Tatiana de Rosnay

Tatiana de Rosnay

Manderley for ever

Le livre 5'42

Tatiana de Rosnay, « Manderley for ever », le titre était une évidence. On rappelle qu'il s'agit d'une biographie de Daphné du Maurier à qui l'on doit ce fameux roman « Rebecca » et « Rebecca » c'est le manoir de Manderley, le titre s'est imposé tout de suite ?
En fait, moi je voulais l'appeler « Manderley » avec cette photo de Daphné rebelle, et c'est mon éditeur qui m'a dit non, que c'était un peu sec. Ils m'ont proposé « Manderley for ever » et j'ai trouvé ça extraordinaire, parce que c'est vraiment l'essence du livre.
Manderley, ce n'est pas seulement une maison, c'est l'imaginaire de Daphné donc j'ai adoré ce titre immédiatement.
J'aimerais aussi que l'on insiste sur la manière dont vous avez construit le livre, c'est une biographie chronologique mais vous nous présentez cela aussi comme une sorte d'enquête que vous avez menée en allant sur les lieux même de la vie de Rebecca...
C'est marrant vous avez dis « la vie de Rebecca »...
Lapsus révélateur... la vie de Daphné du Maurier...
En fait, je n'avais jamais écrit de biographie, donc quand j'ai été confrontée à toute cette masse de recherches, il fallait que je trouve mon chemin à moi. Et comme je suis une obsédée des lieux, à cause d'elle, je suis partie en Cornouailles,
pour me planter devant les maisons. Donc, je vous décris ces maisons telles qu'elles sont mais j'apparais vraiment très peu, puisque c'est le roman de la vie de Daphné, donc je ne voyais pas l'intérêt de me faire rentrer dans cette recherche.
Il y a les lieux, et il y a la famille, avec ce père comédien, cette mère qui s'occupe de la maison et deux sœurs, dont une qui essaiera d'écrire avec moins de succès.
Deux sœurs dans l'ombre, une sœur artiste peintre, Jeanne, la cadette et Angela l'ainée qui écrivait elle aussi. Le père acteur, qui était une espèce de grand provocateur. Daphné, quand elle a publié « Rebecca » en 1938, ça a été un grand ouragan.
Les autres du Maurier sont passés à la trappe, d'ailleurs aujourd'hui peu de gens en France savent qu'elle est la fille d'un acteur célèbre, et qu'elle avait une sœur romancière qui a publié dix romans.
Vais-je vous choquer si je vous dis que Daphné du Maurier avait un coté égotique ? Parce que, même quand elle est épouse et mère de famille, on sent que c'est elle et l'écriture avant tout.
Vous ne me choquez pas, on peut même dire qu'elle était égoïste. Mais si Daphné avait été un homme, est-ce qu'on aurait posé les mêmes questions ? Est-ce qu'on aurait dit « Ah, il a sacrifié sa vie de famille pour l'écriture » ? Non, on l'aurait jamais dit.
Donc quelques part, elle a été incroyablement moderne, elle rêvait d'être publiée pour gagner son indépendance financière, elle ne voulait pas être la femme de quelqu'un.
Dans l'enquête que vous avez menée, vous vous êtes penchée sur les racines françaises de Daphné du Maurier et vous êtes allée jusque dans la Sarthe d'où est issue la famille du Maurier. Qu'avez-vous ressentie quand vous étiez au cœur même de son passé ?
Alors, ce qui m'a le plus frappée, c'est quand je me suis retrouvée en face d'une toute petite fermette qui s'appelle la ferme Le Maurier. Son arrière arrière-grand-père est né là, il était souffleur de verre.
Son grand-père Georges leur avait toujours dit qu'ils descendaient d'une famille aristocratique, que tout avait brulé pendant la révolution. Et Daphné a donc voulu en savoir plus sur sa famille française dont elle était très fière.
Elle découvre alors qu'elle descend d'un Monsieur Busson né dans cette ferme, parti s'expatrier en Angleterre pendant la Révolution parce qu'il avait des problèmes d'argent. Evidemment, il a trouvé plus chic de se faire appeler Monsieur Busson du Maurier…
Avec cette biographie, vous aviez envie que l'on sorte Daphné du Maurier d'une catégorie dans laquelle on l'aurait enfermée en tant qu'auteur ?
Oui ! Il faut arrêter de croire que Daphné du Maurier écrit des romans à l'eau de rose ou des romans de gare d'ailleurs, c'était un excellent écrivain.
Il faut la découvrir et la relire, et je suis très heureuse de savoir que grâce à ce livre et à cette nouvelle édition de « Rebecca » des gens vont se replonger dans un univers qui était peut-être tombé un peu dans l'oubli.
Merci Tatiana de Rosnay, pour nous faire partager cette passion pour ce personnage incroyable qu'est Daphné du Maurier, « Manderley for ever », c'est votre actualité, une coédition Héloïse d'Ormesson et Albin Michel.
On pourra toujours revoir le film d'Hitchcock avec Laurence Olivier et Joan Fontaine et on pourra surtout se replonger avec bonheur dans la toute nouvelle traduction de « Rebecca », l'un des chefs d'oeuvre de Daphné du Maurier chez Albin michel..

Philippe Chauveau :
Tatiana de Rosnay, « Manderley for ever », le titre était une évidence. On rappelle qu'il s'agit d'une biographie de Daphné du Maurier à qui l'on doit ce fameux roman « Rebecca » et « Rebecca » c'est le manoir de Manderley, le titre s'est imposé tout de suite ?

Tatiana de Rosnay :
En fait, moi je voulais l'appeler « Manderley » avec cette photo de Daphné rebelle, et c'est mon éditeur qui m'a dit non, que c'était un peu sec. Ils m'ont proposé « Manderley for ever » et j'ai trouvé ça extraordinaire, parce que c'est vraiment l'essence du livre.
Manderley, ce n'est pas seulement une maison, c'est l'imaginaire de Daphné donc j'ai adoré ce titre immédiatement.

Philippe Chauveau :
J'aimerais aussi que l'on insiste sur la manière dont vous avez construit le livre, c'est une biographie chronologique mais vous nous présentez cela aussi comme une sorte d'enquête que vous avez menée en allant sur les lieux même de la vie de Rebecca...

Tatiana de Rosnay :
C'est marrant, vous avez dit « la vie de Rebecca »...

Philippe Chauveau :
lapsus révélateur… la vie de Daphné du Maurier...

Tatiana de Rosnay :
En fait, je n'avais jamais écrit de biographie, donc quand j'ai été confrontée à toute cette masse de recherches, il fallait que je trouve mon chemin à moi. Et comme je suis une obsédée des lieux, à cause d'elle, je suis partie en Cornouailles, pour me planter devant les maisons. Donc, je vous décris ces maisons telles qu'elles sont mais j'apparais vraiment très peu, puisque c'est le roman de la vie de Daphné, donc je ne voyais pas l'intérêt de me faire rentrer dans cette recherche.

Philippe Chauveau :
Il y a les lieux, et il y a la famille, avec ce père comédien, cette mère qui s'occupe de la maison et deux sœurs, dont une qui essaiera d'écrire avec moins de succès.

Tatiana de Rosnay :
Deux sœurs dans l'ombre, une sœur artiste peintre, Jeanne, la cadette et Angela l'ainée qui écrivait elle aussi. Le père acteur, qui était une espèce de grand provocateur. Daphné, quand elle a publié « Rebecca » en 1938, ça a été un grand ouragan.
Les autres du Maurier sont passés à la trappe, d'ailleurs aujourd'hui peu de gens en France savent qu'elle est la fille d'un acteur célèbre, et qu'elle avait une sœur romancière qui a publié dix romans.

Philippe Chauveau :
Vais-je vous choquer si je vous dis que Daphné du Maurier avait un coté égotique ? Parce que, même quand elle est épouse et mère de famille, on sent que c'est elle et l'écriture avant tout.

Tatiana de Rosnay :
Vous ne me choquez pas, on peut même dire qu'elle était égoïste. Mais si Daphné avait été un homme, est-ce qu'on aurait posé les mêmes questions ? Est-ce qu'on aurait dit « Ah, il a sacrifié sa vie de famille pour l'écriture » ? Non, on l'aurait jamais dit.
Donc quelques part, elle a été incroyablement moderne, elle rêvait d'être publiée pour gagner son indépendance financière, elle ne voulait pas être la femme de quelqu'un.

Philippe Chauveau :
Dans l'enquête que vous avez menée, vous vous êtes penchée sur les racines françaises de Daphné du Maurier et vous êtes allée jusque dans la Sarthe d'où est issue la famille du Maurier. Qu'avez-vous ressentie quand vous étiez au cœur même de son passé ?

Tatiana de Rosnay :
Alors, ce qui m'a le plus frappée, c'est quand je me suis retrouvée en face d'une toute petite fermette qui s'appelle la ferme Le Maurier. Son arrière arrière-grand-père est né là, il était souffleur de verre.
Son grand-père Georges leur avait toujours dit qu'ils descendaient d'une famille aristocratique, que tout avait brulé pendant la révolution. Et Daphné a donc voulu en savoir plus sur sa famille française dont elle était très fière.
Elle découvre alors qu'elle descend d'un Monsieur Busson né dans cette ferme, parti s'expatrier en Angleterre pendant la Révolution parce qu'il avait des problèmes d'argent. Evidemment, il a trouvé plus chic de se faire appeler Monsieur Busson du Maurier…

Philippe Chauveau :
Avec cette biographie, vous aviez envie que l'on sorte Daphné du Maurier d'une catégorie dans laquelle on l'aurait enfermée en tant qu'auteur ?

Tatiana de Rosnay :
Oui ! Il faut arrêter de croire que Daphné du Maurier écrit des romans à l'eau de rose ou des romans de gare d'ailleurs, c'était un excellent écrivain.
Il faut la découvrir et la relire, et je suis très heureuse de savoir que grâce à ce livre et à cette nouvelle édition de « Rebecca » des gens vont se replonger dans un univers qui était peut-être tombé un peu dans l'oubli.

Philippe Chauveau :
Merci Tatiana de Rosnay, pour nous faire partager cette passion pour ce personnage incroyable qu'est Daphné du Maurier, « Manderley for ever », c'est votre actualité, une coédition Héloïse d'Ormesson et Albin Michel.
On pourra toujours revoir le film d'Hitchcock avec Laurence Olivier et Joan Fontaine et on pourra surtout se replonger avec bonheur dans la toute nouvelle traduction de « Rebecca », l'un des chefs d'oeuvre de Daphné du Maurier chez Albin Michel.

Manderley for ever Albin Michel / Héloïse d'Ormesson
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • « J'ai rêvé la nuit dernière que je revenais à Manderley »… C'est l'une des phrases les plus célèbres de la littérature internationale, celle prononcée par la timide Mme de Winter et qui ouvre le roman de Daphné du Maurier, « Rebecca ». Daphné du Maurier, auteur britannique aux racines françaises, est au coeur du nouveau livre de Tatiana de Rosnay qui après les nouvelles ou le roman s'essaie donc, et avec bonheur, à la biographie.Mais ce livre était une évidence pour Tatiana de Rosnay puisque c'est la lecture du...Poussière blonde de Tatiana Rosnay (de) - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Tatiana de Rosnay, merci d'être avec nous. Vous le savez, généralement, dans notre émission, nous aimons bien parler d'abord du portrait de l'auteur puis du livre; mais ici, cela va se révéler compliqué.Parce que dans votre actualité « Manderley for ever » où vous retracez brillamment la vie, l'oeuvre de Daphné du Maurier, il y a un tel parallèle avec votre parcours d'auteur que c'est difficile de dissocier les deux.Si il n'y avait pas eu Daphné du Maurier, s'il n'y avait pas eu son roman...Poussière blonde de Tatiana Rosnay (de) - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Tatiana de Rosnay, « Manderley for ever », le titre était une évidence. On rappelle qu'il s'agit d'une biographie de Daphné du Maurier à qui l'on doit ce fameux roman « Rebecca » et « Rebecca » c'est le manoir de Manderley, le titre s'est imposé tout de suite ?Tatiana de Rosnay :En fait, moi je voulais l'appeler « Manderley » avec cette photo de Daphné rebelle, et c'est mon éditeur qui m'a dit non, que c'était un peu sec. Ils m'ont proposé « Manderley for ever » et j'ai trouvé ça...Poussière blonde de Tatiana Rosnay (de) - Le livre - Suite