Dimitri Casali

Dimitri Casali

Napoléon, dans l'intimité d'un règne

Portrait 00'07'12"

Philippe Chauveau :

Bonjour Dimitri Casali.

Dimitri Casali :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

J'ai plaisir à vous accueillir, nous allons parler de Napoléon. On sait que 2021 est une année napoléon, c'est le bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821. Dans l'intimité d'un règne, c'est un très beau livre que vous publiez aux éditions Larousse, on va revenir sur ce sujet. On connaît l'historien que vous êtes. On va faire un peu plus connaissance parce que vous avez un parcours qui est assez riche. L'historien, le musicien, parce qu'il y a eu deux chemins dans votre vie. Racontez-nous?

Dimitri Casali :

Oui, tout a fait. Avant d'avoir d'abord une carrière d'enseignant, comme professeur en banlieue nord, pendant douze ans, j'ai été musicien dans un groupe qui s'appelait Apple Pie. Nous avons été signés par CVS Londres. C'était déjà un sacré challenge.

Philippe Chauveau :

Vous avez eu un joli petit succès avec plusieurs titres.

Dimitri Casali :

Oui, effectivement, et j'ai toujours gardé cette oreille musicale.

Philippe Chauveau :

Je vous pose la question parce que la musique est toujours plus ou moins présente. Néanmoins, avant ce parcours avec Apple Pie, il y avait eu des études d'histoire et tout naturellement, après la parenthèse enchantée, cette parenthèse musicale, vous revenez à vos premières amours avec Jean Tulard, déjà présent puisqu'il est votre mentor.

Dimitri Casali :

C'est mon maître, je l'appelle cher professeur toujours. Je l'ai eu ce matin même au téléphone. On a des relations extrêmement cordiales. Il est toujours là pour me soutenir depuis bientôt une bonne vingtaine d'années. C'est quand même un être assez exceptionnel, il faut le dire, c'est un historien précis, épatants. La manière dont il parle, dont il aborde le sujet de l'empereur, on apprend beaucoup. Il dit toujours le mot juste. C'est vraiment un personnage très attachant.

Philippe Chauveau :

Vous reprenez donc vos études d'histoire sous la direction de Jean Tulard. Et puis, vous faites le choix de l'enseignement dans ce que l'on appelle les ZEP, les zones d'éducation prioritaire, pour aller porter la bonne nouvelle en quelque sorte, pour aller raconter la grande histoire à des jeunes qui ne la connaissent pas bien.

Dimitri Casali :

C'est tout à fait ça. J'ai été saisi la première année où j'étais en poste à Cergy Saint-Christophe, dans un collège où j'avais 100% d'immigrés, c'était il y a maintenant plus de 12 ans. Le programme de quatrième s'ouvrait par la monarchie des Habsbourg et je regarde ma classe où j'avais 100% Maliens, d'Africains, de Maghrébins. Comment peut on fabriquer des programmes aussi ineptes, aussi peu adaptés à la classe que j'avais devant moi? C'est vrai que c'est un combat que je porte depuis douze ans, pour transmettre d'une manière raisonnée, humaine et enfin redonner le goût de l'histoire. Parce que l'histoire, c'est une discipline cardinale, comme disait Cicéron. C'est par l'histoire que l'on forme à la citoyenneté. Il avait cette phrase magique : l'histoire et l'institutrice de la vie. On voit bien que le déficit d'histoire, depuis trente ans conduit la société à une lente montée de l'ignorance. On voit bien que les adultes et les adolescents sont de plus en plus ignorants. D'où cette violence inhérente et ses conséquences très grave dans la société de tous les jours.

Philippe Chauveau :

Justement, Dimitri Casali, vous faites le choix pendant plusieurs années d'être au contact des jeunes, de partager votre passion pour l'histoire avec vos mots et vos mots. Vous les utilisez aussi dans l'édition. Vous collaborez à des manuels d'histoire. Vous publiez vous même. Et c'est vrai qu'on vous connaît aussi en tant que l'historien un peu du poil à gratter parce qu'on vous voit souvent. Vous êtes sollicité en radio, en télévision et bien souvent, vous êtes assez polémiste parce que vous avez une vision de notre histoire nationale qui n'est peut être plus à l'ordre du jour, qui ne correspond plus aujourd'hui à ce que l'on a envie de faire.

Dimitri Casali :

Non, ma vision, elle est équilibrée avant tout. Quand on connaît l'histoire, on ne peut qu'aimer une histoire équilibrée. L'histoire n'est ni toute noire ni toute blanche. Elle est grise et c'est cette complexité qui la rend passionnante. Justement, c'est ça qui rend l'histoire passionnante. Depuis trente ans, on est dans une vision complètement unilatérale, une pensée unique.

Philippe Chauveau :

Ce que vous dites, c'est qu'il ne faut pas regarder l'histoire avec nos yeux d'aujourd'hui, qu'il faut remettre les personnages qui ont fait l'histoire au cœur même du récit. Et puis, surtout, qu'il ne faut pas avoir honte de son passé.

Dimitri Casali :

Non, absolument pas. Aujourd'hui et depuis trente ans, on a honte de Louis XIV. On a honte de Napoléon. On a honte de grands généraux de la colonisation, comme Faidherbe, Lyautey, Gallieni, des hommes remarquables, alors que l'histoire a toujours été faite de massacres et de sang. L'histoire est une longue suite de crimes contre l'humanité, a dit Pierre Nora. Et ça, c'est la vérité. Napoléon s'inscrit dans cette vérité historique et c'est en cela qu'il dérange aujourd'hui.

Philippe Chauveau :

Justement, on parlait du musicien que vous avez été et que vous êtes toujours aujourd'hui. Et dans cette envie de vulgariser, de partager la grande histoire avec le plus grand nombre et notamment les plus jeunes. Vous avez un projet que vous démarrez actuellement. Expliquez-nous de quoi il s'agit?

Dimitri Casali :

Oui, ce projet s'appelle "Histo Rock". C'est toute l'histoire de France en musique et vidéos, 17 vidéoclips, 17 chansons, qui sont commentées par des grands historiens, dont Jean Tulard, Fabrice d'Almeida, pour chaque période historique.

Philippe Chauveau :

Ce projet que vous mettez en place, on le retrouve sur : historock.com et sur https://www.helloasso.com/associations/fondation-pour-l-ecole/collectes/historock

Donc, nous allons découvrir ça. Dans vos nombreuses publications, il y a des essais, il y a des ouvrages très fouillés, très documentés. Et puis, vous avez aussi le goût du beau livre. Vous n'hésitez pas parfois même à faire des rééditions de livres plus anciens, avec notamment les illustrations de Job, pour n'en citer que quelques unes. C'est important pour l'enseignant que vous êtes d'iconographie?

Dimitri Casali :

C'est fondamental. Une image vaut mille mots, je ne serai jamais de le répéter. C'est vraiment par l'image que l'on rentre dans l'histoire. Dès l'âge de 8, 9, 10, 11, 12 ans, c'est par l'image qu'on capte l'attention de ces jeunes et qu'on la garde souvent puisqu'aujourd'hui, il y a un problème de concentration. Donc, il faut être très rapide, très concis, et une image permet de résumer un long récit, bien sûr. Et j'ai, j'avais fait ce livre magnifique. L'histoire de France par les grands peintres. Tous ces tableaux d'histoire étaient fascinants parce qu'ils raconter une histoire.

Philippe Chauveau :

Vous nous faites revivre cette grande épopée napoléonienne, avec ce beau livre que vous publiez chez Larousse, Dimitri Casali. Ça s'appelle tout simplement Napoléon.

Napoléon, dans l'intimité d'un règne Larousse
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • L’Histoire, Dimitri Casali est tombé dedans quand il était petit. Né à Constantine en Algérie, le jeune Dimitri sait ce que cela représente de vivre au cœur même de la grande Histoire quand elle vient bousculer les destins individuels. De son enfance et de son adolescence à Toulouse, Dimitri Casali garde le goût de l’Histoire mais aussi de la musique. Si ses études le mènent naturellement vers l’Histoire, sa passion du rock le rattrape et il intègre un groupe, « Apple Pie », qui obtient un joli succès pendant...Napoléon, dans l'intimité d'un règne de Dimitri Casali - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Dimitri Casali.   Dimitri Casali : Bonjour.   Philippe Chauveau : J'ai plaisir à vous accueillir, nous allons parler de Napoléon. On sait que 2021 est une année napoléon, c'est le bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821. Dans l'intimité d'un règne, c'est un très beau livre que vous publiez aux éditions Larousse, on va revenir sur ce sujet. On connaît l'historien que vous êtes. On va faire un peu plus connaissance parce que vous avez un parcours qui est assez riche. L'historien, le...Napoléon, dans l'intimité d'un règne de Dimitri Casali - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Dimitri Casali, ce beau livre que vous publiez aux éditions Larousse, Napoléons dans l'intimité d'un règne. Il nous rappelle que 2021, c'est l'année Napoléon. Le 5 mai 1821, il mourait à Sainte-Hélène. C'est donc un bicentenaire et on sait que c'est une période que vous affectionnez en tant qu'historien, en tant qu'enseignant. Vous faites ce beau livre qui prend place dans une bibliographie napoléonienne déjà conséquent. Il y a eu des beaux livres, il y a eu des essais. Vous aimez cette période? Le...Napoléon, dans l'intimité d'un règne de Dimitri Casali - Livre - Suite