Gilles Legardinier

Gilles Legardinier

Une chance sur un milliard

Portrait 00'07'12"

Philippe Chauveau :

Bonjour Gilles Legardinier.

Gilles Legardinier :

Bonjour Philippe Chauveau.

Philippe Chauveau :

Merci d'avoir accepté notre invitation. Il paraît que vous fêter un anniversaire ? Vous fêtez vos dix ans.

Gilles Legardinier :

Dix ans d'écriture, oui.

Philippe Chauveau :

Oui, parce que vous les faites largement, excusez-moi de vous rappeler. Donc vous fêtez vos dix ans d'écriture. Ce n'est pas tout à fait un véritable anniversaire. Parce qu'avant ces dix ans officiel, les premiers grands succès de librairie, il y avait eu d'autres titres avec L'exil des anges, Nous étions les hommes. On était plus dans de la science fiction, dans des romans d'anticipation. Et puis, vous avez écrit Demain j'arrête, un roman de comédie. Était-ce le même homme d'ailleurs, le Gilles Legardinier qui était avant Demain j'arrête est celui qui a écrit après ?

Gilles Legardinier :

Ah oui, bien sûr. Les dix ans, c'est dix ans de best sellers, de liberté que le public m'a offert. Parce qu'effectivement, il y a plus longtemps que ça d'écriture. Mais avant, j'étais prisonnier de ce que je pensais nécessaire d'avoir comme barrière. Et avec Demain j'arrête, le public m'a permis de sauter cette barrière et maintenant je galope en liberté.

Philippe Chauveau :

Vous ne vous sentiez pas libre en tant qu'auteur ?

Gilles Legardinier :

Pas assez assuré pour être complètement libre. Je n'ai pas extraordinairement confiance en moi et il fallait que les gens pour qui j'avais envie de donner ce que j'avais à proposer me disent "ok, ça nous plaît, ok vas y". J'avais besoin de ça.

Philippe Chauveau :

Si l'on revient sur le début de l'aventure avec Demain j'arrête et puis les titres qui ont suivi sur ces dix années, quels sont les temps forts ? Quelles sont les images qui vous reviennent en mémoire ?

Gilles Legardinier :

C'est une évolution. C'est une grande surprise. C'est la découverte d'un monde humain qui est le lectorat qui en fait m'a affranchi d'idées préconçues qui sont toutes fausses. Les idées préconçues sont souvent fausses, mais là, elles l'étaient vraiment pour moi. Il n'y a pas tant de temps forts que ça. Les livres sont arrivés les uns après les autres, mais il y a la liberté d'un lien avec les gens, d'une capacité à parler, d'une capacité à échanger et d'aller à l'essentiel tout de suite. Je ne crois pas que la littérature soit un lieu de postures ou de style, c'est un lieu de sentiment partagé. C'est un lieu de rencontre. Le livre est un lien. Le livre est un moyen de se rapprocher de soi en allant dans les univers des autres. C'est tout ça que j'ai découvert, en fait. C'est une espèce de progression qui n'est pas finie, j'apprends et je découvre tous les jours. Effectivement, ces dix premières années de l'absolue liberté que le public a autorisées m'ont permis d'aller plus loin. Je continue, je change de ce que d'autres appellent des styles. Mais voilà, il y a une volonté enthousiaste d'être plus entier, plus libre et plus proche des gens pour qui j'ai vraiment la sensation de travailler.

Philippe Chauveau :

Ce qui est formidable, c'est que lorsque l'on reçoit le nouveau livre de Gilles Legardinier, finalement, on ne sait pas trop à quoi s'attendre. On est toujours surpris. Alors, il y a eu, je l'ai dit au début, des romans de science fiction, d'anticipation. Après des comédies, vous êtes revenu à des romans à la fois de thriller, polar avec Le premier miracle ou Un instant d'éternité. Là, on revient à la comédie avec Une chance sur un milliard. Vous aimez brouiller les pistes, aller séduire d'autres lecteurs? Pourquoi cette envie d'aller butiner à droite, à gauche ?

Gilles Legardinier :

Je ne butine pas, Philippe. Les gens vous enferment dans des styles, surtout ceux qui ne vous lisent pas. On vous colle les étiquettes. Les gens, qui me lisent, savent que toutes mes histoires parlent de gens qui, confrontés à des histoires différentes, sont toujours dans une problématique est la même des gens qui ont besoin de comprendre quelque chose d'eux mêmes ou du monde pour continuer à avancer ou à survivre. Que ce soit Pour un instant d'éternité, que ce soit Demain j'arrête. C'est des gens qui sont en butte à leurs propres limites et qui s'efforcent de les surmonter en commençant par travailler sur eux mêmes. C'est un peu l'histoire de la vie, mais grosso modo, c'est cette mécanique du dépassement de soi même qui m'intéresse chez l'humain. Parce que c'est le moment vraiment où on sait qui on est. Une fois qu'on a triomphé de nos propres limites.

Philippe Chauveau :

On dit souvent les comédies de Gilles Legardinier. Et pourtant, lorsque l'on lit vos ouvrages, lorsque l'on vous connaît, on se rend compte que les sujets ne sont pas drôles du tout. On en parlera avec l'histoire d'Adrien. Parce que vos personnages sont souvent cabossés et vont chercher en eux mêmes des forces qui leur permettent de se relever. C'est un peu ça, les personnages que vous nous présentez. En cette période complexe que nous vivons, quel-est le rôle de l'écrivain, selon vous ?

Gilles Legardinier :

C'est une très bonne question. La culture n'est pas qu'un marché. La culture, c'est d'abord une aspiration de notre espèce à ressentir à travers les films, les chansons. Les humains sont des machines à ressentir. C'est ça, notre définition. C'est ça qui fait de nous autre chose que des bêtes. Cette nécessité, c'est cette aspiration à ressentir, nous pousse à partager, à raconter, à inventer, à mentir, à promettre. Mais il y a cette espèce d'aspiration permanente. Les livres sont pour moi le moyen le plus intime de le faire. C'est essentiel de s'en souvenir. Le premier confinement nous a rappelé que la lecture était fabuleux moyen d'évasion, de lien, de réflexion. Aujourd'hui, le livre, finalement, nous permet d'aller à l'essentiel, de faire le tri. Les livres ont plus que jamais leur place. Je crois que mes histoires ont l'ambition de toucher les gens réellement, au delà du fait de les distraire ou de les faire rire, et servent aujourd'hui. C'est assez agréable de ne plus être futile ou de ne plus avoir cette image futile et de se rendre compte qu'on sert à des gens qu'on aide les gens à aller mieux ou moins mal.

Philippe Chauveau :

Concrètement, pendant cette nouvelle période que nous vivons actuellement de confinement, qu'allez-vous proposer à vos lecteurs ? On peut vous solliciter ? Comment avez-vous envie de maintenir le lien ?

Gilles Legardinier :

Ce que j'avais fait au premier confinement, c'était que j'avais proposé aux gens de m'envoyer leur numéro de téléphone sur une adresse mail et je les appelais au hasard sur tirage au sort. J'ai fait des rencontres absolument fabuleuses, complètement incroyables avec les gens. Et du coup, je continue à appeler les gens. Ils m'ont envoyé leur téléphone massivement. J'ai eu un mal de chien à l'école à avoir le numéro au téléphone des filles. C'était très compliqué, Philippe. Maintenant, j’en ai par milliers dans ma boîte mail !

Philippe Chauveau :

C'était ça, la réussite de votre vie ?

Gilles Legardinier :

J'ai fait tout ça pour ça !

Philippe Chauveau :

Pourquoi dans vos romans, les dernières pages sont elles aussi importantes ? Il y a toujours au moins une dizaine, une quinzaine de pages titré " Et pour finir " où là, c'est vraiment l'écrivain qui vient parler aux lecteurs. Pourquoi avoir fait ce choix depuis le début ?

Gilles Legardinier :

C'est une question de mentalité. J'aime les gens pour qui je travaille. J'ai le respect et la notion de service. Enfin, au théâtre, vous n'imaginez pas que le rideau se baisse et ne se relève pas pour que les gens viennent saluer. On a la possibilité de le faire avec le livre. Pour moi, c'est essentiel. C'est un espace de vérité où je ne suis que moi même. C'est un espace de franchise. Maintenant, je le maintiens, c'est devenu une de mes marques de fabrique. J'aime ça, les gens y répondent. Il y a peut être des fois, ça arrivera ou je n'aurais rien à dire et je ne dirais rien, mais c'est l'endroit où j'ai quelque chose à dire de personnel aux gens avec qui je fais ce chemin depuis dix ans.

Philippe Chauveau :

C'est votre actualité Gilles Legardinier, ce livre qui marque ce dixième anniversaire, Une chance sur un milliard, c'est aux éditions Flammarion.

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