Nicolas Robin

Nicolas Robin

Une folie passagère

Portrait 00'06'05"

Philippe Chauveau :
Bonjour Nicolas Robin et merci d'être avec nous. C'est déjà votre troisième titre chez Anne Carrière. « Une folie passagère ». Il y a eu précédemment « Roland est mort » et « Je ne sais pas dire je t'aime ». Vous ne savez toujours pas dire je t'aime ?

Nicolas Robin :
Si, je sais dire je t'aime à beaucoup de gens et notamment à tous les lecteurs qui m'écrivent !

Philippe Chauveau :
Bonne réponse ! Il y a deux Nicolas Robin car vous avez deux vies. Il y a le romancier que l'on connaît et puis il y a aussi cette autre vie qui vous emmène dans les airs puisque vous êtes steward pour une compagnie nationale.
Est-ce finalement le même Nicolas Robin ?

Nicolas Robin :
Je suis un peu un être hybride ! Quand je pars dans les avions, c'est bien sûr du voyage mais c'est aussi être enfermé dans beaucoup de procédures, dans toute une réglementation à apprendre, à appliquer, alors que, quand j'écris des romans, c'est une grande place à la liberté et à la création. Donc, forcément, on est moins enfermé. En fait, je crois que je me libère plus dans l'écriture.

Philippe Chauveau :
Pourquoi l'écriture arrive-t-elle dans votre vie ? Pourquoi ce besoin ? Parce que finalement la liberté vous auriez pu la trouver, et vous l'avez sans doute trouvée aussi dans la lecture, mais pourquoi l'acte d'écriture ? Vous aviez des choses à dire, vous aviez des sentiments à exprimer ?

Nicolas Robin :
J'avais des choses à créer, parce qu'en fait je suis vraiment un artiste frustré. Je voulais être comédien. C'est ce qui me plaisait. Quand j'étais adolescent, j’ai participé à des ateliers théâtre et j'ai continué pendant longtemps, jusqu'à l'âge adulte. A un moment donné, comme je ne pouvais plus suivre les cours parce que j'étais envoyé à Singapour New York et Chicago, j'ai complètement arrêté. Et puis un jour, je suis allé au cinéma voir le film « Little miss Sunshine » et en sortant de cette séance, je me suis dit pourquoi ne pas écrire une histoire pareille plutôt que de la jouer. Pourquoi je n'écrirais pas. Donc, l'écriture a été stimulée par tout simplement l'envie de scénario.

Philippe Chauveau :
Vous dites avoir eu envie de la comédie. Mais lorsque l'on est steward, est-ce que l'on ne joue pas aussi un rôle ? On endosse un costume, on répète des gestes, on a une mécanique bien rodée, un peu comme lorsque l'on monte sur scène. On a un public que sont les passagers. Il y a un peu de cela quand on est steward ou é&hôtesse.

Nicolas Robin :
Les lumières sont là, le rideau s'ouvre et on est présent avec un costume. Donc, je ne sais pas si c'est la commedia dell'arte. Mais en tout cas, oui, c'est déjà du théâtre vivant. On joue déjà un personnage. Quand je suis steward, d'ailleurs je dis que je fais le steward.

Philippe Chauveau :
C'est votre troisième titre. Cette écriture dont vous avez évoqué la genèse vous a t-elle apporté un sentiment de plénitude ?

Nicolas Robin :
J'ai été satisfait de pouvoir m'exprimer et de pouvoir créer des choses. C’est la création qui me démange. Je pense que si je ne pouvais plus écrire ou monter sur scène, je ferai de la musique avec de bouts de bambou !

Philippe Chauveau :
Avec votre troisième roman, nous restons dans la lignée des deux précédents.
C'est à dire qu'il y a beaucoup d'humour mais il y a toujours, aussi, une sorte de désappointement. Vous avez des personnages qui sont assez désabusés, qui ont cru en des choses et qui finalement ne sont pas allés au bout de leurs envies. Quel est le fil rouge de votre écriture ?

Nicolas Robin :
Je dresse le portrait de gens qui ne correspondent pas à ce que la société attend d'eux. Ils sont victimes de ces injonctions. « Roland est mort », par exemple, c'était l'histoire de ce type qui ne s'est pas marié et qui n'a pas eu d'enfan, qui ne s'est pas accompli comme ses copains de lycée. « Je ne sais pas dire je t'aime », c'était le portrait de quatre cabossés de l'amour. Cela me touche car moi-même, j'ai été enfermé très vite dans la solitude. J'ai eu du mal à admettre pendant très longtemps que dans mon enfance, j'ai été victime de harcèlement moral à l'école.
A l'époque, on ne parlait pas de cela, on ne mettait pas de mots là-dessus pour verbaliser. il y avait des enfants chanceux et d’autres malchanceux. Donc, j'ai appris tout de suite à être en retrait, à me méfier du groupe social. Je n'ai pas voulu participer à des groupes d'amis par exemple, j'ai vraiment appris à être seul, très seul. Et je suis touché justement par ces personnages qui ont une trajectoire invisible, qui font tapisserie et qui, finalement, me ressemblent beaucoup.

Philippe Chauveau :
Evoquons aussi votre travail d'écriture. Il y a l'intrigue, certes, avec des personnages auxquels on s'attache. Il y a de l'humour, de l’impertinence, des dialogues ciselés, mais il y a aussi tout le travail que vous faites sur l'écriture. On sent que vous avez à cœur d'avoir un style, d'avoir vraiment une vraie plume. Comment travaillez-vous ?

Nicolas Robin :
Pour ce nouveau roman, je voulais quelque chose de très léger. « Je ne sais pas dire je t'aime » fut quand même une écriture très pesante. C’est un roman assez intime pour moi, le roman le plus personnel que j'ai écrit. J'avais envie de souffler tout simplement. Donc, après la promotion de « Je ne sais pas dire je t'aime », j'avais envie de légèreté. Je voulais quelque chose de très burlesque. Donc j'ai commencé à chercher des idées et j'ai pensé aux comédies musicales de Jacques Demy comme « Les demoiselles de Rochefort » ou « Les Parapluies de Cherbourg ». Je voulais vraiment donner cette dynamique, à travers les mots, à travers les phrases. Je voulais créer un personnage qui soit un peu évaporé, c'est à dire qui a les pieds sur terre mais la tête dans les nuages. Ce qu'on devrait tous être être d’ailleurs, être inspiré par l'invisible. Et donc, j'avais toute cette musique en tête. D’ailleurs, j'écrivais en écoutant la musique de Michel Legrand. Cela a donné ce texte que je trouve assez pétillant parce qu'il y a eu beaucoup de travail, de choix de mots, de choix de phrases aussi, que J’ai dû enlever beaucoup de passages parce qu'ils alourdissaient le texte.
Je voulais que ce soit presque chantant, très rythmé. Je voulais que ça décolle dans les airs, tout simplement !

Philippe Chauveau :
Votre actualité Nicolas Robin vous nous emmener justement dans les airs vous nous emmener dans un avion en compagnie de Bérengère. ça s'appelle une folie passagère. Vous êtes publié chez Anne Carrière.

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  • Nicolas Robin a deux vies. Quand il endosse son costume de steward pour une grande compagnie nationale, il emmène dans les nuages des milliers de passagers. Quand, dans la solitude de son appartement parisien, il s’attèle à l’écriture, c’est pour emmener ses lecteurs en voyage, dans un ailleurs où tout serait peut-être plus doux et pétillant.Nicolas Robin reconnait lui-même que l’écriture est une sorte de refuge, un baume sur une enfance qui lui a laissé quelques traces. Rire de peur d’avoir à en pleurer serait...Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau :Ainsi donc, Nicolas Robin, dans votre troisième roman, « Une folie passagère », vous nous présentez Bérangère, elle est hôtesse de l'air. Et ça rime en plus… C'est une hôtesse de l'air bien comme il faut, juchée sur ses talons hauts. C'est vous qui le dites, c'est vous qui l'écrivez. Bérengère a une quarantaine d'années, elle n'est pas forcément très bien dans sa vie. Qui est-elle cette fameuse Bérangère, hôtesse de l'air ? Nicolas Robin :C’est vrai que son métier rime avec son prénom....Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - livre - Suite