Mathias Malzieu

Mathias Malzieu

Le guerrier de porcelaine

Portrait 00'07'08"

Philippe Chauveau
Bonjour Mathias Malzieu,

Mathias Malzieu
Bonjour.

Philippe Chauveau
Votre actualité, c'est ce nouveau livre, ce nouveau roman, "Le Guerrier de porcelaine" chez Albin Michel, où vous nous faites partager un peu des souvenirs de famille, des souvenirs d'enfance et en tout cas des souvenirs d'enfance de votre père. On en parle dans un instant. Et l'écriture, l'écriture romanesque, l'écriture musicale, c'est votre univers ? Est ce que ça a toujours été une évidence ?
Est ce que déjà, lorsque vous étiez gamin, vous vous êtes dit Le livre, ce sera ma vie ? Est ce qu'il y avait une appétence pour l'écriture ?


Mathias Malzieu
Pas du tout. Mais il y avait une appétence pour les histoires. Je me suis toujours raconté énormément d'histoires et j'adorais qu'on m'en raconte. Voir E.T. à huit ans m'a changé la vie. C'est-à-dire que j'ai l'empathie que j'ai ressentie pour le personnage et la vibration fantastique m'a complètement transporté. C'est devenu une espèce d'obsession. Et après ? Moi, j'étais avant tout sportif, c'est à dire que je faisais du foot, du tennis, du ski, hyperactif, etc. Je n'avais pas vraiment de ni de musicien, ni d'écrivain, ni de cinéaste dans la famille. Mon père peignait un peu, c'est tout.

Philippe Chauveau
Alors comment se fait le déclic ? Comment découvrez vous cette cet univers à la fois musical et littéraire ?

Mathias Malzieu
Le déclic il se fait à l'adolescence. En gros, dans un moment ou je commence à... même si je n'ai pas beaucoup grandi, je me suis beaucoup blessé pour des problèmes de croissance entre le dos, les genoux, etc. Au tennis et au foot. Puis je grandi pas trop justement, donc au foot, je commence à me prendre un peu des taquets comme on dit, par des plus costauds. Et donc je me blesse beaucoup et me blessant et tombant amoureux, commençant à tomber amoureux un petit peu, je récupère la guitare abandonnée de ma sœur dans sa chambre et je demande à mon voisin qui fait de la guitare de m'apprendre des accords. Et en fait, c'est vraiment ces blessures à répétition où je commence vraiment à écrire un peu, puis des nouvelles jusqu'à ce que je fonde le groupe Dionysos avec Mike, le guitariste, un copain du tennis, à l'âge de 19 ans.

Philippe Chauveau
Lorsque vous écrivez pour Dionysos, que ressentez vous ? Éprouvez vous lorsque vous jouez, lorsque vous êtes sur scène ?

Mathias Malzieu
En fait, c'est un. C'est un excès. C'est une exacerbation de ce que je suis ; être sur scène avec ce groupe. C'est à dire que c'est comme si on prenait la partie la plus coléreuse, la plus joyeuse, la plus sensible et qu'en fait, tout le reste ne comptait plus. Toute la modération ne compte plus. Alors c'est plus que un objet brut. Il n'y a plus de filtre entre le cœur et le cerveau. C'est brut et en même temps, donc, c'est pour ça que j'ai appelé ça Dionysos, parce que c'était plus dionysiaque qu'apollinien, même si cet équilibre de ce livre qui m'a passionné de Nietzsche, "La naissance de la tragédie", est inévitable. Parce que la nuance permet à l'art d'être le plus le plus profond. Mais la pulsion dionysiaque, le côté brut, c'est vraiment ce qui me traverse sur scène.

Philippe Chauveau
Lorsque vous écrivez Le Journal d'un vampire en pyjama, lorsque vous écrivez une sirène à Paris, il y a toujours une adaptation vers la musique, une adaptation vers vers l'image, vers vers le cinéma. Vous ne savez pas l'un sans l'autre.

Mathias Malzieu
Ce n'est pas que je conçois, pas l'un sans l'autre. Je le conçois très bien l'un sans l'autre, mais c'est du désir en fait. Ce n'est pas conceptuel chez moi. Je ne me dis pas bon, j'ai fait un livre quand même. Il faudrait que je fasse l'adaptation des chansons. Ça ne s'est jamais passé comme ça. Par exemple, pour La Mécanique du cœur que vous vous citiez. J'ai commencé quand, à partir du moment ou j'ai eu l'idée. Ça vient de l'idée à l'origine. Je ne sais pas si c'est un livre, un film ou un disque, me dit un personnage qui va naître le jour le plus froid du monde. Et on va lui remplacer son cœur par une horloge. Mais du coup, cette horloge sera fragile. Elle ne permettra pas d'avoir de sentiment amoureux, au risque que son cœur explose. J'ai eu envie de faire une chanson, une chanson au début, avec un rythme samplé, où je samplerai des éléments d'une horloge pour faire des rythmiques. J'en ai fait une. Ça m'a plu. Après, du coup, comme c'est rythmique avec les horloges, il y avait des carillons, j'ai samplé des carillons, donc des carillons, ça m'a amené vers la musique mécanique; les boîtes à musique, le côté conte qui allait bien avec le truc du coup, je l'ai mis à Edimbourg parce que j'avais trouvé ces atmosphères là. Au début il était pas à Edimbour. Et à Edimbourg; il y avait un côté conte gothique, mais avec de l'amour dedans, donc des choses, des thérémines. J'ai eu envie de faire d'autres chansons, en même temps que j'écrivais le livre et je trouvais ça super cinématographique. Je me suis dit ; ce conte, cette atmosphère, ça pourrait être un film d'animation. Donc au début, j'ai fait l'album, puis j'ai écrit le livre, puis on a fait un clip en animation et après j'ai eu la chance de pouvoir, grâce à Luc Besson, le développer en film. Mais je ne suis pas concepté tout sur la ligne de départ. Et même les projets qui sont venus ensuite eh bien, par exemple, dont vous parliez aussi de "Journal d'un vampire en pyjama". Bon, j'avais écrit, j'avais commencé "Le guerrier de porcelaine", justement, mais je n'arrivais plus à écrire autre chose que ce qui m'arrivait comme un journaliste pour le coup, qui écrivait in situ sur ce qui lui arrivait. Donc j'ai écrit ça.


Philippe Chauveau
Je précise que ce livre là est associé à un moment de votre vie où la maladie vous avait attrapée.

Mathias Malzieu
J'ai été greffé de la moelle osseuse. Onze semaines dans une chambre stérile deux ans à assigner à la résidence en gros.

Philippe Chauveau
Et donc ce livre est un petit peu vous raconter un petit peu...

Mathias Malzieu
C'est un journal de bord et ce serait complètement d'une prétention folle que dire : "Je me suis sauvé en écrivant". Ce qui m'a sauvé, c'est la chance parce que j'aurais envie de dire les soignants, mais quand je dis ça aux soignants, ils disent non, parce que si c'est nous qui vous avions sauver en soignant, on sauverait tous nos patients. Donc il y a une part de chance, une part de notre travail. Et vous qui nous avait permis de vous soigner, notamment en écrivant ce livre, parce que vous n'êtes pas devenu un malade, vous êtes resté un écrivain ou un chanteur ? En tout cas, par rapport à ce qu'on disait, vous êtes resté vous même. Vous avez continué à devenir vous même, malgré l'immobilisation et le doute. Donc, eh bien, je me suis accroché à mes armes d'être moi-même. Et mais, alors je risquais pas de pouvoir faire un film, ducoup, j'ai fait un livre, un disque c'est toujours comme ça.

Philippe Chauveau
Matthias Malzieu, le raconteur d'histoires. Votre actualité, c'est chez Albin Michel, ce nouveau livre, "Le Guerrier de porcelaine".

  • PRÉSENTATION
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  • LIVRE
  • Il se rêvait champion de tennis, le voilà romancier. Mais pas que ! Puisque Mathias Malzieu est aussi musicien et réalisateur.C’est la scène qui le révèle, au milieu des années 90, avec le succès du groupe Dyonisos, dont il est le chanteur.Mais c’est bien par l’écriture qu’il arrive à la musique. Quand pour passer le temps lors d’une convalescence et pour séduire une fille, il attrape une guitare qui traine et un bout de papier pour griffonner quelques mots qui deviennent poésie.Depuis, Mathias Malzieu fait le choix...Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu - Présentation - Suite
    Philippe ChauveauBonjour Mathias Malzieu, Mathias MalzieuBonjour. Philippe ChauveauVotre actualité, c'est ce nouveau livre, ce nouveau roman, "Le Guerrier de porcelaine" chez Albin Michel, où vous nous faites partager un peu des souvenirs de famille, des souvenirs d'enfance et en tout cas des souvenirs d'enfance de votre père. On en parle dans un instant. Et l'écriture, l'écriture romanesque, l'écriture musicale, c'est votre univers ? Est ce que ça a toujours été une évidence ?Est ce que déjà, lorsque vous étiez gamin, vous...Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau"Le Guerrier de porcelaine", c'est votre nouveau livre Matthias Malzieu. Vous ne parlez pas de vous et indirectement si puisqu'en fait vous allez nous parler de votre père, ce gamin qui va être chez sa grand mère suite au décès de sa mère ? Nous sommes dans la fin de la guerre, 44, nous sommes en Lorraine, dans cette partie de la France qui n'est plus tout à fait la France. Qui était il, votre père lorsqu'il était gamin ? Mathias MalzieuC'était un... Je l'appelais guerrier de porcelaine justement, parce que...Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu - Livre - Suite