François d'Epenoux

François d'Epenoux

Le roi-nu-pieds

Portrait 00'07'41"

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Philippe Chauveau
Bonjour François, dites nous. Bonjour. Le roi nu pieds, c'est votre actualité aux éditions Anne Carrière. C'est un joli chemin que vous avez parcouru depuis depuis GéGé. C'est en 95 votre premier titre. Lorsque vous regardez un peu en arrière, ce parcours d'auteur, de romancier, comment l'analysez vous ?

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François d'Epenoux
Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer Anne Carrière, mon éditrice. Et puis, à regarder tous ces tous ces titres les uns après les autres, sans que je l'ai vraiment voulu, je m'aperçois qu'ils ont constitué un puzzle qui constitue mon qui constitue mon image. En fait, c'est drôle comme consciemment ou inconsciemment, on écrit des livres qui qui représentent chacun une pièce d'un puzzle qui finit par se constituer au fil de la vie.

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François d'Epenoux
Et je ne crois pas que ce soit vraiment conscient.

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Philippe Chauveau
Les jours Areuh, Les désossés, Le presque, ça fait partie de votre de votre bibliographie. Il y a eu aussi, rappelons le, deux titres qui ont été adaptés au cinéma Deux jours à tuer et Les papas du dimanche. Il y a souvent dans votre écriture, même i Les désossés, on était un peu sur un registre à part, mais en tout cas, dans tous les autres titres, il y a comme une sorte de mélancolie dans votre dans votre écriture.

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Philippe Chauveau
Et ce sont souvent des hommes, des hommes dans dans la quarantaine, dans la cinquantaine, qui sont les héros principaux. Pourquoi ?

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François d'Epenoux
Ce sont mes alter ego, mes porte-paroles. Peut-être que je suis quelqu'un d'assez discret dans la vraie vie, peut être d'un peu timide, pourquoi pas ou un peu réservé. Je leur fais dire beaucoup de choses que je ne dirais pas dans la vraie vie. Ils sont, mais ils sont tous mes frères, mes alter ego, mes cousins ou mes représentants, mes ambassadeurs.

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François d'Epenoux
Ils parlent à ma place. C'est vrai que là aussi, est ce que je l'ai fait exprès ? Je ne sais pas. Le fait est que vous avez raison, ça revient souvent, ces figures d'homme ou paternelles ou de patriarche parfois, ou alors de père qui qui parlent à ma place excepté, vous avez raison, Les désossés qui étaient un registre différent parce que c'était une pièce de théâtre que j'avais écrite avec un ami, Jean Franco, que j'ai ensuite adaptée en roman.

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François d'Epenoux
Donc là, c'était un peu hors champ. Mais. Mais tous ces personnages masculins me représentent, représentent une part de moi.

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Philippe Chauveau
Et vous êtes d'accord lorsque je parle de cette de cette douce mélancolie qui saupoudre chacun de vos titres ?

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François d'Epenoux
Douce mélancolie, mélancolie humoristique aussi, parce que j'essaie toujours d'instiller un peu d'humour, y compris dans la mélancolie et dans la nostalgie. J'ai une forme de nostalgie que je revendique ce n'est pas toujours bien porté aujourd'hui de parler nostalgie. Mais moi, je l'assume. Ça me dérange pas tellement. Je parle de mélancolie que je suis de mélancolie. Je. Je suis moi même une sorte de mélancolique.

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François d'Epenoux
Je le dis un peu dans le bouquin aussi, mais j'essaie toujours de désamorcer le pathos ou les moments un peu graves, avec un peu d'humour. Parce que je vois la vie aussi comme ça. Il y a toujours des petites choses drôles qui se glissent dans les scènes les plus tragiques ou les plus tristes de l'existence.

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Philippe Chauveau
Alors forcément, lorsque l'on parle de votre parcours, François d’Epenoux, on parle du romancier, de l'écrivain. Mais on ne peut pas oublier que vous avez une autre vie. Qui est votre vie professionnelle dans le monde de la publicité ? Depuis déjà pas mal d'années, vous avez connu les grandes heures de la publicité, puis vous la voyez évoluer au fil au fil des décennies.

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Philippe Chauveau
On est finalement dans deux univers très, très différents. Vous dites vous même que vous êtes quelqu'un de discret, voire de très timide. Ça semble paradoxal pour un homme de publicité.

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François d'Epenoux
C'est vrai que la publicité. Quand j'ai commencé dans ce milieu était donné la part belle aux mots. Encore aujourd'hui, c'est plus compliqué parce qu'on a des outils digitaux et cetera qui vont très très vite. Je ne dis pas que le texte n'est pas réhabilité d'une certaine façon à travers ça, mais à l'époque, il y avait des profils très différents dans la publicité.

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François d'Epenoux
Il y avait des artistes, il y avait des écrivains, il y avait des journalistes. Enfin, il y avait un peu de tout, des gens qui avaient changé de vie, qui avaient trouvé là un moyen de s'exprimer.

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Philippe Chauveau
On parle là des années 90 ?

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François d'Epenoux
Oui exactement 80 90. J'ai connu un peu alors sans faire le vieux bonhomme. Mais la fin de ces années assez assez légères, assez insouciantes dans la pub. Aujourd'hui, vous entrez dans une agence de pub, on se croirait dans une banque, ça rigole plus du tout. C'est très sérieux et si vous voulez, tout ça se complète assez bien parce que le travail de romancier est solitaire.

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François d'Epenoux
Là où la publicité se fait en équipe, avec des graphistes, avec des directeurs artistiques, ça me va bien. En fait, cette effervescence, cette espèce de oui, ce côté pétillant où on doit agir très vite. Il n'y a pas vraiment d'enjeux primordiaux dans la pub. Parfois, quand on parle d'un yaourt aux fraises, on ne peut pas dire qu'on soit vraiment mobilisés.

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François d'Epenoux
Parfois, ça peut être aussi des belles causes des associations, des fondations où on met notre talent de publicitaire ou de communicants au service de quelque chose de plus profond. Ça, ça me plaît beaucoup. J'essaie de le faire de plus en plus, mais c'est vrai que ça se complète assez bien avec l'écriture d'écrivain qui est solidaire et solitaire.

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Philippe Chauveau
Solidaire et solitaire.

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François d'Epenoux
Le jeu de mots, le lapsus et que ça forme un tout qui me convient bien.

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Philippe Chauveau
95 Je le disais, c'est votre premier titre. GéGé. Vous avez été très vite remarqué puisque GéGé a été sélectionné pour plusieurs prix et c'était un besoin de devenir romancier. Ça correspondait à une attente, à un besoin. Vous aviez des choses à dire. Vous l'avez dit vous même, vous avez parfois peut être des difficultés à trouver les mots, à dire des choses.

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Philippe Chauveau
C'est à dire que l'écriture vous a un peu sauvé ?

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François d'Epenoux
Ah oui, oui, certainement certainement. Je savais qu'il n'y avait d'issue que dans l'écriture d'abord. Par défaut, j'étais tellement nul dans d'autres matières, math, sciences et autres qu'il fallait bien que je sois un peu bon quelque part. Et puis souvent, j'ai coutume de dire s'il n'y avait pas eu ce petit talent d'écriture. Je ne sais pas ce que j'aurais fait de ma vie.

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François d'Epenoux
Très honnêtement, je pense que d'ailleurs, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Franchement, j'ai eu cette petite grâce qui fait que tout à coup, une prof en quatrième m'a dit que j'avais quelque chose, peut être un petit don. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, d'un sourd et j'ai continué. J'ai pris du plaisir tout à coup à faire des rédactions, des poèmes, des nouvelles, puis un premier roman refusé, mais avec des encouragements.

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François d'Epenoux
Deuxième roman pareil, et le troisième a été le bon. Donc je me suis accroché. J'ai fait des études malgré tout parce que j'avais un père qui me disait fait des études parce que l'écriture, c'est très dur, être publié, c'est très dur. Il connaissait ce milieu et donc je me suis accroché et c'était pour moi vital de prouver que j'avais raison, de m'accrocher et aussi peut être d'opposer quelque chose à mon père qui était lui grand reporter de guerre, et cetera qui avait une vie, un vécu très riche, très aventurier.

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François d'Epenoux
Et moi, je me suis un petit peu réfugié dans l'écriture pour sans doute lui opposer quelque chose aussi. C'est possible.

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Philippe Chauveau
Aujourd'hui, lorsque vous êtes à votre table de travail, alors on va bien sûr parler de ce nouveau titre Le roi nu pieds. Mais lorsque vous commencez l'écriture d'un nouveau roman, c'est aussi une sorte de refuge. Toujours.

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François d'Epenoux
Ça reste un refuge. La vie en tant que telle, d'abord, m'angoisse à bien des points de vue et je pense que je ne suis pas le seul. Et deuxièmement, ne me suffit pas complètement. C'est à dire ? Je ne peux pas être complètement dupe de l'existence telle qu'elle est ou de la vie telle qu'elle se déroule autour de moi.

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François d'Epenoux
J'ai parfois l'impression, je le dis parfois dans mes livres et je crois de l'avoir dit dans ce livre aussi d'être derrière une scène, derrière un rideau, de derrière une vitre et de et de regarder l'aquarium ou derrière et d'être spectateur d'une scène à laquelle je ne participe pas. Et peut être que les auteurs ou les artistes en général sont comme ça.

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François d'Epenoux
Ils ne participent pas, ils se contentent de contempler, de regarder. Alors c'est une posture un peu commode. Mais moi, ça m'a toujours. Je n'ai jamais vraiment cru à ce qui m'entourait. Je ne sais pas comment vous dire. J'ai toujours eu besoin de me mettre un peu en retrait. Y compris dans les vraies scènes de ma vie, y compris dans les scènes, les moments les plus heureux ou parfois les plus tragiques.

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François d'Epenoux
J'ai toujours eu ce petit recul assez salutaire pour me dire bon, ça va, je ne donne pas prise à la réalité, je vais pouvoir mieux la gérer.

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Philippe Chauveau
Et vous continuez à tracer votre sillon dans le monde littéraire avec ce 13ᵉ titre, François d’Epenoux, toujours aux éditions Anne Carrière. Le Roi nu pieds.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d’Epenoux tant il est une réussite et touche au cœur. Depuis son premier livre, « Gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d’Epenoux a prouvé qu’il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « Le presque », « Même pas mal », « Le réveil du cœur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au...Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Présentation - Suite
    00:00:06:03 - 00:00:22:17Philippe ChauveauBonjour François, dites nous. Bonjour. Le roi nu pieds, c'est votre actualité aux éditions Anne Carrière. C'est un joli chemin que vous avez parcouru depuis depuis GéGé. C'est en 95 votre premier titre. Lorsque vous regardez un peu en arrière, ce parcours d'auteur, de romancier, comment l'analysez vous ? 00:00:23:24 - 00:00:46:23François d'EpenouxJe me dis que j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer Anne Carrière, mon éditrice. Et puis, à regarder tous ces tous ces titres les uns...Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Portrait - Suite
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