Jean-René Van der Plaetsen

Jean-René Van der Plaetsen

La nostalgie de l'honneur

Portrait 6'36

Philippe Chauveau :
Bonjour Jean-René Van der Plaetsen

Jean-René Van der Plaetsen :
Bonjour Philippe,

Philippe Chauveau :
Merci d'être avec nous. Vous êtes dans l'actualité littéraire, « La nostalgie de l'honneur » ; c'est votre premier titre publié et vous venez d'obtenir le prix Interallié. On va parler de cet ouvrage mais faisons auparavant un peu connaissance. Vous êtes directeur délégué à la direction du Figaro Magazine. Pourquoi le journalisme dans votre vie ? Vous avez fait pas mal de choses, des études politiques, des études de droit et puis le journalisme, pourquoi ?

Jean-René Van der Plaetsen :
Je pense que j'ai retrouvé dans le journalisme, il y a 30 ans de cela, à peu près la même atmosphère que celle que j'avais dans mon pensionnat chez les jésuites ou à l'armée. Une atmosphère de camaraderie, d'enthousiasme et de travail en commun.

Philippe Chauveau :
Vous aimez être un observateur de votre époque aussi ? C'est ça la définition du journalisme pour vous ?

Jean-René Van der Plaetsen :
C'est aussi l'ivresse de travailler en commun, c'est ce qui me plaît davantage. Evidemment l'observation de mon époque m'intéresse tout autant. Mais l'atmosphère de ce métier et l'amitié dans le journalisme ont été un critère décisif de mon choix.??Philippe Chauveau :
Le Figaro est un journal qui a une histoire. Lorsqu'on entre à la rédaction du Figaro, pense-t-on à cette grande histoire ?

Jean-René Van der Plaetsen : ?Certainement ! Les réflexes sont certainement un peu induits. C'est le journal que lit mon père, que lisait mon grand-père... Donc il est évident qu'il est plus facile pour moi d'aller au Figaro que dans un autre journal. Jean-Marie Rouart m'avait proposé de venir travailler avec lui, nous avions une telle passion de la littérature qu'il m'avait proposé il y a 30 ans de rejoindre le Figaro Littéraire, ce que j'ai fait. ??Philippe Chauveau :
Avant d'être journaliste, il y a eu aussi un passage dans l'armée, vous avez fait le choix d'être soldat ?

Jean-René Van der Plaetsen :
J'ai eu un grand-père maternel qui était un héros, et ses amis étaient des héros. Je les voyais régulièrement à dîner chez mes grands-parents, ils étaient des hommes si spectaculaires, flamboyants et magnifiques que c'est évident que cela vous marque pour toujours de voir des hommes comme ça. Et il y a eu un moment où j'ai compris que si je ne passais pas par l'expérience militaire, je ne pourrais jamais communiquer totalement avec mon grand-père. J'aimais sincèrement mon grand-père et je me suis dit « il faut que je passe par là ». Je me suis engagé comme simple chasseur alpin, 2nde classe. C'était la même ivresse que celle que j'ai connue dans les dortoirs de mon pensionnat jésuite ou dans les salles de rédaction du Figaro il y a 30 ans.??Philippe Chauveau :
Le plaisir d'être en équipe donc...

Jean-René Van der Plaetsen :
Le plaisir de travailler en équipe, le plaisir de connaître la poésie des caractères, la diversité des personnages et des tempéraments. La vie est un champ merveilleux et les rencontres sont toujours merveilleuses. ??Philippe Chauveau :
Mais alors la passion de la littérature ? L'écriture est un acte plutôt solitaire… Vous nous l'avez dit, vous côtoyiez Jean-Marie Rouart qui vous a poussé dans le journalisme par une passion commune qu'est la littérature. Que vous apporte le livre dans votre vie ?

Jean-René Van der Plaetsen :
Quand je suis parti au Liban je suis parti avec quatre livres qui étaient « La Bible », « La Bhagavad Gita », « Les anti-mémoires » de Malraux et « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche. La littérature c'est la source de la vie, ce n'est pas seulement la vie rêvée, c'est la vie recréée, rendue idéale, ou c'est la vie telle qu'elle est avec sa souffrance, et cela ne me paraît absolument pas indissociable du travail en équipe ou de la joie de vivre dans une collectivité.??Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous sur la littérature contemporaine, française notamment ?

Jean-René Van der Plaetsen :
Je crois qu'elle est excellente, je crois que nous avons au moins un génie qui est Michel Houellebecq, et de très grands écrivains comme Patrick Modiano, Jean-Marie Rouart, Jean d'Ormesson qui vient de mourir, Michel Déon qui est mort il y a peu de temps... Il y a beaucoup de grands écrivains, et on s'en rendra compte un jour, je suis certain de cela. Dans votre question il y a une subtilité. Est-ce qu'on parle de littérature ou de roman ? Or, le roman est un genre particulier qui a mon avis est encore supérieur à celui de la littérature, peut-être pas supérieur à celui de la poésie mais qu'il faut distinguer de la littérature. Le livre que j'ai écrit n'est pas un roman, même s'il est traité comme un roman... Je mets au-dessus de tout le roman et nous avons d'excellents romanciers, Michel Houellebecq par exemple, qui est aussi un très grand poète.??Philippe Chauveau :
Et aujourd'hui votre nom apparaît dans les vitrines des librairies avec les autres noms que vous venez de citer, c'est une nouveauté pour vous. Comment vivez-vous ce moment ?

Jean-René Van der Plaetsen :
Il y a eu,il y a un an et quelques mois, l'assassinat du Père Hamel qui m'a bouleversé. Le lendemain de ce meurtre barbare, j'ai commencé à écrire ce livre, qui était fini six mois plus tard. J'ai beaucoup réléchi à ça, moi qui n'arrivais pas à écrire plus de 20 pages. Pourquoi, soudain, me suis-je retrouvé avec 150 pages en deux mois. Je pense que c'est ce qu'a très bien décrit Marcel Proust avec le phénomène de mémoire involontaire. Je me suis retrouvé soudain avec ce meurtre dans mon enfance et mon adolescence quand mon grand-père maternel me racontait pourquoi lui, qui se préparait à devenir architecte, était finalement devenu soldat. C'était à cause de la guerre qui arrivait. Et le jour de l'assassinat du père Hamel, je me suis senti plongé dans mon enfance lorsque l'on me racontait la montée de la guerre, je me suis senti en période d'avant-guerre et même de guerre. Toute mon enfance m'est revenue, avec ces hommes extraordinaires que j'ai eu la chance de connaître... Donc il faut croire que je portais cela en moi depuis longtemps.

Philippe Chauveau :
Et ce premier livre c'est « La nostalgie de l'honneur », vous êtes publié par Grasset.

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  • Voilà un livre à contre-courant, un livre qui n'est pas forcément dans l'air du temps, un livre qui n'est peut-être pas politiquement correct. Et pourtant…Jean-René Van der Plaetsen est journaliste, directeur délégué à la rédaction du Figaro Magazine. Avec cet essai « La nostalgie de l'honneur », il publie ici son premier livre. Il nous raconte son grand-père maternel, Jean Crépin, qui fut compagnon de la Libération, général d'armée, héros de Bir Hakeim, proche de De Gaulle et du maréchal Leclerc notamment.Mais ce...Replay 2018 de Jean-René Van der Plaetsen - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Jean-René Van der Plaetsen Jean-René Van der Plaetsen :Bonjour Philippe, Philippe Chauveau :Merci d'être avec nous. Vous êtes dans l'actualité littéraire, « La nostalgie de l'honneur » ;  c'est votre premier titre publié et vous venez d'obtenir le prix Interallié. On va parler de cet ouvrage mais faisons auparavant un peu connaissance. Vous êtes directeur délégué à la direction du Figaro Magazine. Pourquoi le journalisme dans votre vie ? Vous avez fait pas mal de choses, des études...Replay 2018 de Jean-René Van der Plaetsen - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Avec ce qui est votre premier titre, Jean-René Van der Plaetsen, ce n'est pas un roman même si on sent un peu de volonté romanesque dans la construction. Vous nous racontez votre grand-père maternel, Jean Crépin, qui fut un compagnon de la Libération, qui fut général d'armée, un homme pour lequel vous aviez une grande admiration et un grand attachement, c'est ce que l'on ressent au fil des pages. Quelle image gardez-vous de votre grand-père ? Est-ce que, lorsque vous pensez à lui, c'est tout de suite le...Replay 2018 de Jean-René Van der Plaetsen - Livre - Suite