Alice Dekker

Alice Dekker

Les douces choses

Livre 00'06'25"

Philippe

Dans ce qui est donc Alice Dekker, votre troisième titre chez Arléa, vous êtes, vous êtes fidèle à cette jolie maison d'édition. Voici Les douces choses et sur le bandeau avec votre éditeur, vous avez choisi de mettre ce portrait d'une femme qui est peut être un petit peu méconnue aujourd'hui et qui pourtant mérite de l'être davantage. C'est Louise de Vilmorin. Ça pourrait être une simple biographie de Louise de Vilmorin, mais ce n'est pas du tout ça.

Alice Dekker
Non puis ça a déjà été fait, ça a été, ça a été très bien fait.

Philippe
Et puis en parallèle, ça peut être aussi simplement le portrait d'une femme d'aujourd'hui. Mais c'est pareil, ce n'est pas uniquement ça. Nous avons une narratrice qui vous ressemble peut être un peu. Elle arrive dans une nouvelle maison. Elle découvre cette pièce. La journée est en train de se terminer. Et puis très vite, elle va interpeller celle qu'elle appelle son amie de littérature et de détresse, Louise de Vilmorin. Qui est elle, cette femme ? Pas forcément très bien dans sa peau, cette narratrice que nous allons suivre sur tout ce parcours.

Alice Dekker
Alors, c'est une femme qui effectivement s'installe dans une nouvelle maison. Donc c'est un nouveau départ pour elle avec un homme qu'elle connaît depuis un certain temps.

Philippe
Charles, ça se passe plutôt bien.

Alice Dekker
Il s’appelle Charles, qui avec qui ça se passe bien, qui est très épris d'elle. C'est un homme qu'elle a rencontré après une longue histoire d'amour extrêmement difficile et c'est une femme qui est relativement tourmentée, qui n'est pas, qui n'est pas très à l'aise dans la vie, on va dire, et qui surtout se débat avec des souvenirs, un chagrin, une maison qu'elle a perdu, la maison de son enfance qui s'appelle Le Moulin qui est sorti de sa vie, sorti de sa famille dans des conditions, pas de la façon dont elle aurait voulu que ça se passe. Et qui a besoin, qui a l'impression d'avoir perdu quand même un havre et qui a besoin de reprendre racine quelque part.

Philippe
Et donc cette nouvelle maison est un peu une seconde chance de trouver des racines ailleurs. La maison semble très belle, il y a un jardin, il y a de nombreuses pièces. Charles et elle pourront chacun avoir leur univers. Mais on sent que ça va être compliqué parce que les souvenirs et les souvenirs affluent.

Alice Dekker
Absolument. Les souvenirs affluent en cette soirée, donc l'emménagement. Il se trouve que Charles n'est pas là. Et puis. Et puis, pour faire le lien avec Louise de Vilmorin parce que il se trouve que lors de la d'une des premières visites de la maison avant de l'acheter dans cette maison, il y a un grand salon bleu. Et la narratrice voit dans ce salon bleu un signe que lui envoie Louise de Vilmorin. Puisque à Verrières le Buisson, donc la magnifique maison de Louise de Vilmorin, cette maison reste célèbre par son salon bleu où Louise de Vilmorin accueillait des artistes etc. Au delà de cette image de grande femme élégante, mondaine, très frivole, voilà même un peu, un peu. Elle avait cette image de femme un peu facile qui a eu énormément, énormément d'amants etc. Effectivement cette Louise de Vilmorin là a existé, mais il y a une autre Louise de Vilmorin qu'on connaît moins et c'est elle que je m'attache à présenter dans mon livre.

Philippe
Vous nous parlez d’une Louise de Vilmorin qui cache ses failles derrière la flamboyance d'une notoriété, d'une vie publique. Toute la force du livre, c’est que nous alternons avec la narratrice qui s'installe dans cette nouvelle maison. Les déménageurs viennent juste de laisser les cartons. Nous sommes à notre époque contemporaine. Et puis, d'un chapitre sur l'autre, c'est plus Louise de Vilmorin que l'on va découvrir. La romancière, autrice, mais aussi la femme. Et il y a et vous ne le cachez pas, il y a dans le livre une une profonde et douce mélancolie. La mélancolie est presque un personnage à part entière du livre. Pourquoi est ce important ?

Alice Dekker
Parce que, effectivement, je trouve que la mélancolie, c'est un personnage littéraire en soi. Parce que, tout simplement, ça correspond aussi à ma nature profonde. Donc je, je ne sais pas si je suis capable d'écrire sans qu'il y ait cette espèce de fantôme qui erre dans mes livres. Je crois que c'est, ça caractérise aussi la littérature que j'ai envie d'écrire.

Philippe
Ce que j'ai aussi apprécié dans votre vie, dans votre livre, dans votre roman, c'est la qualité de votre écriture. C'est une écriture qui prend le temps, c'est une écriture élégante. On sent que vous aimez la musique, des mots. Comment l’avez vous appréhendé cette écriture ? Avez vous l'impression que que Louise de Vilmorin était au dessus de votre épaule à vous accompagner ?

Alice Dekker
Pas forcément parce que, pour le coup, l'écriture de Louise de Vilmorin est vraiment très différente. Même si, alors elle est très singulière. L’écriture de Louise de Vilmorin est assez poétique, elle a quelque chose de presque.

Philippe
Mais la vôtre l’est aussi.

Alice Dekker
Aussi un peu surréaliste, je dirais. Honnêtement, le personnage de Louise de Vilmorin me fascine davantage que son œuvre. J'ai adoré Madame de, évidemment. J'aime beaucoup ses poèmes. Je suis plus intéressée, à la limite par. Par toute son œuvre épistolaire, peut être plus que par ses romans.

Philippe
Mais c’est surtout la femme qui vous fascine.

Alice Dekker
Oui c’est surtout la femme qui m'intéresse chez Louise de Vilmorin. Plus que l'auteur.

Philippe
Une fragilité qui se cache derrière le personnage ?

Alice Dekker
Absolument, absolument.

Philippe
« Voulez vous bien me convaincre, une fois encore, que la mélancolie n'est jamais que passagère et le meilleur à venir. » C’est une très belle œuvre littéraire, avec une écriture tout, tout en élégance et en pudeur. Deux portraits de femmes, celui de Louise de Vilmorin d'un côté, puis celui de la narratrice qui vous ressemble par bien des côtés. Vous nous avez fait comprendre. Et c'est aussi un beau livre sur les, sur les racines, sur l'attachement à la famille. Alice Dekker, Les douces choses, vous êtes publié aux éditions Arléa. Merci beaucoup.

Alice Dekker
Merci.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Pudique et discrète, Alice Dekker n’est pas du genre à se mettre en avant. Que ce soit dans une précédente vie, dans l’ombre politique, ou aujourd’hui en tant qu’attachée de presse, c’est plutôt les autres qu’elle cherche à mettre en lumière. Mais la véritable colonne vertébrale d’Alice Dekker, c’est bien la littérature, découverte à l’entrée dans l’âge adulte avec tous les grands auteurs américains de la première moitié du XXème siècle. Et puis un jour, l’envie d’écrire à son tour, de...Les douces choses d'Alice Dekker - Présentation - Suite
    PhilippeBonjour Alice Dekker. Alice DekkerBonjour. PhilippeJ'ai grand plaisir à vous accueillir. Vous êtes dans l'actualité avec ce qui est votre troisième livre chez Arléa, votre éditeur Les douces choses et ce portrait de Louise de Vilmorin qui illustre la couverture. On va reparler bien sûr de ce livre. On va parler aussi des précédents, puis on va parler de votre parcours. Il y a eu le droit, il y a eu un petit tour du côté de la politique. Aujourd'hui, vous êtes dans dans les relations en tant qu'attachée de presse. Mais...Les douces choses d'Alice Dekker - Portrait - Suite
    Philippe Dans ce qui est donc Alice Dekker, votre troisième titre chez Arléa, vous êtes, vous êtes fidèle à cette jolie maison d'édition. Voici Les douces choses et sur le bandeau avec votre éditeur, vous avez choisi de mettre ce portrait d'une femme qui est peut être un petit peu méconnue aujourd'hui et qui pourtant mérite de l'être davantage. C'est Louise de Vilmorin. Ça pourrait être une simple biographie de Louise de Vilmorin, mais ce n'est pas du tout ça. Alice DekkerNon puis ça a déjà été fait, ça a été, ça a...Les douces choses d'Alice Dekker - Livre - Suite