Caroline Sers

Caroline Sers

Les belles espérances

Livre 00'06'59"

Philippe Chauveau :
Avec ce nouveau roman, « Les belles espérances », Caroline Sers, vous nous emmenez dans le Paris des années 60. Nous sommes précisément en mai 1968 dans un appartement cossu, c'est le moins que l'on puisse dire. Avec la famille Bouillard. Il y a Charlotte, la mère et les deux fils, Pierre et Fabrice, qui observent cette société qui est en train de changer. Nous allons suivre ces protagonistes sur 50 ans, jusqu'en 2018, avec les enfants avec les petits-enfants, l’oncle et la tante aussi, Geneviève et Serge, qui apparaissent à plusieurs moments du roman. Pourquoi cette envie de nous raconter une famille française sur cinquante ans ?

Caroline Sers :
En fait, j'avais plusieurs envie. J'avais envie de parler un petit peu de la France de mon enfance, de cette nostalgie qu'on peut avoir à regarder comment ça se passait avant, parce qu’évidemment c'était mieux avant, ça va sans dire… Est-ce que c'était réellement mieux ou pas ? Pour cela, rien de tel que d'avoir des personnages de générations différentes, qui vivent chacun une enfance dans des décennies différentes et qui peuvent donner des points de comparaison. J'avais envie aussi de voir comment la société justement avait évolué depuis depuis mai 68 dont on a dit que c'était la révolution avec l'évolution des mœurs etc…

Philippe Chauveau :
C'est quand même sous un angle très parisien que vous montrez la France puisque nous sommes avec une famille française, certes, mais une famille parisienne. Nous sommes dans les beaux quartiers avec la rue de Lille, le boulevard Saint-Germain, c'est le 7ème arrondissement, la rive gauche de Paris. Très vite, la mère de famille, Charlotte, va se retrouver veuve et va devoir élever ses deux grands garçons. Nous sommes dans un milieu industriel. Il y a eu une belle réussite professionnelle du père. Charlotte est une femme dure, sévère, autoritaire. Pourquoi en avoir fait, non pas un monstre, en tout cas une femme aussi difficile ?

Caroline Sers :
Charlotte est effectivement une personne élevée dans un beau quartier, héritière d'une tradition bourgeoise faite de de principes. Mais ce n'est pas uniquement ça. Parce que ça ne suffit pas à faire des personnes dures ou méchantes. Vraiment, c'est un personnage de roman qui a son histoire particulière. En fait, l'histoire de Charlotte, je l'ai racontée dans un précédent livre, « Les petits sacrifices ». Il lui est arrivé tout un tas de choses qui ont fait qu'elle est devenue cette personne-là. Elle cache ses souffrances et ses failles. Elle est complètement murée, elle s'est fabriqué une carapace parce qu’en fait, elle n'a pas suffisamment d'assurance, de force en elle, pour faire autrement. Au contraire de sa sœur Geneviève qui elle est une femme libre.

Philippe Chauveau :
Il y a ses deux garçons, Pierre et Fabrice. Ce sont finalement peut-être eux les deux personnages centraux du roman puisqu'on va les suivre en tant que jeune homme, puis e en tant que père et en tant que grand père. Pierre, c’est le bon fils, celui qui va rester proche de sa mère même s'il n'est pas toujours en accord avec elle. Et puis Fabrice, lui, qui va avoir envie d'ailleurs. C'est mai 68 alors on va partir élever des chèvres en Corrèze avec sa petite amie du moment, Valérie.
Puis, très vite, il y a les petits-enfants qui vont arriver. Vous avez choisi de nous emmener, pour suivre ces personnages, tous les cinq ans, voir comment ils évoluent, voir les enfants arriver et prendre leur place. Ces personnages vous ont-ils surpris à l'écriture ? Saviez-vous, dès le départ, où vous alliez les emmener où, finalement, sont-ce eux qui ont pris des chemins que vous ne soupçonniez pas ?

Caroline Sers :
Effectivement, ils m'ont surprise ! Je savais, au départ, que les deux frères allaient connaître des destinées différentes parce qu’il faut quand même un peu d'antagonisme pour créer de la tension dramatique. Je savais que Fabrice allait sortir dans la rue en mai 68, que ça allait l'influencer, que ça allait lui montrer autre chose que ça allait le sortir de sa classe en quelque sorte, si on veut utiliser ce type de vocabulaire, alors que Pierre lui allait rester dans le droit chemin entre guillemets. Mais je ne savais pas du tout après ce que ça allait donner.

Philippe Chauveau :
Ce sont peut-être les générations suivantes qui vous ont surprise ?

Caroline Sers :
Bien sûr ! Les enfants sont nés les uns après les autres, évidemment, et à chaque fois, en ajoutant un personnage, je me disais : « Ah tiens, alors lui, c'est l'aîné ou c'est le second. Qu'est-ce qu'il va devenir ? Qu'est ce qui va être différent dans son éducation ? Qu'est ce qui va. Comment est-ce qu'il va regarder son frère aîné ? ». et tous ces petits détails s'ajoutent. Effectivement, on dessine des personnages qu'on n'avait pas forcément envisagés au départ.

Philippe Chauveau :
Forcément, cette famille que l'on suit de 1968 à 2018 nous parle. Chacun pourra y retrouver des similitudes plus ou moins importantes avec sa propre histoire familiale. Sur l'image de la France que vous avez eu envie de donner, c'est parfois compliqué de raconter la France sur 50 ans. C’est comme défi ! Comment avez-vous travaillé ?

Caroline Sers :
En fait, j'ai choisi le biais romanesque. J'ai choisi de garder des détails, de garder de petits éléments d'atmosphère, d'ambiance, d'époque. Je n'ai pas voulu faire un roman historique avec de grandes descriptions épiques de la France plutôt faire sortir, mettre en exergue des éléments qui sont importants dans la vie des personnages et qui sont caractéristiques des époques successives.

Philippe Chauveau :
En tout cas voilà un roman très réussi Un roman qui nous parle de la famille et qui nous parle surtout d'une famille française. « Les belles espérances », votre nouveau roman est publié chez Buchet-Chastel. Merci beaucoup Caroline.

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  • Depuis son premier roman « Tombent les avions » en 2004, Caroline Sers a développé un univers littéraire qui lui est propre. Elle n’hésite pas à prendre des risques, s’aventurant dans divers registres, du roman social au polar en passant par le récit. Mais le fil rouge qui unit tous les titres de Caroline Sers est bien celui de la famille. Histoires d’héritage, perte d’un enfant, rébellion intergénérationnelle, conflits, secrets ou confidences, l’auteur décortique avec finesse tout ce qui fait le charme des...Les belles espérances de Caroline Sers - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau :Avec ce nouveau roman, « Les belles espérances », Caroline Sers, vous nous emmenez dans le Paris des années 60. Nous sommes précisément en mai 1968 dans un appartement cossu, c'est le moins que l'on puisse dire. Avec la famille Bouillard. Il y a Charlotte, la mère et les deux fils, Pierre et Fabrice, qui observent cette société qui est en train de changer. Nous allons suivre ces protagonistes sur 50 ans, jusqu'en 2018, avec les enfants avec les petits-enfants, l’oncle et la tante aussi, Geneviève et...Les belles espérances de Caroline Sers - Livre - Suite