Laetitia Ayrès

Laetitia Ayrès

Matriochka

Livre 00'06'15"

Philippe Chauveau :

Pour votre premier roman, Laetitia Ayres, vous avez choisi cette belle couverture qui est lumineuse, qui attire l'œil. Et surtout, lorsqu'on est à la moitié du roman, on comprend la symbolique de ces feuilles vertes. « Matriochka », c'est le titre de ce premier roman. Nous allons faire connaissance avec deux femmes. La première vit à Paris. Nous sommes dans notre époque contemporaine. Elle s'appelle Claire. Elle s'est toujours rêvée comédienne. Le destin a fait que finalement, elle est doublure voix, ce qui est quand même un rôle essentiel de la comédie. Mais cela ne correspond pas tout à fait à ses envies. D'autant que jusqu'à présent, elle n'a doublé que quelques personnages secondaires dont un personnage de dessin animé, ce qui réjouit son fils Clément. Et puis un jour, on va lui proposer de doubler une jeune comédienne argentine qui a le vent en poupe. Comment est née cette histoire et présentez-nous le personnage de Claire ?

Laetitia Ayres :

Elle est née d'une formation de doublage que j'ai faite il y a quelques années maintenant et je ne savais pas trop où j'allais. J'avais une image du doublage mais pour autant, je n'en avais pas les codes et j'ai trouvé ça assez fascinant. Je me suis dit qu'il y avait vraiment quelque chose d'infiniment romanesque dans ce contraste entre l'écran, le film, les stars à l'écran et l'ombre des studios, ce travail dans l'ombre pour un même personnage.

Philippe Chauveau :

Ce métier correspond à votre personnage de Claire, puisque c'est une jeune femme fragile qui se cherche, qui a rapport difficile avec son enfance, avec son passé, qui elle-même est mère de famille du petit Clément. Mais ce métier de l'ombre correspond bien à ses fragilités. Comment Claire nait-elle dans votre imagination ?

Laetitia Ayres :

Claire, elle est venue par plusieurs associations de personnes que je connais. Et puis, c'est venu de traits identifiés et ensuite imaginés. C'est une espèce de puzzle.

Philippe Chauveau :

Claire est un personnage féminin très attachant. Vous racontez dans les premières pages qu'elle a eu une enfance chaotique avec un père présent physiquement mais plutôt absent dans son éducation. Et puis une mère assez fantasque qui pouvait être capable du meilleur comme du pire, allant d'un amour débordant à une gifle dans la minute qui suit. Et même en ayant des crises d'hystérie, on a l'impression que Claire a choisi ce métier de comédienne. Comme s'il fallait se construire une autre peau par rapport à cette enfance qu'elle a connue, c'est à dire que ses fragilités d'enfance rejaillissent sur son quotidien de mère de famille.

Laetitia Ayres :

En effet, la scène était un parfait dérivatif pour elle, pour justement avoir un espace d'expression pour elle-même, en sécurité, et dans lequel elle puisse s'inventer d'autres vies.

Philippe Chauveau :

Le livre est construit en plusieurs chapitres qui portent, dans la première moitié du livre, les prénoms des personnages. Il y a Claire, Clément, le fils que l'on va voir apparaître à un moment, puis cette autre femme qui est un personnage solaire, Alma. C'est une jeune comédienne argentine qui a un succès international grâce à une série télé. Claire va donc devoir faire la voix française d'Alma pour ce doublage. Elle va faire une sorte de transfert sur cette comédienne à qui tout semble avoir réussi et qui, pourtant, cache aussi des failles. Pourquoi était-ce intéressant, selon vous, de mettre en parallèle ces deux portraits de femmes ?

Laetitia Ayres :

Pour cette altérité là, ce double. Cette espèce de double, à la fois complémentaire et avec plein de points communs, le travail de la complémentarité et l'altérité, les mettre en rapport avec un même métier. Au final, j'avais envie justement d'avoir deux personnages assez contrastés sans tomber dans les clichés extrêmes entre la brune et la blonde.

Philippe Chauveau :

Je ne vais rien trahir de l'intrigue, je vous le promets. Néanmoins, il est important de préciser que Claire a eu une enfance chaotique et qu’Alma est confrontée aux affres de la notoriété. Elle voit sa vie familiale étalée à la presse des magazines. On découvre aussi que son enfance ne correspond peut-être pas au portrait qu'elle aurait voulu donner sur les pages de papier glacé de la presse internationale. Et ce sont ces deux enfances qui vont se croiser à un moment du roman. C'est un roman sur la filiation, sur les secrets de famille, sur la maternité. Et j'imagine que le titre « Matriochka » rentre peut-être aussi dans cette démarche. Pourquoi avoir eu envie d'écrire justement sur toutes ces thématiques ?

Laetitia Ayres :

Honnêtement, je n'avais rien prévu avant, à la base c'était le doublage. Et puis voilà, justement, si on creuse, en effet, cela m'a toujours intéressé de me dire : « Si j'étais née ailleurs, que resterait-il de moi finalement ? Dans quelle mesure est-on le produit de son histoire et de ses ascendants ? Et dans quelle mesure est-ce qu'on a sa propre part d'identité à soi ». Et si Claire était née à la place d'Alma ou inversement qu'est-ce que cela aurait donné ? Ce sont des questionnements sans fin. Et ça, j'adore !

Philippe Chauveau :

En tout cas, voilà deux portraits de femmes que vous n'êtes pas prêts d’oublier. Alma, Claire, Claire, Alma... Deux femmes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, qui, pourtant, ont beaucoup de points communs. Comment, justement, vont elles se rencontrer et comment ça va se passer ? Vous allez découvrir tout ça. Voilà un excellent premier roman, « Matriochka », un roman qui nous fait voyager aussi, au propre comme au figuré. Vous êtes publiée aux éditions Michel Lafon, Merci.

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  • Les bonnes fées semblent s’être penchées sur le berceau de Laetitia Ayrès. Déjà comédienne et chanteuse, la voici romancière avec ce premier titre « Matriochka ». Diplômé de sciences politiques, Laëtitia Ayrès décide de changer radicalement de vie pour vivre sa passion. La voilà en Argentine où, pendant plusieurs années, elle suit une formation lyrique à Buenos Aires. De retour à Paris, elle poursuit son apprentissage du chant tout en suivant parallèlement les cours du conservatoire. Depuis, la belle aventure se...Matriochka de Laetitia Ayres - Présentation - Suite
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