Valentine Goby

Valentine Goby

Kinderzimmer

Portrait 4'27

Bonjour Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer » chez Actes Sud. C'est déjà votre huitième roman qui prend place dans une très large bibliographie puisqu'il y a aussi tout le travail pour la jeunesse que vous faites notamment.
Mais avant l'écriture, avant la littérature, avant d'être publiée, vous avez eu en quelque sorte une autre vie puisque vous avez beaucoup voyagé, vous êtes beaucoup allée en Asie.
Je crois que j'ai eu plusieurs vies en fait.
Vous avez eu plusieurs vies !
Pas qu'une. Comme ça, ça a l'air pas cohérent du tout, mais si en fait. C'est une quête de quelque chose.
Vous suivez bien votre fil ?
Non, je n'avais pas de fil. C'est ça. Je n'avais pas de fil. J'ai fait des études de sciences politiques et puis j'avais la tête comme un ballon de football en sortant de là. J'avais hâte d'utiliser mes jambes.
Je suis partie travailler dans l'humanitaire avec des enfants des rues au Vietnâm et aux Philippines pendant à peu près quatre ans et ça c'était formidable.
Est-ce que vous vous êtes découverte différemment ?
Oui, c'est exactement ça ! J'aime bien que vous métiez l'accent, non pas sur l'autre, mais sur soi. Parce qu'on part toujours pour rencontrer l'autre au départ et on se rend compte qu'il se créé des liens forts,
des découvertes, mais les décourvertes les plus profondes, ce sont vraiment celles qu'on fait de soi-même, quand on est coupé de tout lien comme ça.
C'est une période qui a compté dans votre vie, vous êtes restée quatre ans dans différents pays d'Asie et en travaillant pour ces associations humanitaires. Est-ce que l'écriture était déjà là ? Est-ce que l'envie d'écrire était déjà présente ?
J'ai toujours écrit. C'est un peu un mystère. Je ne sais pas d'où ça vient, ça n'a jamais été une décision. J'ai écrit avant de savoir écrire. Je me racontais des histoires dans ma tête et la technique de l'écriture, ça a été une sorte de cadeau du ciel,
parce que avec la tête on retient trois ou quatre phrases, on écrit des toutes petites histoires, mais alors il faut choisir exactement le bon mot parce qu'on a très peu de place dans sa tête.
Et avec le papier les histoires ce sont allongées, mais je crois que j'avais déjà compris que chaque mot avait vraiment un poids. Là je vous parle de quand j'avais trois-quatre ans, mais ça m'a suivi tout le temps.
Vous rentrez en France, vous enseignez les Lettres, le théâtre et puis vous publiez en 2002 votre premier roman « La note sensible » chez Gallimard. C'était un aboutissement ? Un nouveau départ ? Comment le revoyez-vous ce premier livre ?
Ah non, ce n'était pas du tout un aboutissement. C'est le début de tout parce que je n'avais pas de projet. Il se trouve qu'un jour j'ai écrit quelque chose qui était un peu plus épais que le reste et il y a eu l'idée du pari « allez chiche, tu l'envoies ! ».
Vous avez eu l'impression d'entrer dans une famille aussi lorsque vous avez été publiée ? Dans la grande famille des écrivains ?
Non, j'ai eu un sentiment d'imposture tout de suite en fait. Ca me paraissait énorme. Je ne vais pas vous raconter l'histoire de la petite provinciale qui monte à Paris, mais enfin quand même c'est un peu la mienne.
Appartenir à Paris, ça me paraissait fou. Et être publiée par une maison parisienne, ça dépassait l'entendement pour moi. Il faut savoir que je suis fille et petite-fille de parfumeur, je ne viens pas de Grâce pour rien,
et il y a une parfumerie à Grasse qu'i s'appelle Galimard, mais avec un seul « L ». Et quand j'ai publié mon premier roman, ce que m'ont dit des familiers de Grasse c'est » et bien on ne savait pas qu'ils faisaient aussi des livres ».
Vos romans sont souvent sombres, douloureux, parfois violents, au propre comme au figuré et quand on vous rencontre, vous dégagez l'image d'une jeune femme bien dans sa peau, dans sa vie, dans son époque....
Ce n'est pas contradictoire. Moi je n'ai pas l'impression d'écrire des livres sombres. J'ai l'impression qu'il y a des lieux d'ombre et de nuit qui parsèment nos existences et ce qui m'intéresse, c'est comment on les traverse.
Moi, mes personnages ils réussissent leur traversée. Ca ne veut pas dire que c'est facile, mais ils réussisent toujours leur traversée. A la fin ils font des choix. Alors peut-etre ce ne sont pas ceux que nous ferions.
Mais c'est une réussite parce qu'ils assument les choix qu'ils ont fait. Parfois on va les trouver difficiles, tristes, mais ce sont des gens libres.
Merci Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer », c'est aux éditions Actes Sud.

Philippe Chauveau :
Bonjour Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer » chez Actes Sud. C'est déjà votre huitième roman qui prend place dans une très large bibliographie puisqu'il y a aussi tout le travail pour la jeunesse que vous faites notamment. Mais avant l'écriture, avant la littérature, avant d'être publiée, vous avez eu en quelque sorte une autre vie puisque vous avez beaucoup voyagé, vous êtes beaucoup allée en Asie.

Valentine Goby :
Je crois que j'ai eu plusieurs vies en fait.

Philippe Chauveau :
Vous avez eu plusieurs vies !

Valentine Goby :
Pas qu'une. Comme ça, ça a l'air pas cohérent du tout, mais si en fait. C'est une quête de quelque chose.

Philippe Chauveau :
Vous suivez bien votre fil ?

Valentine Goby :
Non, je n'avais pas de fil. C'est ça. Je n'avais pas de fil. J'ai fait des études de sciences politiques et puis j'avais la tête comme un ballon de football en sortant de là. J'avais hâte d'utiliser mes jambes. Je suis partie travailler dans l'humanitaire avec des enfants des rues au Vietnâm et aux Philippines pendant à peu près quatre ans et ça c'était formidable.

Philippe Chauveau :
Est-ce que vous vous êtes découverte différemment ?

Valentine Goby :
Oui, c'est exactement ça ! J'aime bien que vous métiez l'accent, non pas sur l'autre, mais sur soi. Parce qu'on part toujours pour rencontrer l'autre au départ et on se rend compte qu'il se créé des liens forts, des découvertes, mais les décourvertes les plus profondes, ce sont vraiment celles qu'on fait de soi-même, quand on est coupé de tout lien comme ça.

Philippe Chauveau :
C'est une période qui a compté dans votre vie, vous êtes restée quatre ans dans différents pays d'Asie et en travaillant pour ces associations humanitaires. Est-ce que l'écriture était déjà là ? Est-ce que l'envie d'écrire était déjà présente ?

Valentine Goby :
J'ai toujours écrit. C'est un peu un mystère. Je ne sais pas d'où ça vient, ça n'a jamais été une décision. J'ai écrit avant de savoir écrire. Je me racontais des histoires dans ma tête et la technique de l'écriture, ça a été une sorte de cadeau du ciel, parce que avec la tête on retient trois ou quatre phrases, on écrit des toutes petites histoires, mais alors il faut choisir exactement le bon mot parce qu'on a très peu de place dans sa tête. Et avec le papier les histoires ce sont allongées, mais je crois que j'avais déjà compris que chaque mot avait vraiment un poids. Là je vous parle de quand j'avais trois-quatre ans, mais ça m'a suivi tout le temps.

Philippe Chauveau :
Vous rentrez en France, vous enseignez les Lettres, le théâtre et puis vous publiez en 2002 votre premier roman « La note sensible » chez Gallimard. C'était un aboutissement ? Un nouveau départ ? Comment le revoyez-vous ce premier livre ?

Valentine Goby :
Ah non, ce n'était pas du tout un aboutissement. C'est le début de tout parce que je n'avais pas de projet. Il se trouve qu'un jour j'ai écrit quelque chose qui était un peu plus épais que le reste et il y a eu l'idée du pari « allez chiche, tu l'envoies ! ».

Philippe Chauveau :
Vous avez eu l'impression d'entrer dans une famille aussi lorsque vous avez été publiée ? Dans la grande famille des écrivains ?

Valentine Goby :
Non, j'ai eu un sentiment d'imposture tout de suite en fait. Ca me paraissait énorme. Je ne vais pas vous raconter l'histoire de la petite provinciale qui monte à Paris, mais enfin quand même c'est un peu la mienne. Appartenir à Paris, ça me paraissait fou. Et être publiée par une maison parisienne, ça dépassait l'entendement pour moi. Il faut savoir que je suis fille et petite-fille de parfumeur, je ne viens pas de Grâce pour rien, et il y a une parfumerie à Grasse qu'i s'appelle Galimard, mais avec un seul « L ». Et quand j'ai publié mon premier roman, ce que m'ont dit des familiers de Grasse c'est » et bien on ne savait pas qu'ils faisaient aussi des livres ».

Philippe Chauveau :
Vos romans sont souvent sombres, douloureux, parfois violents, au propre comme au figuré et quand on vous rencontre, vous dégagez l'image d'une jeune femme bien dans sa peau, dans sa vie, dans son époque....

Valentine Goby :
Ce n'est pas contradictoire. Moi je n'ai pas l'impression d'écrire des livres sombres. J'ai l'impression qu'il y a des lieux d'ombre et de nuit qui parsèment nos existences et ce qui m'intéresse, c'est comment on les traverse. Moi, mes personnages ils réussissent leur traversée. Ca ne veut pas dire que c'est facile, mais ils réussisent toujours leur traversée. A la fin ils font des choix. Alors peut-etre ce ne sont pas ceux que nous ferions. Mais c'est une réussite parce qu'ils assument les choix qu'ils ont fait. Parfois on va les trouver difficiles, tristes, mais ce sont des gens libres.

Philippe Chauveau :
Merci Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer », c'est aux éditions Actes Sud.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Après des études à Sciences Po, Valentine Goby s'est installlé en Asiie où elle a notamment travaillé pour des associations humanitaires. De retour en France, c'est l'enseignement des lettres et du théâtre, métier qu'elle exerce pendant 8 ans avant de décider que finalement, sa vie, c'est l'écriture.Effectivement, Valentine Goby a toujours eu soif d'écrire, de partager, de raconter.En 2002, elle publie avec succès son 1er roman, « la note sensible » qui sera primé à plusieurs reprises. Alternant littérature adulte et...L'île haute de Valentine Goby - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer » chez Actes Sud. C'est déjà votre huitième roman qui prend place dans une très large bibliographie puisqu'il y a aussi tout le travail pour la jeunesse que vous faites notamment. Mais avant l'écriture, avant la littérature, avant d'être publiée, vous avez eu en quelque sorte une autre vie puisque vous avez beaucoup voyagé, vous êtes beaucoup allée en Asie.Valentine Goby :Je crois que j'ai eu plusieurs vies en fait.Philippe Chauveau :Vous avez eu...L'île haute de Valentine Goby - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :C'est votre huitième titre « Kinderzimmer », Valentine Goby. Dans ce livre, vous nous présentez Mila, que l'on va aussi appeler Suzanne,puisqu'on là découvre quand elle est une personne âgée. Elle se balade de lycée en lycée pour raconter son histoire, elle va à la rencontre des jeunes. Elle a été déportée à Ravensbrück et puis un jour il y a une jeune élève qui lui pose une question « mais saviez-vous que vous alliez dans ce camp ? Savez-vous où vous alliez ? » Et Mila va retracer le fil de...L'île haute de Valentine Goby - Le livre - Suite
    Philippe Lecomte Le Livre écarlate31, rue du Moulin Vert75014 ParisTél : 01 45 42 75 30« Kinderzimmer », de Valentine Goby. C'est un livre d'une émotion énorme. Ca aborde un sujet difficile que l'Histoire nous a donnée, que les événements nous ont donnés. Et Valentine Goby s'en est emparée avec un talent incroyable. Elle fait en sorte de nous donner à vivre, à lire, à connaître, à sentir au travers du mot, au travers des phrases, un événement qui est hors du commun.C'est magnifique, c'est très émouvant, c'est...L'île haute de Valentine Goby - L'avis du libraire - Suite