seulement su entretenir et embellir le parc royal mais a aussi eu la volonté de valoriser son métier et inciter des vocations.
Rien ne prédestinait Alain Baraton à vivre les mains dans la...
Dictionnaire amoureux des arbres d'Alain Baraton - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Alain Baraton.
Alain Baraton :
Bonjour
Philippe Chauveau :
Votre actualité, ce dictionnaire amoureux des arbres que nous allons évoquer, c'est aux éditions Plon, dans cette. Dans cette belle collection, on vous connaît avec un surnom, quand on dit Alain Baraton : "oui, c'est le jardinier de Versailles". Ça vous colle à la peau ce surnom, vous avez d'ailleurs donné ce titre à l'un de vos livres. Avant d'évoquer d'ailleurs tous ces ouvrages que vous avez écrit, il y en a une vingtaine, quel...
Dictionnaire amoureux des arbres d'Alain Baraton - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Ce livre, Alain Baraton, ce Dictionnaire amoureux des arbres, dans la belle collection des éditions Plon, prend place dans une bibliographie déjà conséquente. Lorsque vous avez commencé à prendre la plume pour raconter votre passion, votre amour des arbres et de la nature. Quelle a été votre envie ? C'était un besoin pour vous ? C'était un besoin de transmettre, vous me l'avez dit. Mais entre l'envie et le fait de prendre la plume, il y avait quand même un pas à franchir. Pourquoi ?
Alain Baraton :
Et...
Dictionnaire amoureux des arbres d'Alain Baraton - Livre - Suite
Alain Baraton
Dictionnaire amoureux des arbres
Présentation 00'02'08"Si je vous parle de Versailles et de ses jardins, la plupart d’entre vous répondront André Le Nôtre, c’est bien ! Mais si j’évoque le jardinier de Versailles, là, immanquablement, vous me répondrez Alain Baraton. Et vous aurez raison !
Depuis des années maintenant, c’est à ce surnom que répond Alain Baraton qui, depuis 1981, a non seulement su entretenir et embellir le parc royal mais a aussi eu la volonté de valoriser son métier et inciter des vocations.
Rien ne prédestinait Alain Baraton à vivre les mains dans la terre mais il faut parfois répondre aux injonctions paternelles, surtout quand les résultats scolaires ne sont pas à la hauteur. Et voilà le jeune Baraton dans un lycée horticole où il découvre un monde insoupçonné. Puis, le destin faisant bien les choses, un job d’été lui permet d’intégrer l’équipe des jardiniers du château de Versailles. Depuis, Alain Baraton n’a jamais quitté ce lieu prestigieux même si son quotidien est aujourd’hui davantage dans un bureau à gérer une cinquantaine de personnes que dans les massifs à planter des bulbes ou tailler des buis. Mais le plaisir et l’amour de la nature est toujours bien là. Une passion qu’il partage depuis plusieurs années avec des chroniques régulières en radio et en télévision et en publiant régulièrement des ouvrages. Parmi une vingtaine de titres, citons « Le jardinier de Versailles » en 2006, « Je plante donc je suis » en 2010, « L’amour au jardin » en 2010 et aujourd’hui, ce « Dictionnaire amoureux des arbres ».
Dans cette belle et originale collection des éditions Plon, Alain Baraton laisse libre cours à son attachement aux arbres et à la nature en général et déploie son goût de l’écriture. Avec près de 200 entrées, parfois inattendues, il nous raconte les arbres mais partage aussi des anecdotes, des rencontres, des coups de cœur et des coups de gueule.
Un livre non dénué de charme et de poésie à feuilleter sous les branches d’un arbre centenaire en écoutant bruisser les feuilles.
« Le Dictionnaire amoureux des arbres » d’Alain Baraton est publié aux éditions Plon.
Alain Baraton
Dictionnaire amoureux des arbres
Portrait 00'07'03"Philippe Chauveau :
Bonjour Alain Baraton.
Alain Baraton :
Bonjour
Philippe Chauveau :
Votre actualité, ce dictionnaire amoureux des arbres que nous allons évoquer, c'est aux éditions Plon, dans cette. Dans cette belle collection, on vous connaît avec un surnom, quand on dit Alain Baraton : "oui, c'est le jardinier de Versailles". Ça vous colle à la peau ce surnom, vous avez d'ailleurs donné ce titre à l'un de vos livres. Avant d'évoquer d'ailleurs tous ces ouvrages que vous avez écrit, il y en a une vingtaine, quel gamin étiez-vous ? C'est vrai que vous n'étiez vraiment pas bon à l'école et que c'est un peu ce qui a fait votre carrière ?
Alain Baraton :
J'étais un gamin qui s'ennuie à l'école, j'étais un gamin attentif, mais parfois dissipé. Mais en fait, ce qui est sûr, je ne voulais pas suivre l'exemple de mes aînés. Mes ainés étaient de brillants élèves, puis étudiants, ils donnaient totale satisfaction à mes parents. Moi, j'étais le gamin qui inquiète. Moi, la phrase "Qu'est-ce qu'on va faire de toi ?" je l'ai vraiment et souvent entendu. Vous parliez du surnom Le jardin de Versailles, avouez que c'est un joli surnom, car à 17 18 ans, l'autre surnom que j'avais dans ma famille était La bouse. Vous remarquerez quand même qu'il y a du progrès. La bouse, parce que, justement, mes parents, aux vues de mes résultats scolaires, m'avaient inscrit d'autorité à une école horticole. Ce n'était pas vraiment mon truc. Le jardin n'était pas ma passion. Mais par contre, cette idée de mon papa de m'inscrire d'autorité dans cette école m'a permis au moins une chose découvrir les arbres dont je suis tombé amoureux.
Philippe Chauveau :
Néanmoins, est ce qu'il y avait un jardin à la maison ? Est-ce que vous aviez déjà un peu l'habitude de travailler la terre avec vos parents ? Ou pas du tout ? Comment faites-vous vos premiers pas dans ce lycée horticole ?
Alain Baraton :
Alors, mes parents avaient une petite maison du côté de La Celle-Saint-Cloud, avec un jardin que j'entretenais moyennant finances, bien évidemment. C'était le moyen que j'avais pour gagner un peu d'argent de poche, mais surtout à quelques centaines de mètres la maison de mes grands-parents. C'est une maison très, très simple, une maison basse en bois, une maison achetée entre les deux guerres à renfort d'économie. Mais il y avait dans ce jardin qui était grand, un potager sublime et mon grand-père l'était tout autant. Et donc je garde de mon grand-père, l'image de ce jardinier extraordinaire qui avait un jardin d'une beauté rare et pourtant, c'était un potager. Donc, mes premiers pas dans le jardin, c'était la tonte de la pelouse et le ramassage des feuilles moyennant finance. Et la visite de mon grand-père et la découverte de son jardin là, pour le plaisir.
Philippe Chauveau :
Je me permets de revenir sur tous ces souvenirs qui vous ont façonné parce que c'est quand même un clin d'œil du destin qui vous amène dans l'équipe des jardiniers de Versailles. C'est pour un job d’été ?
Alain Baraton :
Un job d'été. Nous sommes en 1976. Je viens de végéter sans aucun jeu de mot, trois ans dans un internat d'une école horticole. Il me faut trouver un emploi parce que chez les Baraton, on se paie ses vacances si on veut partir seul. Et je découvre cet emploi de caissier dans le parc, hier comme aujourd'hui, permet l'accès aux voitures. Je suis donc dans une petite guérite à l'entrée du domaine et je fais payer les voitures. Le jardinier en chef de l'époque, monsieur Chon, que nous appelions Nonoeil ou Zorro, avouez que ce n'est pas très intelligent, se prend je crois de tendresse pour moi, d'affection et il me propose un emploi d'aide jardinier stagiaire. C'est un emploi qui ne me dit pas grand-chose je dois vous l'avouer, mais il me propose avec un logement. Vous avez 19 ans, vous êtes le cinquième d'une famille de sept enfants, vous rêvez de voler de vos propres ailes, on vous propose un emploi et un grand logement. Que faire que d’accepter ? C'est donc en septembre 1976, mon entrée dans les jardins de Versailles.
Philippe Chauveau :
Aujourd'hui, vous êtes toujours responsable des équipes des Jardins de Versailles. Parallèlement, vous vous occupez aussi du domaine de Marly. La passion est la même ? Que ressentez-vous encore aujourd'hui lorsque vous arpenté les allées du parc de Versailles ?
Alain Baraton :
Je reste passionné par ce que je fais, parce que Versailles ce n'est pas qu'un parc historique, c'est 850 hectares de nature. C'est un jardin français, un jardin paysager, un potager. Ce sont des champs. Ce sont des bois. Ce sont des millions en temps normal, bien sûr, des millions de visiteurs. C'est un endroit où nous développons actuellement la biodiversité. Nous regardons et observons la faune. C'est un lieu magique. Aujourd'hui j'ai toujours autant envie de travailler à Versailles que je n'avais cette envie en 1976.
Philippe Chauveau :
J'ai l'impression que vous avez redonné ses lettres de noblesse au mot jardinier. Parce que très souvent, on nous parle des paysagistes. Et il y a peut-être cette petite guéguerre. Quand on n'est pas vraiment dans cet univers là, on a l'impression qu'il y a une guéguerre entre les jardiniers et les paysagistes. Vous, vous avez eu envie de réunir ces deux milieux ?
Alain Baraton :
Je déteste le terme de paysagiste.
Philippe Chauveau :
D'accord.
Alain Baraton :
Je dis souvent ça, non sans humour, que le paysagiste est au jardinage ce que le visagiste est au coiffeur. Ce sont des termes qui ne veulent pas dire grand-chose. Dans le terme paysagiste il y a la jeune personne qui a fait des études brillantes et qui dirige, et dans le côté jardinage ou jardinier, ce sont des personnes plus modestes qui exécutent. La réalité n'est pas du tout celle-ci. André Le Nôtre était jardinier. Nous sommes jardiniers. J'observe que les plus grands jardiniers d'aujourd'hui, je pense à Gilles Clément. Eux aussi, revendiquent le titre de jardinier. Le jardinier, ne l'oubliez jamais est le plus noble des métiers, ce n'est pas moi qui le dis, c'est Voltaire.
Philippe Chauveau :
Avez-vous le même plaisir à découvrir un jardin accolé à une demeure royale ou princière en tout cas patrimonial qu'à simplement vous promener dans la nature à observer les arbres et les plantes ? C'est la même chose ?
Alain Baraton :
Plus. J'ai beaucoup plus de plaisir aujourd'hui à apprécier ces jardins qu'autrefois. Autrefois, je préférais très honnêtement les grandes parties naturelles, les espaces boisés et les parties sauvages des champs à perte de vue. Aujourd'hui, j'ai conscience que les jardins, quand ils sont bien conçus, sont plus que de simples jardins. Ce sont souvent des œuvres de paix et ce sont des lieux où il fait bon vivre. Et je pense toujours à ceux qui ont eu l'idée de créer ou de restaurer le jardin, d'y planter des végétaux. Moi, quand je vois un arbre dans un jardin, je ne vois pas qu'un chêne ou un frêne, je vois l'homme ou la femme qu'il l'a planté il y a cinquante, cent ans, peut être bien davantage. Et donc, je pense à tous ceux qui m'ont permis, grâce à leur travail, de découvrir leur jardin aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
Être jardinier est, semble-t-il, un métier assez solitaire. On est seul au contact de la terre et de la nature. Au contraire, vous, vous avez voulu parler de votre métier. Vous avez publié une vingtaine d'ouvrages. Vous avez des chroniques régulièrement sur France Inter ou sur La 5. Pourquoi cette envie de partager vos connaissances et votre enthousiasme et votre goût pour la nature ?
Alain Baraton :
Le métier du jardinier est certainement le métier où l'on transmet le plus. On ne plante pas pour soi, on plante pour les générations à venir. Quand on a un potager, on ne récolte pas pour soi. Quand on connaît le prix des pommes de terre, est-ce vraiment utile de se baisser aussi souvent dans la journée pour récolter quelques kilos ? On travaille toujours pour les autres et je constate que le métier de jardinier est un métier individualiste, mais où la collectivité compte énormément. On travaille en équipe, on travaille pour les autres et pour le plaisir des autres. Donc, effectivement, moi qui suis un peu solitaire dans le mental, je travaille toujours pour les autres.
Philippe Chauveau :
Et ce partage de cette passion pour le prouvez une fois encore avec ce nouveau titre, c'est le Dictionnaire amoureux des arbres, aux éditions Plon.
Alain Baraton
Dictionnaire amoureux des arbres
Livre 00'06'58"Philippe Chauveau :
Ce livre, Alain Baraton, ce Dictionnaire amoureux des arbres, dans la belle collection des éditions Plon, prend place dans une bibliographie déjà conséquente. Lorsque vous avez commencé à prendre la plume pour raconter votre passion, votre amour des arbres et de la nature. Quelle a été votre envie ? C'était un besoin pour vous ? C'était un besoin de transmettre, vous me l'avez dit. Mais entre l'envie et le fait de prendre la plume, il y avait quand même un pas à franchir. Pourquoi ?
Alain Baraton :
Et si c'était tout simplement l'envie ou le besoin d'exister ? J'ai le sentiment, quand j'étais enfant, de ne pas être considéré comme j'aurais aimé l'être. Et même à l'âge adulte, j'ai eu bien du mal, parfois, à m'imposer par mes idées ou mes désirs. L'écriture vous permet de coucher sur le papier ce que vous avez envie d'exprimer. Le besoin d'écrire c'est un besoin d'exister, mais surtout de transmettre ce que j'ai appris de mes prédécesseurs et de ce que l'on appelle pudiquement les anciens. Donc, les livres, c'est pour me venger d'un passé parfois pas très glorieux, c'est pour le plaisir d'écrire et le plaisir d'informer.
Philippe Chauveau :
On sait que la nature est une beauté, mais une beauté éphémère si on ne sait pas l'entretenir. Est-ce qu'écrire, c'est aussi une façon de laisser une trace plus tangible ? Les livres sont bel et bien là. Vous avez aussi cette démarche de laisser une trace ?
Alain Baraton :
Je crois que c'est important, et les jardiniers sont les seuls capables, en plantant des arbres, de laisser derrière eux des monuments. Mais ils sont anonymes, ce qui fait la beauté de leur métier. Ce n'était pas vraiment la part de la trace. Arbres aujourd'hui souffrent. Ils souffrent du réchauffement climatique, d'une déforestation en Amazonie et en Afrique. Absolument incroyable. Ils souffrent en France de la bêtise des hommes et de l'absence de lois qui les protègent. Et parler de cette situation me permet peut-être aussi de mieux aider à les protéger. Ce livre c'est une déclaration d'amour pour les arbres.
Philippe Chauveau :
Votre nom prend place dans la belle collection initiée par Jean-Claude Simon, des dictionnaires amoureux. C'est tout sauf objectif, ces Dictionnaires amoureux sont très subjectifs mais c'est ce qui fait le charme de cette collection. Dans toutes les entrées, il y en a près de 200, vous nous parlez bien sûr de pratiquement tous les arbres qui peuvent exister ou ceux qui ont existé qui n'existent plus. Vous racontez aussi des anecdotes, des rencontres et des coups de cœur et des coups de gueule. Comment avez-vous construit ce dictionnaire ? Est-ce que dès le départ, vous saviez quelles seraient les entrées ? Est-ce que ça s'est fait comme ça au fil du temps, au fil des jours ?
Alain Baraton :
Au début, vous prenez une feuille de papier, un stylo, une règle et vous faites un tableau. Vous faites la liste, des heures pour ne pas en oublier un. Un dictionnaire amoureux où je ne parlerai ni du chêne et du marronnier ne serait pas complet. Et puis, je rajoute le zamana, qui est un arbre extraordinaire qui a besoin d'être reçu. Et puis je vais parler de tel ou tel jardinier en oubliant un autre. Et puis, je me rends compte finalement que non. C'est un livre qui s'écrit avec le cœur. Il n'y a pas de tableau.
Philippe Chauveau :
Il y a des anecdotes aussi que vous racontez notamment ces graines qu'on a emmenées sur la Lune. Et puis ensuite, on les a replantées pour voir s'il y aurait des différences.
Alain Baraton :
Les arbres de lune, en plus quand on sait la maladresse des techniciens qui vont les faire tomber, etc. Et puis l'idée qu'aujourd'hui, l'un des premiers astronautes américains soit enterré avec, aux pieds de sa tombe, un arbre de lune. J'ignorais complètement cette histoire des arbres de lune. Je savais que les scientifiques emmènent des plantes dans l'atmosphère pour voir leur comportement. Simplement, il y a un problème avec les plantes. La plante sur terre se dirige vers la lumière, ce qui veut dire que dans l'espace, les branches iraient un peu partout. Mais les racines, il n'y a pas de pesanteur, elles vont sortir du pot ? Et comment faire pour arroser ? Tout cela est très complexe. J'essaie de l'expliquer au mieux. Je parle de la conquête spatiale avec les plantes.
Philippe Chauveau :
On connaissait le président Pompidou, grand amateur de poésie, et on le connaissait aussi grand amateur de la nature. C'est lui qui a fait en sorte que l'on arrache plus les arbres sur les bords des routes. C'est ce que vous racontez avec ce drame en parallèle de Jacques Chaban-Delmas.
Alain Baraton :
C'est lui qui aurait aimé. J'ai reproduit la lettre qu'il adresse à Jacques Chaban-Delmas. Une lettre exceptionnelle, magnifique. Cet homme qui roulait en Porsche, à qui l'on doit les premières autoroutes de France et qui prend la défense des arbres qui font et qui contribuent au patrimoine et à la beauté de la France. Et cet homme, donc, ordonne au premier ministre de l'époque, dans des termes très savoureux, d'arrêter le massacre ou le long des routes. Et malheureusement, sa lettre sera sans effet. L'épouse de Jacques Chaban-Delmas se tient quelques semaines après avec sa voiture contre un arbre. Évidemment, la chose est bien triste et bien délicate. Mais il est vrai que Georges Pompidou rappelait que ces arbres le long des routes font la beauté du paysage.
Philippe Chauveau :
Et puis, il y a aussi quelques coups de gueule, de gentil coup de gueule dans certaines des entrées. Vous nous rappelez qu'il n'y a aucun grand jardinier au Panthéon, par exemple. Et puis, vous rappelez aussi que René Dumont, en 74 ans, fut le premier candidat écologiste à la présidentielle et qu'il n'a pas vraiment été écouté. Malheureusement, la situation perdure un peu.
Alain Baraton :
Il a même été raillé. Et quand on écoute aujourd'hui, quand on va sur le Net et qu'on écoute les discours de René Dumont, on est pétri tellement son discours est d'actualité. Quand il vous parle des pommes qui ne contiennent que du pesticide, quand il vous parle de l'eau qui risque de manquer demain, de l'eau potable bien évidemment, c'est absolument incroyable à quel point cet homme était un visionnaire. Et puis j'en profite également, mais c'est un livre positif, j'en profite quand même pour rappeler qu'en France, aucune loi ne protège vraiment les arbres. Je dis bien aucune. On a beau dire " mais si dans ma ville, il y a un arrêté municipal"... Tout ça est pipeau complet. Il faut une loi pour que des arbres comme l'arbre du square Viviani, le plus vieil arbre de Paris, il n'est pas en danger fort heureusement, mais il devrait être protégé au même titre que le bâtiment voisin, Notre Dame de Paris.
Philippe Chauveau :
Alors, votre démarche, elle est là aussi. Notamment par les livres. C'est d'appeler à la vigilance, d'appeler au respect de la nature et des arbres. C'est aussi une sorte de mission par l’écriture ?
Alain Baraton :
Bien sûr, bien sûr. Comment voulez-vous qu'aujourd'hui, des gamins soient sensibles à la déforestation en Amazonie quand ils voient depuis leur fenêtre, des chênes, des cèdres coupés simplement pour augmenter la capacité d'accueil d'un parking ? Et je ne crois pas qu'on puisse défendre une cause quand on ne connaît pas la cause en tant que telle. Là, au moins, avec cet ouvrage, on sait tout ou presque sur les arbres. Et comment ne pas tomber amoureux de ces végétaux capables de vivre, j'allais dire 1000 ans et plus, c'était une formule chère à La Fontaine. Les plus vieux arbres sur terre sont âgés de 9000 ans. J'ai bien dit neuf mille ans que je ne me trompe pas. Ce sont des sapins de Noël qui vivent dans le nord de la Norvège. Est-ce que neuf mille ans pour un arbre, c'est déjà flirter avec l'immortalité ?
Philippe Chauveau :
Et tout cela, ça nous ramène à notre condition humaine et ça nous offre une belle leçon d'humilité. Voilà un livre que vous allez savourer. Vous allez apprendre plein de choses et vous allez prendre aussi un grand moment de plaisir. Je vous conseille d'aller le lire soit au jardin ou dans un square. Vous vous asseyez sous un banc et vous le lisez en écoutant bruisser les feuilles dans le vent. Ce sera un moment magique. C'est le Dictionnaire amoureux des arbres. C'est aux éditions Plon. Merci beaucoup Alain Baraton.
Alain Baraton :
Merci.