Fabrice Humbert

Fabrice Humbert

Le monde n'existe pas

Portrait 00'07'13"

Philippe Chauveau Bonjour Fabrice Humert.

Fabrice Humbert Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau Un nouveau titre chez Gallimard, Le monde n'existe pas. Votre aventure a commencé en 2008. Votre aventure en tant qu'écrivain, c'est bien ça ?

Fabrice Humbert Oui. En 2008, lorsque j'ai rencontré les éditeurs du Passage. Après une carrière d'auteur, c'est d'abord de l'écriture. J'écris depuis l'âge de 20 ans. Mais c'est vrai que la concrétisation institutionnelle, si je puis dire, c'est à partir de 2008.

Philippe Chauveau Tout commence avec Biographie d'un inconnu. Lorsque vous regardez le chemin parcouru, même si les années ne sont pas si nombreuses. Mais vous avez quand même fait votre petit bonhomme de chemin dans le monde de l'édition. Quelles images gardez vous ? Quels sont les moments forts qui reviennent? Vous êtes passé chez plusieurs éditeurs. Vous avez reçu des prix. Vous avez un titre qui a été adapté au cinéma. Quels sont les moments forts de ce parcours ?

Fabrice Humbert Le moment fort de ce parcours, c'est la publication de L'origine de la violence, puisque avant, j'étais vraiment un auteur ignoré. Et tout d'un coup, j'ai connu ce qui arrive, en fait très rarement. Je m'en suis rendu compte plus tard dans le monde de l'édition, c'est vraiment le grand succès. Et ça correspondait à un livre que j'avais porté pendant quatre ans, qui disait beaucoup de choses et de ma famille et de moi, et donc je dirais que ça a été un événement fondateur, qu'en plus j'ai beaucoup aimé ensuite le travail pour monter le film, le travail avec Elie Chouraqui, qui est une personnalité énorme. Ça a été un grand moment de cette carrière.

Philippe Chauveau Huit titres à votre actif en quelques années. Quel est le point commun ? Le dénominateur commun de tous ces titres. Il y a des personnages très différents, des intrigues très différentes, des lieux très différents dans ce que vous avez raconté au fil de ces différents romans ? Mais il y a sans doute un fil rouge.

Fabrice Humbert Forcément, il y a des points communs, mais autant sur certains livres, il y a eu clairement un cadre, notamment pour trois d'entre eux. Il y a eu cette espèce de fil rouge de la violence, d'une étude de la violence. Autant pour les autres, pas forcément. Alors je lisais dans un article de Libération la semaine dernière que j'ai trouvé très bon de Claire Devarrieux, que le fil rouge était celui de l'identité. C'était une espèce de quête identitaire, un trouble identitaire qui s'exprimait dans chacun des livres. Moi, je n'en ai pas forcément conscience. Mais en lisant ça, j'ai été assez persuadé. Parce que c'est vrai que clairement, L'origine de la violence, Eden Utopie, Le monde n'existe pas, celui-ci. Il y a quand même cette quête identitaire qui est très marquée. Donc, je pense que c'est toujours un peu ça. Alors, même si pour moi, j'ai une espèce de réflexion sur la vie, ce truc qui nous arrive, qui a tendance à s'accélérer, qui parfois manque de sens. Mais en gros, malgré Camus, malgré l'existentialiste, je trouve quand même que ça en a. Et je dirais que, comme pour tout écrivain, c'est un peu comme pour tout artiste, c'est un peu la source de la création chez moi.

Philippe Chauveau Au-delà des destins individuels que vous nous racontez dans vos romans, c'est toujours aussi une peinture de la société, avec ce qu'elle a généralement de plus sombre. C'est le cas encore avec Le monde n'existe pas. Est-ce que par l'écriture, vous essayez de conjurer une réalité qui ne vous convient pas ? Un monde qui vous fait peur?

Fabrice Humbert Alors oui, j'ai dit récemment dans une émission de radio, pour reprendre un titre de James Bond, le monde ne suffit pas. C'est sûr que si j'écris des livres, c'est parce que le monde ne suffit pas. Mais en même temps, cette analyse sociale sombre dont vous parlez, je pense qu'elle n'est pas tout le temps sombre. C'est à dire que ce qui vous fait dire ça, c'est qu'effectivement, lorsque vous lisez L'origine de la violence, lorsque vous lisez avant la chute, vous n'avez pas l'impression que le monde qui nous entoure est hyper gai. Mais je dirais que c'est quand même plus, et notamment dans les derniers livres, une sorte de tentative de compréhension du monde comme il est sans que ce soit forcément une tragédie. C'est-à-dire que...

Philippe Chauveau Sans juger alors...

Fabrice Humbert Oui sans juger. Voilà, il y a toujours une espèce de fatalisme assez étrange dans cette marche du monde. Et donc, souvent, je le décris sans que ce soit une peinture sombre, à mon sens.

Philippe Chauveau Lorsque vous êtes à votre table de travail, lorsque vous relisez peut-être aussi vos manuscrits ou vos livres précédents, vous reconnaissez-vous ? Y-a-t'il deux Fabrice Humbert en vous ? Ou bien finalement, êtes-vous un seul et même personnage ?

Fabrice Humbert Je ne me relis jamais parce que pour chacun des livres, j'ai beaucoup travaillé et sur le moment, je suis intensément à l'intérieur et lorsque c'est fini, je ne peux pas relire parce que ça m'ennuie. Par exemple, ce qui est bizarre, c'est que je n'ai même pas lu de traduction de mes livres alors que, par exemple, j'ai un niveau suffisant d'anglais et d'allemand pour lire des traductions. Mais je n'ai même jamais regardé.

Philippe Chauveau Mais avez-vous l'impression que c'est le même Fabrice Humbert qui a écrit tous ces livres ? Ou est ce qu'un jour, il y a personne différent ?

Fabrice Humbert Oui, c'est clairement le même Fabrice Humbert qui a écrit tous ces livres. Mais, j'ai quand même changé, notamment la thématique cruciale de la violence dans L'origine de la violence, celle-là, elle est beaucoup plus distanciée. Voilà, je suis comme vous, Philippe, je prends de l'âge.

Philippe Chauveau C'est gentil de me le rappeler. La petite flamme de l'écriture, en revanche, elle est toujours bien là ?

Fabrice Humbert Nous, vous vous êtes inchangé.

Philippe Chauveau La petite flamme de l'écriture est-elle toujours aussi présente qu'en 2008 ?

Fabrice Humbert La petite flamme de l'écriture, oui, mais ça, c'est ma vie. Peut-être que ce qu'il y a de plus qu'en 2008, c'est la littérature. J'ai toujours été un obsédé de lecture, mais maintenant, je voudrais arrêter de travailler pour me consacrer à l'étude. Pas forcément à l'écriture. Bon l'écriture de toute façon, c'est le courant de mon travail, de ma vie, etc. Mais me consacrer pleinement à l'étude de la littérature, des savoirs en général, mais aussi de la littérature, ça m'irait très bien maintenant. La chambre close, je me mets à étudier jusqu'à ma mort. Très bien.

Philippe Chauveau Votre actualité, Fabrice Humbert chez Gallimard, le monde n'existe pas.

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  • Après un premier titre en 2001, Fabrice Humbert fait réellement son entrée en littérature avec « Biographie d’un inconnu » sept ans plus tard. Mais c’est réellement avec le titre suivant « L’origine de la violence » qu’il se fait connaitre du grand public. Primé à plusieurs reprises, le roman est adapté au cinéma par Elie Chouraqui. Depuis, Fabrice Humbert n’a cessé d’écrire et son œuvre, d’une forte exigence littéraire ne cesse d’interroger sur la société et ses évolutions.« La fortune de...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Présentation - Suite
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