Jérémy Bracone

Jérémy Bracone

Danse avec la foudre

Portrait 00'06'38"

Philippe Chauveau :

Bonjour, Jérémy Bracone. Merci d'être avec nous. Danse avec la foudre, c'est votre premier roman, aux Éditions de L'Iconoclaste. J'ai l'impression que vous avez déjà eu mille vies en une. Vous êtes aujourd'hui auteur et écrivain. Vous êtes aussi artiste plasticien. Vous venez de Lorraine. Aujourd'hui, vous avez choisi le Sud-Ouest. Quel est le fil rouge de votre vie? Si vous deviez vous définir, qui êtes-vous?

Jérémy Bracone :

J'aimerais bien aimé avoir la réponse à cette question, peut-être que je me cherche, c'est peut être ça le fil rouge. Je cherche un besoin de me renouveler, de nouvelles expériences en permanence.

Philippe Chauveau :

Besoin de vous renouveler, besoin de vous exprimer aussi?

Jérémy Bracone :

Bien sûr, surtout plus par l'écriture. C'est peut être plus personnel mon travail de plasticien, alors que l'écriture, c'est plus une communication avec les autres.

Philippe Chauveau :

Justement, ça m'intéresse de recevoir aujourd'hui un auteur, un écrivain qui est aussi en parallèle artiste plasticien. Et vous m'avez laissé entendre que finalement, tout cela est très lié. C'est à dire qu'il n'y a pas Jérémy Bracone, auteur, et Jérémy Bracone, artiste plasticien. C'est un seul et même homme. Expliquez-nous.

Jérémy Bracone :

Je vois l'écriture comme un matériau comme un autre, comme l'argile, comme du bois, comme du fer. C'est un matériau pour créer, pour raconter une histoire ou pour raconter un peu la vie en général. Ça ne fait pas une grosse différence pour moi.

Philippe Chauveau :

Et finalement, avant d'utiliser de l'écriture comme matériau artistique. Comment vous êtes-vous exprimé en tant qu'artiste plasticien?

Jérémy Bracone :

Ça peut être aussi un peu déroutant, mais c'est vrai que j'ai eu des cycles avec des matériaux et des sujets très différents. Des nouvelles technologies, ou des choses beaucoup plus traditionnelles comme le fer forgé ou la céramique, et encore une fois, ce besoin de se renouveler et d'explorer de nouvelles choses.

Philippe Chauveau :

Il y a aussi parfois des performances. Et puis, il y a la création à proprement parler. Parfois aussi des commandes que l'on vous passe sur certains projets.

Jérémy Bracone :

Bien sûr, il y a des projets qui ne font pas vivre, comme les performances ou les installations et les commandes qu'on pourrait dire plus ornemental comme un dessin, une belle photo. Il faut réussir à ne pas se trahir.

Philippe Chauveau :

D'aussi loin que puissent revenir vos souvenirs, lorsque vous étiez gamin, alors que certains veulent être astronaute ou joueur de foot. Et vous vouliez quoi lorsque vous étiez enfant? Vous vouliez être l'écrivain ou artiste plasticien?

Jérémy Bracone :

Je voulais être écrivain, car artistes plasticiens, ça m'est vraiment tombé dessus par hasard. Ça a été un petit détour, mais je voulais vraiment être écrivain.

Philippe Chauveau :

Et pourquoi?

Jérémy Bracone :

Ça a commencé par la lecture. Je trouvais ça formidable. J'adorais les écrivains voyageurs, comme Jack London, et les classiques de l'enfance avec l'Île au Trésor, Robinson Crusoé, ça me faisait rêver. Je me disais : « je vais voyager, raconter des histoires ». Et après la rencontre qui a eu lieu un peu plus tard, c'était Pagnol. C'était la gloire de mon père. Parce que quand j'ai lu Pagnol, pour le coup, les mots ne servaient pas juste raconter une histoire. Les mots avaient une existence propre. Il y avait une langue, un langage, un amour des mots et je l'ai entendu. C'est comme s'il me parlait à moi directement dans ma tête. Et c'est là que j'ai compris ce qu'était l'écriture. Et c'est là que j'ai eu la certitude que c'est ce que je voulais faire.

Philippe Chauveau :

Vous êtes encore très jeune, vous n'avez que 40 ans. Pourquoi attendre 40 ans pour publier un premier livre si depuis l'enfance vous aviez envie de ça?

Jérémy Bracone :

J'ai commencé à écrire assez tôt. À l'adolescence, j'écrivais beaucoup de chansons, de poèmes. Après la vingtaine, je me suis mis à l'écriture de romans. Un premier qui était une catastrophe. Et tout de suite après, une première version de ce roman, que j'ai fini je devais avoir à peu près 25 ans mais cette version n'était pas aboutie. Puis par frustration et le besoin de changer d'air, c'est là que j'ai suivi un camarade dans le champ de l'art contemporain en me disant que j'allais prendre l'air et ça me permettrait peut être de mieux écrire par la suite. Sauf que cette période a duré 15 ans.

Philippe Chauveau :

Vous allez prendre l'air en utilisant, comme vous le disiez d'autres matériaux. La différence aussi c'est que en étant romancier, en racontant des histoires, vous avez tout un tas de personnages qui évoluent avec vous. Alors que lorsque vous travaillez les matériaux en tant qu'artiste plasticien, vous êtes un peu seul face à votre œuvre?

Jérémy Bracone :

Oui, il y a tous ces personnages et il y a l'humain, tout simplement, qui n'est pas dans mon travail de plasticien. Je travaille beaucoup sur la nature, sur le paysage, mais finalement jamais sur l'homme. Il n'y a pas de portrait, même en photo, alors que là, je ne travaille que sur l'Homme. Qu'est ce que la condition humaine, même si c'est une grande phrase. Donc ça, c'est le gros changement. C'est en cela que les deux travaux et mes deux pratiques sont complémentaires.

Philippe Chauveau :

Avez-vous eu l'impression d'être très différent en prenant la plume que le Jérémy Bracone, que vous avez côtoyé pendant quinze ans en tant qu'artiste plasticien? Est-ce le même homme ou vous êtes vous senti différent à l'écriture?

Jérémy Bracone :

Alors le plus différent et finalement le plus dur pour moi, c'est de passer ma journée devant un clavier. Quand on est plasticien, c'est la vie d'atelier. On est sale, on a les mains dedans, on est actif et on fait du concret. Alors que là, finalement, il n'y a rien de plus abstrait que des mots sur une page, tant qu’on ne leur a pas donné vie en lisant. Le plus dur pour moi c'était d'être inactif. Le soir, je n'avais qu'une envie c'était de me défouler.

Philippe Chauveau :

L'envie, elle est où? Elle est de reprendre la plume ou au contraire, de retourner à l'atelier.

Jérémy Bracone :

Non, j'ai envie de reprendre la plume. Pas tout de suite, j'ai besoin de laisser vivre un peu celui là avant de le lâcher, mais j'ai vraiment envie d'écrire.

Philippe Chauveau :

En tout cas, bienvenue dans le monde de la littérature et c'est une belle réussite que ce premier roman Danse avec La foudre, aux Éditions de L'Iconoclaste.

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  • Même s’il n’a rien oublié de sa jeunesse passée en Lorraine, Jérémy Bracone a posé ses valises sur les bords de l’Atlantique, dans le Sud-Oust, là où les vagues font rêver les surfeurs dont il fait partie. C’est aussi là qu’il a installé son atelier et où, en tant qu’artiste plasticien, il laisse parler son inspiration et son imagination. S’il a attendu d’avoir 40 ans pour publier son premier roman, Jérémy s’est toujours senti attiré par l’écriture et devenir écrivain était une évidence....Danse avec la foudre de Jérémy Bracone - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : La couverture est très parlante et on va très vite comprendre qui est cette jeune femme avec ce voile de mariée dans ce décor industriel. Danse avec la foudre, c'est votre premier roman aux Éditions de L'Iconoclaste. On peut imaginer que cette jeune femme sur la couverture, c'est la fameuse Moïra dont on va beaucoup nous parler. Elle brise le cœur de Figuette, votre héros. Nous sommes en Lorraine, là haut dans le nord de la France, dans ces régions où l'industrialisation a fait bien des ravages. Nous sommes...Danse avec la foudre de Jérémy Bracone - Livre - Suite