Maud Simonnot

Maud Simonnot

L'heure des oiseaux

Portrait 00'07'55"

Philippe Chauveau
Bonjour Maud Simonnot.

Maud Simonnot
Bonjour.

Philippe Chauveau
Vous êtes dans l'actualité avec ce titre L'heure des oiseaux. C'est aux éditions de l'Observatoire et c'est bien la romancière, l'auteur que je reçois aujourd'hui puisque en parallèle, on va en parler. Vous êtes aussi éditrice et puis vous avez repris la NRF. On va en reparler également. Un parcours riche, mais finalement, les lettres, la littérature, c'était peut être pas une évidence.
Quel a été votre votre parcours justement pour arriver là ?

Maud Simonnot
Oui, ce n'était pas forcément une évidence. J'étais partie plus tôt pour faire des sciences ou j'ai un bac scientifique. Et puis ensuite, je me suis inscrite à la fois en prépa scientifique et littéraire et au dernier prix de littérature. J'en suis très heureuse, mais j'ai fait beaucoup d'autres choses en parallèle des lettres, notamment de l'histoire de l'édition. C'était ma formation principale jusqu'au doctorat, et de l'histoire de l'art aussi.
J'aime beaucoup tout ce qui est peinture et archéologie.
Et si je rembobine encore plus le fil du temps, vous m'avez laissé entendre que finalement, chez vous, le livre n'avait pas beaucoup, beaucoup de place et que ce sont les bibliothèques qui vous ont permis de vous ouvrir à la littérature.
Je viens d'une famille très simple. Ma mère était sage femme et mon père professeur de ce qu'on appelait sciences naturelles à l'époque et de cette envie d'aller plus vers tout ce qui était scientifique.
Et puis, naturellement, il y avait quelques livres chez moi, mais pas beaucoup de romans, et j'ai eu la chance d'avoir déjà des gens à l'école. Je dois tout à l'école de la République qui m'ont donné des livres. Et puis d'aller en bibliothèque. Et je le dis tous souvent, très souvent, je dois tout aux bibliothèques et aux bibliothécaires, parce que, grâce à la gratuité des livres, j'ai pu lire tout ce que je voulais pendant toute mon enfance.

Philippe Chauveau
Et puis après, il y a eu ces études de lettres dont vous nous avez parlé, avant d'évoquer la romancière que vous êtes aujourd'hui. Parlons de l'éditrice. Si vous deviez résumer, c'est quoi le métier d'éditeur ? Ça consiste en quoi ce métier ?

Maud Simonnot
Il faut être très curieux, je dirais parce qu'on est sans arrêt en train de chercher une pépite d'or dans une immense rivière. Et on me dit souvent Tu fais ce métier, est ce que tu aimes les livres ? Mais je crois qu'il faut aimer les gens aussi, parce que c'est aussi un compagnonnage avec des auteurs qu'on construit tout au long de leur écriture.
Et puis ensuite, au moment des publications de livres qui sont des moments parfois délicats et au moment ou ils recommencent à écrire. Donc c'est beaucoup de discussions aussi. C'est ça le métier que j'aime pour toutes ces raisons.

Philippe Chauveau
Et je le disais en préambule. En parallèle, vous venez de reprendre quelque chose de mythique dans le monde des lettres, la NRF. Alors rappelez nous un peu ce qu'est la NRF. Et puis quel ! Quelle image vous avez envie de lui donner pour, peut être, la dépoussiérer ?

Maud Simonnot
C'est la revue littéraire la plus ancienne et de plus célèbre d'entre toutes. Elle a été fondée en 1908 et c'est sur cette revue qu'a été bâtie la maison Gallimard. Elle est donc, oui, un peu un peu légendaire. Il y a beaucoup de gens qui ont commencé dedans. Dans le premier numéro, je fais une bibliothèque idéale de Jean-Marie Gustave Le Clézio et il m'a dit qu'il avait commence à écrire dans la NRF dans les années 60. C'est vraiment pour beaucoup d'auteurs actuels un endroit ou ils ont pu publier leur premier texte qui a été une revue très très importante et qui, comme toutes les revues littéraires, était elle légèrement tombée en déshérence. Mais il y a moins d'abonnés, c'est aussi ce qu'on lit forcément tout de suite. Et Antoine Gallimard m'a proposé de la reprendre avec cet enjeu de la relancer en 2022, avec sans doute des auteurs qui sont les grands auteurs de demain.
Et puis des thématiques qui sont des thématiques, aussi des faits de société et une partie critique très très forte portée par des auteurs.

Philippe Chauveau
Rappelez nous l'acronyme de NRF.

Maud Simonnot
Nouvelle Revue française. Donc c'est la nouvelle Nouvelle Nouvelle Revue française parce qu'elle a été relancée plusieurs fois.

Philippe Chauveau
Mais vous gardez le titre, le titre d'origine. Quel lien faites vous justement entre le métier d'éditeur et ce que vous exercez ? Être aujourd'hui directrice de publication, c'est peut être le nom du poste. Et puis le fait d'être romancière, parce que finalement, ce sont trois choses différentes. Mais il y a des passerelles.

Maud Simonnot
Et des passerelles parce qu'évidemment je vais faire appel à des auteurs que je publie et à des auteurs aussi, que j'ai rencontrés comme auteurs sur des salons ou que je lis comme lectrice. Donc l'idée, c'est de mettre des gens que j'aime et qui viennent d'horizons très variés, mais qu'évidemment, j'ai souvent rencontrés par. Par mon métier d'éditeur ou en tant qu'auteur complet.
Tout est lié.

Philippe Chauveau
En tant qu'auteur, justement, on vous connaît pour des anthologies, on vous connaît pour une biographie et puis on vous connaît aussi en tant que romancière. Il y a eu assez récemment l'Enfance céleste qui a été primée, qui avait été largement repérée par la critique et par les lecteurs. Et puis voici aujourd'hui l'heure des oiseaux. A quel moment avez vous envie de passer le cap, de devenir, de franchir le Rubicon, de devenir vous même romancier ?

Maud Simonnot
Très tard. J'ai été éditrice longtemps avant d'être auteure. En général, c'est l'inverse. On demande à des auteurs de passer éditeurs dans les grandes maisons alors que moi, je n'ai pas fait les choses d'un nouvel ordre parce que je pense que je me l'interdisait. J'avais été stagiaire il y a une vingtaine d'années pour Paulo Tchaïkovsky, Laurence, le patron de P.O.L. et qui avait dit un jour quand on discutait ensemble Oh là, là, tous ces éditeurs qui écrivent depuis quelques années, ça lui semblaient deux métiers très différents.
Et il avait raison, il n'y a pas forcément d'obligation. On peut être un incroyable éditeur sans être écrivain, mais j'ai commencé à écrire la biographie d'un éditeur qui s'appelait Robert de Calmont. Et c'est en écrivant sur quelqu'un d'autre que petit à petit, je me suis autorisée à devenir écrivain. J'avais du mal à le dire encore maintenant, mais à écrire des livres en tout cas.

Philippe Chauveau
Vous vous êtes découverte différemment en prenant la plume de romancière ?

Maud Simonnot
Pas vraiment, mais je suis beaucoup, beaucoup plus dans la compréhension des difficultés des auteurs, non, c'est vrai que c'est un métier. Quand on écrit ou on imagine pas avant de s'y mettre. L'engagement physique, par exemple. Comme ça peut être fatigant d'être plusieurs heures concentré sur un texte, comme quelquefois on a l'impression qu'il y a une montagne devant soi et qu'on va jamais la franchir.
Il y a quelque chose de cet ordre là qui est sensuel et corporel, que je n'avais pas forcément mesuré dans les auteurs m'avait parlé. Mais c'est bien, c'est bien de récolter un peu pour mieux comprendre ce par quoi il passe.

Philippe Chauveau
Et puis tout ça a bien démarré en tant que romancière puisque L'enfant céleste, je le disais, a été un livre qui a eu un très beau succès, dans lequel on retrouve une influence scandinave, peut être en lien avec les quelques années que vous avez passées en Norvège. Là encore, c'était professionnel. Par rapport à votre engagement littéraire et culturel, vous avez été amenée à travailler là bas.

Maud Simonnot
Oui je travaillais pour l'ambassade de France à Oslo pour un poste autour du livre et la diffusion notamment des auteurs et des livres français dans tout le pays. Il se trouve que j'ai eu la chance en bateau de passer à côté d'une île qui était l'île de Ven, qui est une réserve naturelle maintenant. Et de découvrir que c'était sur cette île qu'il y avait eu le premier observatoire contemporain qui s'appelait Uranie Borg.
Et c'était un nom quand j'étais enfant, qui me faisait rêver. Donc ça me semblait évident de commencer à écrire sur sur cette île.

Philippe Chauveau
Mais alors justement, est ce à dire que c'est le sujet qui vous amène à l'écriture du premier roman ou est ce l'envie de d'écrire un premier roman ? Et vous vous dites Il faut que je trouve un sujet.

Maud Simonnot
C'est le lieu. En fait, c'est cette île qui m'a inspiré. Et les îles en général. Écrire sur les îles, c'est extrêmement divertissant, réjouissant.

Philippe Chauveau
Merci de me donner cette belle transition puisqu'après l'enfance céleste, nous allons parler d'une autre île dans votre actualité. Maud Simonnot L'heure des oiseaux, c'est aux éditions de l'Observatoire.

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