Victor Pouchet

Victor Pouchet

Autoportrait en chevreuil

Portrait 00'07'14"

Philippe Chauveau :

Bonjour Victor Pouchet.

Victor Pouchet :

Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau :

On avait déjà eu l'occasion d'échanger lors de la sortie de votre précédent et premier roman. Voici Autoportrait en chevreuil, aux éditions Finitude, avec cette couverture qui nous interpelle, refaisons un peu connaissance. Comment le livre arrive dans votre dans votre vie? En tout cas l'envie de l'écriture, sachant que le livre, c'est votre quotidien, puisque vous enseignez les lettres à des étudiants.

Victor Pouchet :

Ça remonte je crois à des choses très anciennes, parce que j'ai été entourée de livres très jeune. J'ai lu, on m'a lu des histoires et je pense qu'un certain nombres d'histoires qui m'ont tellement pris que je me suis dit que ce que je voulais faire, c'était raconter des histoires. Ensuite, il y a eu un long moment où on engrange des histoires, on apprend, on imite, on lit les auteurs importants. Il m'a fallu 28 ans pour me lancer dans un premier roman.

Philippe Chauveau :

On va reparler du romancier. J'aimerais qu'on parle aussi de l'enseignant. Que transmettez-vous à vos élèves? À vos étudiants? Au propre comme au figuré? En quoi consistent les cours? Plus largement, ça représente quoi pour vous?

Victor Pouchet :

Pour moi, c'est des cours sur l'histoire de littérature. Ce que j'essaie de faire comme je peux, c'est de transmettre l'idée que la littérature et l'existence sont reliés. C'est à dire que la littérature est un savoir sur la vie, sur l'existence et qu'on peut aller puiser dans son savoir. J'essaie, à travers les œuvres qu'on étudie, aussi bien la poésie, du roman, du théâtre, de chercher ces passerelles entre la vie et la littérature.

Philippe Chauveau :

Est-ce que, justement, le fait de côtoyer au quotidien les grands auteurs, les grands noms de la littérature, est-ce que ça peut être un frein avant que vous ne vous autorisez vous même à écrire? Ou au contraire, est-ce que ça a pu être pour vous source d'encouragement d'être aux côtés de ces grands auteurs?

Victor Pouchet :

Je pense avoir très vite et très tôt sacralisé les livres qui étaient autour de moi dans la bibliothèque des grands auteurs. Donc, il y a quelque chose d'impressionnant. Il faut en effet, je pense un temps pour s'en libérer, pour se défaire du regard surplombant de Flaubert derrière son épaule ou Proust dans la bibliothèque. Il y a un temps, en effet, nécessaire pour s'autoriser. Après, je crois évidemment que cette influence est importante et qu'il ne faut pas rêver, pouvoir commencer à partir de rien. Donc, tout ce que j'ai lu me nourrit et nourrit les livres à venir.

Philippe Chauveau :

Lorsque l'on est un spécialiste de la littérature et notamment française, prend quand même le temps de s'intéresser à ce qui est produit aujourd'hui dans notre époque contemporaine. Quel regard portez-vous sur vos petits camarades de jeu aujourd'hui? Les auteurs qui sortent en librairie en même temps que vous.

Victor Pouchet :

Oui, je lis ce qui sort, je suis au courant de ce qui se produit et je suis aussi ami avec des auteurs qui publient aujourd'hui. Je n'ai pas le recul nécessaire pour avoir un regard surplombant. Mais je crois qu'il y a une grande richesse aujourd'hui de la littérature, alors c'est foisonnant donc il faut le temps aussi de faire son chemin dans cette forêt. C'est pour ça que parfois je laisse du temps aussi avant de découvrir des auteurs. Il y a des choses qui me qui me nourrissent aussi, évidemment, dans ce qui s'écrit aujourd'hui en France et à l'étranger.

Philippe Chauveau :

Ce qui veut dire que vous êtes un lecteur attentif?

Victor Pouchet :

Oui, je passe ma vie à ça.

Philippe Chauveau :

Il y a eu un premier roman, Pourquoi les oiseaux meurent, dont on avait beaucoup parlé. Voici ce nouveau titre, Autoportrait en chevreuil. Comment avez-vous l'impression de tisser votre toile, de mener votre chemin de romancier, deux livre à votre actif aujourd'hui. Mais quelles sont les envies ? Comment envisagez-vous l'avenir en tant qu'auteur ?

Victor Pouchet :

Il y a deux livres pour les adultes, et il y a des livres aussi pour la jeunesse et tout ça me nourrit de la même façon. J'y apporte le même soin, le même engagement. Je ne prévois pas les choses, des livres arrivent parce qu'a un moment, un désir, un élan se fait pour plein de raisons qui rendent l'écriture de ce livre nécessaire. Je sais aujourd'hui que c'est ce qui est central dans ma vie. C'est ma place de raconter ses histoires. Et après? A quel rythme? Je ne sais pas encore.

Philippe Chauveau :

Vous avez laissé entendre cette écriture pour les plus jeunes. Vous avez publié à l'école des loisirs, notamment Lancelot du Lac, puis Le Tsarévitch aux pieds rapides. J'ai l'impression qu'il y a quand même des parallèles entre ces deux romans adultes et ces deux romans enfants. À chaque fois, ce sont des personnages, des hommes d'ailleurs, un peu cabossés par la vie. Lancelot du Lac ou le tsarévitch ont du mal à se positionner par rapport à leurs petits camarades. Que ce soit Autoportrait en chevreuil ou Pourquoi les oiseaux meurent, il y avait aussi des personnages qui étaient un petit peu en marge de la société, qui se cherchaient. Est-ce qu'il y a des fils rouges dans ces histoires?

Victor Pouchet :

Je pense que c'est la même personne qui les écrit. Je suis traversé par les mêmes obsessions, par les mêmes problèmes. En effet, je n'avais pas vraiment fait ce lien, cette figure du jeune homme qui cherche à s'encrer ou à avancer dans la vie. Mais sans doute que vous venez d'indiquer un fil qu'on peut discerner entre tous les livres. C'est à dire que je re-brasse le même petit tas d'obsession, de lecture. Et donc, il y a du roman de chevalerie dans Pourquoi les oiseaux meurent et dans Lancelot du Lac. Mais il y a aussi une part de conte, une part d'inquiétude dans tous ces livres. Et une part aussi de désir de faire son chemin maladroitement, dans une existence qui échappe.

Philippe Chauveau :

Pourquoi l'envie aussi d'écrire pour la jeunesse, en plus de la littérature générale?

Victor Pouchet :

Il y a une partie des histoires qui m'habite, que je ne pourrais pas raconter pour les adultes. Il y a aussi une envie qui est liée à mes désirs, à mes souvenirs de lectures de jeunesse. C'est à dire une envie de raconter des histoires qui fabriquent directement des images qui fabriquent directement une énergie de lecture qui était celle que j'avais quand je lisais les romans de chevalerie quand j'étais enfant, les contes, c'est à dire quelque chose qui touche directement l'enfant que j'étais. Je m'adresse en écrivant ces livres pour enfants à l'enfant que j'étais, aux enfants autour de moi et aussi à la part d'enfance qui est restée dans les adultes autour de moi.

Philippe Chauveau :

C'est vrai qu'avec vous, on retrouve une part d'enfance et c'est bien. Victor Pouchet, Autoportrait en chevreuil, c'est votre actualité chez Finitude.

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  • Attention, jeune talent à suivre ! En 2017, Victor Pouchet nous avait enthousiasmé avec son premier roman « Pourquoi les oiseaux meurent », sorte de conte initiatique aux sources de l’enfance. Depuis, Victor Pouchet a aussi montré qu’il avait le talent d’écrire pour les plus jeunes. A l’Ecole des Loisirs, il a publié « Lancelot Dulac » et « Le tsarevitch aux pieds rapides », deux jolis romans jeunesse sur la différence et l’aptitude à vivre avec les autres. Aux éditions Finitude, voici le nouveau livre de...Autoportrait en chevreuil de Victor Pouchet - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : Vous avez le chic, Victor Pouchet, pour trouver des titres toujours surprenants. Il y avait eu Pourquoi les oiseaux meurent, sans point d'interrogation. Je me souviens très bien. Et puis là, Autoportrait en chevreuil, avec cette couverture choisie conjointement avec votre éditeur. Cette toile haut au canevas. Dans ce livre on va faire connaissance avec Elias . C'est un jeune homme d'aujourd'hui qui ne sait peut être pas très bien où il en est de sa vie, ni où est sa place dans la société.   Victor...Autoportrait en chevreuil de Victor Pouchet - Livre - Suite