Carole Martinez

Carole Martinez

Du domaine des murmures

Le livre 4'28
Philippe Chauveau :
Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle d'histoire que celle de cette jeune femme emmurée. Pourquoi avoir choisi de nous conter l'histoire d'Esclarmonde ?

Carole Martinez :
Je voulais d'abord écrire un roman contemporain...

Philippe Chauveau :
1187, c'était hier !

Carole Martinez :
Je voulais travailler un roman contemporain, je voulais travailler de nouveau un conte, parce que j'adore les contes. Je voulais travailler Barbe bleue. Je me disais que dans Barbe bleue, j'aurais plusieurs portraits de femmes à faire et j’aime les portraits de femmes. Je m'étais dit Barbe bleue, six femmes, plus la septième qui s'en sort, ça fait un beau casting. Je vais pouvoir travailler ces femmes qui sont les femmes précédentes de Barbes bleue. Et j'avais inventé un domaine des murmures dont l'héroïne contemporaine tombait amoureuse du propriétaire. Et je me disais que ces six femmes précédentes, je vais pouvoir les faire parler, les faire murmurer dans ce domaine. Finalement pas du tout. J'ai changé d'avis en cours de route et je me suis dit que c'était plus intéressant d'aller dans le temps et d'imaginer six femmes qui auraient précéder la contemporaine dans ce fameux château. J'ai cherché dans l'histoire des femmes et j'ai choisi la recluse. Je ne savais pas du tout que les recluses existaient, je ne savais pas que des femmes avaient à un certain moment de l'histoire essayé d'atteindre Dieu en se faisant emmurer.

Philippe Chauveau :
Parce que Esclarmonde, qui est donc née de ces femmes qui ont existé, veut à la fois échapper au mariage forcé et se consacrer à Dieu.

Carole Martinez :
Tout à fait. Elle à quinze ans. Elle dit non et la voie qu'elle se trouve, c'est justement la voie qui était possible au 12e siècle, c'est la voie mystique. Elle empreinte cette voie là et pour elle, c'est sa façon de se révolter contre son père, contre un système. C'est une adolescente, elle est jusque-boutiste, elle y va. Et finalement, elle va s'apercevoir de la différence entre son projet et ce qu'elle va vivre. Elle pensait qu'elle allait être isolée du monde, sur une voie mystique et c'est pas du tout ce qui lui arrive.

Philippe Chauveau :
Cette femme, c'est j'imagine, un personnage auquel tu t'es fortement attachée ?

Carole Martinez :
De façon étonnante, alors qu'elle est immobilisée, elle rencontre un nombre de gens incroyable puisque tous les pèlerins viennent faire le détour et voir cette jeune femme et lui raconte le monde, lui raconte leur voyage, leurs peurs, leurs espoirs, leurs angoisses d'homme. Et finalement, elle qui n'avait jamais rencontré personne, elle se retrouve face à l'humain. Elle qui pensait trouver Dieu, elle se retrouve face à des hommes, face à des femmes qui souffrent, qui croient, qui rêvent. Et je me suis attachée à cette erreur qu'elle commet, cette surprise. Tout à coup, ces changements que ça va provoquer en cette jeune fille, le fait qu'elle va grandir dans ces quatre mètres carré avec toutes les connaissances et tous les rêves que lui apportent les autres. Je voulais travailler une sorte de combat, de frottement entre la chair et l'esprit. Dans ces quatre mètres carré, ça sera la chair qui va prendre le dessus.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est aux éditions Gallimard.
Philippe Chauveau :
Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle d'histoire que celle de cette jeune femme emmurée. Pourquoi avoir choisi de nous conter l'histoire d'Esclarmonde ?

Carole Martinez :
Je voulais d'abord écrire un roman contemporain...

Philippe Chauveau :
1187, c'était hier !

Carole Martinez :
Je voulais travailler un roman contemporain, je voulais travailler de nouveau un conte, parce que j'adore les contes. Je voulais travailler Barbe bleue. Je me disais que dans Barbe bleue, j'aurais plusieurs portraits de femmes à faire et j’aime les portraits de femmes. Je m'étais dit Barbe bleue, six femmes, plus la septième qui s'en sort, ça fait un beau casting. Je vais pouvoir travailler ces femmes qui sont les femmes précédentes de Barbes bleue. Et j'avais inventé un domaine des murmures dont l'héroïne contemporaine tombait amoureuse du propriétaire. Et je me disais que ces six femmes précédentes, je vais pouvoir les faire parler, les faire murmurer dans ce domaine. Finalement pas du tout. J'ai changé d'avis en cours de route et je me suis dit que c'était plus intéressant d'aller dans le temps et d'imaginer six femmes qui auraient précéder la contemporaine dans ce fameux château. J'ai cherché dans l'histoire des femmes et j'ai choisi la recluse. Je ne savais pas du tout que les recluses existaient, je ne savais pas que des femmes avaient à un certain moment de l'histoire essayé d'atteindre Dieu en se faisant emmurer.

Philippe Chauveau :
Parce que Esclarmonde, qui est donc née de ces femmes qui ont existé, veut à la fois échapper au mariage forcé et se consacrer à Dieu.

Carole Martinez :
Tout à fait. Elle à quinze ans. Elle dit non et la voie qu'elle se trouve, c'est justement la voie qui était possible au 12e siècle, c'est la voie mystique. Elle empreinte cette voie là et pour elle, c'est sa façon de se révolter contre son père, contre un système. C'est une adolescente, elle est jusque-boutiste, elle y va. Et finalement, elle va s'apercevoir de la différence entre son projet et ce qu'elle va vivre. Elle pensait qu'elle allait être isolée du monde, sur une voie mystique et c'est pas du tout ce qui lui arrive.

Philippe Chauveau :
Cette femme, c'est j'imagine, un personnage auquel tu t'es fortement attachée ?

Carole Martinez :
De façon étonnante, alors qu'elle est immobilisée, elle rencontre un nombre de gens incroyable puisque tous les pèlerins viennent faire le détour et voir cette jeune femme et lui raconte le monde, lui raconte leur voyage, leurs peurs, leurs espoirs, leurs angoisses d'homme. Et finalement, elle qui n'avait jamais rencontré personne, elle se retrouve face à l'humain. Elle qui pensait trouver Dieu, elle se retrouve face à des hommes, face à des femmes qui souffrent, qui croient, qui rêvent. Et je me suis attachée à cette erreur qu'elle commet, cette surprise. Tout à coup, ces changements que ça va provoquer en cette jeune fille, le fait qu'elle va grandir dans ces quatre mètres carré avec toutes les connaissances et tous les rêves que lui apportent les autres. Je voulais travailler une sorte de combat, de frottement entre la chair et l'esprit. Dans ces quatre mètres carré, ça sera la chair qui va prendre le dessus.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est aux éditions Gallimard.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • En 2007, le 1er roman de Carole Martinez, Le « cœur cousu » devenait l'un des succès surprise de l'année, porté par un excellent bouche à oreilles des lecteurs et des libraires. Avec 8 récompenses dont le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Roblès, la Bourse de la découverte de la fondation Prince Pierre de Monaco ou encore le Prix Etonnants voyageurs de Saint-Malo, Carole Martinez faisait une entrée remarquée dans le petit monde de la littérature. Aujourd'hui traduit dans une vingtaine de langues, « Le cœur cousu »...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie. Carole Martinez : Maintenant on se connaît. Philippe Chauveau : Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ? Carole Martinez : Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007. Philippe Chauveau : J'ai...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Le livre - Suite
    Il y a plein de choses qui sont abordées. Il y a le don à Dieu, il y a ce côté mystique, mais il y a aussi la condition des femmes au Moyen-Age, il y a l'amour courtois. On parle aussi des difficultés qu'on les Croisés quand ils sont allés en Terre Sainte, il y a tout un passage là-dessus. La violence de l'époque, parce que ce n'était pas une époque très facile. Il y a plein de choses qui sont évoquées dans ce livre et qui sont très intéressantes. L'écriture est épatante, un style très agréable à lire, très grand...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - L'avis du libraire - Suite