Cécile Pivot

Cécile Pivot

Les lettres d'Esther

Portrait 00'07'26"

Philippe Chauveau :

Bonjour Cécile Pivot. Merci d'avoir accepté cette invitation. Les lettres d'Esther, c'est votre actualité chez Calmann-Lévy. Pivot ? Voilà un nom qui me dit quelque chose. C'est une question que je pose de façon récurrente lorsque je reçois les auteurs. Pourquoi le goût de la lecture, de l'écriture ? Ça peut être une bibliothèque, la rencontre avec un libraire ou un enseignant. Dans votre cas, est-ce l'atavisme familial qui fait que les livres font partie de votre univers ?

Cécile Pivot :

L’atavisme familial ? Oui, absolument. C'est-à-dire que les livres ont toujours fait partie de mon univers. Mon père étant Bernard Pivot, c'est vrai que j'ai grandi au milieu des piles de livres qui envahissaient tout notre appartement parisien. Mon père recevait en effet entre 30 et 50 livres par jour, sauf le dimanche. Je piochais comme je voulais dans ces piles de livres et j'ai aimé lire tout de suite.

Philippe Chauveau :

La biographie que donne votre éditeur précise que vous êtes avant tout journaliste même si vous avez aujourd'hui quatre livres à votre actif. Il y a ce parcours de journaliste. Pourquoi avoir choisi cette plume là ? Cette écriture, de journaliste, au préalable ?

Cécile Pivot :

Parce que j'aimais beaucoup la correction. J'ai commencé en étant journaliste dans le secrétariat d'édition. Puis, j'ai été dans la presse parce que j'étais passionnée de cinéma. J'ai travaillé longtemps à Studio Magazine, où je corrigeais les textes. J'étais ce qu'on appelle secrétaire de rédaction. C'est un métier qui porte mal son nom, mais c'est comme ça. Ça s'appelle secrétaire de rédaction. Et après, j'ai bifurqué vers l'écriture journalistique dans un journal qui s'appelait Maison française, où je suis restée à nouveau très longtemps, je suis devenue rédactrice en chef.

Philippe Chauveau :

On vous découvre en librairie avec un premier livre, un récit qui s'appelle, « Comme d'habitude », la vous faites le choix de nous parler d'une partie de votre vie, la relation que vous avez avec votre enfant, votre fils. Pourquoi ce livre était-il important ? Pourquoi avoir eu besoin de confier cette histoire familiale ?

Cécile Pivot :

En 2015, j'ai arrêté de travailler. Ça faisait 29 ans que j'allais au bureau tous les matins. Donc, c'est vrai que je me suis retrouvée avec le vide. J'avais décidé de partir, sauf que je n'avais pas de projet. Ça faisait plusieurs années que je voulais partir. Je me suis vraiment retrouvé chez moi. J'ai eu un an en mode panique. Je me suis mise à écrire comme ça petit à petit. J'ai repris mes notes sur mon fils Antoine, qui est autiste, et j'ai écrit. Et j'ai réussi à écrire ce livre sur lui, sur l'autisme et la maternité. Je n'aurais pas pu écrire directement un roman. Il fallait d'abord que j'écrive ce livre pour passer à autre chose. Ce livre m'a donné confiance en moi et dans l'écriture.

Philippe Chauveau :

Vous êtes vous découverte différemment en écrivant quelque chose d'aussi personnel et surtout en utilisant une écriture complètement différente de celle que vous aviez en presse Magazine. Etait-ce une autre Cécile Pivot ?

Cécile Pivot :

Oui. Moi, je pense que quand on commence à écrire, on découvre des choses sur soi incroyable. C'est à dire que je me suis aperçue alors, je ne dirai pas ça sur l'écriture, mais je me suis dit que j'étais persévérante. Oui, vraiment, ce que je ne savais pas, que j'aimais travailler le matin, que j'aimais travailler tard la nuit, que j'écrivais mal l'après midi. Donc oui, j'ai découvert que j'aimais écrire. J'ai surtout découvert que j'avais envie d'écrire. Jusque là, je m'interdisait d'écrire. Alors j'écrivais des articles, mais ce n'est pas la même chose. Écrire un livre, quelque part je me l'interdisait.

Philippe Chauveau :

Pourquoi vous l'interdisiez-vous ?

Cécile Pivot :

Parce que j'ai grandi dans le sacre de l'écrivain. Donc pour moi, c'était très compliqué et à la fois dans le sacre de l'écrivain et à la fois dans les coulisses de tous ces gens qui écrivent des livres. Il y avait ça en même temps. Comment écrire des bons livres parmi tous ces gens là ? Et puis, être écrivain, pour moi, c'était le plus beau métier du monde. C'était inaccessible. Donc oui, je me l'interdisait.

Philippe Chauveau :

C'était à la fois le poids de votre nom de famille, et puis toutes ces piles de livres qui n'avaient peut être jamais ouvert dans les couloirs de la maison familiale.

Cécile Pivot :

Si je peux vous dire que tous les livres ont été ouverts, au moins feuilleter ça c'est sûr. Mais oui il y avait ce côté : est-ce que j'ai le droit ? C'est compliqué quand vous avez un père qui s'appelle Bernard Pivot, vous dire qu'un jour vous allez écrire des livres. Ça reste de toutes façons compliqué pour moi. J'adore mon père, je l'admire, mais c'est compliqué. C'est compliqué de se démarquer. C'est compliqué de vivre avec ça, bien sûr.

Philippe Chauveau :

D'où l'importance de ce livre à quatre mains Lire ! Avec un point d'exclamation que vous avez co-écrit avec lui.

Cécile Pivot :

Oui, ce n'est pas un livre à quatre mains parce qu'on l'a beaucoup précisé. C'est vraiment un livre. En fait, quand je me suis retrouvée sans travail, mon père m'a proposé d'écrire ce livre parce que lui a un point de vue professionnel. Il avait aussi envie qu'il ait un point de vue d’un lecteur dont ce n'est pas le métier. À l'époque, je n'écrivez pas. Donc on a choisi vingt thématiques autour de la littérature, de la lecture et on écrit chacun de notre côté comment on voyait les choses. Des fois, on est d'accord, des fois, on n'est pas d'accord. On l'a écrit chacun séparément.

Philippe Chauveau :

Alors si je continue la chronologie, après Lire !, il y a ce premier roman où l’on vous découvre en tant que romancière et battements de cœur. Vous vous faites montre d'une grande mélancolie dans cette histoire d'un couple qui voit sa fin approcher inéluctablement. Là encore, une nouvelle page qui se tourne dans votre vie personnelle. Pourquoi raconter une histoire comme celle-ci ?

Cécile Pivot :

Je ne l'ai pas vécu. J'avais envie de raconter une séparation. C'est ça qui m'intéressait. C'était pas l'histoires d'amour, mais c'était d'en venir à la séparation. Voilà, c'est ça qui m'intéressait et c'était de raconter l'histoire d'une femme qui s'effondre.

Philippe Chauveau :

Tout à l'heure, on parlait de ce gouffre devant lequel vous avez eu l'impression de vous retrouver lorsque s'est arrêté votre parcours professionnel. Aujourd'hui, le gouffre est franchi. Vous avez l'impression que l'écriture vous a mis du baume au cœur?

Cécile Pivot :

Oui. Je me dis pourquoi je ne l'ai pas fait avant. Je pense que je n'ai pas toujours été à ma place dans la vie. Je suis bien chez moi, seule à travailler. J'aime ça. J'aime pas les réunions, j'allais dire je n'aime pas les gens, c'est pas ça, mais je suis bien toute seule. J'adore les gens, mais mes pas comme ça.

Philippe Chauveau :

Et l'écriture vous apporte ce confort ?

Cécile Pivot :

Ah oui, tous les jours, c'est ce que je dis. Tous les jours, je me dis mais pourquoi je ne l'ai pas fait avant ?

Philippe Chauveau :

Maintenant, vous êtes bel et bien présente en librairie. Et votre actualité, Cécile Pivot, c'est ce nouveau livre chez Calmann-Lévy, Les lettres d'Esther.

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    Philippe Chauveau : Esther, c'est cette jeune femme qui vit dans le nord de la France, est libraire, et a une relation fusionnelle avec son père. Ils s'écrivaient beaucoup. Et puis elle va avoir envie de créer un atelier d'écriture. Elle va proposer de partager son amour des mots avec différentes personnes. C'est le point de départ du roman. Dès le début, Esther nous explique qu’elle a été sa démarche. Elle nous parle directement. Vous pouvez nous présenter comment était née dans votre imagination cette jeune...Mon acrobate de Cécile Pivot - Livre - Suite