Pierre Assouline

Pierre Assouline

Sigmaringen

Portrait 4'49

Bonjour Pierre Assouline. Vous êtes biographe, romancier, journaliste, critique littéraire. Est-ce qu'il y a plusieurs Pierre Assouline ou est-ce le même personnage à chaque fois ?
C'est une seule et même activité. C'est lire et écrire. C'est la même personne qui fait tout ça et c'est une activité qui me paraît avoir une profonde unité parce que lire et écrire c'est un peu la même chose.
Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit pas un lecteur d'abord et qui continue à être un lecteur. Donc non, il n'y en a qu'un.
L'écriture était-elle une finalité ? Quelque chose à laquelle vous aspiriez dès votre adolescence, dès votre vie de jeune adulte ou est-ce les hasards de la vie qui vous ont amenés à l'écriture ?
Je ne crois pas qu'on vienne à l'écriture littéraire par hasard parce qu'on écrit que par nécessité. On obéit à quelque chose de profond ou d'impérieux ou sinon on n'écrit pas.
Me concernant, ce n'était pas du tout un rêve de jeunesse. Je voulais être journaliste. C'est ce que j'ai été et ce que je suis toujours. Ca c'est le rêve de jeunesse qui est accompli jusqu'à aujourd'hui.
Journaliste, ensuite il y a eu de nombreuses biographies et un peu plus tard le roman. Pourquoi le roman arrive-t-il aussi tard dans votre parcours littéraire ?
Je ne me l'étais pas autorisé. J'avais écrit une dizaine de biographies et je considérais ça comme un travail de journaliste ou d'historien amateur. Pour moi être écrivain, c'est faire de la fiction et donc je n'étais pas encore prêt à la fiction et au roman.
Donc je continuais à faire des enquêtes, car les biographies ce sont des enquêtes, c'est du journalisme accentué l'enquête biographique. Et un jour je me suis autorisé.
Mais je n'osais pas parce que j'ai mis la barre tellement haut. Pour moi, les écrivains c'était Proust, Simenon. Ca me décourageait plutôt qu'autre chose.
Vous nous emmenez souvent là où on ne vous attend pas. Dans les romans et aussi dans les biographies puisque vous traitez de personnages aussi différents que Simenon, qu'Hergé, Cartier-Bresson. D'où viennent vos choix, vos goûts ?
Mon moteur, c'est la curiosité. C'est le spectre de l'ennui. Mais la curiosité mâtinée par l'éclectisme. Ce qui m'intéresse ce sont des choses très différentes, depuis toujours. Je suis incapable de faire une seule chose à la fois. Ce n'est pas qu'intellectuel.
J'ai toujours fait beaucoup de sport, mais je n'ai jamais fait un sport. J'ai toujours fait deux ou trois en même temps depuis très jeune. Alors le problème c'est qu'on passe un peu pour dilettante, un peu amateur parce qu'on touche un peu à tout.
Dans ce cas là, je réponds comme Cocteau : « Touche à tout parce que tout me touche ».
Et l'écriture romanesque, que ce soit « Le portrait », « Les invités », « Lutetia », aujourd'hui « Sigmaringen », cela vous apporte quoi par rapport à l'écriture biographique ? L'écriture est différente, le plaisir de l'écriture est différent pour vous ?
Le plaisir est différent dans la fiction pour une raison. Le roman intervient là où l'historien ne peut plus intervenir. L'historien a besoin de sources, de documents, d'archives en permanence. Du témoignage. S'il n'en a pas, il est bloqué et ne peut pas aller plus loin.
C'est là que le romancier prend le relai. Ca me permettait de rejoindre mes deux passions qui sont la littérature et l'histoire.
Vous qui êtes primé par la fondation Prince Pierre de Monaco, qui êtes membre de l'Académie Goncourt, quel regard avez-vous sur la littérature française aujourd'hui ?
Je ne fais pas partie des déclinistes. Ce qui me sauve de la condamner, même si parfois je trouve qu'elle tourne un peu en rond, que l'autofiction commence à suffire etc...
D'abord qu'il y a une production extraordinaire, très riche, très diverse, très nombreuse, variée et c'est magnifique. Ensuite je la mets en relation avec la littérature française des différentes époques.
Et on s'aperçoit que c'est un leitmotiv chez les Français, notamment chez les écrivains et chez les critiques, qui consiste à dire que la littérature française va très mal. J'ai lu ça dans les années 20, 40, 60, c'était mieux avant.
Mais c'était toujours mieux avant, parce que nous étions plus jeune.
Votre actualité Pierre Assouline, c'est chez Gallimard, « Sigmaringen ».

Philippe Chauveau :
Bonjour Pierre Assouline. Vous êtes biographe, romancier, journaliste, critique littéraire. Est-ce qu'il y a plusieurs Pierre Assouline ou est-ce le même personnage à chaque fois ?

Pierre Assouline :
C'est une seule et même activité. C'est lire et écrire. C'est la même personne qui fait tout ça et c'est une activité qui me paraît avoir une profonde unité parce que lire et écrire c'est un peu la même chose. Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit pas un lecteur d'abord et qui continue à être un lecteur. Donc non, il n'y en a qu'un.

Philippe Chauveau :
L'écriture était-elle une finalité ? Quelque chose à laquelle vous aspiriez dès votre adolescence, dès votre vie de jeune adulte ou est-ce les hasards de la vie qui vous ont amenés à l'écriture ?

Pierre Assouline :
Je ne crois pas qu'on vienne à l'écriture littéraire par hasard parce qu'on écrit que par nécessité. On obéit à quelque chose de profond ou d'impérieux ou sinon on n'écrit pas. Me concernant, ce n'était pas du tout un rêve de jeunesse. Je voulais être journaliste. C'est ce que j'ai été et ce que je suis toujours. Ca c'est le rêve de jeunesse qui est accompli jusqu'à aujourd'hui.

Philippe Chauveau :
Journaliste, ensuite il y a eu de nombreuses biographies et un peu plus tard le roman. Pourquoi le roman arrive-t-il aussi tard dans votre parcours liitéraire ?

Pierre Assouline :
Je ne me l'étais pas autorisé. J'avais écrit une dizaine de biographies et je considérais ça comme un travail de journaliste ou d'historien amateur. Pour moi être écrivain, c'est faire de la fiction et donc je n'étais pas encore prêt à la fiction et au roman. Donc je continuais à faire des enquêtes, car les biographies ce sont des enquêtes, c'est du journalisme accentué l'enquête biographique. Et un jour je me suis autorisé. Mais je n'osais pas parce que j'ai mis la barre tellement haut. Pour moi, les écrivains c'était Proust, Simenon. Ca me décourageait plutôt qu'autre chose.

Philippe Chauveau :
Vous nous emmenez souvent là où on ne vous attend pas. Dans les romans et aussi dans les biographies puisque vous traitez de personnages aussi différents que Simenon, qu'Hergé, Cartier-Bresson. D'où viennent vos choix, vos goûts ?

Pierre Assouline :
Mon moteur, c'est la curiosité. C'est le spectre de l'ennui. Mais la curiosité mâtinée par l'éclectisme. Ce qui m'intéresse ce sont des choses très différentes, depuis toujours. Je suis incapable de faire une seule chose à la fois. Ce n'est pas qu'intellectuel. J'ai toujours fait beaucoup de sport, mais je n'ai jamais fait un sport. J'ai toujours fait deux ou trois en même temps depuis très jeune. Alors le problème c'est qu'on passe un peu pour dilettante, un peu amateur parce qu'on touche un peu à tout. Dans ce cas là, je réponds comme Cocteau : « Touche à tout parce que tout me touche ».

Philippe Chauveau :
Et l'écriture romanesque, que ce soit « Le portrait », « Les invités », « Lutetia », aujourd'hui « Sigmaringen », cela vous apporte quoi par rapport à l'écriture biographique ? L'écriture est différente, le plaisir de l'écriture est différent pour vous ?

Pierre Assouline :
Le plaisir est différent dans la fiction pour une raison. Le roman intervient là où l'historien ne peut plus intervenir. L'historien a besoin de sources, de documents, d'archives en permanence. Du témoignage. S'il n'en a pas, il est bloqué et ne peut pas aller plus loin. C'est là que le romancier prend le relai. Ca me permettait de rejoindre mes deux passions qui sont la littérature et l'histoire.

Philippe Chauveau :
Vous qui êtes primé par la fondation Prince Pierre de Monaco, qui êtes membre de l'Académie Goncourt, quel regard avez-vous sur la littérature française aujourd'hui ?

Pierre Assouline :
Je ne fais pas partie des déclinistes. Ce qui me sauve de la condamner, même si parfois je trouve qu'elle tourne un peu en rond, que l'autofiction commence à suffire etc... D'abord qu'il y a une production extraordinaire, très riche, très diverse, très nombreuse, variée et c'est magnifique. Ensuite je la mets en relation avec la littérature française des différentes époques. Et on s'aperçoit que c'est un leitmotiv chez les Français, notamment chez les écrivains et chez les critiques, qui consiste à dire que la littérature française va très mal. J'ai lu ça dans les années 20, 40, 60, c'était mieux avant. Mais c'était toujours mieux avant, parce que nous étions plus jeune.

Philippe Chauveau :
Votre actualité Pierre Assouline, c'est chez Gallimard, « Sigmaringen ».

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Pierre Assouline est un incontournable dans le monde littéraire français. Membre de l'Académie Goncourt, on lui doit de nombreux ouvrages, romans, essais, biographies, mais il anime aussi un blog littéraire « La république des livres » dans lequel il prouve son intérêt pour la littérature et ses paires. Éclectisme est un mot qui caractérise bien l'écriture de Pierre Assouline. Ses biographies évoquent des personnages aussi différents que Simenon, Hergé, Marcel Dassault ou Gaston Gallimard. Outre des reportages, des...Sigmaringen de Pierre Assouline - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Pierre Assouline. Vous êtes biographe, romancier, journaliste, critique littéraire. Est-ce qu'il y a plusieurs Pierre Assouline ou est-ce le même personnage à chaque fois ?Pierre Assouline :C'est une seule et même activité. C'est lire et écrire. C'est la même personne qui fait tout ça et c'est une activité qui me paraît avoir une profonde unité parce que lire et écrire c'est un peu la même chose. Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit pas un lecteur d'abord et qui continue à être un lecteur. Donc...Sigmaringen de Pierre Assouline - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Dans ce nouveau roman « Sigmaringen » que vous publiez chez Gallimard, c'est un morceau de notre histoire nationale que vous évoquez, mais c'est surtout aussi une situation ubuesque. Nous sommes à la fin de l'été 44, Hitler dégage les Hohenzollern de leur château pour y installer le maréchal Pétain et son ministre Pierre Laval. Et on va assister à cet univers un peu bizarre de fin du monde entre Pétain, Laval et tout ça sous les yeux d'un majordome qui a vécu plusieurs années dans ce château de...Sigmaringen de Pierre Assouline - Le livre - Suite
    Pascal Pannetier Librairie BHV / Marais ParisLe roman « Sigmaringen » de Pierre Assouline aux éditions Gallimard est à lire et est conseillé par la librairie BHV Marais parce que ce livre nous fait découvrir en tant que lecteur un fait historique méconnu : la guerre intérieure que ce sont livrés les collaborateurs français entre eux pour un pouvoir qu'ils n'ont déjà plus, qui font de Sigmaringen une improbable enclave française en territoire allemand. Et ce fait que je ne connaissais pas - et je pense que je ne suis pas...Sigmaringen de Pierre Assouline - L'avis du libraire - Suite