Nathalie Saint Cricq

Nathalie Saint Cricq

Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir

Portrait 00'07'43"

Philippe Chauveau :

Bonjour Nathalie Saint-Cricq.

Nathalie Saint-Cricq :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes en librairie pour la première fois avec un titre aux Éditions de L'Observatoire, « Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir ». Nous allons parler de Clémenceau dans un instant, mais au préalable, j'aimerais qu'on parle un peu de vous. Vous êtes un visage que l'on connaît bien, un visage de la télévision. Vous êtes éditorialiste sur France Télévision, sur France 2, spécialiste de la politique, notamment. Le journalisme, vous êtes tombée dedans lorsque vous étiez petite, un peu comme Obélix pour la potion magique ! La famille, c'est le journalisme ?

Nathalie Saint-Cricq :

Oui un peu, il y a mon grand-père, mon père, mon frère. Ma mère aurait pu, mais elle a plutôt choisi la sociologie. Mais c'est vrai que j'ai été élevée dans le journalisme et la politique. Presque plus la politique que le journalisme d’ailleurs. Parce que chez moi, on ne parlait que de ça, matin, midi et soir. Je trouvais ça épuisant quand j'étais petite. Et puis, malgré tout, ce que j'ai entendu a pu me resservir plus tard. C'était quand même une nourriture nécessaire et cela m'a grandement aidée. Malheureusement, la tradition se perpétue puisque mon fils est également journaliste, et mon mari aussi !

Philippe Chauveau :

Je ne trahis aucun secret en disant que votre famille est associée au titre de presse quotidienne régionale de la Nouvelle République, basé à Tours. Mais curieusement, ce n'est pas dans la presse écrite que vous avez préféré œuvrer, c’est plus en télévision maintenant et en radio que l'on vous connaît.

Nathalie Saint-Cricq :

Je vais vous dire la vérité ! Au début, je suis allée là où cherchait des gens. C’est quand même un métier dans lequel il y a beaucoup de gens qui travaillent dans des secteurs différents. J'ai commencé en presse écrite, dans un hebdo qui parle de pub, qui s'appelait « Stratégies ». J'ai failli être engagée à « L'Express », mais ça n'a pas marché. En fait, je suis allée là où on voulait bien de moi ! Je n'aimais pas spécialement la télé. Je n'aime pas du tout passer à la télé. Je n'avais pas une passion pour cet espace d'exposition, même pas du tout. Pourtant, j'ai des collègues qui sont de vrais malades mentaux et qui pour une minute d'antenne tueraient leur famille entière. Je ne crois pas en faire partie.

Philippe Chauveau :

Néanmoins, on sait que pour faire de la radio ou de la télévision, il y a quand même une écriture derrière, c'est évident. Mais il n'empêche, la presse écrite pourrait être quelque chose qui, à terme, pourrait vous tenter ?

Nathalie Saint-Cricq :

Moi, j'aime bien écrire, mais je ne savais pas si j'en étais capable. Et je me suis dit que j'avais fait de la radio, que j'avais fait de la télé et que j'aimerais bien faire un livre tout en sachant que c'est quelque chose de plus dur. Parce qu’il faut y passer des heures et des heures. Il faut essayer d'être clair sans être basique dans la façon d'écrire. Je ne savais pas si j'allais être lourde. Je ne savais pas si j'allais écrire comme à la télé, de façon hachée. C'est une écriture totalement différente, mais en tout cas, je n'ai pas commencé en me disant que j'allais rentrer là-dedans, que ce serait une promenade de santé et que ça allait être tout de suite bien.

Philippe Chauveau :

On va reparler de ce livre. Mais auparavant, je reviens forcément sur Nathalie Saint-Cricq estampillée journaliste politique. Vous le disiez, la politique aussi fait partie de votre éducation. Cela fait partie de votre famille, de votre héritage familial. Qu'éprouvez-vous lorsque vous parlez de politique en télévision ? Y-a-t’il toujours une certaine jouissance, une impatience à observer ce grand théâtre permanent ?

Nathalie Saint-Cricq :

Je pense que c'est quelque chose d'assez irrationnel quand on aime la politique. Quand j'avais 25 ans, je suivais le Parti socialiste et je passais des nuits entières au comité directeur à attendre les résultats. Je restais la nuit pour savoir ce qui allait se passer. Je trouve rétrospectivement que c'est assez étrange, mais je pense que, pour les gens mordus de politique, c'est une forme de passion. C'est quelque chose, quand on aime ça, c'est plus fort que tout, et chez moi c'est pareil puisqu'avec mon mari on en parle tout le temps.

Philippe Chauveau :

Lui-même étant aussi journaliste politique. Lorsque l'on anime un débat entre deux candidats à la présidentielle, comme ce fut le cas en 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, que ressent-on ? Avez-vous eu l'impression, à ce moment-là, d'être au sommet de votre parcours de journaliste ? Ou, finalement, était-ce un épiphénomène parmi d’autres ?

Nathalie Saint-Cricq :

D'abord, j'étais morte de peur, une peur viscérale. C'est déjà le sentiment prédominant dans la semaine qui a précédé. Après, une fois qu'on s'est dit que, de toutes façons, on ne peut plus reculer, parce quand on vous le propose, on ne va pas dire non, j'ai peur, on est payé pour ça a priori. On se dit que c'est quand même la chose la plus, pas amusante, c'est quand même un moment assez intense, mais là, c'est un des souvenirs les plus puissants que je garderai.

Philippe Chauveau :

Lorsque l'on parle de politique aux téléspectateurs, qu'on essaie de décrire, de décrypter les rouages de la politique, se sent-on investi d'une sorte de mission en tant que journaliste ?

Nathalie Saint-Cricq :

C'est fort « mission ». On sent un devoir plutôt qu'une mission qui est de ne pas laisser transparaître ce que l'on peut penser. Donc, le devoir, c'est un devoir d'objectivité et le deuxième devoir, ce n'est pas faire du jargon, en gros, de ne pas considérer qu'on est des espèces de sachants, et dire juste "moi, je vais vous donner les clés ». Non, il faut explique : « Il se passe des choses derrière. Il vous raconte des choses, vous voyez des choses. J'ai l'impression que c'est ça qui est derrière." Et ce, en parlant comme tout le monde. Parler comme tout le monde, ça ne veut pas dire être vulgaire ou ça ne veut pas dire faire une espèce de populisme journalistique en simplifiant les choses, ça veut dire parler en expliquant sans se prendre pour une espèce d'expert.

Philippe Chauveau :

Ça, c'était Nathalie Saint-Cricq, la journaliste. Et puis, il y a aussi la femme qui rentre chez elle après avoir été en plateau, qui pose les journaux et qui, peut-être, de temps en temps, a envie de prendre un livre pour penser à autre chose. Quelle lectrice êtes-vous, Nathalie Saint-Cricq? Que trouve t-on sur votre table de chevet?

Nathalie Saint-Cricq :

Je lis beaucoup de biographies, je lis très peu d'essais politiques et je lis pas mal de romans.

Philippe Chauveau :

Plutôt des contemporains, des classiques, de la littérature française, anglophone ?

Nathalie Saint-Cricq :

Je lis souvent les choses qui se vendent beaucoup pour me rendre compte, parce que je trouve que, si on veut être connecté à la société, il faut aller voir les films que tout le monde va voir, lire les livres que tout le monde lit. Je ne me contente pas de ceux-là, mais je me dis que si c'est un phénomène, ça dit sûrement quelque chose sur la société ? Donc là, c'est plus par curiosité. Puis, j'écoute aussi beaucoup ce que me dit mon entourage. Mais récemment, je n'ai pas eu beaucoup de chance parce qu'il y a eu beaucoup de livres que j'ai eu du mal à finir. Je ne sais pas pourquoi.

Philippe Chauveau :

Dites-moi, puisqu'il s'agit là de votre premier livre en librairie, qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez ouvert les premiers cartons, lorsque vous avez vu la couverture du livre dans la librairie ?

Nathalie Saint-Cricq :

Je vais vous avouer que je n'ai pas trop regardé parce que j'ai eu un premier mouvement de recul en me disant j’allais me faire assassiner. Le truc que je redoutais, c'était la critique au vitriol, je pense que c'est le cas pour un certain nombre de livres. Je redoutais le côté "ces gens de la télé qui écrivent des livres" parce que bon, en général, ce n'est pas très bien vu. Mais je ne me suis pas faite assassiner. A côté de ça, quand on me dit écrivaine, c'est ridicule !

Philippe Chauveau :

Mais il y a néanmoins le plaisir de montrer une autre facette de votre personnalité à travers le livre ?

Nathalie Saint-Cricq :

Oui, oui, et notamment vis à vis des politiques. Parce qu'à partir du moment où ce n'est pas un livre d'actualité, mais que c'est un livre un peu plus d'histoire sur un autre personnage, cela donne l'impression qu'on a un peu plus d'épaisseur que quand on fait cinquante secondes ou une minute trente à la télé. Alors oui, je ne vais pas bouder ce plaisir-là. On est regardé différemment.

Philippe Chauveau :

Votre actualité Nathalie Saint-Cricq, aux éditions L’Observatoire, « Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir ».

Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir Editions de l'Observatoire
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  •   Vous la connaissez bien sûr ! Son visage apparait régulièrement sur les écrans de télévison quand il s’agit de politique. Nathalie St Cricq est une figure médiatique incontournable dont l’analyse est à la fois crainte par les hommes et femmes politiques et plébiscitée par les téléspectateurs. Nathalie Saint Cricq est aujourd’hui en librairie pour ce qui est son premier livre. Et contre toute attente, elle fait le choix de ne pas nous parler de notre époque contemporaine, et de notre politique nationale qui comporte...Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir de Nathalie Saint Cricq - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :  Bonjour Nathalie Saint-Cricq.   Nathalie Saint-Cricq : Bonjour.   Philippe Chauveau :  Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes en librairie pour la première fois avec un titre aux Éditions de L'Observatoire, « Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir ». Nous allons parler de Clémenceau dans un instant, mais au préalable, j'aimerais qu'on parle un peu de vous. Vous êtes un visage que l'on connaît bien, un visage de la télévision. Vous êtes éditorialiste sur France...Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir de Nathalie Saint Cricq - Portrait - Suite
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