Les bonnes fées semblent s’être penchées sur le berceau de Laetitia Ayrès. Déjà comédienne et chanteuse, la voici romancière avec ce premier titre « Matriochka ».
Diplômé de sciences politiques, Laëtitia Ayrès décide de changer radicalement de vie pour vivre sa passion. La voilà en Argentine où, pendant plusieurs années, elle suit une formation lyrique à Buenos Aires. De retour à Paris, elle poursuit son apprentissage du chant tout en suivant parallèlement les cours du conservatoire. Depuis, la belle aventure se...
Matriochka de Laetitia Ayres - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Laetitia Ayres.
Laetitia Ayres :
Bonjour Philippe
Philippe Chauveau :
J'ai plaisir à vous accueillir puisque vous faites votre entrée en littérature. Bienvenue dans cette jolie famille. « Matriochka », c'est votre premier titre, c'est aux éditions Michel Lafon, mais vous avez une autre vie, un autre parcours artistique puisqu'on vous connaît déjà sur scène. Vous êtes chanteuse, artiste professionnelle dans le lyrique. Vous aimez aussi beaucoup tout ce qui touche au jazz, à la comédie...
Matriochka de Laetitia Ayres - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Pour votre premier roman, Laetitia Ayres, vous avez choisi cette belle couverture qui est lumineuse, qui attire l'œil. Et surtout, lorsqu'on est à la moitié du roman, on comprend la symbolique de ces feuilles vertes. « Matriochka », c'est le titre de ce premier roman. Nous allons faire connaissance avec deux femmes. La première vit à Paris. Nous sommes dans notre époque contemporaine. Elle s'appelle Claire. Elle s'est toujours rêvée comédienne. Le destin a fait que finalement, elle est doublure voix, ce...
Matriochka de Laetitia Ayres - Livre - Suite
Laetitia Ayrès
Matriochka
Présentation 00'02'55"Les bonnes fées semblent s’être penchées sur le berceau de Laetitia Ayrès. Déjà comédienne et chanteuse, la voici romancière avec ce premier titre « Matriochka ».
Diplômé de sciences politiques, Laëtitia Ayrès décide de changer radicalement de vie pour vivre sa passion. La voilà en Argentine où, pendant plusieurs années, elle suit une formation lyrique à Buenos Aires. De retour à Paris, elle poursuit son apprentissage du chant tout en suivant parallèlement les cours du conservatoire. Depuis, la belle aventure se poursuit et on retrouve Laëtitia Ayrès aussi bien dans « La flûte enchantée » de Mozart au théâtre du Ranelagh, chez Offenbach dans « La Périchole » au théâtre du Trianon et à l’Espace Cardin que chez Shakespeare dans « Le songe d’une nuit d’été ». La jeune femme ne cache pas son attirance pour la légende musicale de l’Amérique avec un spectacle formidable qu’elle a elle-même conçu et qu’elle promène sur les routes de France, « Judy, Brabra et moi » rendant hommage à l’âge d’or d’Hollywood et de Broadway.
Mais c’est bien la romancière qui nous intéresse ici. Voici « Matriochka », son premier roman dans lequel Laetitia Ayrès distille quelques éléments de son parcours.
Claire est une jeune femme d’aujourd’hui, elle élève seule son fils, Clément, qui entre dans l’adolescence. L’enfance de Claire a été choatique, entre un père absent et une mère frôlant la folie, alternant envers sa fille hystérie, violence et amour débordant. Fragilisée, Claire s’est fabriquée une autre vie en devenant comédienne. Mais les contrats qui la font vivre consistent avant tout à doubler le personnage d’un dessin animé, ce qui amuse beaucoup son fils mais la rend, elle, un peu amère. Claire est ce que l’on appelle une voix.
Et tout change quand on lui propose d’être la voix française d’Alma Arenales, une jeune comédienne argentine, personnage principale d’une série TV qui cartonne et dont la carrière s’envole.
Bien vite, Claire est fascinée par cette actrice. Certes, elle est sa doublure voix mais elle sent surtout chez elle des fragilités qui ressemblent aux siennes.
Leurs chemins se croiseront dans les paysages grandioses du nord du Brésil pour un quitte ou double qui les feront grandir ou chuter.
Avec une écriture maitrisée, une habile construction enchainant le passé et le présent, Laetitia Ayrès fait une entrée remarquée en littérature. On est séduit par ces deux héroïnes fragiles, deux femmes caméléon qui cachent leur mal-être en endossant la vie des autres, par le jeu ou par la voix. Un roman sur la famille, les secrets qui empêchent d’avancer, les mensonges qui détruisent, la fragilité de l’existence. Une intrigue habilement menée dont les dernières pages vous réservent un dénouement inattendu.
« Matriochka » le premier roman de Laétitia Ayrès est publié aux éditions Michel Lafon.
Laetitia Ayrès
Matriochka
Portrait 00'06'22"Philippe Chauveau :
Bonjour Laetitia Ayres.
Laetitia Ayres :
Bonjour Philippe
Philippe Chauveau :
J'ai plaisir à vous accueillir puisque vous faites votre entrée en littérature. Bienvenue dans cette jolie famille. « Matriochka », c'est votre premier titre, c'est aux éditions Michel Lafon, mais vous avez une autre vie, un autre parcours artistique puisqu'on vous connaît déjà sur scène. Vous êtes chanteuse, artiste professionnelle dans le lyrique. Vous aimez aussi beaucoup tout ce qui touche au jazz, à la comédie musicale. Vous allez nous parler de tout ça. Avant de parler de votre roman et de votre casquette de romancière, pourquoi l'envie de la scène et pourquoi le goût du chant ? Vous avez été formée notamment en Argentine puis à Paris. Pourquoi cette envie ?
Laetitia Ayres :
Je ne sais pas si j'ai une réponse qui me viens d'instinct, mais c'était assez familier. La musique a toujours été assez présente dans mon enfance. Mon grand frère est chanteur. Je pense que c’est un peu lui qui m'a montré la voie, dans tous les sens du terme. Et c'est venu assez naturellement, avec pas mal de résistance de mon côté. J'y suis arrivée tard, vers 25 ans. Je me suis alors tournée vers la scène.
Philippe Chauveau :
Avant vous avez fait des études plus classiques ?
Laetitia Ayres :
Je m'en approchais mais je tournais quand même toutes mes études vers la culture. De l'autre côté, monter sur scène, c’est venu plus tardivement. Je crois que c'est en Argentine que j'ai eu ce déclic.
Philippe Chauveau :
On va parler de l'Argentine mais, au-delà de votre frère qui était déjà dans le chant, est-ce en assistant à un spectacle ou y-a-t’il eu des artistes qui vous ont donné envie ?
Laetitia Ayres :
Oui, je me souviens très bien de la représentation que j'avais vu de West Side Story et ensuite des Misérables. Ce sont deux comédies musicales qui, encore maintenant, restent pour moi des sommets. Cela m'a probablement marqué, c'est sûr, mais pour autant, même si j'en garde un souvenir émerveillé, je ne m'imaginais pas sur scène.
Philippe Chauveau :
Vous faites le choix de vous former. Vous faites le choix aussi de devenir artiste lyrique. Puisque vous aimiez chanter, vous auriez pu essayer aussi de devenir artiste de variété, faire la Nouvelle star ou une autre émission TV. Pourquoi faites-vous le choix du répertoire lyrique ?
Laetitia Ayres :
Toujours pour tirer vers la comédie musicale à l'américaine, à l'anglo-saxonne, avec des voix. Il y a plusieurs types de répertoire mais il y a notamment tout un répertoire pour les voix un peu plus lyriques, un répertoire qui correspond plus à mon timbre. Pour moi, c'était ce que je voulais.
Philippe Chauveau :
C'était une évidence donc. Mais pourquoi le choix de la formation en Argentine, les hasards de la vie ?
Laetitia Ayres :
C'est un stage de fin d'études à la base. Je travaillais là-bas chez Universal Music en marketing, je classais les photos par ordre alphabétique. C'était à un moment où l'Argentine subissait une grosse crise économique et mon stage a tourné court puisque la moitié de l'équipe a été licenciée. C'était une période très compliquée et je me suis trouvée à beaucoup me poser de questions, à pouvoir tenter plein de choses, notamment des cours de comédie musicale avec une prof de chant lyrique. C'est en rentrant d'Argentine que je me suis dit que je devais me donner les moyens de faire ça de façon professionnelle et pas juste dans la salle de bain ou un spectacle de fin d'année.
Philippe Chauveau :
Après cette première formation à Buenos Aires, retour à Paris où vous continuez votre formation et en parallèle, vous êtes au Conservatoire pour reprendre aussi des cours de comédie. Et puis après, vous êtes enfin sur scène. Vous êtes souvent dans l'opérette. On vous voit notamment dans beaucoup de rôles d'Offenbach. Vous avez joué aussi Mozart dans « La flûte enchantée » et des comédies musicales, vous avez joué notamment dans « Les Misérables ». Mais au-delà du goût pour la comédie musicale, vous aimez tout ce qui touche au jazz, à toutes ces voix anglo-saxonnes, américaines. Vous avez d’ailleurs un spectacle que vous avez-vous-même conçu intitulé "Judy, Barbara et moi", en hommage à l'âge d'or hollywoodien et de Broadway, un hommage à Judy Garland, entre autres. Qu'est-ce qui vous touche dans le personnage de Judy Garland et plus largement dans cet âge d’or ?
Laetitia Ayres :
C'est le contraste entre ce qu'ils pouvaient donner sur scène, cette joie et ce rêve avec tout ce qu'on ressent de failles derrière et de douleur. Ce contraste entre la gloire, la générosité au public et la solitude de l'artiste m’apparait extrêmement romanesque.
Philippe Chauveau :
Justement, Judy Garland est le personnage clé, qui représente aussi bien l'ombre et la lumière. Judy Garland peut être considérée comme un personnage romanesque. La transition est un peu facile, mais entre être sur scène à chanter et prendre la plume pour raconter une histoire, vous voyez une passerelle ?
Laetitia Ayres :
Oui, c'est vrai qu'on raconte tout le temps des histoires. Mais oui, qu'on soit sur scène ou qu'on écrive seul à sa table, je pense que l'envie est la même et que les images sont à chaque fois présentes. Il y a beaucoup de liens.
Philippe Chauveau :
Vous qui êtes déjà artiste sur scène, saviez-vous qu'un jour vous prendriez la plume ou cela vous tombe t’il un peu comme ça sur le coin du nez ?
Laetitia Ayres :
Non honnêtement. C'est très paradoxal parce que j'ai essayé de me poser la question bien sûr. Je peux retrouver des traces qui font penser qu’effaectivement il y avait quelque chose qui me taraudait un peu. Ce n'est pas pour rien que je voulais justement faire un atelier d'écriture. Et pour autant, je n'arrive pas à dater ou à vraiment préciser d'où venait cette envie. En tous cas l'écrit m'attirait, toujours. Par contre, je n'ai vraiment pas regardé cet aspect-là pendant très longtemps.
Philippe Chauveau :
Bienvenue dans cette nouvelle aventure de l'écriture. Bravo pour ce premier titre, « Matriochka » aux éditions Michel Lafon.
Laetitia Ayrès
Matriochka
Livre 00'06'15"Philippe Chauveau :
Pour votre premier roman, Laetitia Ayres, vous avez choisi cette belle couverture qui est lumineuse, qui attire l'œil. Et surtout, lorsqu'on est à la moitié du roman, on comprend la symbolique de ces feuilles vertes. « Matriochka », c'est le titre de ce premier roman. Nous allons faire connaissance avec deux femmes. La première vit à Paris. Nous sommes dans notre époque contemporaine. Elle s'appelle Claire. Elle s'est toujours rêvée comédienne. Le destin a fait que finalement, elle est doublure voix, ce qui est quand même un rôle essentiel de la comédie. Mais cela ne correspond pas tout à fait à ses envies. D'autant que jusqu'à présent, elle n'a doublé que quelques personnages secondaires dont un personnage de dessin animé, ce qui réjouit son fils Clément. Et puis un jour, on va lui proposer de doubler une jeune comédienne argentine qui a le vent en poupe. Comment est née cette histoire et présentez-nous le personnage de Claire ?
Laetitia Ayres :
Elle est née d'une formation de doublage que j'ai faite il y a quelques années maintenant et je ne savais pas trop où j'allais. J'avais une image du doublage mais pour autant, je n'en avais pas les codes et j'ai trouvé ça assez fascinant. Je me suis dit qu'il y avait vraiment quelque chose d'infiniment romanesque dans ce contraste entre l'écran, le film, les stars à l'écran et l'ombre des studios, ce travail dans l'ombre pour un même personnage.
Philippe Chauveau :
Ce métier correspond à votre personnage de Claire, puisque c'est une jeune femme fragile qui se cherche, qui a rapport difficile avec son enfance, avec son passé, qui elle-même est mère de famille du petit Clément. Mais ce métier de l'ombre correspond bien à ses fragilités. Comment Claire nait-elle dans votre imagination ?
Laetitia Ayres :
Claire, elle est venue par plusieurs associations de personnes que je connais. Et puis, c'est venu de traits identifiés et ensuite imaginés. C'est une espèce de puzzle.
Philippe Chauveau :
Claire est un personnage féminin très attachant. Vous racontez dans les premières pages qu'elle a eu une enfance chaotique avec un père présent physiquement mais plutôt absent dans son éducation. Et puis une mère assez fantasque qui pouvait être capable du meilleur comme du pire, allant d'un amour débordant à une gifle dans la minute qui suit. Et même en ayant des crises d'hystérie, on a l'impression que Claire a choisi ce métier de comédienne. Comme s'il fallait se construire une autre peau par rapport à cette enfance qu'elle a connue, c'est à dire que ses fragilités d'enfance rejaillissent sur son quotidien de mère de famille.
Laetitia Ayres :
En effet, la scène était un parfait dérivatif pour elle, pour justement avoir un espace d'expression pour elle-même, en sécurité, et dans lequel elle puisse s'inventer d'autres vies.
Philippe Chauveau :
Le livre est construit en plusieurs chapitres qui portent, dans la première moitié du livre, les prénoms des personnages. Il y a Claire, Clément, le fils que l'on va voir apparaître à un moment, puis cette autre femme qui est un personnage solaire, Alma. C'est une jeune comédienne argentine qui a un succès international grâce à une série télé. Claire va donc devoir faire la voix française d'Alma pour ce doublage. Elle va faire une sorte de transfert sur cette comédienne à qui tout semble avoir réussi et qui, pourtant, cache aussi des failles. Pourquoi était-ce intéressant, selon vous, de mettre en parallèle ces deux portraits de femmes ?
Laetitia Ayres :
Pour cette altérité là, ce double. Cette espèce de double, à la fois complémentaire et avec plein de points communs, le travail de la complémentarité et l'altérité, les mettre en rapport avec un même métier. Au final, j'avais envie justement d'avoir deux personnages assez contrastés sans tomber dans les clichés extrêmes entre la brune et la blonde.
Philippe Chauveau :
Je ne vais rien trahir de l'intrigue, je vous le promets. Néanmoins, il est important de préciser que Claire a eu une enfance chaotique et qu’Alma est confrontée aux affres de la notoriété. Elle voit sa vie familiale étalée à la presse des magazines. On découvre aussi que son enfance ne correspond peut-être pas au portrait qu'elle aurait voulu donner sur les pages de papier glacé de la presse internationale. Et ce sont ces deux enfances qui vont se croiser à un moment du roman. C'est un roman sur la filiation, sur les secrets de famille, sur la maternité. Et j'imagine que le titre « Matriochka » rentre peut-être aussi dans cette démarche. Pourquoi avoir eu envie d'écrire justement sur toutes ces thématiques ?
Laetitia Ayres :
Honnêtement, je n'avais rien prévu avant, à la base c'était le doublage. Et puis voilà, justement, si on creuse, en effet, cela m'a toujours intéressé de me dire : « Si j'étais née ailleurs, que resterait-il de moi finalement ? Dans quelle mesure est-on le produit de son histoire et de ses ascendants ? Et dans quelle mesure est-ce qu'on a sa propre part d'identité à soi ». Et si Claire était née à la place d'Alma ou inversement qu'est-ce que cela aurait donné ? Ce sont des questionnements sans fin. Et ça, j'adore !
Philippe Chauveau :
En tout cas, voilà deux portraits de femmes que vous n'êtes pas prêts d’oublier. Alma, Claire, Claire, Alma... Deux femmes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, qui, pourtant, ont beaucoup de points communs. Comment, justement, vont elles se rencontrer et comment ça va se passer ? Vous allez découvrir tout ça. Voilà un excellent premier roman, « Matriochka », un roman qui nous fait voyager aussi, au propre comme au figuré. Vous êtes publiée aux éditions Michel Lafon, Merci.