Sarah Emmerich

Sarah Emmerich

La suivante

Portrait 5'45"

Philippe Chauveau :

Bonjour Sarah Emmerich

Sarah Emmerich :

Bonjour

Philippe Chauveau :

Votre premier roman sort chez Flammarion, ça s'appelle La suivante. J'imagine qu'il y a une certaine fébrilité lorsque l'on sort son premier livre ? On va faire connaissance et on va surtout s'intéresser à votre amour des mots, de la langue, de la syntaxe. Vous avez une formation de journaliste, vous avez beaucoup travaillé dans l'univers politique où vous écriviez des discours. Pourquoi ce goût pour les mots, cette appétence pour la musique de la langue ?

Sarah Emmerich :

La musique, c'est exactement ça. Déjà je suis une enfant qui a entendu parler le français comme une langue étrangère de la part de ses parents donc il y a surement une musique qui s'est imprimée un peu, le fait de lire énormément aussi. J'ai lu Gide, Giraudoux, Anatole France, Roger Martin du Guard... Une librairie des années 40, qu'était la lecture de jeunesse de ma mère.

Philippe Chauveau :

Aujourd'hui, lorsque vous prenez un livre, vous avez toujours cette sensation d'évasion ? D'un autre univers ? D'une liberté que le quotidien ne vous apporterait peut-être pas ? C'est toujours la même alchimie ?

Sarah Emmerich :

Oui, là je suis entrain de découvrir Le Clézio, car on a des abîmes culturelles, toujours. Et puis quand je lis Diderot, j'ai toujours l'impression que c'est un homme qui, trois siècles après, me parle à l'oreille et me raconte des petites histoires, me fait rire. C'est ce qu'il y a de plus important je crois.

Philippe Chauveau :

Alors on comprend qu'il y a cet amour pour les mots et la syntaxe. Vous choisissez le métier de journaliste et ensuite vous prenez une autre direction, vous choisissez l'univers politique pour prêter votre plume pour l'écriture de discours ou de textes prononcés par des hommes ou des femmes politiques. Pourquoi cette envie ? Pourquoi ce choix ? Est-ce le hasard ou y avait-il une réelle volonté de mettre un pied dans ce monde politique ?

Sarah Emmerich :

J'ai choisi le journalisme parce que j'avais l'impression de ne savoir que lire, écrire ou parler... Alors je me suis dit « puisque tu sais faire que ça, quel est le métier qui peut correspondre ? ». Et ce n'est pas un hasard parce que je me rappelle très bien avoir choisi ce métier en 1984 quand Le Pen a fait 10% aux élections européennes. Je voulais être là pour lutter contre le retour de l'extrême-droite, ce qui nous conduit à la deuxième question, pourquoi on écrit pour des hommes/femmes politiques ? Parce que c'est amusant de se glisser, d'essayer de comprendre la musique : une façon de parler de quelqu'un, se couler dans sa façon d'être. C'est un peu plus de la création à ce moment là.

Philippe Chauveau :

On va reparler d'Agnès, l'héroïne de votre roman qui, curieusement, fait ce métier et écrit pour les hommes et les femmes politiques. Vous lui faites dire : « J'ai voulu faire de la politique pour observer le monde tel qu'il va », c'est la définition que vous pourriez donner de votre propre parcours professionnel ?

Sarah Emmerich :

Je crois. Quand on est journaliste et qu'on s'intéresse à la politique intérieure, ou quand on écrit des discours, on écoute les autres avant tout, ce qu'ils disent parfois même sans s'en rendre compte est important.

Philippe Chauveau :

Pourquoi l'envie de l'écriture romanesque ? Vous faisiez un métier dans l'ombre, en retrait. Là, en choisissant de mettre votre propre nom sur la couverture d'un livre dans une grande maison d'édition, vous allez être en lumière. Pourquoi cette envie ? Qu'est-ce qui vous fait passer le pas ?

Sarah Emmerich :

L'ombre me va très bien. Je n'ai pas du tout de regret ou d'amertume d'être la plume, le nègre, j'aime beaucoup ce métier.

Philippe Chauveau :

Pas de frustration.

Sarah Emmerich :

Aucune. Avoir son nom, peut-être c'est une façon de s'engager parce que ce livre, à mon sens, dit aussi des choses du monde tel qu'il va.

Philippe Chauveau :

Vous êtes heureuse de voir ce premier livre ? Il y a de l'appréhension mais il y a une grande jubilation j'imagine.

Sarah Emmerich :

Oui ! Bien sûr, je suis contente d'en être débarrassée d'une certaine façon. C'est-à-dire que ce livre est devenu un objet, je ne peux plus changer une virgule. C'est la première fois que j'entends quelques retours et c'est très amusant parce qu'on me renvoie des choses et je me dis « Ah oui, c'est vrai ! ». Finalement, on découvre en écrivant, on découvre aussi en lisant et en étant lu donc c'est tout l'intérêt de la chose je crois.

Philippe Chauveau :

C'est votre premier roman, nous sommes heureux de vous accompagner dans cette belle aventure Sarah Emmerich. La Suivante, votre premier roman est chez Flammarion.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Un premier roman, c’est toute une aventure, à la fois un aboutissement et un premier pas. C’est cette aventure que vit aujourd’hui Sarah Emmerich qui publie « La suivante » chez Flammarion. S’il s’agit d’un premier livre, l’auteur n’est pourtant pas novice dans le maniement des mots et de la syntaxe puisqu’elle fut journaliste puis rédactrice de textes et de discours dans l’univers politique. D’ailleurs, Agnès, l’héroïne de ce roman, est elle-même petite main à la mairie de Paris, elle est la plume de...La suivante de Sarah Emmerich - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau :   Dans ce premier roman Sarah Emmerich, nous faisons connaissance avec Agnès, c'est votre héroïne. C'est elle la narratrice, elle se présente comme une petite souris grise, elle veut être très discrète, elle vit à Paris, et curieusement elle fait le même métier que vous, elle écrit des textes et des discours pour Madame le maire de Paris. Pourquoi avoir eu envie d'une héroïne qui vous ressemble ?   Sarah Emmerich :   Au départ, je voulais qu'Agnès soit rédactrice sinistre dans une compagnie...La suivante de Sarah Emmerich - Livre - Suite