Alice Dekker

Alice Dekker

Les douces choses

Portrait 00'07'06"

Philippe
Bonjour Alice Dekker.

Alice Dekker
Bonjour.

Philippe
J'ai grand plaisir à vous accueillir. Vous êtes dans l'actualité avec ce qui est votre troisième livre chez Arléa, votre éditeur Les douces choses et ce portrait de Louise de Vilmorin qui illustre la couverture. On va reparler bien sûr de ce livre. On va parler aussi des précédents, puis on va parler de votre parcours. Il y a eu le droit, il y a eu un petit tour du côté de la politique. Aujourd'hui, vous êtes dans dans les relations en tant qu'attachée de presse. Mais alors pourquoi la littérature dans votre vie ? Pourquoi l'envie de la plume et de l'écriture ?

Alice Dekker
Pour exister, je pense. Pour me prouver des choses à moi même. Parce que j'aime les mots aussi. J'aime écrire. J'aime l'exercice littéraire en fait vraiment au sens technique, c'est à dire manier des mots, trouver la bonne formule, travailler une phrase pendant une demi heure, je trouve ça, je trouve ça exaltant, ça m'intéresse.

Philippe
Mais vous attendez 2008 pour publier votre premier livre ?

Alice Dekker
Oui, absolument.

Philippe
Vous vous sentiez pas légitime ?

Alice Dekker
Non ? Probablement. Et puis, beaucoup de fois, je pense que je suis... Alors c'est très paradoxal parce que je suis quelqu'un de discret, qui n'aime pas se mettre en avant. Donc c'est tout à fait paradoxal, surtout par rapport à ce dernier livre qui est beaucoup plus personnel. Mais il y a peut être aussi un moment où on sent que ça devient vraiment nécessaire. Je pense que ça a été mon cas. Et puis, et puis voilà, c'est aussi une idée qui vous vient. Un texte qui vous vient peut être plus facilement que les autres, un texte dans lequel on croit qu'on a envie de mener à son terme et puis qu'on a envie de partager tout simplement.

Philippe
Diriez vous que l'écriture, à un moment de votre vie, a été salvatrice ?

Alice Dekker
Incontestablement, et elle est de plus en plus. Oui.

Philippe
Et la lecture aussi.

Alice Dekker
Oui, oui, oui.

Philippe
Quels sont les auteurs qui vous qui vous portent, qui vous font grandir ?

Alice Dekker
Alors j'ai aujourd'hui des goûts beaucoup plus variés. J'ai eu, étant plus jeune, ma période de littérature américaine, mais vraiment, tout Hemingway tout Fitzgerald tout Steinbeck, tout Faulkner. Et en fait, j'ai réalisé que j'avais quand même tendance à lire des auteurs qui avaient tous à peu près écrit sur la même époque, ou en tout cas qui avaient et qui étaient tous plus ou moins contemporains, ceux que je viens de nommer le sont. Je pourrais ajouter à cette liste Romain Gary, Joseph Kessel. Voilà des auteurs qui ont eu eux mêmes des vies particulièrement exaltantes et dont les vies étaient quelque part aussi des romans. J'aime la littérature, mais j'aime aussi les écrivains. La vie des écrivains m'interpellent autant que leur œuvre.

Philippe
2008, c'est votre premier titre publié chez Arléa, Les Glorieuses Résurrections. Là, vous nous emmener dans un centre en montagne où un médecin tente d'apaiser des femmes qui sortaient des camps après la Seconde Guerre mondiale ? Comment est née cette histoire ? Pourquoi avoir eu envie d'écrire sur ce fait historique ?

Alice Dekker
Alors, la guerre de 39, la deuxième guerre mondiale est un événement historique qui résonne énormément en moi par mon histoire familiale tout simplement. Mais voilà, c'est vraiment une période de notre histoire qui m'intéresse énormément et je crois que je voulais aussi essayer de me prouver à un moment particulier de ma vie qu'on pouvait se remettre de tout, y compris et surtout du pire. Et pour moi, la déportation, c'était pour moi et je ne pouvais pas imaginer quelque chose de pire. Il se trouve que mon grand père a été déporté et voilà, ça m'intéressait d'écrire autour de ça.

Philippe
Et puis après, en 2012, il y a un autre titre : Chardin, La petite table de laque rouge. Donc là, vous nous emmener encore dans une époque passée sur les traces de ce peintre. Suite à une exposition que vous aviez vue en Espagne. Qu'est ce qui vous touchait dans ce peintre et pourquoi avoir eu envie de raconter sa vie, sachant que vous aviez fait le choix ? C'est Chardin qui s'adressait à son fils décédé. Qu'est ce qui vous touche chez Chardin ? Et comment justement parler peinture en littérature ?

Alice Dekker
J'aime Chardin. J'ai toujours aimé ce peintre. La simplicité de sa peinture, l'humilité de sa peinture. C'est ce temps qui s'arrête sur un fruit, un gobelet d'argent. Enfin, la simplicité, vraiment, dans ce qu'elle a de plus pure. Et puis je me suis intéressé à sa vie pour, au delà des tableaux qu'il avait peint, je voulais savoir qu'il était, etc. Il a une vie on ne peut plus simple, vraiment en apparence, une vie très simple. C'est quelqu'un qui n'a jamais quitté Paris, qui a vécu donc au Louvre quasiment toute sa vie. Et finalement, derrière cette vie sans beaucoup,

Philippe
Sans grand relief.

Avec très peu d'événements, on se rend compte que même la vie la plus la plus simple regorge de d'émotions. Il y avait un tas de choses à raconter en fait autour de lui.

Alice Dekker
Donc ce n'est pas, j'évoque évidemment sa peinture, j'évoque son œuvre, j'évoque ses tableaux, mais je l'évoque lui surtout. C'est lui qui se raconte, qui fait un retour sur sa vie et sur ses œuvres.

Philippe
Je me permets de revenir sur ses deux précédents titres parce que nous sommes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après, nous sommes à l'époque de Chardin. Là cette fois ci, même s'il y a une partie contemporaine, vous nous parlez aussi de Louise de Vilmorin. Donc vous nous emmener dans une époque révolue. Pourquoi ? Pourquoi avez vous besoin en écriture de vous réfugier dans des temps qui ne sont plus ?

Alice Dekker
Je pense, parce que je n'aime pas mon époque. Tout simplement, je pense que je n'aime pas mon époque. C'est ce que j'écris, enfin c'est ce que je fais dire à ma narratrice. Je pense que je ne me sens pas à ma place dans cette époque.

Philippe
Et l'écriture vous protège ?

Alice Dekker
L'écriture me transporte en des temps ou, oui, l'écriture me protège, l'écriture surtout, ça me transporte dans des temps ou je me dis que j'aurais peut être été différente. C'est à dire j'aurais peut être, ce que je vois moi comme des failles, comme des faiblesses, comme des fragilités, je mais je me persuade et c'est certainement un leurre. Mais je me persuade qu'à une autre époque j'aurais été plus forte, j'aurais été... Bon c'est certainement une utopie, mais.

Philippe
C'est aussi le pouvoir de la littérature ?

Alice Dekker
Oui, absolument.

Philippe
C'est votre actualité, Alice Dekker ça s'appelle les douces choses. Vous êtes publié chez Arléa.

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  • Pudique et discrète, Alice Dekker n’est pas du genre à se mettre en avant. Que ce soit dans une précédente vie, dans l’ombre politique, ou aujourd’hui en tant qu’attachée de presse, c’est plutôt les autres qu’elle cherche à mettre en lumière. Mais la véritable colonne vertébrale d’Alice Dekker, c’est bien la littérature, découverte à l’entrée dans l’âge adulte avec tous les grands auteurs américains de la première moitié du XXème siècle. Et puis un jour, l’envie d’écrire à son tour, de...Les douces choses d'Alice Dekker - Présentation - Suite
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    Philippe Dans ce qui est donc Alice Dekker, votre troisième titre chez Arléa, vous êtes, vous êtes fidèle à cette jolie maison d'édition. Voici Les douces choses et sur le bandeau avec votre éditeur, vous avez choisi de mettre ce portrait d'une femme qui est peut être un petit peu méconnue aujourd'hui et qui pourtant mérite de l'être davantage. C'est Louise de Vilmorin. Ça pourrait être une simple biographie de Louise de Vilmorin, mais ce n'est pas du tout ça. Alice DekkerNon puis ça a déjà été fait, ça a été, ça a...Les douces choses d'Alice Dekker - Livre - Suite