Né en 1980, journaliste, Julien Jouanneau a exercé en presse magazine dans différents titres dont « Le progrès », « Paris-Match » ou « Studio Magazine ». Il fait aujourd’hui partie de la rédaction de l’hebdomadaire « L’Express ». Sans rien renier de son goût pour le journalisme et donc de son attachement à la réalité et à la véracité des faits, Julien Jouanneau reconnait volontiers que son ambition a toujours été la plume romanesque. Après plusieurs essais, il publie son premier roman en 2016, « La...
Le voyage de Ludwig de Julien Jouanneau - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Julien Jouanneau.
Julien Jouanneau :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Vous êtes dans l'actualité avec votre nouveau roman chez Flammarion, « le voyage de Ludwig ». Je dis votre nouveau roman parce que vous avez déjà publié des romans mais il y a eu aussi des essais, il y a eu quelques ouvrages sous forme de petites chroniques satiriques. Bref, vous avez déjà un parcours d'auteur. Et puis, la plume, vous savez la manier puisque vous êtes également journaliste. Avant de rentrer dans ce qui vous...
Le voyage de Ludwig de Julien Jouanneau - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Voilà une couverture qui parle, avec ce regard de chien, ce regard face à nous. Ce chien s'appelle Ludwig. Nous allons faire sa connaissance dès le début du roman. C'est lui d'ailleurs qui va nous parler pendant tout le roman. On va également faire connaissance avec sa maîtresse Hannah. Elle est une jeune femme juive, nous sommes pendant l'Occupation à Paris. La famille d'Hannah a été raflée, a été déportée, elle a réussi un peu miraculeusement à s'en sortir. Cela ne durera pas, on le verra au fil des...
Le voyage de Ludwig de Julien Jouanneau - Livre - Suite
Julien Jouanneau
Le voyage de Ludwig
Présentation 03'03"Né en 1980, journaliste, Julien Jouanneau a exercé en presse magazine dans différents titres dont « Le progrès », « Paris-Match » ou « Studio Magazine ». Il fait aujourd’hui partie de la rédaction de l’hebdomadaire « L’Express ». Sans rien renier de son goût pour le journalisme et donc de son attachement à la réalité et à la véracité des faits, Julien Jouanneau reconnait volontiers que son ambition a toujours été la plume romanesque. Après plusieurs essais, il publie son premier roman en 2016, « La dictature du bien », l’histoire de deux hommes que rien ne prédisposait à se rencontrer et qui se croise tous deux à l’hôpital. Le premier est condamné, le second pense l’être, chacun va alors tenter d’être la béquille de l’autre. Par le style et le sujet, ce premier roman laissait apparaitre un talent prometteur chez ce jeune auteur pudique, réservé, portant un regard désabusé sur le monde qui l’entoure. Julien Jouanneau confirme avec ce nouveau titre, « Ludwig » publié chez Flammarion pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur.
Nous sommes à Paris, dans les années 1940. La France est occupée et les nazis ont entrepris leur sale besogne d’extermination des juifs. Hannah est terrée dans son appartement. Ses parents ont déjà été raflés. Cette jeune femme juive sait que son tour viendra. Seul son chien lui apporte encore un peu de réconfort. Elle partage avec lui son goût pour la littérature. Elle est aussi grande amatrice de musique, et notamment de Beethoven, c’est pour cela qu’elle a appelé son chien Ludwig. C’est lui qui va nous raconter son histoire. Sa relation affectueuse avec sa jeune maitresse, son angoisse et son incompréhension lorsque la police française vient la chercher et sa course désespérée pour la retrouver et la suivre vers l’enfer.
Boule de poils et de tendresse, élevé loin du chaos du monde, Ludwig va devoir puiser au plus profond de lui-même pour témoigner jusqu’au bout son attachement à Hannah. De Paris aux confins de la Pologne, d’un appartement qui fut celui du bonheur jusqu’au au camp de la mort, Ludwig va vivre moultes péripéties, mettre sa vie en danger, croiser des humains et d’autres animaux, s’attacher, être trahi ou secouru, sans quitter des yeux ses deux rails parallèles qui le conduiront vers sa maitresse.
Construit comme une fable, avec de courts chapitres par lesquels l’auteur nous rappelle son attachement au monde animal, ce roman est une petite pépite. Ecrit avec beaucoup de subtilité et de sensibilité sans jamais être larmoyant, l’histoire de Ludwig peut nous sembler incroyable et pourtant, à la fin du livre, Julien Jouanneau nous précise que tout est plausible, références de travail à l’appui. Mais finalement, le propos n’est pas tant de rappeler l’intelligence de la race canine que de nous raconter une histoire d’amour et d’amitié, un lien plus fort que la haine et la mort. A ce titre, ce livre est bouleversant et mérite vraiment votre lecture.
« Ludwig » de Julien Jouanneau est publié chez Flammarion.
Julien Jouanneau
Le voyage de Ludwig
Portrait 05'53"Philippe Chauveau :
Bonjour Julien Jouanneau.
Julien Jouanneau :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Vous êtes dans l'actualité avec votre nouveau roman chez Flammarion, « le voyage de Ludwig ». Je dis votre nouveau roman parce que vous avez déjà publié des romans mais il y a eu aussi des essais, il y a eu quelques ouvrages sous forme de petites chroniques satiriques. Bref, vous avez déjà un parcours d'auteur. Et puis, la plume, vous savez la manier puisque vous êtes également journaliste. Avant de rentrer dans ce qui vous amène aujourd'hui, l'écriture romanesque, on va revenir sur votre sur votre parcours. Je me suis laissé dire que vous aviez passé une partie de votre enfance en Afrique pour raisons familiales. Où êtes-vous allé et en quoi cela a-t-il pu forger la personnalité de l'homme que vous êtes aujourd'hui ?
Julien Jouanneau :
J'ai grandi en Afrique, à Djibouti puis au Togo. J'ai aussi vécu une année aux Etats-Unis, en Californie. Mais pour parler de l'Afrique, en effet, j'ai grandi au sein de la nature tout bêtement. Cette influence a été majeure sur son envie d'écrire. C'est pour cela que l'un des premiers romans que j'ai découvert était « Le Lion » de Kessel et je me suis vraiment reconnu dans l'héroïne du bouquin.
Philippe Chauveau :
L'Afrique donc et puis, vous nous le laissiez entendre, les Etats-Unis aussi pendant un an. Cela veut-il dire que vous avez traversé différentes cultures. Vous vous êtes imprégné de toutes ces cultures, et cela a pu influencer votre envie d'écrire ?
Julien Jouanneau :
Exactement. Tout l'environnement, les descriptions des paysages, du climat etc… C'est pour cela que dans beaucoup de mes livres, les climats changent au fil des pages et c'est une compilation de tous ces environnements.
Philippe Chauveau :
Et puis après, il y a eu l'envie de devenir journaliste avec des écoles de journalisme. Vous avez aussi quelques titres auxquels vous avez collaboré, que ce soit Studio que ce soit Le Progrès. Vous êtes aujourd'hui au sein de la rédaction de L'Express. Pourquoi l'envie de l'écriture journalistique ? Qu'avez-vous envie de transmettre ?
Julien Jouanneau :
J'avais déjà envie d'écrire de la fiction avant tout. Mais la seule opportunité qui se présentait était d'écrire des articles. Donc, je suis allée dans ce milieu là, avec néanmoins une grande passion, un grand plaisir. J'ai pu découvrir un tas de personnalités, un tas de sujets divers et variés, cela aussi a forgé mon inspiration.
Philippe Chauveau :
Mais cela veut dire que l'écriture journalistique était pour vous une marche vers l'écriture romanesque. Il y avait cela qui trottait en vous ?
Julien Jouanneau :
Exactement, parce qu'à chaque fois, je trouvais des sujets inédits, insolites. Souvent, j'étais un peu « mal vu » dans les rédactions, j'avais toujours des sujets un peu dingues qui sortaient du chemin journalistique. C'est au Progrès que j'ai fait un article dans lequel j’étais déjà dans la peau d'un chien en 2004 ; c'était déjà assez inédit à cette époque.
Philippe Chauveau :
Lorsque l'on est un jeune journaliste, lorsque l'on est aussi un jeune romancier, quel regard porte-t-on sur le monde ? Quel regard avez-vous sur le monde qui nous entoure, sur cette époque que nous vivons. Et justement, comment l'analysez vous en tant que journaliste et en tant que romancier ?
Julien Jouanneau :
Et en tant que personne ! Je suis très pessimiste. On arrive vers la fin de quelque chose, vers la fin d'une civilisation et, après tout, ce serait peut-être mérité pour nous... Peut-être qu'on doit passer la main une autre une autre espèce.
Philippe Chauveau :
Vous parlez de pessimisme, c'est ce qu'on ressentait dejà, plus ou moins teinté, dans votre précédent roman « La dictature du bien » avec ces deux hommes qui au départ n'auraient jamais dû se rencontrer et qui finalement se croisent et vont s'aider à continuer à avancer jusqu'à un but ultime. Le pessimisme, il en est aussi question dans votre dans votre nouveau roman, on le verra dans un instant. L'écriture romanesque vous protège-t’elle justement de ce je vais appeler une sorte de mal être dans votre époque.
Julien Jouanneau :
Exactement, puisque c'est un bouclier fascinant. D'ailleurs, c'est comme ça qu'on peut trouver le profil idéal des héros de mes romans, toujours face au pessimisme, face à l'obscurantisme, face aux situations les plus sombres. C'est la seule façon d'avancer pour eux.
Philippe Chauveau :
Vous nous avez parlé de Kessel tout à l'heure. Quels sont les autres auteurs qui vous ont influencé, des classiques ou des contemporains ? Que lisez-vous et quels sont vos maîtres ?
Julien Jouanneau :
J'ai plein d'influences. Le maître, c'est Jack London évidemment avec « L'appel de la forêt » mais aussi Stephen King avec « Stand by me » dont on retrouve un peu une partie dans ce bouquin. Il y a aussi « L'Odyssée » d'Homère, un livre culte pour moi, d'ailleurs, si on regarde bien mon bouquin ressemble beaucoup à « L'Odyssée ». Les mêmes parcours, les mêmes obstacles et des ennemis. Mon livre préféré d'entre tous, c'est « La planète des singes » de Pierre Boulle. Un livre français magnifique qui nous transporte dans une atmosphère incroyable. Je trouve que ce livre est trop méconnu par rapport aux films mais on oublie que c'est un livre français...
Philippe Chauveau :
On retrouve l'esprit de la civilisation qui bouge et qui change…
Julien Jouanneau :
Exactement. Au début, je voulais faire une planète exactement comme la planète des singes. C'était un peu trop ressemblant... Mais ce bouquin est vraiment un livre illuminant.
Philippe Chauveau :
Je l'ai dit en préambule, vous avez déjà plusieurs titres à votre actif même si vous êtes encore jeune dans le métier d'auteur. Vous avez déjà d'autres idées, d'autres envies, d'autres trames de romans qui germent vous et peu- être déjà une écriture en cours ?
Julien Jouanneau :
J'essaie de commencer mais oui, j'ai toujours des idées, peut-être même trop sans vouloir me vanter ! La difficulté est de se concentrer sur une idée. A chaque fois, j'en ai une autre qui vient dans le passage. C'est dur de rester focalisé sur une seule idée.
Philippe Chauveau :
On va suivre votre parcours avec intérêt Julien Jouanneau. Votre actualité, c'est « Le voyage de Ludwig » publié chez Flammarion.
Julien Jouanneau
Le voyage de Ludwig
Livre 06'13"Philippe Chauveau :
Voilà une couverture qui parle, avec ce regard de chien, ce regard face à nous. Ce chien s'appelle Ludwig. Nous allons faire sa connaissance dès le début du roman. C'est lui d'ailleurs qui va nous parler pendant tout le roman. On va également faire connaissance avec sa maîtresse Hannah. Elle est une jeune femme juive, nous sommes pendant l'Occupation à Paris. La famille d'Hannah a été raflée, a été déportée, elle a réussi un peu miraculeusement à s'en sortir. Cela ne durera pas, on le verra au fil des pages. Pourquoi avoir eu envie de nous présenter ce personnage de Ludwig, je dis volontairement « personnage » puisque c'est ce chien qui parle. Pourquoi ce choix du chien qui raconte l'histoire ?
Julien Jouanneau :
Tout simplement ce que je voulais placer l'être, la créature la plus positive de cette planète dans l'atmosphère la plus sombre et la période la plus troublée du vingtième siècle. Je voulais faire cohabiter et se faire confronter ces deux atmosphères.
Philippe Chauveau :
Hannah n'est donc finalement qu'un personnage secondaire même si elle tient le premier rôle dans les premières pages. Elle vit recluse dans son appartement avec son chien. Il y a une grande affection, un grand amour entre le chien et sa maîtresse. Finalement, sans trahir l'intrigue puisque cela arrive dès les premiers chapitres, Hannah va être également déportée par le régime nazi et le chien n'aura de cesse d'essayer de retrouver sa maîtresse. C'est donc une quête, c'est une odyssée. Qu'avez-vous envie de raconter à travers ce destin d'Hannah et de Ludwig.
Julien Jouanneau :
C'est avant tout une aventure, un roman d'aventures. Un prince, Ludwig, qui est un chien, qui cherche à récupérer sa princesse, Hannah, jusqu’à la fin du livre. Mais entre les deux, il va y avoir beaucoup d'ennemis et beaucoup d'obstacles, beaucoup de trahisons, de coups de sauvagerie et beaucoup de sang et de larmes. Une aventure en fait, avec des alliés, avec des ennemis, des pièges etc… Une aventure classique. C'est avant tout une volonté d'aventure. Que vous viviez une aventure de la page 1 à la page 203.
Philippe Chauveau :
On s'attache dès les premières pages à Ludwig mais on s'attache aussi à Hannah. Hannah est jeune une jeune fille fragile qui se retrouve donc dans une situation absolument bouleversante, mais on sent aussi la jeune fille qui a eu une belle jeunesse, une belle adolescence, grande amatrice de musique et notamment de Beethoven c'est pour cela qu'elle appelle son chien son chien Ludwig. Qui est-elle finalement Hannah ?
Julien Jouanneau :
Comme je le disais, c'est une princesse. C'est la représentation idéale de l'objectif littéraire en fait. Trouver son âme sœur. Lui, Ludwig, l'a déjà trouvée, il l'a perdue, il veut la récupérer. C'est aussi simple que ça.
Philippe Chauveau :
On va suivre Ludwig de Paris jusqu'à des contrées beaucoup plus lointaines. On va traverser l'Est de la France, on va traverser d'autres pays jusque dans les camps d'extermination. Et on va suivre Ludwig en ayant parfois l'impression d’être dans une sorte de conte. Est-ce dans cet esprit-là que vous avez écrit votre roman ?
Julien Jouanneau :
Exactement. Cela raconte un conte initiatique. Au début, Ludwig n’est vraiment pas très futé puis, peu à peu, il apprend la sagesse, la fidélité, la force physique... Il est tranquille chez lui, il n'a rien demandé à personne et puis l'aventure va venir le chercher sur sa couche.
Philippe Chauveau :
Il y a plusieurs chapitres relativement courts. Chaque chapitre porte le nom d'un animal : les oiseaux, les hyènes, les hérissons... Pourquoi cette envie de nous parler du monde animal face à ce monde en train de mourir, je rappelle que nous sommes dans la période d'occupation.
Julien Jouanneau :
C'est comme la période actuelle, ce monde est en train de mourir au niveau de la civilisation. Seuls les animaux pourront survivre et tant mieux pour eux. Et puis il y avait cette idée d'angle. C'est un réflexe de journaliste d'avoir un angle original pour chaque sujet ! Je voulais pour chaque chapitre un angle d'animal, par le point de vue d'un autre animal que Ludwig, pour un peu changer aussi.
Philippe Chauveau :
Ce qui m'a frappé dans ce roman qu’on le lit donc comme un conte, c’est que Ludwig va vivre des aventures et parfois il y a des passages dont on se dit : « C'est complètement irréaliste ». Mais, en même temps, on s'en fiche, ce n'est pas grave puisque c'est comme un conte. Et puis dans les toutes dernières pages où là c'est l'auteur qui s'exprime, au-delà des traditionnels remerciements, vous nous expliquez que, finalement, tout ce que vous dites, tout ce que vous racontez par rapport aux actions du chien sont tout à fait plausibles et vous nous expliquez toutes les sources que vous avez trouvées pour écrire ce roman. Ce qui veut dire quand même, même si ce n'est pas un roman historique, ce n'est pas du tout le propos, mais on est quand même dans quelque chose de tout à fait réel.
Julien Jouanneau :
Oui c'est le réflexe de journaliste, il fallait respecter un peu l'atmosphère de l'époque. Sur les capacités prodigieuses des chiens, j'ai répertorié tous les articles qui parlaient de leur potentiel notamment au niveau de la lecture, au niveau de leurs capacités physiques, au niveau de leur fidélité surtout. C'est bizarre de dire cela, mais c'est à découvrir au fil des pages,
Philippe Chauveau :
Vous avez vous même un chien ?
Julien Jouanneau :
Non je n'ai pas de chien parce que je sais que c'est trop triste de subir la perte d'un chien. Je l'ai déjà vécu en Afrique avec un chien à l'époque. Mais est-ce que ça vaut le coup ? Je connais la tristesse de perdre un chien donc c'est très délicat.
Philippe Chauveau :
Votre nouveau roman, Julien Jouanneau, « Le voyage de Ludwig » aux éditions Flammarion
Philippe Chauveau :
Ce chien Ludwig continue à vous parler ?
Julien Jouanneau :
Oui, comme tous les personnages du roman il continue de parler. Et puis il reviendra peut être sous une autre forme, sous un roman surtout.
Philippe Chauveau :
Voilà en tout cas un livre qui est une petite pépite, ne passez pas à côté, demandez le à votre libraire. C'est un livre plein de plein de sensibilité sans jamais tomber dans le pathos. C'est un très très beau roman que je vous recommande, c'est le livre de Julien Jouanneau. ça s'appelle le voyage de Ludwig, vous êtes publié aux éditions Flammarion. Merci.
Julien Jouanneau :
Merci.