La cruauté du temps qui passe, les années qui filent et nous font passer en un rien de temps de jeunes à vieux, les relations intergénérationnelles parfois compliquées, voilà des thèmes que Valérie Clo a déjà abordé dans plusieurs de ses romans comme « Les gosses » ou « La tyrannie des apparences ». Le manque affectif après un deuil et la reconstruction sont aussi en filigrane dans « Papa bis », « Plein soleil » ou « Encore un peu de patience ». Ainsi, au fil du temps, avec une écriture sensible et...
Une vie et des poussières de Valérie Clo - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Bonjour Valérie Clo.
Valérie Clo
Bonjour.
Philippe Chauveau
Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous publiez chez Buchet Chastel ce qui est votre septième roman Une vie et des poussières. Faisons un petit peu plus connaissance parce que vous faites pas mal de choses. En tout cas, vous avez eu mille vies en une. Sachant que l'écriture a quand même toujours fait partie de votre vie. Vous avez notamment travaillé dans l'audiovisuel. Vous avez été lectrice ?
Valérie Clo
Oui, j'étais lectrice chez France...
Une vie et des poussières de Valérie Clo - Portrait - Suite
Philippe Chauveau
Dans ce nouveau titre, Valérie Clo, Une vie et des poussières, nous allons faire connaissance avec Mathilde. Mathilde vit depuis quelque temps dans un EHPAD. Ce sont ses enfants, Rose et Baptiste, qui l'ont poussée à s'installer dans cet EHPAD. Et Mathilde va nous raconter en quelque sorte son quotidien sur plusieurs mois. C'est une forme de journal que vous avez eu envie de nous proposer. D'où vient-elle, Mathilde, et pourquoi avoir eu envie, vous, de nous parler de cette vie en EHPAD ?
Valérie Clo
Je pense que...
Une vie et des poussières de Valérie Clo - Livre - Suite
Valérie Clo
Une vie et des poussières
Présentation 00'02'47"La cruauté du temps qui passe, les années qui filent et nous font passer en un rien de temps de jeunes à vieux, les relations intergénérationnelles parfois compliquées, voilà des thèmes que Valérie Clo a déjà abordé dans plusieurs de ses romans comme « Les gosses » ou « La tyrannie des apparences ». Le manque affectif après un deuil et la reconstruction sont aussi en filigrane dans « Papa bis », « Plein soleil » ou « Encore un peu de patience ». Ainsi, au fil du temps, avec une écriture sensible et sincère, Valérie Clo trace son sillon, offrant dans ses romans des histoires que chacun peut s’approprier à des degrés divers et des réflexions sur des thèmes sociétaux.
C’est encore le cas avec ce nouveau et septième titre « Une vie et des poussières ». Nous voici dans un EPHAD comme il en existe des centaines. Mathilde est là depuis quelques mois, depuis que ses enfants ont estimé qu’il était trop dangereux pour elle et pour les autres qu’elle restât seule dans sa maison où elle vécut heureuse avec son mari Paul, journaliste comme elle. Entourée d’autres personnes âgées qui perdent plus ou moins la tête, Mathilde, elle, se sent encore bien jeune même si, elle en convient, quelques souvenirs s’estompent. Mais pour l’essentiel, ses souvenirs sont bien là et Mathilde les retranscrit dans ce carnet en cuir que lui a offert Marilyne, l’assistante médicale qui met du soleil dans le quotidien de cette maison de retraite. Il y a les souvenirs heureux, l’amour simple de ce couple, la naissance des enfants, et puis il y a les jours sombres, ceux qu’on tente d’effacer quand il raconte l’enfance pendant la guerre, quand les parents ont disparu pour une histoire d’étoile cousue sur une veste.
Dans cet EPHAD, si la mort se cache dans les couloirs, il y a pourtant beaucoup de vie. A travers des personnages cocasses et tendres, et grâce à la plume subtile et sincère de Valérie Clo, on passe du rire aux larmes. Elle-même art-thérapeute auprès de personnes âgées à qui elle propose des ateliers autour de la peinture, du collage ou de l’écriture, Valérie Clo évoque dans ce livre un sujet dont on parle peu, sans doute par peur, celui de la vieillesse, des personnes âgées que l’on délaisse, de ces EPHAD où la solitude reste la plus fidèle des compagnes, de ce fameux Alzheimer qui s’invite dans bien des familles laissant les enfants désemparés face à ces êtres chers qui deviennent des étrangers.
Dans ce roman, l’auteur rend hommage aussi un bel hommage au personnel médical et hospitalier, souvent malmené.
Un livre essentiel qui invite à la réflexion. « Une vie et des poussières » de Valérie Clo est publié chez Buchet-Chastel.
Valérie Clo
Une vie et des poussières
Portrait 00'06'45"Philippe Chauveau Bonjour Valérie Clo.
Valérie Clo Bonjour.
Philippe Chauveau Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous publiez chez Buchet Chastel ce qui est votre septième roman Une vie et des poussières. Faisons un petit peu plus connaissance parce que vous faites pas mal de choses. En tout cas, vous avez eu mille vies en une. Sachant que l'écriture a quand même toujours fait partie de votre vie. Vous avez notamment travaillé dans l'audiovisuel. Vous avez été lectrice ?
Valérie Clo Oui, j'étais lectrice chez France Télévisions.
Philippe Chauveau Ça consiste en quoi ?
Valérie Clo En fait, je lis des scénarios et je fais une fiche de lecture.
Philippe Chauveau Tout simplement.
Valérie Clo Mais c'est quand même une fiche de lecture assez détaillée où je donne mon avis sur un projet d'écriture, soit sur un scénario, soit sur un projet de synopsis.
Philippe Chauveau L'écriture a fait partie de votre parcours professionnel pendant un moment, mais j'imagine que vous ne vous prenez pas de passion pour l'écrit comme ça. Déjà enfant, adolescente, le livre était un fondement de votre parcours ?
Valérie Clo Alors oui, le livre était très important, mais l'écriture aussi comme moyen d'expression. Au début, j'avais vraiment besoin de mettre à distance mes émotions, donc de 15 ans jusqu'à 18 ans, j'écrivais vraiment sur un journal et j'avais besoin de m'exprimer par l'écriture. Et puis, petit à petit, j'ai eu envie d'écrire pour les autres.
Philippe Chauveau C'est comme ça que vous devenez vous-même auteur avec un premier ouvrage, Papa bis en 2000, et depuis d'autres titres qui ont fait leur apparition dans votre vie d'écrivaine ? Vous mettez vos émotions... Comment avez-vous dit ?
Valérie Clo J'avais besoin de mettre mes émotions à distance.
Philippe Chauveau Vous mettez vos émotions à distance. Expliquez-nous ce que vous entendez par cette phrase lorsque vous écrivez.
Valérie Clo En fait, j'avais besoin... J'étais assez débordée émotionnellement quand j'étais adolescente et j'avais vraiment besoin d'écrire pour me sentir mieux. C'était un espèce d'exutoire, l'écriture, ça a commencé comme ça.
Philippe Chauveau Et en tant que lectrice, vous avez aussi besoin des écrits des autres pour vous sentir mieux.
Valérie Clo Alors oui, c'est aussi passé par là effectivement. Comme lectrice, j'avais vraiment besoin de chercher les émotions, les sentiments dans les livres, dans les textes. Et ça, ça me permettait de me sentir moins seule.
Philippe Chauveau Quels sont les auteurs, ou peut-être même des titres qui ont été fondamentaux ?
Valérie Clo Alors, les auteurs... J'ai beaucoup lu adolescente, Zweig, Camus, l'Etranger de Camus, je pense que ça a été le livre qui m'a le plus marquée. Je pense que j'ai eu envie d'être auteur en lisant ce livre. J'ai vraiment un grand souvenir, une grande émotion.
Philippe Chauveau Le livre de votre vie en quelque sorte.
Valérie Clo Oui. Sinon, Colette, Duras aussi.
Philippe Chauveau Je l'ai dit au début de cet entretien, vous avez eu mille vies en une, notamment professionnellement. On a bien compris, lectrice pour France Télévision. Et puis, vous avez aujourd'hui changé de vie puisque vous êtes art thérapeute. Qu'est-ce qui se cache derrière ce mot un peu barbare ? C'est quoi l'art thérapie ?
Valérie Clo L'art thérapie, c'est comme une médiation. C'est un soin qu'on utilise avec l'art, c'est-à-dire toute forme d'art. C'est le théâtre, l'écriture, le modelage, la peinture, et on utilise l'art comme médiation pour soigner. C'est ça au départ, l'art thérapie.
Philippe Chauveau À quel public est destiné l'art thérapie ?
Valérie Clo Tous les publics en difficulté. J'ai travaillé à Sainte-Anne, en addictologie, dans les EPAD, c'est toutes les personnes qui ont des difficultés, qui ont des problèmes avec la parole. En fait, c'est un détour. On utilise l'art comme détour pour tous ceux qui ont du mal avec la parole.
Philippe Chauveau Vous l'avez dit, tous les univers artistiques peuvent être exploités dans l'art thérapie.
Valérie Clo La musique aussi beaucoup.
Philippe Chauveau Concrètement, comment peut se passer une séance ? Ce sont des séances individuelles, des séances en groupe.
Valérie Clo En ce qui me concerne, ce sont des séances individuelles ou collectives. Alors c'est un atelier. Il y a quatre, cinq personnes. Pour les ateliers de peinture, par exemple, je mets un petit peu de musique. Et puis, on va travailler la créativité, la détente, la motricité fine. Je cherche vraiment à développer la créativité chez les personnes.
Philippe Chauveau Vous, en ce qui vous concerne, avec vos patients... On peut les appeler comme ça ?
Valérie Clo Oui, des patients.
Philippe Chauveau Quelles sont les activités que vous leur proposez ?
Valérie Clo Alors moi, c'est peinture. C'est vrai que tous les art thérapeutes ont leurs outils. Moi c'est peinture, modelage, donc poterie, écriture et collage.
Philippe Chauveau Ce qui veut dire qu'en terme de création, vous avez plusieurs cordes à votre arc.
Valérie Clo Oui. Collage, c'est une super médiation par exemple. On utilise l'écrit et les images, et ça fonctionne très bien.
Philippe Chauveau Alors si j'essaye de relier finalement les deux facettes de votre personnalité, à savoir la femme qui écrit, la femme auteure, la femme romancière et celle qui est art thérapeute. Quel est le lien entre ces deux femmes ?
Valérie Clo C'est la créativité, c'est la création. J'adore. J'adore tout ce qui est création. Utiliser tout ce qu'il y a autour de moi et transformer... C'est vraiment la création qui lie les deux.
Philippe Chauveau La création et la transmission.
Valérie Clo Oui, la transmission aussi.
Philippe Chauveau Et on va plus, bien sûr, parler de vous en tant qu'auteur, d'où votre présence ici. Je reviens sur les sept titres que vous avez publiés aujourd'hui, depuis Papa bis en 2000 à une vie et des poussières en 2020. Là encore, quel est le lien entre tous ces titres ? Qu'avez-vous envie de transmettre à travers ces différents ouvrages que vous avez déjà publiés ?
Valérie Clo Les premiers livres, les trois premiers livres, même les quatre premiers livres ont parlé de... Ca tournait beaucoup autour de mon père. J'ai perdu mon père assez jeune et je tournais beaucoup autour du manque, l'absence, etc. Jusqu'à Plein soleil chez Buchet-Chastel, où là, j'ai vraiment parlé de la disparition de mon père. C'est mon livre le plus autobiographique, d'ailleurs. Et après, bizarrement, après ce Plein soleil, j'ai eu envie de parler plus de la société, de ce qui m'entourait. C'est comme si j'avais terminé quelque chose. J'étais passée à autre chose.
Philippe Chauveau Avec l'écriture, vous essayez d'apaiser les mots ? Les vôtres et ceux de vos lecteurs ?
Valérie Clo Oui, et d'ailleurs le lien aussi, c'est vrai que je pense que, quelque part, l'art thérapie, je pense que j'ai fait une espèce d'art thérapie quand j'étais jeune, sans m'en rendre compte, en fait.
Philippe Chauveau Votre actualité, Valérie Clo, c'est votre nouveau roman publié chez Buchet-Chastel, Une vie et des poussières.
Valérie Clo
Une vie et des poussières
Livre 00'07'40"Philippe Chauveau Dans ce nouveau titre, Valérie Clo, Une vie et des poussières, nous allons faire connaissance avec Mathilde. Mathilde vit depuis quelque temps dans un EHPAD. Ce sont ses enfants, Rose et Baptiste, qui l'ont poussée à s'installer dans cet EHPAD. Et Mathilde va nous raconter en quelque sorte son quotidien sur plusieurs mois. C'est une forme de journal que vous avez eu envie de nous proposer. D'où vient-elle, Mathilde, et pourquoi avoir eu envie, vous, de nous parler de cette vie en EHPAD ?
Valérie Clo Je pense que j'avais envie d'en parler parce que quand je suis arrivée, j'ai commencé à travailler dans ce milieu là, je trouvais que c'était un monde invisible dont on ne parlait pas et j'avais envie de mettre un peu de lumière sur ce monde là. J'avais aussi envie de montrer qu'il y a beaucoup de vie dans ces lieux. Beaucoup d'humour, beaucoup de poésie. Et c'est vrai qu'on s'en rend pas compte. Ce milieu-là, on en a peur, mais il se passe plein de choses. C'est un milieu très enrichissant.
Philippe Chauveau Mathilde, donc en EHPAD, elle est entourée de gens qui perdent plus ou moins la mémoire. Sa propre fille, Rose, s'inquiète beaucoup pour sa mère, s'inquiète même sans doute un peu trop pour sa mère, ce qui énerve cette dernière.
Valérie Clo Elle a peur.
Philippe Chauveau Vous avez eu envie aussi de nous parler de la maladie d'Alzheimer à travers ces pages.
Valérie Clo Exactement. Je voulais parler de la maladie d'Alzheimer. Mais à travers le regard d'une résidente. J'avais envie de retranscrire l'ambiance qu'il peut y avoir. C'est dur pour les enfants, mais en travaillant avec ces personnes là, on va quand même des choses qui sont amusantes. Ils n'en souffrent pas eux forcément. C'est beaucoup l'entourage qui en souffre, mais eux, ils sont dans le présent et ils sont dans leur truc, dans leur univers.
Philippe Chauveau Vous écrivez en parlant, donc en faisant parler Mathilde, Le soir, dans mon lit, je ferme les yeux. Je redeviens une enfant de 6 ans alors que je suis à l'hiver de ma vie, que le froid gagne mes os, que ma peau s'affine un peu plus chaque jour, que mes joues se creusent, que mes dents jouent à saute-mouton. Mon âme, elle, continue à danser. Au creux de la nuit, rien ne semble la faire renoncer. Vous nous dites aussi que ces personnes qui vieillissent, dont certaines sont en fin de vie, finalement, au fond d'elles-mêmes, elles sont restées très jeunes. En tous cas, pour la plupart, elles ont encore envie d'avoir des projets, encore envie d'être présentes dans le quotidien.
Valérie Clo Oui, elles ont dans leurs souvenirs, elles vivent, elles sont... Il y en a qui sont encore très coquettes par exemple. Elles ont une histoire. C'est vrai, il y en a qui sont très touchant.
Philippe Chauveau Vous nous parlez de Mathilde avec ces souvenirs. On comprend quel a été le parcours de Mathilde, mais vous ne rentrez pas non plus dans dans le détail, comme si vous souhaitiez que chacun puisse s'identifier à Mathilde par soi-même ou par des personnages de son entourage. C'était une volonté que le lecteur soit vraiment présent dans l'histoire ?
Valérie Clo Oui, j'avais envie que ce soit des petites bulles, des petites notes comme ça et que le lecteur puisse en faire ce qu'il veut.
Philippe Chauveau Vous l'avez remarqué, je me suis arrêté, j'ai corné pas mal de pages parce qu'à plusieurs moments dans le livre, on s'arrête et on a envie de relire pour s'approprier ce que vous avez écrit. Il m'est arrivé souvent d'être surprise par l'étrangeté de la vie, par sa capacité à être à la fois incroyablement solide et fragile, pouvant résister aux pires intempéries et, dans le même temps, être capable de s'évanouir en un souffle. Une frontière mince comme une feuille de papier. C'est-à-dire que lorsque l'on arrive comme ça au seuil de sa vie, lorsque l'on est en EHPAD, chaque jour doit compter doublement ?
Valérie Clo Oui, je me suis mise à la place d'une résidente, mais je pense que c'est ce qu'on ressent. En fait, on voit des personnes qui disparaissent. Tout est très fragile et en même temps, quand on annonce la fin de quelqu'un, ça peut durer des mois. En fait, c'est fragile et solide à la fois.
Philippe Chauveau Vous avez également fait le choix de parler du personnel médical qui entoure ces personnes âgées, comme une sorte d'hommage que vous aviez envie de leur rendre, à travers le personnage de Maryline qui d'ailleurs, ne s'appelle pas Maryline. Mais on va l'appeler Maryline parce qu'elle est blonde et pulpeuse à souhait. Pourquoi cette envie de rendre hommage au personnel médical, eu égard à tout ce qu'on a pu entendre ces derniers temps ?
Valérie Clo Parce qu'ils font un travail très, très dur. Moi, je suis très admirative. Je les vois tous les jours. C'est très dur. Ils sont pas assez nombreux. Ils travaillent dans des conditions parfois compliquées. Et pourtant, il y a beaucoup de bienveillance chez elle. En général, c'est beaucoup de femmes. Il y a quelques hommes mais il y a beaucoup de bienveillance, d'attention. Il y a beaucoup d'amour qui circule. Et à chaque fois, je suis incroyablement surprise de les voir.
Philippe Chauveau Votre livre est une vraie bouffée de tendresse. On pleure, on rit. Au fil des pages, on s'attache forcément au personnage. Il y a Mathilde, il y a Chantal, complètement excentrique, il y a Jeannot qui lui, rêve d'avoir une petite aventure sentimentale avec l'une des pensionnaires. Vous avez eu du mal à quitter vos personnages ? Comment sont-ils nés dans votre esprit ? Et où sont-ils aujourd'hui, que le point final du roman est mis. Ils vous accompagnent encore ?
Valérie Clo Non. Là, c'est fini l'âge. J'ai terminé le livre. Ils ne m'accompagnent pas. Mais c'est vrai qu'ils sont nés au fur et à mesure de l'écriture. Ils ont été inspirés par ce que je peux voir, mais ce n'est pas vraiment la réalité non plus. Ils sont apparus au fur à mesure des pages. Je n'ai pas de plan quand j'écris. Donc Mathilde, c'est elle qui est arrivée en premier. J'avais envie de quelqu'un qui soit un peu incisif et en même temps, qui ait de l'humour, qui soit joyeux quand même, au fond d'elle-même. Lorsque je regarde mes compagnons de la dernière heure, je me demande si eux aussi, ont des questions sans réponse à l'hiver de leur vie. Des choses non résolues. Des haines toujours vivaces, des regrets, des remords, des rancœurs, des histoires de familles insolvables, des traumatismes encore présents, des noeuds dans leur cœur impossible à défaire qu'ils emporteront avec eux dans leur tombe. Vous avez un regard qui a évolué sur le temps qui passe et sur la vieillesse ?
Valérie Clo Oui. Depuis que je travaille dans ces genres de lieu, oui, et je suis beaucoup plus apaisée par rapport à la vieillesse, par rapport à la mort. Je ne sais pas. Alors peut-être parce que je travaille avec des personnes qui, comme elles sont en fin de vie, tout ce qui est important est là. Tout ce qui est futile est mis de côté. Et on travaille beaucoup avec des choses toutes simples. Ça remet vraiment les choses à leur place. C'est ça que j'aime bien dans cet univers.
Philippe Chauveau Et en écrivant cette histoire, avez-vous eu envie aussi de dire à votre lecteur : ensemble, soyons plus attentifs, soyons plus vigilants envers nos aînés ?
Valérie Clo Oui, c'est vrai, parce qu'on n'y fait pas attention. On ne se rend pas compte de la richesse de leur vie en fait. C'est vrai qu'ils ont une vie parfois trépidante. Ils ont aimé, désiré. Et puis, on ne voit que des personnes âgées. On voit des gens qui sont vieux et on oublie.
Philippe Chauveau Voilà un livre essentiel qui se lit avec beaucoup de plaisir. Et puis un livre, surtout, qui aborde un sujet de société dont on ne parle sans doute pas assez. Le tout porté par une écriture tout en sensibilité. C'est votre nouveau titre, Valérie Clo. Ça s'appelle Une vie et des poussières. Vous êtes publiée chez Buchet-Chastel. Merci beaucoup.