Carole Martinez

Carole Martinez

Du domaine des murmures

Portrait 4'24
Philippe Chauveau :
Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie.

Carole Martinez :
Maintenant on se connaît.

Philippe Chauveau :
Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ?

Carole Martinez :
Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007.

Philippe Chauveau :
J'ai envie de dire quel joli succès, quel joli parcours, parce que « Le cœur cousu » était sorti de façon assez discrète et puis par le bouche à oreille, par le travail des libraires et des lecteurs, il a connu une belle histoire, récompensé par de nombreux prix. Avec le recul, comment as-tu vécu tout ça ?

Carole Martinez :
Je reste sans voix. J'ai la sensation de devoir beaucoup à beaucoup de monde. Les libraires ont défendu le livre alors qu'il n'était plus dans l'actualité. Ca a été vraiment des passeurs. Ils l'ont donné à des lecteurs qui eux même sont devenus des passeurs. C'est très beau parce que c'est un livre sur la transmission « Le cœur cousu »...

Philippe Chauveau :
Et c'est typiquement le livre qu'on se passe.

Carole Martinez :
C'est un livre qui a été vraiment transmit, qui a toujours été accompagné d'une main. Les mères l'ont donné à des filles, des sœurs à des sœurs, les copains aux copines. Il y a toujours eu une relation humaine dans le passage du livre. Ca c'est splendide, parce que ce n'était pas un livre qui était parti pour faire un succès.

Philippe Chauveau :
C'est un livre qui a eu de nombreux prix. Et c'est prix, ça a été l'occasion de nombreuses rencontres et notamment avec des collégiens, des lycéens. C'est important pour toi parce que ta vie avant l'écriture, c'était l'enseignement.

Carole Martinez :
C'est très agréable pour moi. Maintenant je suis invité dans les lycées en tant qu'auteur. J'ai des classes qui m'ont écrit des chapitres fantômes de mon livre. Des classes qui ont préparé « Le coeur cousu » au baccalauréat...

Philippe Chauveau :
Ca c'est une satisfaction supplémentaire ?

Carole Martinez :
Ah oui, c'est vraiment une reconnaissance incroyable que d'arriver en tant qu'auteur à l'école. C'est une reconnaissance folle. Savoir que des élèves font des commentaires composés sur mon texte...

Philippe Chauveau :
Si on parle de Carole Martinez la lectrice. Quel genre de lectrice es-tu, vers quel style vas-tu spontanément et quel regard portes-tu sur la production littéraire francophone ?

Carole Martinez :
J'ai de vrais compagnons. Par exemple « Le bruit et la fureur » de William Faulkner, par exemple « Beloved » de Toni Morrison, « Madame Bovary ». J'ai beaucoup de poésie aussi. Quand j'étais petite, j'avais très peur de la nuit, très peur de dormir. Donc pour ne pas avoir peur, j'avais des livres de poèmes et je me les lisais à voix haute la nuit. Donc ces livres m'ont vraiment accompagné. Victor Hugo, Baudelaire, ça a été des voix qui m'ont permis de passer la nuit.

Philippe Chauveau :
Il est toujours difficile pour un auteur de parler de son travail, mais s'il y avait un style Carole Martinez, quel serait-il ? Comment tu pourrais définir ton travail d'auteur ?

Carole Martinez :
Moi je raconte des histoires, je suis une conteuse. Si je peux avoir juste cette fonction là, c'est le bonheur. Ce que je veux, c'est raconter des histoires, pouvoir continuer à raconter des histoires et avec le plaisir de les entendre, car la langue ça s'écoute.

Philippe Chauveau :
C'est la petite fille qui avait peur la nuit et qui aimait se raconter des histoires ?

Carole Martinez :
Et je continue à me raconter des histoires. Et d'ailleurs je me suis aperçue d'un truc assez drôle, c'est que finalement si je me raconte des histoires, c'est encore aujourd'hui pour ne pas avoir peur. Quand j'ai peur de quelque chose, immédiatement j'en fais un élément d'une histoire possible. Et j'ai la sensation de maîtriser ou cette personne qui m'a fait peur ou ce cauchemar, cette angoisse et je me dis « ah c'est trop bien, ça pourrait faire un roman », et là je commence à me raconter une histoire et la peur s'en va.

Philippe Chauveau :
La peur est productive !

Carole Martinez :
La peur est productive, c'est vrai, mais pas que ça.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est chez Gallimard.
Philippe Chauveau :
Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie.

Carole Martinez :
Maintenant on se connaît.

Philippe Chauveau :
Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ?

Carole Martinez :
Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007.

Philippe Chauveau :
J'ai envie de dire quel joli succès, quel joli parcours, parce que « Le cœur cousu » était sorti de façon assez discrète et puis par le bouche à oreille, par le travail des libraires et des lecteurs, il a connu une belle histoire, récompensé par de nombreux prix. Avec le recul, comment as-tu vécu tout ça ?

Carole Martinez :
Je reste sans voix. J'ai la sensation de devoir beaucoup à beaucoup de monde. Les libraires ont défendu le livre alors qu'il n'était plus dans l'actualité. Ca a été vraiment des passeurs. Ils l'ont donné à des lecteurs qui eux même sont devenus des passeurs. C'est très beau parce que c'est un livre sur la transmission « Le cœur cousu »...

Philippe Chauveau :
Et c'est typiquement le livre qu'on se passe.

Carole Martinez :
C'est un livre qui a été vraiment transmit, qui a toujours été accompagné d'une main. Les mères l'ont donné à des filles, des sœurs à des sœurs, les copains aux copines. Il y a toujours eu une relation humaine dans le passage du livre. Ca c'est splendide, parce que ce n'était pas un livre qui était parti pour faire un succès.

Philippe Chauveau :
C'est un livre qui a eu de nombreux prix. Et c'est prix, ça a été l'occasion de nombreuses rencontres et notamment avec des collégiens, des lycéens. C'est important pour toi parce que ta vie avant l'écriture, c'était l'enseignement.

Carole Martinez :
C'est très agréable pour moi. Maintenant je suis invité dans les lycées en tant qu'auteur. J'ai des classes qui m'ont écrit des chapitres fantômes de mon livre. Des classes qui ont préparé « Le coeur cousu » au baccalauréat...

Philippe Chauveau :
Ca c'est une satisfaction supplémentaire ?

Carole Martinez :
Ah oui, c'est vraiment une reconnaissance incroyable que d'arriver en tant qu'auteur à l'école. C'est une reconnaissance folle. Savoir que des élèves font des commentaires composés sur mon texte...

Philippe Chauveau :
Si on parle de Carole Martinez la lectrice. Quel genre de lectrice es-tu, vers quel style vas-tu spontanément et quel regard portes-tu sur la production littéraire francophone ?

Carole Martinez :
J'ai de vrais compagnons. Par exemple « Le bruit et la fureur » de William Faulkner, par exemple « Beloved » de Toni Morrison, « Madame Bovary ». J'ai beaucoup de poésie aussi. Quand j'étais petite, j'avais très peur de la nuit, très peur de dormir. Donc pour ne pas avoir peur, j'avais des livres de poèmes et je me les lisais à voix haute la nuit. Donc ces livres m'ont vraiment accompagné. Victor Hugo, Baudelaire, ça a été des voix qui m'ont permis de passer la nuit.

Philippe Chauveau :
Il est toujours difficile pour un auteur de parler de son travail, mais s'il y avait un style Carole Martinez, quel serait-il ? Comment tu pourrais définir ton travail d'auteur ?

Carole Martinez :
Moi je raconte des histoires, je suis une conteuse. Si je peux avoir juste cette fonction là, c'est le bonheur. Ce que je veux, c'est raconter des histoires, pouvoir continuer à raconter des histoires et avec le plaisir de les entendre, car la langue ça s'écoute.

Philippe Chauveau :
C'est la petite fille qui avait peur la nuit et qui aimait se raconter des histoires ?

Carole Martinez :
Et je continue à me raconter des histoires. Et d'ailleurs je me suis aperçue d'un truc assez drôle, c'est que finalement si je me raconte des histoires, c'est encore aujourd'hui pour ne pas avoir peur. Quand j'ai peur de quelque chose, immédiatement j'en fais un élément d'une histoire possible. Et j'ai la sensation de maîtriser ou cette personne qui m'a fait peur ou ce cauchemar, cette angoisse et je me dis « ah c'est trop bien, ça pourrait faire un roman », et là je commence à me raconter une histoire et la peur s'en va.

Philippe Chauveau :
La peur est productive !

Carole Martinez :
La peur est productive, c'est vrai, mais pas que ça.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est chez Gallimard.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • En 2007, le 1er roman de Carole Martinez, Le « cœur cousu » devenait l'un des succès surprise de l'année, porté par un excellent bouche à oreilles des lecteurs et des libraires. Avec 8 récompenses dont le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Roblès, la Bourse de la découverte de la fondation Prince Pierre de Monaco ou encore le Prix Etonnants voyageurs de Saint-Malo, Carole Martinez faisait une entrée remarquée dans le petit monde de la littérature. Aujourd'hui traduit dans une vingtaine de langues, « Le cœur cousu »...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie. Carole Martinez : Maintenant on se connaît. Philippe Chauveau : Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ? Carole Martinez : Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007. Philippe Chauveau : J'ai...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Le livre - Suite
    Il y a plein de choses qui sont abordées. Il y a le don à Dieu, il y a ce côté mystique, mais il y a aussi la condition des femmes au Moyen-Age, il y a l'amour courtois. On parle aussi des difficultés qu'on les Croisés quand ils sont allés en Terre Sainte, il y a tout un passage là-dessus. La violence de l'époque, parce que ce n'était pas une époque très facile. Il y a plein de choses qui sont évoquées dans ce livre et qui sont très intéressantes. L'écriture est épatante, un style très agréable à lire, très grand...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - L'avis du libraire - Suite