Antonin Varenne

Antonin Varenne

La toile du monde

Portrait 6'18"

Philippe Chauveau : Bonjour Antonin Varenne.

Antonin Varenne : Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau : Vous êtes l'actualité avec « La toile du monde », votre nouveau roman chez Albin Michel. On va bien sûr parler de cette fabuleuse épopée dans laquelle vous nous entrainez mais, auparavant, remontons un peu le cours du temps : 2006, c'était votre premier titre « Le fruit de vos entrailles » et puis il y avait eu une autre vie avant faite de beaucoup de voyages. Qui êtes-vous Antonin Varenne ?

Antonin Varenne : Qui j'étais avant ce premier bouquin ? C'est marrant, j'y pensais ce matin sous ma douche ! C'est étonnant cette bifurcation avec cette première publication en 2006 dans une petite maison d'édition, tirage très modeste. Je me remémorais récemment à quel point cela a créé une perturbation dans mon destin et je me demandais ce que je serai devenu si je n'étais pas devenu écrivain…

Philippe Chauveau : Ce n'était pas prémédité ?

Antonin Varenne : Pas du tout, je n'avais pas du tout imaginé être écrivain. Si je n'avais pas publié ce bouquin, je serais quelque part sur une plage à tenir une petite paillote, à faire des cocktails avec des ombrelles et des tranches de citron vert dedans. Philippe Chauveau : Mais entendons-nous bien, une plage un peu à l'autre bout du monde parce que vous avez toujours aimé voyager, on vous a toujours un peu élevé dans ce goût de l'ailleurs, de l'inattendu, des autres horizons ? Antonin Varenne : Oui, j'ai eu des parents qui avaient un redoutable besoin de bouger et de se déplacer. Mon père a quand même eu l'idée saugrenue de construire un voilier dans un potager de Creuse à la fin des années 70, avec la grande et belle idée de retirer ses deux enfants des pattes de l'Education nationale, ma sœur et moi, et de nous embarquer sur un bateau pour faire le tour du monde. C'était un grand rêve un peu utopiste des années 70, partir, voyager, échapper aux règles du monde civilisé et contemporain. Cela s'est soldé par un échec, on a passé deux petites années sur ce bateau.

Philippe Chauveau : C'est déjà pas mal ! Antonin Varenne : Oui, j'aurais pu avoir la réaction inverse et dire « je veux une vie sédentaire ». Parfois quand les parents poussent dans un sens, les enfants partent dans l'autre. Mais j'ai plutôt gardé cette bougeotte. L'écriture, c'est quelque chose qui s'est un peu accumulée comme une idée, comme une envie, mais il n'y a pas eu de passage à l'acte avant l'année 2005 quand j'ai écrit « Le fruit de vos entrailles »

Philippe Chauveau : Vous arrivez dans l'écriture un peu par hasard donc mais est-elle vraie cette histoire que cela fait suite à un accident ? Vous étiez immobilisé donc, vous avez pris la plume et avez commencé à écrire un roman ? Il n'a pas été publié, mais le virus était pris.

Antonin Varenne : C'est ça oui, je travaillais à Toulouse, j’étais alpiniste du bâtiment et je me suis cassé la main. Je suis resté deux mois sans pouvoir travailler dans mon petit appartement toulousain, et je me suis mis à écrire une histoire pour m'occuper.

Philippe Chauveau : C'est bien ne pas se casser la main qui empêche d'écrire

Antonin Varenne : A l'époque je tapais vraiment comme un flic ! J'avais quelques doigts plâtrés et je pense que je n'en utilisais que quatre pour taper.

Philippe Chauveau : On vous a d’abord un peu catalogué comme auteur de polar, de roman noir, après on vous a catalogué comme auteur de roman d'aventure. Il y a eu « Trois mille chevaux-vapeur » suivi de « Equateur ». Je crois que vous n'aimez pas trop qu'on vous mette dans des cases, mais si vous deviez définir ce que vous avez publié jusqu'à présent, quel est le fil rouge ? Quels ont été vos envies ?

Antonin Varenne : Les choses se sont faites par hasard. Mon premier bouquin a été un polar parce que n'ayant aucune expérience, n'ayant rien prémédité, et me lançant complètement à l'aveugle, je pense que je me suis dirigé vers une littérature de genre parce que c'était rassurant d'avoir le cadre des codes du roman policier.

Philippe Chauveau : Vous disiez en ouverture de cet entretien que s'il n'y avait pas eu l'écriture vous seriez peut être en train de tenir une petite paillote sur une plage à l'autre bout du monde, l'écriture vous a changé ? Vous avez l'impression d'être devenu un autre homme depuis que vous êtes devenu écrivain ?

Antonin Varenne : Pour mon plus grand bonheur et malheur, je vis avec une femme qui est bien plus spirituelle que moi et qui croit en la vie éternelle des âmes, sans décorum religieux, et elle m'a expliqué que j'étais probablement une âme très jeune. Donc, quand elle me racontait ça, au début, ça me faisait doucement rigoler. Ensuite, on a eu deux garçons et j'ai pu constater à quel point l'un de nos fils est une âme vraiment jeune, on sent qu'il explore tout, il découvre le monde pour la première fois et le second semble être sur Terre depuis bien plus longtemps. Et donc, je travaille au vieillissement de mon âme, j'essaie de prendre un peu de recul par rapport à tout cela et comprendre ma place sur Terre ! Je pense que l'écriture participe modestement à cet avancement personnel de la quête de ma place dans ce monde. Finalement, ce n'est pas la plus absurde des places d'être écrivain pour avoir une idée de qui on est et de ce que l’on fait dans l'existence, pourquoi on est là.

Philippe Chauveau : Votre actualité Antonin Varenne, « La toile du monde », vous êtes publié chez Albin Michel

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  • Antonin Varenne a eu mille vies en une. Dans son enfance, ses parents l’emmènent pour un tour du monde en bateau, lui donnant le goût du voyage et de l’aventure. Après une maitrise de philosophie, et des escapades plus ou moins prolongées en Islande, au Mexique ou aux Etats-Unis, on le retrouve alpiniste du bâtiment. Et puis, un jour, voilà son nom qui apparait dans les vitrines des librairies, d’abord au rayon polar avec « Le fruit de vos entrailles » ou « Fakir » plusieurs fois primé. Puis vient un grand roman...La toile du monde d'Antonin Varenne - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : Antonin Varenne, parmi vos précédents titres, il y a eu « Trois mille chevaux vapeur », puis « Equateur » et voici « La toile du monde » où nous allons faire la connaissance d’Aileen Bowman. Nous sommes en 1900, elle a 35ans, elle arrive des Etats-Unis. On va faire connaissance avec elle mais si je cite deux de vos précédents titres c'est qu'il y a, me semble-t-il, peut-être un lien plus ou moins important entre ces trois romans, vrai ou pas ? Antonin Varenne : Absolument vrai et pas du tout...La toile du monde d'Antonin Varenne - Livre - Suite