Victoria Mas

Victoria Mas

Le bal des folles

Portrait 00'06'33"

Philippe Chauveau :
Bonjour Victoria Mas. Merci d'avoir accepté notre invitation. On parle beaucoup de votre roman, « Le bal des folles », l'une des jolies surprises de la rentrée littéraire 2019. C'est votre premier roman. On va revenir sur ce qu'est ce bal des folles mais faisons un petit peu plus connaissance. Vous avez un nom que l'on connaît forcément, votre maman est une artiste célèbre. Comment est venu votre goût de l'écriture ? Justement, chez vous, on était plus dans la musique ou bien le livre avait quand même sa place ? Bref, pourquoi l'envie d'écrire ?

Victoria Mas :
Je pense que, chez moi, il y avait beaucoup de créations et un esprit de créativité très présent. Après, de mon côté, c'est vrai que la lecture et l'écriture ont toujours été présentes aussi loin que je me souvienne. C'est un peu classique mais c'est vrai ! Dans mon cas, j'ai vraiment eu le déclic de commencer à écrire sérieusement à l'âge de 18 ans lorsque j'ai lu « L'Amant » de Marguerite Duras. Et ça a été mon épiphanie personnelle puisque j'ai été frappée par la puissance du livre mais aussi par la vie de cette romancière et je me suis dit j’allais faire comme elle !

Philippe Chauveau :
Qui vous met ce livre dans les mains ?

Victoria Mas :
Un professeur de littérature à l'étranger puisque j'étais à l'étranger à l'époque. Je faisais mes études supérieures en Californie.

Philippe Chauveau :
A partir de là vous avez eu envie de découvrir plus largement la littérature française, avec les classiques peut-être ? C'était une porte d'entrée ?

Victoria Mas :
Je les avais déjà découvert, mes premiers émois littéraires sont nés de Maupassant vers l'âge de 12 ou 13 ans. J'ai commencé à lire « Le Horla » et de là ma fascination du coup pour le 19ème siècle avec Zola, Victor Hugo, Baudelaire... J'étais fascinée non seulement par la lecture par les livres l'objet en lui-même, mais aussi par la figure de l'écrivain. Je voulais savoir qui qui était derrière ces mots, ces pages, ces récits. Donc, inconsciemment, je pense que tout cela me travaillait. Il a vraiment fallu attendre de déclic, à 18 ans, pour envisager les choses sérieusement.

Philippe Chauveau :
Si je vous entends bien, que ce soit Maupassant ou Duras, vous aviez besoin de savoir qui avait écrit, quelle la personnalité de ces auteurs ? Je vais faire un petit peu la même chose. Qui êtes-vous Victoria Mas ? Justement, avant cette envie d'écriture, à 18 ans, lorsqu'il y a eu ce déclic, quel avait été votre parcours ? Quelles sont les études que vous avez suivies, des études littéraires ?

Victoria Mas :
Oui, j'ai fait des études de lettres. J'ai obtenu un master de lettres modernes à la Sorbonne et j'ai commencé à travailler dans l'audiovisuel en tant que scripte et assistante de production, notamment à l'étranger. Quand je suis revenue m'installer en France j'ai continué en écrivant des manuscrits à côté. Je faisais de la correction, de la traduction, de la rédaction, de l'éditorial aussi principalement. Plein de petits métiers mais qui faisaient écho aussi à l'écriture.

Philippe Chauveau :
Quelles sont les méthodes de travail que vous avez adoptées pour ce premier roman ? Avez-vous cherché à savoir comment travaillaient d'autres romancières, d'autres romanciers ? Vous êtes vous astreinte à un rythme bien particulier ? Comment êtes-vous devenue romancière ?

Victoria Mas :
En écrivant tout d'abord des manuscrits, en cherchant ma voix, en cherchant mon style, en cherchant ce qui me touchait profondément. J'en ai écrit plusieurs avant de tomber sur cette histoire. En fait, cette anecdote du bal des folles qui avait lieu fin 19ème et le fait de commencer à écrire sur des faits réels a changé toute ma façon de travailler et ma façon d'aborder les personnages, mais aussi ma façon d'aborder la narration. Donc, pour ce livre en particulier, en plus de la documentation et des recherches, j'ai vraiment travaillé la structure en amont, c'est à dire qu'il fallait vraiment que je sache où j'allais. Chapitre par chapitre, je déclinais les scènes et il fallait que je sache exactement où j'allais et que je fasse des fiches pour chaque personnage, que je les développe en amont. Ce n'était pas du tout une écriture improvisée. Je suis vraiment partie avec un plan en tête.

Philippe Chauveau :
Lorsque vous êtes en travail d'écriture, arrivez-vous à rester une lectrice ou, au contraire, avez-vous besoin d'être complètement dans votre histoire ?

Victoria Mas :
Je préfère éviter de lire autre chose pour ne pas être influencée, de peur de voir le style de quelqu'un d'autre et de remettre en question ce que je suis en train d'écrire. Je préfére ne pas avoir de parasites.

Philippe Chauveau :
Vous avez choisi, pour ce premier roman, de nous plonger à la fin du 19ème siècle. Le goût des temps passés est-il très prégnant chez vous ?

Victoria Mas :
C'est vrai que j'aime bien. J'ai un goût prononcé pour le passé, le dix neuvième surtout. Je suis assez fascinée par les vieilles pierres aussi. Faire un petit travail d'archéologue, comme ça, juste par curiosité, creuser un Paris ou une région ou une époque dont on sait peu de choses, pour l'instant ça m'intéresse. Mais je ne m'interdis pas du tout d'écrire au présent aussi.

Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous justement sur notre époque contemporaine en tant que femme et en tant que romancière ?

Victoria Mas :
Je pense qu'elle n'est ni pire ni meilleure que d'autres époques. Aujourd'hui, on a tendance, peut-être, à s'inquiéter un peu plus ou à estimer que le monde va beaucoup plus mal qu'avant. Je pense que c'est juste dû au fait qu'on a accès à de l'information immédiate et internationale très vite. Mais je pense que la situation, à beaucoup d'égards, est évidemment meilleure que, par exemple, en 1885. En même temps, elle est pire aussi à d'autres égards. Je reste neutre mais je n'ai pas de nostalgie particulière en regardant le passé. Je ne suis pas du genre à penser que c'était mieux avant. Je ne pense pas nécessairement mieux avance pas nécessairement, mieux maintenant on fait avec.

Philippe Chauveau :
Etre romancière aujourd'hui, en 2019-2020, est-ce un projet d'avenir ?

Victoria Mas :
C'est vraiment mon projet depuis mes 18 ans et j'espère que j'aurai l'opportunité de continuer à écrire et à publier des livres. Ce qui me rassure aujourd'hui, c'est de voir que le livre existe toujours et a toujours une place au sein de la culture française. Les gens sont toujours intéressés par les livres, sont intéressés par l'objet aussi ; ils veulent continuer à remplir leurs bibliothèques, à découvrir de nouveaux auteurs. Donc, je me dis que pour l'instant, j'ai encore la chance de pouvoir écrire et de me dire que le livre a encore une existence du moins dans un futur proche.

Philippe Chauveau :
Ce premier roman est une réussite et on vous souhaite un très joli parcours. « Le bal des folles » est publié aux éditions Albin Michel.

Philippe Chauveau :
Bonjour Victoria Mas. Merci d'avoir accepté notre invitation. On parle beaucoup de votre roman, « Le bal des folles », l'une des jolies surprises de la rentrée littéraire 2019. C'est votre premier roman. On va revenir sur ce qu'est ce bal des folles mais faisons un petit peu plus connaissance. Vous avez un nom que l'on connaît forcément, votre maman est une artiste célèbre. Comment est venu votre goût de l'écriture ? Justement, chez vous, on était plus dans la musique ou bien le livre avait quand même sa place ? Bref, pourquoi l'envie d'écrire ?

Victoria Mas :
Je pense que, chez moi, il y avait beaucoup de créations et un esprit de créativité très présent. Après, de mon côté, c'est vrai que la lecture et l'écriture ont toujours été présentes aussi loin que je me souvienne. C'est un peu classique mais c'est vrai ! Dans mon cas, j'ai vraiment eu le déclic de commencer à écrire sérieusement à l'âge de 18 ans lorsque j'ai lu « L'Amant » de Marguerite Duras. Et ça a été mon épiphanie personnelle puisque j'ai été frappée par la puissance du livre mais aussi par la vie de cette romancière et je me suis dit j’allais faire comme elle !

Philippe Chauveau :
Qui vous met ce livre dans les mains ?

Victoria Mas :
Un professeur de littérature à l'étranger puisque j'étais à l'étranger à l'époque. Je faisais mes études supérieures en Californie.

Philippe Chauveau :
A partir de là vous avez eu envie de découvrir plus largement la littérature française, avec les classiques peut-être ? C'était une porte d'entrée ?

Victoria Mas :
Je les avais déjà découvert, mes premiers émois littéraires sont nés de Maupassant vers l'âge de 12 ou 13 ans. J'ai commencé à lire « Le Horla » et de là ma fascination du coup pour le 19ème siècle avec Zola, Victor Hugo, Baudelaire... J'étais fascinée non seulement par la lecture par les livres l'objet en lui-même, mais aussi par la figure de l'écrivain. Je voulais savoir qui qui était derrière ces mots, ces pages, ces récits. Donc, inconsciemment, je pense que tout cela me travaillait. Il a vraiment fallu attendre de déclic, à 18 ans, pour envisager les choses sérieusement.

Philippe Chauveau :
Si je vous entends bien, que ce soit Maupassant ou Duras, vous aviez besoin de savoir qui avait écrit, quelle la personnalité de ces auteurs ? Je vais faire un petit peu la même chose. Qui êtes-vous Victoria Mas ? Justement, avant cette envie d'écriture, à 18 ans, lorsqu'il y a eu ce déclic, quel avait été votre parcours ? Quelles sont les études que vous avez suivies, des études littéraires ?

Victoria Mas :
Oui, j'ai fait des études de lettres. J'ai obtenu un master de lettres modernes à la Sorbonne et j'ai commencé à travailler dans l'audiovisuel en tant que scripte et assistante de production, notamment à l'étranger. Quand je suis revenue m'installer en France j'ai continué en écrivant des manuscrits à côté. Je faisais de la correction, de la traduction, de la rédaction, de l'éditorial aussi principalement. Plein de petits métiers mais qui faisaient écho aussi à l'écriture.

Philippe Chauveau :
Quelles sont les méthodes de travail que vous avez adoptées pour ce premier roman ? Avez-vous cherché à savoir comment travaillaient d'autres romancières, d'autres romanciers ? Vous êtes vous astreinte à un rythme bien particulier ? Comment êtes-vous devenue romancière ?

Victoria Mas :
En écrivant tout d'abord des manuscrits, en cherchant ma voix, en cherchant mon style, en cherchant ce qui me touchait profondément. J'en ai écrit plusieurs avant de tomber sur cette histoire. En fait, cette anecdote du bal des folles qui avait lieu fin 19ème et le fait de commencer à écrire sur des faits réels a changé toute ma façon de travailler et ma façon d'aborder les personnages, mais aussi ma façon d'aborder la narration. Donc, pour ce livre en particulier, en plus de la documentation et des recherches, j'ai vraiment travaillé la structure en amont, c'est à dire qu'il fallait vraiment que je sache où j'allais. Chapitre par chapitre, je déclinais les scènes et il fallait que je sache exactement où j'allais et que je fasse des fiches pour chaque personnage, que je les développe en amont. Ce n'était pas du tout une écriture improvisée. Je suis vraiment partie avec un plan en tête.

Philippe Chauveau :
Lorsque vous êtes en travail d'écriture, arrivez-vous à rester une lectrice ou, au contraire, avez-vous besoin d'être complètement dans votre histoire ?

Victoria Mas :
Je préfère éviter de lire autre chose pour ne pas être influencée, de peur de voir le style de quelqu'un d'autre et de remettre en question ce que je suis en train d'écrire. Je préfére ne pas avoir de parasites.

Philippe Chauveau :
Vous avez choisi, pour ce premier roman, de nous plonger à la fin du 19ème siècle. Le goût des temps passés est-il très prégnant chez vous ?

Victoria Mas :
C'est vrai que j'aime bien. J'ai un goût prononcé pour le passé, le dix neuvième surtout. Je suis assez fascinée par les vieilles pierres aussi. Faire un petit travail d'archéologue, comme ça, juste par curiosité, creuser un Paris ou une région ou une époque dont on sait peu de choses, pour l'instant ça m'intéresse. Mais je ne m'interdis pas du tout d'écrire au présent aussi.

Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous justement sur notre époque contemporaine en tant que femme et en tant que romancière ?

Victoria Mas :
Je pense qu'elle n'est ni pire ni meilleure que d'autres époques. Aujourd'hui, on a tendance, peut-être, à s'inquiéter un peu plus ou à estimer que le monde va beaucoup plus mal qu'avant. Je pense que c'est juste dû au fait qu'on a accès à de l'information immédiate et internationale très vite. Mais je pense que la situation, à beaucoup d'égards, est évidemment meilleure que, par exemple, en 1885. En même temps, elle est pire aussi à d'autres égards. Je reste neutre mais je n'ai pas de nostalgie particulière en regardant le passé. Je ne suis pas du genre à penser que c'était mieux avant. Je ne pense pas nécessairement mieux avance pas nécessairement, mieux maintenant on fait avec.

Philippe Chauveau :
Etre romancière aujourd'hui, en 2019-2020, est-ce un projet d'avenir ?

Victoria Mas :
C'est vraiment mon projet depuis mes 18 ans et j'espère que j'aurai l'opportunité de continuer à écrire et à publier des livres. Ce qui me rassure aujourd'hui, c'est de voir que le livre existe toujours et a toujours une place au sein de la culture française. Les gens sont toujours intéressés par les livres, sont intéressés par l'objet aussi ; ils veulent continuer à remplir leurs bibliothèques, à découvrir de nouveaux auteurs. Donc, je me dis que pour l'instant, j'ai encore la chance de pouvoir écrire et de me dire que le livre a encore une existence du moins dans un futur proche.

Philippe Chauveau :
Ce premier roman est une réussite et on vous souhaite un très joli parcours. « Le bal des folles » est publié aux éditions Albin Michel.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Elle est l’une des révélations littéraires de cette fin d’année 2019. Avec son « Bal des folles », Victoria Mas a su se faire un prénom. Evoluant depuis sa naissance dans un univers artistique auprès de sa mère, la chanteuse Jeanne Mas, la jeune Victoria découvre la littérature à l’adolescence avec Maupassant puis Marguerite Duras. Son envie d’écrire la pousse à des études littéraires même si ses premiers pas professionnels seront dans le cinéma en tant qu’assistante de production.S’intéressant à la place...Un miracle de Victoria Mas - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Victoria Mas. Merci d'avoir accepté notre invitation. On parle beaucoup de votre roman, « Le bal des folles », l'une des jolies surprises de la rentrée littéraire 2019. C'est votre premier roman. On va revenir sur ce qu'est ce bal des folles mais faisons un petit peu plus connaissance. Vous avez un nom que l'on connaît forcément, votre maman est une artiste célèbre. Comment est venu votre goût de l'écriture ? Justement, chez vous, on était plus dans la musique ou bien le livre avait quand même sa...Un miracle de Victoria Mas - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Avec ce livre, Victoria Mas, vous nous emmenez à la fin du dix-neuvième siècle. Le titre est déjà très énigmatique et les premières pages le sont encore plus avec cette invitation à un bal un peu particulier. Finalement, ce bal des folles n'intervient que dans les dernières pages du roman mais il donne quand même son titre au livre. En quelques mots c'était quoi ce bal des folles ? Victoria Mas :Ce bal des folles avait lieu fin 19ème, chaque année, à l'hôpital de la Salpêtrière qui, à l'époque,...Un miracle de Victoria Mas - Livre - Suite