François d'Epenoux

François d'Epenoux

Le roi-nu-pieds

Livre 00'08'37"

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Philippe Chauveau
Tout commence en été. Il fait très chaud, il y a du soleil. Nous sommes sur la côte Atlantique et Éric est en famille chez la grand mère qui les accueille dans sa maison de famille. Il est là, avec sa seconde épouse et leurs enfants. Et puis il y a un drôle de couple qui débarque, c'est Neels.

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Philippe Chauveau
Neels, c'est le fils, le fils né d'un premier mariage. Il vient avec sa copine, rencontrée sur une sur une ZAD à Notre Dame des Landes.Et là les retrouvailles familiales, on va le voir dès les premières pages, sont assez compliquées. C'est ce que vous allez nous raconter dans ce nouveau titre, Le roi nu pied. Ce sont les relations difficiles entre ce père Éric et son fils, ce Neels qui a choisi une une vie à part.

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Philippe Chauveau
Comment naît-elle cette histoire ?

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François d'Epenoux
Alors, j'ai eu à cœur de rendre hommage à mon fils parce qu'en fait, il s'agit de mon vrai fils. Ce personnage de Neels. Ensuite, dans le livre, c'est vrai que je me sers de ce socle, de cette base pour, pour construire un livre. Mais ensuite, j'ai beaucoup inventé, j'ai beaucoup brodé, j'ai beaucoup romancé. Ça devient de la fiction.

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François d'Epenoux
Mais cette scène de départ que vous décrivez. Ça s'est vraiment passé comme ça, c'est à dire à la maison. Et l'arrivée de mon fils qui arrive de la ZAD, pieds nus. Alors il faut voir Le look, c'est quelque chose. C'est dreadlocks, le pantalon déchiré, pieds nus, pas de chaussures en haillons, mais je ne voudrais pas le réduire à ça.

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François d'Epenoux
C'est vraiment quelqu'un qui ne s'intéresse absolument pas au fait d'être bien habillé ou pas. Il est vraiment un peu en haillons, presque un peu clochard, mais avec une espèce d'allure quand même. Et il arrive avec sa petite amie de l'époque. Alors look un peu baba cool aussi, et cetera et un grand chien. Et cet attelage étonnant arrive dans la maison de famille bien proprette de la grand mère, qui est une femme d'ailleurs, qui a qui a vécu et qui est plutôt qui a un esprit ouvert avec le père, effectivement, la belle mère de Neels et le petit garçon.

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François d'Epenoux
Et là, bien évidemment, il s'agit de. Il s'agit de se retrouver. Il s'agit d'accepter et de ne pas gâcher la fête.

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Philippe Chauveau
Parce que voilà, au début, tout le monde essaie de faire de faire bonne figure. En tout cas les accueillant. Que ce soit Neal, son épouse, leurs enfants, la grand mère, tout le monde essaie d'accueillir un peu l'enfant prodigue qui revient, qui, lui, n'a pas forcément envie de de faire des efforts parce qu'il estime que c'est son choix de vie.

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Philippe Chauveau
Il faut l'accepter comme ça. Il vient juste passer quelques jours pour peut être recharger les batteries, recréer, recréer le lien. Laver peut être un peu le linge aussi, mais lui n'a peut être pas envie de faire d'effort.

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François d'Epenoux
Il ne fait aucun effort. Il dit il est comme il est, il vit comme comme ça que c'est qu'il a son mode de vie et que c'est à nous de l'accepter. De même que lui accepte notre mode de vie, ce qui est un peu un comble parce que la maison est quand même plutôt agréable. Donc on se dit que s'il vient, c'est parce que c'est agréable c’est au bord de la mer, et cetera et cetera Et quand vous dites recharger les batteries, c'est tout à fait ça et recréer du lien, c'est à dire que je crois qu'il a eu à cœur.

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François d'Epenoux
Après, je crois qu'on ne s'était pas vu depuis deux ou trois ans de se retrouver en famille, de se connaître à nouveau, de se connaître mieux dès lors qu'il avait fait ce choix de vie que personnellement, je respecte avec ses excès, mais que je respecte. Et donc il a dû se dire bon, maintenant, je ne suis plus seulement le fils, je suis un individu à part entière qui va rencontrer un et retrouver un autre individu à part entière qui est mon père, et on va voir comment ça va se passer.

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Philippe Chauveau
Ce qui est intéressant, c'est que vous continuez à parler à la première personne en rappelant que c'est votre histoire. Moi, je vais continuer à parler du personnage, de parler, à parler d'Eric parce qu'effectivement, Eric est tout à fait au courant du choix de vie de son fils. Il l'accepte, il ne le comprend pas, mais il accepte. On le dit dans les premiers jours, ça va plutôt bien se passer dans cette grande maison de vacances.

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Philippe Chauveau
Mais au fil des jours, c'est de plus en plus compliqué. Et il y a un jour où tout va claquer et où le père Eric va demander à son fils de repartir, de prendre la porte. Et on va arriver dans la deuxième partie du roman parce que cette fois ci, c'est Eric. C'est le père que l'on va suivre.

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Philippe Chauveau
Dans la première partie, il était plutôt brillant, une bonne situation. Et puis dans la deuxième partie, la situation professionnelle s'écroule. Eric est pris de doutes dans sa vie professionnelle, dans sa vie personnelle, dans sa vie sentimentale. Et puis, surtout, il y a toujours ce poids : que devient mon fils qui est là bas, sur cette ZAD, sur cette ZAD de Notre Dame des Landes, puisque c'est là bas que le fils a choisi d'aller militer, en quelque sorte.

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Philippe Chauveau
Vous avez construit ce roman en deux temps. Et puis il y a une troisième partie dont on parlera aussi. Mais il y a vraiment ces deux premières parties qui sont très importantes. Vous vouliez que ce père de 40, 50 ans, à un moment, s'écroule ?

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François d'Epenoux
Oui, j'ai cherché cet effet de bascule entre Eric, le père et le fils, pour montrer que les deux systèmes avaient leurs failles, leurs avantages et leurs et leurs inconvénients et leur violence propre. Dans la première partie, on voit un système de la ZAD. Dans la deuxième, on voit le système de la publicité de la du monde de l'entreprise tel qu'il est aujourd'hui, qui peut être ultraviolent avec des gens qui peuvent avoir 50, 55 ans, et cetera qui tout à coup se retrouvent un peu mis à part sortis des radars.

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François d'Epenoux
J'ai voulu cette construction en bascule pour montrer que les deux, tout à coup, ont vécu la même chose en fait. Alors dans leurs chemins respectifs et que les deux se retrouvent sur une sorte de pied d'égalité, c'était ça qui m'importait. Et ces deux êtres qui ne sont plus tout à fait un père et un fils. Ils vont, ils vont se retrouver.

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Philippe Chauveau
Et c'est donc la troisième partie du roman Où là, finalement, face à face à ce gouffre devant lequel se retrouve Éric, le père. Deux ans après avoir mis son fils à la porte, il fait le choix d'essayer d'aller le retrouver pour recréer du lien, essayer d'aller retrouver sur cette fameuse ZAD, Ça, c'est pas une expérience que vous avez vécue vous même ?

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François d'Epenoux
Non, je ne suis pas allé sur la ZAD. J'ai tout. Je me suis énormément renseigné. Je me suis aperçu qu'il y avait des choses assez passionnantes dans cette expérience puisque c'est la recherche d'une nouvelle société et que le père Eric, dans dans le livre, veut voir comment vit Neelsl. Il veut comprendre, il veut voir et il veut vraiment plutôt que d'avoir un jugement en disant c'est dégueulasse, c'est que des chevelus qui vivent dans la crasse, il veut savoir comment ça se passe vraiment Et en fait, il est assez séduit par ce système.

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Philippe Chauveau
Moi, ce qui m'a plu dans votre livre, c'est la qualité de votre écriture, mais que l'on avait déjà décelée dans vos précédents titres. Et puis, c'est surtout qu'il y a énormément de thèmes qui sont abordés les relations familiales, les relations intergénérationnelles, la difficulté de dialoguer parfois entre les parents et les enfants. C'est aussi une vision de la société.

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Philippe Chauveau
On parle de la société, de l'argent, du pouvoir, de l'argent, de la publicité, etc, de tous ceux qui essayent de créer un autre monde. Vous gardez votre votre, votre oeil de romancier, c'est à dire que vous voulez raconter le monde qui nous entoure.

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François d'Epenoux
C'est très important pour moi et j'essaie toujours de faire de quelque chose de personnel, quelque chose d'universel, de faire cette bascule là. C'est vrai dans beaucoup de mes bouquins, je pars souvent d'une base, d'un socle, d'une souche qui est relativement personnelle et ensuite, j'en fais quelque chose d'universel. Je dis universel parce que je crois qu'à travers ce livre, à travers cette relation père fils, on voit effectivement les relations parents enfants et les difficultés qu'il y a à se comprendre de temps en temps, d'une façon générale entre les parents et les enfants.

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François d'Epenoux
Et puis, à l'heure où on parle tellement de changement de vie, où les gens après le vide, se sont dit Tiens, je vais changer de vie, Je vais devenir menuisier dans la Creuse parce que j'en ai toujours rêvé, alors que j'allais tous les jours à la défense bosser, je me suis dit que c'était à travers ce prisme là, un peu extrême de la ZAD.

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François d'Epenoux
Ça nous interroge sur notre façon de vivre et notre façon d'accepter nos vies, telles qu'elles sont. Alors comment elles nous conviennent ? Pas toujours.

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Philippe Chauveau
C'est peut être votre roman le plus personnel, en tout cas. C'est le roman pour lequel vous vous osez dire en préambule. C'est une partie de mon histoire. Pourquoi était-ce important de raconter ce lien entre votre fils et vous, puisque votre fils a fait ce choix d'être d'être zadiste ?

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François d'Epenoux
C'était vraiment un cadeau que je voulais lui faire parce qu'on a des liens un peu distendus. Ils ne sont pas et il n'y a pas d'animosité. Simplement, on est, on est loin et loin, loin, presque géographiquement. Et on est loin l'un de l'autre. Et je trouvais que lui offrir cet objet livre où j'essaie de le comprendre et de comprendre ce qui nous est arrivé à tous les deux.

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François d'Epenoux
Ça me paraissait être le plus beau des cadeaux à faire.

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Philippe Chauveau
Il y a cette cette phrase que j'ai noté et qui parle aussi bien de la relation entre le père et fils que de la relation que nous avons au monde et à la société. OK, c'est vraiment la merde, mais quitte à être là, autant se persuader qu'il n'est pas trop tard. Parce qu'effectivement, comme souvent dans vos livres, vous ne perdez jamais.

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Philippe Chauveau
Vous ne perdez jamais l'espoir. Et ça, c'est important. L'histoire est magnifique, l'écriture est magnifique, C'est un vrai coup de cœur. C'est une belle réussite que ce 13ᵉ roman. Votre 13ᵉ roman, François d’Epenoux. Vous êtes publié aux éditions Anne Carrière et ça s'appelle Le roi nu pied. Merci beaucoup.

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François d'Epenoux
Merci beaucoup.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d’Epenoux tant il est une réussite et touche au cœur. Depuis son premier livre, « Gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d’Epenoux a prouvé qu’il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « Le presque », « Même pas mal », « Le réveil du cœur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au...Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Présentation - Suite
    00:00:06:03 - 00:00:22:17Philippe ChauveauBonjour François, dites nous. Bonjour. Le roi nu pieds, c'est votre actualité aux éditions Anne Carrière. C'est un joli chemin que vous avez parcouru depuis depuis GéGé. C'est en 95 votre premier titre. Lorsque vous regardez un peu en arrière, ce parcours d'auteur, de romancier, comment l'analysez vous ? 00:00:23:24 - 00:00:46:23François d'EpenouxJe me dis que j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer Anne Carrière, mon éditrice. Et puis, à regarder tous ces tous ces titres les uns...Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Portrait - Suite
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