Carole Martinez

Carole Martinez

La terre qui penche

Portrait 5'08

Philippe Chauveau :

Bonjour Carole Martinez

Carole Martinez :

Bonjour Philippe

Philippe Chauveau :

On va se tutoyer parce qu'on se connait maintenant. On se connait depuis Le coeur cousu. Ca fait quelques années, et voilà, il y a des liens d"amitié qui se sont tissés, donc ce serait un peu surprenant que l"on se vouvoie simplement pour les caméras. Carole, il y a donc eu Le coeur cousu, ça c'était en 2007. Ensuite, Du domaine des murmures en 2011. Aujourd"hui, 2015, La terre qui penche chez Gallimard. Est-ce que finalement, c'est un peu une sorte d'éloge de la lenteur, est-ce que le fait de faire un livre tous les 3-4 ans, ça correspond à ce que tu souhaitais, est-ce qu'il y a une frustration ? Comment vis-tu tout ça ?

Carole Martinez :

Non mais le 1er, j'ai mis 14 ans à l'écrire quand même, Le coeur cousu. J'ai accéléré mon rythme. Je suis passée à 4 ans ½ pour le 2ème. Puis 4 ans cette fois. Mais je n'imagine pas écrire plus vite. Déjà parce que ce que je préfère c'est l'écriture. Je préfère l'écriture à la sortie du livre. Je n'aime pas trop le moment de la sortie du livre. J'ai la chance extraordinaire de pouvoir prendre mon temps, et il n'y a pas de raisons que je ne le prenne pas.

Philippe Chauveau :

Ce que tu expliquais Carole, d'où vient cette envie, ce besoin de l'écriture. Est-ce que ça correspond à un rêve de petite fille. En discutant, tu nous avais déjà confié que tu as toujours aimé les contes. Et que même encore aujourd'hui, parfois lorsque tu as peur, tu te réfugies dans des histoires que tu t'inventes. Alors est-ce que le fait d'écrire aujourd'hui, c'est la petite fille qui avait peur dans le noir et qui continue à se protéger par l'écriture ?

Carole Martinez :

Peut-être que c'est le cas, parce que c'est vrai qu'il y a un lien entre ce que j'écris et l'enfance toujours, et que j'ai eu très peur enfant et que j'écris beaucoup sur cette peur et sur mes expériences d'enfant. Oui, c'est peut-être la petite fille qui s'exprime à travers ça, c'est possible.

Philippe Chauveau :

Lorsque tu as écris Le coeur cousu, on le sait, il y a eu un bouche-à-oreille qui a bien fonctionné. Les lecteurs se sont emparés du livre. Les libraires aussi ont fait un joli travail. Comment as-tu vécu ce moment-là, et aujourd'hui avec le recul, comment l'analyses-tu ? Pourquoi ce livre a-t-il rencontré aussi facilement son lectorat ?

Carole Martinez :

Ce n'était pas facile, parce qu'au début vraiment sur le livre il ne s'est rien passé. D'ailleurs c'est assez extraordinaire parce que normalement, un livre, c'est deux mois de durée de vie en moyenne, puis après ça sort de librairie. C'est quelque chose de très éphémère. Donc c'est assez miraculeux que ce livre qui n'avait pas de presse au début, rien... Je n'étais pas invitée dans les salons... Qu'il trouve son public. J'avoue que ça m'a étonnée, d'autant qu'au début, même mes copains, il était trop long, ils ne le lisaient pas au début. C'est toujours surprenant de voir qu'un livre peut bouleverser, peut emporter, peut permettre à l'autre d'imaginer même des choses que soi-même on avait pas vu en écrivant.

Philippe Chauveau :

Est-ce que l'on peut se sentir dépossédée ? Alors bien sûr, il y a le plaisir d'être lue, d'avoir rencontré le public, mais est-ce que l'on peut se sentir dépossédée de voir un livre qui a ce tel succès ?

Carole Martinez :

Dépossédé ? Non. On est dépossédé à partir du moment où on ne nous fait dire quelque chose que l'on n'a jamais voulu dire et, à partir du moment où il n'y a pas du tout de contresens dans la lecture, il n'y a pas de dépossession.

Philippe Chauveau :

Après le succès du Coeur cousu, il y a eu 4 ans ½ après, Du domaine des murmures, Goncourt des lycéens, et puis aujourd'hui, La Terre qui penche. Est-ce qu'il y a toujours cette appréhension, lorsque tu arrives comme cela avec un nouveau livre, nous sommes en période de rentrée littéraire, où est-ce que maintenant le plaisir de retrouver le lecteur a repris le dessus ?

Carole Martinez :

Non, c'est horrible. C'est toujours très très angoissant. Franchement, je n'ai pas de plaisir au moment de la sortie du livre. Alors, après lorsque j'ai des retours de lecteurs.

Philippe Chauveau :

Des rencontres en librairie...

Carole Martinez :

Et que c'est positif, et que je les vois, et que quelque chose est passée entre eux et moi par l'intermédiaire du livre, là c'est beau.

Philippe Chauveau :

Lorsque l'on fera un dictionnaire du XXIème siècle, au nom de Carole Martinez, il faudra mettre quoi, romancière ou conteuse ?

Carole Martinez :

On peut mettre les deux : romancière – conteuse. Non, romancière je pense. Même si je travaille toujours le conte, dans mes romans. Mais l'objectif, c'est quand même d'écrire des romans.

Philippe Chauveau :

Carole Martinez, ton actualité chez Gallimard, la terre qui penche.

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    J'ai beaucoup aimé le roman de Carole Martinez « La terre qui penche ». Il fait suite au roman « Du domaine des murmures » sorti il y a quelques années que j 'avais déjà aimé et donc il s'inscrit dans le même univers : moyenâgeux, poétique. Pour moi c'est une suite logique. Les points forts de Martinez, c'est qu'elle arrive à nous plonger dans un univers assez dure tout en étant poétique et magnifique. Elle donne vie à des personnages de papier et on a l'impression qu'ils sont vraiment vivants. Il y a une plume...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - L'avis du libraire - Suite