Rien ne prédestinait Max Gallo à être un auteur reconnu, encore moins à siéger à l'Académie française. C'est vers les études techniques que son père l'entraîna. Pourtant, le goût de la lecture était déjà là et la passion pour l'Histoire s'est imposée comme évidence, Max Gallo vivant de près les événements de l'Occupation et la Libération de la France. Laissant son poste de technicien à la RTF, il reprend des études d'histoire pour devenir enseignant. La suite, on la connaît, tout en devenant universitaire, il...
Hommage à un Immortel de Max Gallo - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Max Gallo, merci de nous recevoir. Vous habitez à deux pas du Panthéon, est-ce que ces grands hommes vous inspirent ? Est-ce que parfois vous pensez à ce voisinage ?Max Gallo :Oui, on y pense obligatoirement, parce que j'ai des cousins de province qui sont en sixième et qui me demande « quel est ce bâtiment ? ». Aussi parce qu'il est lié à différents épisodes historiques importants, les funérailles de Victor HugoMais aussi la conversation entre Jaurès et Millerand, et Jaurès qui dit « je...
Hommage à un Immortel de Max Gallo - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Avec votre actualité Max Gallo « Machiavel et Savonarole », nous retournons dans le passé, en Italie au XVème Siècle avec deux personnages qui ne se sont finalement pas côtoyés, même si l'un a vu mourir l'autre. Machiavel on le connaît un peu plus que Savonarole. Savonarole, c'est ce moine complètement exalté qui va finir sur le bûcher, lui qui avait prôné le bûcher des Vanités. Pourquoi avez-vous eu envie de nous faire découvrir ce personnage ?Max Gallo :J'ai découvert ce personnage parce que je...
Hommage à un Immortel de Max Gallo - Le livre - Suite
Max Gallo, de l'Académie française
Machiavel et Savonarole
Présentation 2'32Rien ne prédestinait Max Gallo à être un auteur reconnu, encore moins à siéger à l'Académie française. C'est vers les études techniques que son père l'entraina. Pourtant, le goût de la lecture était déjà là
et la passion pour l'Histoire s'est imposée comme évidence, Max Gallo vivant de près les événements de l'Occupation et la Libération de la France.
Laissant son poste de technicien à la RTF, il reprend des études d'histoire pour devenir enseignant.
La suite, on la connait, tout en devenant universitaire, il intègre la rédaction de l'Express en tant qu'éditorialiste et publie son premier roman « Le cortège des vainqueurs » en 1972.
Les titres de Max Gallo se comptent par dizaine, essais, romans, biographies historiques ou encore ses grandes suites romanesques en plusieurs volumes.
« Bleu, blanc, rouge », « Morts pour la France », « La demeure des puissants », « L'Europe contre l'Europe » font partie de ses succès de librairie tout comme ses biographies consacrées à Jules César, Napoléon, De Gaulle ou encore François Ier.
Même si le passé le passionne, Max Gallo n'en reste pas moins un homme de son temps, gardant intact un esprit critique sur son époque et ses contemporains.
Intéressé par la chose publique, et même s'il est aujourd'hui retiré de la vie politique et se consacre entièrement à l'écriture, on ne s'étonnera pas de l'engagement de Max Gallo auprès de François Mitterrand, il participa en tant que secrétaire d'état à l'un de ses gouvernements
ou en 2007 à son soutien à Nicolas Sarkozy. Ce pouvoir que Max Gallo connait bien pour l'avoir ainsi approché, c'est le thème de son nouvel ouvrage publié chez XO « Machiavel et Savonarole, la glace et le feu »
dans lequel l'auteur nous raconte ces deux personnages florentin qui, sans se connaitre, ont marqué chacun à leur façon le cinquecento italien. Le moine Savonarole, c'est le fanatisme religieux poussé à son paroxysme avec le fameux bûcher des vanités.
Quant à Machiavel, c'est la ruse, l'intelligence sournoise pour arriver au plus près du pouvoir incarné par les Médicis. Deux personnages brillants, fascinants, angoissants à découvrir ou redécouvrir sous la plume alerte et romanesque de Max Gallo.
« Machiavel et Savonarole, la glace et le feu » de Max Gallo aux éditions XO. Dans son appartement près du Panthéon, l'académicien Max Gallo nous reçoit pour WEB TV CULTURE.
Rien ne prédestinait Max Gallo à être un auteur reconnu, encore moins à siéger à l'Académie française. C'est vers les études techniques que son père l'entraîna. Pourtant, le goût de la lecture était déjà là et la passion pour l'Histoire s'est imposée comme évidence, Max Gallo vivant de près les événements de l'Occupation et la Libération de la France. Laissant son poste de technicien à la RTF, il reprend des études d'histoire pour devenir enseignant. La suite, on la connaît, tout en devenant universitaire, il intègre la rédaction de l'Express en tant qu'éditorialiste et publie son premier roman « Le cortège des vainqueurs » en 1972. Les titres de Max Gallo se comptent par dizaine, essais, romans, biographies historiques ou encore ses grandes suites romanesques en plusieurs volumes. « Bleu, blanc, rouge », « Morts pour la France », « La demeure des puissants », « L'Europe contre l'Europe » font partie de ses succès de librairie tout comme ses biographies consacrées à Jules César, Napoléon, De Gaulle ou encore François Ier.
Même si le passé le passionne, Max Gallo n'en reste pas moins un homme de son temps, gardant intact un esprit critique sur son époque et ses contemporains. Intéressé par la chose publique, et même s'il est aujourd'hui retiré de la vie politique et se consacre entièrement à l'écriture, on ne s'étonnera pas de l'engagement de Max Gallo auprès de François Mitterrand, il participa en tant que secrétaire d'état à l'un de ses gouvernements ou en 2007 à son soutien à Nicolas Sarkozy.
Ce pouvoir que Max Gallo connaît bien pour l'avoir ainsi approché, c'est le thème de son nouvel ouvrage publié chez XO « Machiavel et Savonarole, la glace et le feu » dans lequel l'auteur nous raconte ces deux personnages florentin qui, sans se connaître, ont marqué chacun à leur façon le cinquecento italien. Le moine Savonarole, c'est le fanatisme religieux poussé à son paroxysme avec le fameux bûcher des vanités. Quant à Machiavel, c'est la ruse, l'intelligence sournoise pour arriver au plus près du pouvoir incarné par les Médicis.
Deux personnages brillants, fascinants, angoissants à découvrir ou redécouvrir sous la plume alerte et romanesque de Max Gallo.
« Machiavel et Savonarole, la glace et le feu » de Max Gallo aux éditions XO.
Dans son appartement près du Panthéon, l'académicien Max Gallo nous reçoit pour WTC.
Max Gallo, de l'Académie française
Machiavel et Savonarole
Portrait 5'00Bonjour Max Gallo, merci de nous recevoir. Vous habitez à deux pas du Panthéon, est-ce que ces grands hommes vous inspirent ? Est-ce que parfois vous pensez à ce voisinage ?
Oui, on y pense obligatoirement, parce que j'ai des cousins de province qui sont en sixième et qui me demande « quel est ce bâtiment ? ». Aussi parce qu'il est lié à différents épisodes historiques importants, les funérailles de Victor Hugo
Mais aussi la conversation entre Jaurès et Millerand, et Jaurès qui dit « je n'aimerais pas vraiment être dans ce bâtiment ». Donc il y a de très nombreuses facettes qui apparaissent lorsque l'on regarde le Panthéon.
Le Panthéon, c'est à la fois la petite et la grande Histoire. Lorsque l'on est ici Max Gallo, on est bien évidemment entouré de livres, votre vie c'est l'écriture, la littérature, l'Histoire. Et pourtant vous n'étiez pas destiné à ça.
Votre père vous a plutôt incité à faire des études techniques ?
Pas vraiment incité, il a laissé se prolonger une inscription que l'Education Nationale avait programmée. J'étais dans un milieu modeste et la réponse de mes parents était plutôt « on ne sait pas... ». Moi, c'était mécanicien dans la Marine.
Lorsque vous étiez adolescent, étiez-vous un grand lecteur ou la lecture arrive t-elle plus tardivement dans votre vie ?
Non j'étais un grand lecteur, parce que mon père était lui-même un lecteur, même si il n'avait que le Certificat d'étude, et il y avait des livres dans les appartements où j'ai trainé mes chaussons. Donc le livre n'a pas été un obstacle mais plutôt un tremplin.
Mon père aimait particulièrement la littérature réaliste, Jack London par exemple.
Est-ce que ce genre de lecture a favorisé le goût de l'Histoire ?
Probablement, mais le goût de l'Histoire a été favorisé chez moi par le fait que j'appartiens à une génération qui a vécu la Seconde Guerre Mondiale. Et les événements étaient tels qu'ils m'ont plongé directement dans l'Histoire.
A partir de là, je n'ai pas pu concevoir qu'on s'intéresse aux sciences humaines sans connaître l'Histoire.
Cela veut dire que l'Histoire était là sous-jacente ? Lorsque vous faites vos études techniques, l'Histoire est déjà là ?
Oui bien sûr ! D'ailleurs lorsque j'étais à l'école, mon premier texte était un essai, je l'avais intitulé « Napoléon égale-t-il Bonaparte ? ». Ce qui est évidemment ridicule mais je m'essayais au genre sociologique si j'ose dire.
Vous êtes historien mais cela ne vous empêche pas de vous intéresser à votre époque contemporaine. Est-ce ce qui explique votre engagement dans la vie publique et politique ?
Oui, c'est lié au fait que j'ai vécu l'enfance dans l'Histoire et en effet les mouvements politiques qui s'incarnaient dans l'Histoire m'ont intéressé davantage que les autres.
Justement, puisque vous avez côtoyé différents personnages de différentes époques, avez-vous l'impression qu'il y a parfois des similitudes ? On a tendance à dire que l'Histoire se répète, êtes-vous d'accord avec cette phrase ?
Non je ne suis pas d'accord avec cette phrase, même si il y a une part de vérité. Je crois que l'anachronisme est la maladie mortelle de l'historien. Il ne faut pas comparer tel épisode du XIX ème Siècle en Afrique
avec tel épisode du XXI ème Siècle en Europe Occidentale.
Philippe Chauveau :
Bonjour Max Gallo, merci de nous recevoir. Vous habitez à deux pas du Panthéon, est-ce que ces grands hommes vous inspirent ? Est-ce que parfois vous pensez à ce voisinage ?
Max Gallo :
Oui, on y pense obligatoirement, parce que j'ai des cousins de province qui sont en sixième et qui me demande « quel est ce bâtiment ? ». Aussi parce qu'il est lié à différents épisodes historiques importants, les funérailles de Victor Hugo
Mais aussi la conversation entre Jaurès et Millerand, et Jaurès qui dit « je n'aimerais pas vraiment être dans ce bâtiment ». Donc il y a de très nombreuses facettes qui apparaissent lorsque l'on regarde le Panthéon.
Philippe Chauveau :
Le Panthéon, c'est à la fois la petite et la grande Histoire. Lorsque l'on est ici Max Gallo, on est bien évidemment entouré de livres, votre vie c'est l'écriture, la littérature, l'Histoire. Et pourtant vous n'étiez pas destiné à ça.
Votre père vous a plutôt incité à faire des études techniques ?
Max Gallo :
Pas vraiment incité, il a laissé se prolonger une inscription que l'Éducation Nationale avait programmée. J'étais dans un milieu modeste et la réponse de mes parents était plutôt « on ne sait pas... ». Moi, c'était mécanicien dans la Marine.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous étiez adolescent, étiez-vous un grand lecteur ou la lecture arrive t-elle plus tardivement dans votre vie ?
Max Gallo :
Non j'étais un grand lecteur, parce que mon père était lui-même un lecteur, même si il n'avait que le Certificat d'étude, et il y avait des livres dans les appartements où j'ai traîné mes chaussons. Donc le livre n'a pas été un obstacle mais plutôt un tremplin.
Mon père aimait particulièrement la littérature réaliste, Jack London par exemple.
Philippe Chauveau :
Est-ce que ce genre de lecture a favorisé le goût de l'Histoire ?
Max Gallo :
Probablement, mais le goût de l'Histoire a été favorisé chez moi par le fait que j'appartiens à une génération qui a vécu la Seconde Guerre Mondiale. Et les événements étaient tels qu'ils m'ont plongé directement dans l'Histoire.
A partir de là, je n'ai pas pu concevoir qu'on s'intéresse aux sciences humaines sans connaître l'Histoire.
Philippe Chauveau :
Cela veut dire que l'Histoire était là sous-jacente ? Lorsque vous faites vos études techniques, l'Histoire est déjà là ?
Max Gallo :
Oui bien sûr ! D'ailleurs lorsque j'étais à l'école, mon premier texte était un essai, je l'avais intitulé « Napoléon égale-t-il Bonaparte ? ». Ce qui est évidemment ridicule mais je m'essayais au genre sociologique si j'ose dire.
Philippe Chauveau :
Vous êtes historien mais cela ne vous empêche pas de vous intéresser à votre époque contemporaine. Est-ce ce qui explique votre engagement dans la vie publique et politique ?
Max Gallo :
Oui, c'est lié au fait que j'ai vécu l'enfance dans l'Histoire et en effet les mouvements politiques qui s'incarnaient dans l'Histoire m'ont intéressé davantage que les autres.
Philippe Chauveau :
Justement, puisque vous avez côtoyé différents personnages de différentes époques, avez-vous l'impression qu'il y a parfois des similitudes ? On a tendance à dire que l'Histoire se répète, êtes-vous d'accord avec cette phrase ?
Max Gallo :
Non je ne suis pas d'accord avec cette phrase, même si il y a une part de vérité. Je crois que l'anachronisme est la maladie mortelle de l'historien. Il ne faut pas comparer tel épisode du XIX ème Siècle en Afrique
avec tel épisode du XXI ème Siècle en Europe Occidentale.
Max Gallo, de l'Académie française
Machiavel et Savonarole
Le livre 5'39Avec votre actualité Max Gallo « Machiavel et Savonarole », nous retournons dans le passé, en Italie au XVème Siècle avec deux personnages qui ne se sont finalement pas côtoyés, même si l'un a vu mourir l'autre.
Machiavel on le connait un peu plus que Savonarole. Savonarole, c'est ce moine complètement exalté qui va finir sur le bûcher, lui qui avait prôné le bûcher des Vanités. Pourquoi avez-vous eu envie de nous faire découvrir ce personnage ?
J'ai découvert ce personnage parce que je suis d'origine italienne, je m'intéresse beaucoup à l'histoire italienne et donc à Savonarole. Non pas qu'il me fascine comme modèle, mais parce qu'il y a dans son comportement, dans son discours, dans son rapport à la religion
quelque chose qui me permet de le rattacher aux mouvements fanatiques actuels. Par exemple, quand vous lisez que Savonarole a rassemblé des enfants autours de dix ans, les a revêtus d'un uniforme et fait défilé au pas
cela rappelle d'autres images, qui sont tout à fait anachroniques mais bien réelles.
Pensez-vous que Savonarole était sincère dans ce qu'il proposait ou était-il simplement avide de pouvoir ?
Les deux ne sont pas incompatibles ! On peut vouloir le pouvoir avec sincérité, c'est à dire qu'on peut contrôler le pouvoir, et imaginer qu'on va modifier en un bien irénique la société dans laquelle on vit.
Pour moi, la manière d'aborder le comportement d'un homme par sa sincérité est difficile, parce qu'il y a toujours chez le fanatique le plus cruel une part de sincérité.
La pertinence de votre livre tient au fait que vous avez mis en parallèle deux personnages. Savonarole est exécuté sur la place publique et lors de cette exécution, il y a un jeune homme qui observe, c'est Machiavel.
Pourtant, ces deux-là ne se sont jamais vraiment côtoyés.
Non, mais c'est quand même très curieux que l'on ne fasse que très rarement le rapprochement , alors que ce rapprochement s'impose quand on connait le destin des deux personnages.
Tous les deux étaient fascinés par le pouvoir, soit le prendre, soit l'installer, soit le modifier.
Savonarole c'est le feu et Machiavel c'est la glace pour reprendre le titre de votre ouvrage. C'est vrai qu'il est très habile Machiavel pour arriver à ses fins. Comment expliquez-vous que la postérité ait joué en faveur de Machiavel plutôt que de Savonarole ?
C'est très difficile de faire jouer la postérité en faveur de Savonarole, car c'est évidemment la cruauté, la torture, ce sont les bûchers des vanités. Machiavel au contraire, appartient à une autre catégorie sociale, d'autres études, un père exemplaire.
Au fond Machiavel c'est un prudent, mais un prudent révolutionnaire. C'est à dire quelqu'un qui veut modifier les structures institutionnelles de Florence et qui veut en même temps rester dans l'ombre.
Parce que quand on ne reste pas dans l'ombre, on risque de perdre la tête, au sens exécutoire du mot.
Finalement si vous deviez aujourd'hui rencontrer l'un des deux, Machiavel ou Savonarole au quel auriez-vous envie de poser le plus de questions ?
Si c'est sous l'angle des questions, c'est à Savonarole que j'aurai envie de poser de nombreuses questions. Mais c'est probablement Machiavel qui ferait les réponses les plus intéressantes, car il est celui qui s'est retrouvé dans les relations internationales,
comme envoyé spécial de la République de Florence. Il a côtoyé les rois de France, il a été un secrétaire d'Etat pour parler comme aujourd'hui. En ayant des missions singulières et en pesant dans l'histoire de Florence, en créant une armée.
En tout cas, deux personnages que l'on découvre ou que l'on redécouvre avec fascination, « Machiavel et Savonarole, la glace et le feu », c'est votre actualité Max Gallo et vous êtes publié aux éditions XO.
Philippe Chauveau :
Avec votre actualité Max Gallo « Machiavel et Savonarole », nous retournons dans le passé, en Italie au XVème Siècle avec deux personnages qui ne se sont finalement pas côtoyés, même si l'un a vu mourir l'autre.
Machiavel on le connaît un peu plus que Savonarole. Savonarole, c'est ce moine complètement exalté qui va finir sur le bûcher, lui qui avait prôné le bûcher des Vanités. Pourquoi avez-vous eu envie de nous faire découvrir ce personnage ?
Max Gallo :
J'ai découvert ce personnage parce que je suis d'origine italienne, je m'intéresse beaucoup à l'histoire italienne et donc à Savonarole. Non pas qu'il me fascine comme modèle, mais parce qu'il y a dans son comportement, dans son discours, dans son rapport à la religion, quelque chose qui me permet de le rattacher aux mouvements fanatiques actuels. Par exemple, quand vous lisez que Savonarole a rassemblé des enfants autours de dix ans, les a revêtus d'un uniforme et fait défilé au pas, cela rappelle d'autres images, qui sont tout à fait anachroniques mais bien réelles.
Philippe Chauveau :
Pensez-vous que Savonarole était sincère dans ce qu'il proposait ou était-il simplement avide de pouvoir ?
Max Gallo :
Les deux ne sont pas incompatibles ! On peut vouloir le pouvoir avec sincérité, c'est à dire qu'on peut contrôler le pouvoir, et imaginer qu'on va modifier en un bien irénique la société dans laquelle on vit.
Pour moi, la manière d'aborder le comportement d'un homme par sa sincérité est difficile, parce qu'il y a toujours chez le fanatique le plus cruel une part de sincérité.
Philippe Chauveau :
La pertinence de votre livre tient au fait que vous avez mis en parallèle deux personnages. Savonarole est exécuté sur la place publique et lors de cette exécution, il y a un jeune homme qui observe, c'est Machiavel.
Pourtant, ces deux-là ne se sont jamais vraiment côtoyés.
Max Gallo :
Non, mais c'est quand même très curieux que l'on ne fasse que très rarement le rapprochement , alors que ce rapprochement s'impose quand on connaît le destin des deux personnages.
Tous les deux étaient fascinés par le pouvoir, soit le prendre, soit l'installer, soit le modifier.
Philippe Chauveau :
Savonarole c'est le feu et Machiavel c'est la glace pour reprendre le titre de votre ouvrage. C'est vrai qu'il est très habile Machiavel pour arriver à ses fins. Comment expliquez-vous que la postérité ait joué en faveur de Machiavel plutôt que de Savonarole ?
Max Gallo :
C'est très difficile de faire jouer la postérité en faveur de Savonarole, car c'est évidemment la cruauté, la torture, ce sont les bûchers des vanités. Machiavel au contraire, appartient à une autre catégorie sociale, d'autres études, un père exemplaire.
Au fond Machiavel c'est un prudent, mais un prudent révolutionnaire. C'est à dire quelqu'un qui veut modifier les structures institutionnelles de Florence et qui veut en même temps rester dans l'ombre.
Parce que quand on ne reste pas dans l'ombre, on risque de perdre la tête, au sens exécutoire du mot.
Philippe Chauveau :
Finalement si vous deviez aujourd'hui rencontrer l'un des deux, Machiavel ou Savonarole au quel auriez-vous envie de poser le plus de questions ?
Max Gallo :
Si c'est sous l'angle des questions, c'est à Savonarole que j'aurai envie de poser de nombreuses questions. Mais c'est probablement Machiavel qui ferait les réponses les plus intéressantes, car il est celui qui s'est retrouvé dans les relations internationales, comme envoyé spécial de la République de Florence. Il a côtoyé les rois de France, il a été un secrétaire d'État pour parler comme aujourd'hui. En ayant des missions singulières et en pesant dans l'histoire de Florence, en créant une armée.
Philippe Chauveau :
En tout cas, deux personnages que l'on découvre ou que l'on redécouvre avec fascination, « Machiavel et Savonarole, la glace et le feu », c'est votre actualité Max Gallo et vous êtes publié aux éditions XO.