Antonin Varenne

Antonin Varenne

La toile du monde

Livre 5'56"

Philippe Chauveau : Antonin Varenne, parmi vos précédents titres, il y a eu « Trois mille chevaux vapeur », puis « Equateur » et voici « La toile du monde » où nous allons faire la connaissance d’Aileen Bowman. Nous sommes en 1900, elle a 35ans, elle arrive des Etats-Unis. On va faire connaissance avec elle mais si je cite deux de vos précédents titres c'est qu'il y a, me semble-t-il, peut-être un lien plus ou moins important entre ces trois romans, vrai ou pas ?

Antonin Varenne : Absolument vrai et pas du tout nécessaire, c'est à dire que ce n'est pas une trilogie et c'en est absolument une, ce ne sont pas des suites et ce sont des bouquins qui se succèdent et qui se sont donné naissance les uns aux autres. Il y a très peu de choses préméditées dans ce que je fais. « Trois mille chevaux-vapeur » est un bouquin que j'ai eu envie d'écrire, que j'ai terminé et qui m'a laissé un goût pour ce type d'aventure. Dès lors, je n'ai pas eu envie de m'arrêter. Je me méfiais beaucoup des suites. Quand j'écrivais des polars, j'ai toujours refusé l'idée d'avoir un personnage récurent et d'instaurer une suite et une régularité comme ça. Mais là, pour une foi, j'ai eu envie de continuer dans cet univers ou le livre m'avait amené : les Etats-Unis à la fin de la guerre de Sécession. Avec cette famille qui venait de naître au bord du lac Tahoe, qui avait construit son ranch. Quand l'idée est arrivée, quand ces deux neurones se sont croisés et ont fait une étincelle, c'est devenu une évidence.

Philippe Chauveau : Dans ce nouveau roman « La toile du monde » on retrouve ce côté épique de « Trois mille chevaux-vapeur » ou « Equateur » et on fait connaissance avec Aileen Bowman, cette jeune femme américaine dont les parents sont originaires d'Europe. Et puis il y a cette fameuse exposition universelle de 1900 qui sert de toile de fond. Vous connaissiez déjà un peu cette exposition universelle mais comment l'avez-vous redécouverte ? Qu'est-ce qui vous a marqué dans cet événement ?

Antonin Varenne : Ce qui m'a intéressé, ce qui m'a marqué, ce sont les chiffres. La France comptait 40 millions habitants et il y a eu 50 millions de visiteurs, il y avait 132 nations représentées, c'était une gabegie économique absolument incroyable, la liste des inventions qui ont été présentées à cette exposition et qui vont durablement marquer le XXe siècle, le moteur à combustion interne de Diesel par exemple. Quand on commence à faire cette liste, ça n'en finit plus ! C'est époustouflant.

Philippe Chauveau : On l'a bien compris, il y a une toile de fond historique avec cette exposition universelle de 1900. C'est le Paris de la belle-époque mais tout de même dans le roman on découvre un Paris à deux vitesses. Ce Paris superbe, ce Paris qui s'encanaille, et puis il y a aussi les faubourgs de Paris, tous ceux qui triment, il y a la misère de Paris qui est présente également dans le roman. Vous parlez de la modernité, de ces technologies que l'on découvre à la belle-époque. Vous nous présentez ce personnage féminin très moderne, très avant-gardiste, il y a pas mal de résonances avec notre époque. Etes-vous d'accord avec ça ? Est-ce que c'était voulu ? Est-ce que ce sont les hasards de l'écriture ?

Antonin Varenne : Tout auteur qui se frotte à des sujets historiques va essayer de convaincre les lecteurs actuels que le choix de ces événements passés était judicieux et calculé, en rapport avec notre présent. Il l'est parce que j'avais cette envie d'avancer jusqu'au XXe siècle à travers ce cycle de livres pour aborder directement et avec moins de détour la question de notre modernité très orientée vers les technologies. Philippe Chauveau : Justement, je réitère un peu ma question. Puisqu'en 1900 il y avait plein d'espoirs qui se sont évanouis, est-ce qu'en 2018 il y a des espoirs qui pourraient aussi s'évanouir ? Qu'en pense le romancier ?

Antonin Varenne : C'est très facile de jouer avec le passé et de faire le faux devin une fois que les choses sont déjà arrivées. Je ne suis pas doué d'un grand recul sur le présent, du fait que tout soit constamment en changement. Je pense que l'Internet, la génétique, l'environnement, sont des choses qui seront déterminantes sur l'évolution de notre monde mais il y a vraiment un chantier colossal qu'est le chantier de l'écologie et c'est pour ça que j'avais très envie que Diesel soit un des personnages que Aileen rencontre parce qu'aujourd'hui, le sort du monde dépend de ces fameux moteurs à combustion interne dont il faut se débarrasser. Lui qui imaginait que ses moteurs tourneraient aux huiles végétales... C'est assez ironique. L'avenir n'est pas technologique, il est politique et décisionnel avec la question « Que va-t-on faire avec notre environnement »

Philippe Chauveau : Voilà un livre passionnant de bout en bout avec un personnage féminin qui va vous marquer, vous allez vous régaler, c'est une belle écriture et c'est une belle épopée. « La toile du monde » l'actualité d'Antonin Varenne chez Albin Michel. Merci beaucoup.

Antonin Varenne : Merci à vous.

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  • Antonin Varenne a eu mille vies en une. Dans son enfance, ses parents l’emmènent pour un tour du monde en bateau, lui donnant le goût du voyage et de l’aventure. Après une maitrise de philosophie, et des escapades plus ou moins prolongées en Islande, au Mexique ou aux Etats-Unis, on le retrouve alpiniste du bâtiment. Et puis, un jour, voilà son nom qui apparait dans les vitrines des librairies, d’abord au rayon polar avec « Le fruit de vos entrailles » ou « Fakir » plusieurs fois primé. Puis vient un grand roman...La toile du monde d'Antonin Varenne - Présentation - Suite
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