Nicolas Robin

Nicolas Robin

Roland est mort

Livre 6'04

Philippe Chauveau : Roland est mort pauvre garçon et cette nouvelle on nous la rappelle à chaque début de chapitre... C'est votre troisième titre Nicolas Robin.
Roland est mort c'est un homme, qui vivait seul dans son immeuble et c'est le voisin de palier qui finalement va récupérer et le chien et l'urne funéraire. C'est le voisin de palier que nous allons suivre, c'est lui le narrateur de cette histoire. D'où vient-elle d'ailleurs cette histoire, qui est ce fameux Roland ?

Nicolas Robin : Roland est mort a été inspiré de deux évènements marquants pour moi d'abord, après les lectures de faits divers. Ca nous est tous arrivé de tomber sur ces coupures de presse où on apprend que quelqu'un est mort près de chez vous. On a retrouvé son corps parce qu'on a été alerté par l'odeur pestilentiel sur le palier. Et le journaliste en générale ne lésine pas sur les détails pour dire qu'on a trouvé des corps en décompositions, le visage a moitié dévoré par le chat. J'ai trouvé souvent ces coupures de presse assez atroces et je me suis dit mais qui sont ces gens qui meurent comme ça tous seul chez eux . Comment on en arrive à se couper du lien social, au point que personne ni un membre de votre famille ni un ami ni un collègue de travail ne s'occupe de vous. Et ensuite il y a eu un incident dans mon quartier donc les pompiers sont intervenus, ils ont vidé tout l'appartement et le lendemain j'ai trouvé sur le trottoir un amas d'affaire pour ne pas dire un bordel. Et par terre il y avait des cassettes vidéos de films pornos des années 80 avec Brigitte Lahaie. J'ai jeté un œil évidemment, ça m'a fait sourire et je me suis dit tient on connait pas très bien ses voisins finalement ! Donc j'ai commencé à construire l'idée autour de ce fait divers tragique : quelqu'un meurt de l'autre coté de votre mur et vous y faite pas attention et vous ne le savez pas. Est ce qu'on peut se sentir coupable d’indifférence et dans quelle mesure la mort de quelqu'un qu'on connait pas finit par un petit peu vous envahir, vous obséder au point que ça détourne un petit peu votre chemin ça vous oblige à vous trouver face à votre propre existence.

Philippe Chauveau : En utilisant ce point de départ tragique vous auriez pu faire quelque chose dans la sensiblerie quelque de chose très pathos, au contraire vous avez voulu utilisez un ton très décalé, le ton de l'humour. Ce qui est important c'est que non seulement Roland vivez seul mais son voisin de palier aussi est un être solitaire, un être un peu paumé, ce narrateur qui va nous raconter cette histoire qui est-il ?

Nicolas Robin : C'est un homme de 40 ans qui tourne en rond chez lui entre ses bouteilles d'alcool et ses films pornos, c'est un homme qui s'ennuie un homme qui s'est coupé du lien social petit à petit.
C'est je pense un dépressif qui s’ignore en faite. Et donc la rencontre avec Roland même si il le rencontre pas vraiment, c'est son voisin qu'il ne connaissait pas, je pense Roland c'est une abstraction c'est en faite le reflet de sa propre existence et c'est en faite là deux solitudes qui se font face qui sont séparé par un mur porteur, mais qui vont finalement se rencontrer.

Philippe Chauveau : Je le disais vous avez choisis un ton très décalé vous avez choisi l'humour. Le chien s'appelle, le chien de Roland s'appelle Mireille et finalement ce petit chien c'est le voisin de palier qui va être obligé de le récupérer. On apprendra que le chien s'appelle Mireille car notre fameux Roland était fan de Mireille Mathieu. Ca vient d'où tout ça , pourquoi avoir eu envie de créer cet univers complètement décalé.
Nicolas Robin : Les idées elle viennent de son expérience donc en faite j'ai toujours aimé quand les personnes appelle leur chien par des prénoms humains ça m'a toujours fait rire. Il y avait dans mon quartier une voisine elle avait appelait son cocker Myriam et je trouvais que ce chien avait une tête triste parce que les cockers ont souvent ce regard triste. Et je me suis toujours dit que ce chien est triste parce qu'il s'appelle Myriam. Donc au départ c'est vrai que le chien s'appelait Myriam, dans la première version, et puis finalement j'ai choisi Mireille et Mireille m'a fait pensé à Mireille Mathieu et j'ai fais de ce Roland un fan de Mireille Mathieu. Ca cible une époque ça cible toute une culture. Ce Roland il était fan de chansons populaires alors que le voisin est lui plutôt dans le rock alternatif ou l'électro indépendant, donc forcément la chanson populaire c'est tout ce qu'il déteste.

Philippe Chauveau : À chaque page on oscille entre le sourire entre le rire et puis aussi une certaine tristesse parce que les personnages que vous nous dépeignez ont tous des fêlures, ont tous des cassures. Il y a aussi la famille de Roland avec sa sœur, la grand mère, ils sont tous très fragile et il y a un moment on est pris d'empathie pour ces personnages, on ose même plus rire d'eux.

Nicolas Robin : En faite j'ai beaucoup vu ….

Philippe Chauveau : On sent que vous aimez vos personnages...

Nicolas Robin : Les comportements des gens me fascine et ça je le tiens du cinéma. J'ai beaucoup absorbé les films de Woody Allen quand j'étais adolescent, et j'ai découvert avec Woody Allen que ce qui fonctionne en terme de comédie, c'est quand personne est là pour montrer au meilleur de ce qu'il est. Donc c'est difficile aussi de pas sombrer dans la caricature. Mais dans le livre c'est possible. La mère est super dépassée, la sœur est complètement égocentrique, le père est absent … Donc, il y a beaucoup de gens névrosés...

Philippe Chauveau : Derrière ce ton décalé, cet humour, c'est aussi une peinture au vitriol de notre société avec ses travers... Est-ce à dire que vous portez un regard sévère sur notre monde, est-ce à dire vous avez peut être même peur d'une certaine solitude... ? Est-ce que derrière le rire il y a autre chose ?

Nicolas Robin : Il y a un regard sévère je crois … Cynique et même désabusé parfois parce que je trouve que la vie est austère, la vie telle qu'on la voit dans les médias, quand vous vous levez le matin et que vous regardez les journaux, vous faites une revue de presse , parfois vous avez envie de vous recoucher. Et je pense qu'en faite, on ne peut pas vivre sans illusion, ce qui est intéressant c'est de trouve le moyen de vivre en inventant des illusions. Donc ce que j'essaye de faire à travers le livre est de désamorcer souvent des faits divers ou des moments dramatiques et tragiques avec humour.

Philippe Chauveau : Avez-vous envoyé votre livre à Mireille Mathieu, votre livre dédicacé à Mireille Mathieu ?

Nicolas Robin : Oh ! J'adorerais ! J'adorerai lui envoyer le livre !

Philippe Chauveau : En tout cas c'est un gros coup de cœur, ça s'appelle « Roland est mort » votre troisième titre Nicolas Robin, c'est un livre qui fait du bien, c'est un livre qui fait réfléchir et c'est un livre après lequel on ne regarde pas son voisin de palier de la même façon. Merci beaucoup.

Nicolas Robin : Merci beaucoup.

Philippe Chauveau : « Roland est mort », vous êtes publié chez « Anne Carrirère » .

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  • Lorsque l’on rencontre un jeune auteur qui fait ses premiers pas dans l’univers littéraire, c’est toujours assez touchant. Quand le livre est une petite pépite à la fois d’humour et d’émotion, on a forcément envie de partager son plaisir de lecture. « Roland est mort » est le troisième titre de Nicolas Robin. Si ses deux premiers romans sont restés confidentiels, celui-ci fait partie de ces jolies surprises que réserve le monde du livre, à savoir un ouvrage qui sort sans tambour ni trompette, porté simplement par...Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - Présentation - Suite
    Transcriptions Roland est mortde Nicolas Robin Portrait de l'auteur : Philippe Chauveau : Bonjour Nicolas Robin.Nicolas Robin : Bonjour. Philippe Chauveau : « Roland est mort » c'est votre nouveau livre, c'est votre troisième romans, vous êtes publié chez « Anne Carrière ». On va faire un petit peu connaissance parce qu'il y a l'écriture certes, mais vous avez un autre métier , vous êtes souvent dans les airs, vous êtes steward. Nicolas Robin : Tout à fait. Philippe Chauveau : Comment est venu cette envie d'être...Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - Portrait - Suite
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