Stéphanie Hochet

Stéphanie Hochet

Pacifique

Portrait 00'06'32"

Philippe Chauveau :

Bonjour Stéphanie Hochet.

« Pacifique », votre actualité aux éditions Rivages, c'est déjà votre quatorzième titre. Vous tracez votre sillon discrètement, simplement, sans bruit, mais en ayant autour de vous des lecteurs et des lectrices fidèles, des libraires qui suivent votre parcours. Je ne sais pas si cela vous arrive de vous pencher un peu en arrière, mais depuis « Moutarde douce » en 2001, quel regard portez-vous sur ce parcours d'auteur?


Stéphanie Hochet :

Je dirais qu'il a été très contrasté. Il a été parfois difficile parce que j'ai changé plusieurs fois de maisons d'édition. J'ai continué à écrire mes romans et ils ont trouvé des éditeurs de plus en plus sérieux. Je trouve que je suis bien tombée chez Rivages parce cela fait quand même plusieurs années que je travaille avec Rivages. Et ma chance, c'est d'avoir pu écrire exactement tout ce que je voulais, c'est à dire qu'on ne m'a jamais demandé d'écrire sur telle ou telle chose, sauf les essais, l'essai sur le chat mais que je ne regrette absolument pas parce qu'il a quelque part révélé ce qu'il y avait en moi.


Philippe Chauveau :

Vous évoquez « L'éloge du chat » qui a été l'un de vos titres phares et qui nous a montré votre amour pour les félins. Vous avez une autre passion, c'est la littérature anglaise. Vous avez vécu, vous avez étudié, vous avez enseigné au Royaume-Uni. Qu'es- ce qui vous touche dans la littérature anglaise?


Stéphanie Hochet :

Ce sont surtout les romancières anglaises qui me qui me fascinent. Elles ont été à l'origine d'émerveillement pour moi, que ce soient les soeurs Brontë, surtout Charlotte Brontë et Emily Brontë, évidemment, mais aussi Jane Austen et évidemment Virginia Woolf. Je leur trouve un tempérament, une liberté, une audace. Et puis, il y a quelque chose de fortement romantique chez elles qui révélait quelque chose chez moi. Il y a presque toujours une espèce d'affirmation féministe chez les romancière anglaise du 19ème. Donc voilà, c'est pour ça que « Roman anglais » est clairement un hommage à Virginia Woolf.

Philippe Chauveau :

Vous avez également ce goût, cette appétence, pour le partage de l'écriture. Vous animez des ateliers d'écriture. Ça vous apporte quoi ?


Stéphanie Hochet :

Je cherche à faire partager l'amour de la littérature et parfois, il faut faire naître quelque chose chez les jeunes qui ne demandent qu'à prendre. Parce que quand on dit que les jeunes ne lisent pas, ce n'est pas si vrai. Tout dépend comment on s'adresse à eux. Moi, j'aime avoir un lien avec cette jeunesse qui est souvent dans la révolte, souvent dans le besoin d'exprimer quelque chose. Je pense que par l'écrit, ça peut être très intéressant. Donc, j'ai souvent des échanges très riches avec eux. Donc, voilà, ces échanges m'apportent beaucoup parce qu’en tant qu'écrivain, en tant que écrivaine, en tant qu'autrice, je travaille seule chez moi, totalement enfermée et cela peut avoir des dangers. On peut par exemple éprouver une hyper fragilité de soi, une petite déprime au bout d'un moment. Alors, par le lien avec la jeunesse, tout d'un coup, on entre dans quelque chose de beaucoup plus vivant, on a besoin d'une altérité. En fait, on a besoin d'échanger. C'est aussi pour ça que c'est intéressant de rencontrer ses lecteurs. Parce qu’une fois qu'on a créé le livre, qu'on a écrit le livre, c'est enthousiasmant de rencontrer les lecteurs et de discuter. Tout à coup, il y a un lien.


Philippe Chauveau :

Vous évoquez la solitude de l'écrivain. En revanche, il y a toujours un sentiment de liberté dans vos romans. Vous nous faites voyager...


Stéphanie Hochet :

Justement, c'est parce que je ne bouge pas de chez moi que j'ai besoin de voyager dans mes romans !


Philippe Chauveau :

C'est vrai que vous nous emmenez parfois dans des régions françaises ou à l'autre bout du monde. Je reviens sur vos précédents titres, on en a cité quelques-uns, « L'éloge du chat », « Roman anglais », « L'animal et son biographe », « Combat de l'amour et de la faim » entre autres. On est dans des intrigues très différentes, dans des registres différents, des écritures différentes, des époques différentes aussi. Mais j'imagine qu'il y a quand même un fil rouge dans tout cela.


Stéphanie Hochet :

J'aurais du mal à répondre, mais en fait, j'ai besoin d'écrire le livre que j'ai envie de lire et il se trouve que j'aime lire des choses très différentes. J'aime dire que, quand je commence un livre, j'aime me surprendre et j'aime aller vers quelque chose qui est de l'ordre presque du mystère. Donc je vais chercher un mystère qui m'intéresse et qui m'attire. Je me permets de ne pas avoir de retenue sur l'époque et le lieu, donc je me dis qu'un voyage littéraire, c'est la liberté totale. C'est le même prix du billet, qu'on soit au Japon, qu'on soit aux Etats-Unis, qu'on soit en Angleterre, qu'on soit dans le Lot, qu'on soit dans notre époque contemporaine, en 1945 ou en 1917. J'ai absolument tous les droits en tant que romancière, à condition bien évidemment de, et pour moi c'est très important, que ce soit totalement vraisemblable. C'est à dire que je respecte l'époque, je respecte les personnages dans leur mentalité, leur façon d'être, dans leurs préjugés de l'époque.


Philippe Chauveau :

Même si parfois, vous vous autorisez quelques pas vers un univers un peu fantastique ou fantasmé…


Stéphanie Hochet :

Oui, c'est ça. Alors là, c'est encore plus la liberté absolue. C’est ce que j’ai fait avec « Sang d'encre ». Et oui, vraiment, j'ai fait un pas dans le fantastique parce que le réalisme magique m'attire aussi, parce que certains écrivains comme Cortázar m'ont fasciné. Donc, je me permets une série de pas de côté en littérature continuellement.


Philippe Chauveau :

Stéphanie Hochet, une femme libre, « Pacifique », c'est votre actualité. Vous êtes publiée aux éditions Rivages.

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  • Depuis son premier roman « Moutarde douce » en 2001, Stéphanie Hochet construit discrètement mais sincèrement et avec talent une véritable œuvre littéraire. L’amour des mots et des textes, elle le partage d’ailleurs dans les ateliers d’écriture qu’elle anime régulièrement. Amoureuse des chats, on lui doit ce joli opus paru en 2016, « Eloge du chat » qui a beaucoup fait pour sa notoriété. Fascinée par la littérature anglaise et notamment les femmes romancières, elle a vécu plusieurs années là-bas. Ainsi est...William de Stéphanie Hochet - Présentation - Suite
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